Essai de la Renault 16 TX, une voiture à vivre

Publié le par Fabien

Essai de la Renault 16 TX, une voiture à vivre

La Renault 16 est une vieille amie de News d’Anciennes. Elle a même fait l’objet d’un de nos premiers essais (par ici). Plus un tour de pâté de maison qu’un réel essai à vrai dire, mais soyez indulgents avec le pauvre Ben. Depuis, nous avons pris le volant d’une R16 TL, mais l’envie d’un véritable essai de la Renault 16 TX trottait dans nos têtes. Et l’occasion s’est présentée.

L’histoire de la Renault 16

Comme mentionné en introduction, la Renault 16, on l’aime bien. Alors, pour un historique complet, le mieux est que vous alliez ici :

Haut de gamme donc, mais qui cassait les codes Renault avec la traction, mais aussi les codes automobiles avec son hayon et, globalement, son dessin plutôt en rupture avec tout ce qui se faisait dans les années 60. Une auto résolument moderne élue voiture de l’année en 1966.

Au sommet de la gamme, apparue pour le millésime 75, la version TX a une importance particulière dans la vie de cette auto, puisque c’est ce modèle qui fut le dernier à sortir des chaînes de production en mai 1980, soit le 1.851.502ème exemplaire produit. Elle a également fait l’objet de sa propre publicité (ici sur dailymotion).

Notre Renault 16 TX du jour

En fait, vous la connaissez. C’est la Renault 16 TX de Fabienne (son article est par ici), qui a accepté de nous en confier le volant le temps de cet essai.

Design typé sport

Sortie en avril 1978 du site de Sandouville en Normandie, notre R16 n’a pas encore les ceintures de sécurité à l’arrière (apparues pour le millésime suivant), mais sa calandre, bien que rehaussée de liserés chromés, est en plastique, comme sur le reste de la gamme. Les joncs chromés des passages de roues ont également disparu.

La Renault 16 TX se reconnaît facilement grâce à sa calandre, justement, rehaussée de 4 phares et son becquet au sommet du hayon.

Ce becquet discret, en métal, s’intègre parfaitement à la ligne de l’auto, à tel point que, de profil, il reste sous la ligne de toit, invisible. Il fait partie des équipements de série sur ce niveau de finition. Fixé au pavillon, il marque la limite avec le hayon. Il est difficile d’évaluer l’efficacité du système, mais il est esthétiquement réussi et, tel un highliner sur une paupière, il souligne agréablement le design hatchback de l’auto.

Au niveau de la face, le dessin est travaillé et met bien en valeur le logo Renault dessiné par Vasarely, utilisé depuis 1972 en remplacement du fameux logo interdit. Le regard aux 4 phares, est souligné par le combiné veilleuses/clignotants. L’ensemble de la calandre est cerclée de chrome, ce qui, compte tenu de la couleur de notre auto, au bleu marine profond, est donne une élégance indéniable à ce haut de gamme. Mais en y regardant de plus près il y a un détail qui interpelle : une serrure. Le capot se déverrouille de l’extérieur.

Les jantes de notre R16 du jour ne sont pas les jantes Fergat en tôle des TX standard, mais des jantes 9 trous de type Dunlop de 14 pouces et entraxe 3×130, montées de pneus 175×70. Une monte plutôt généreuse par rapport à la monte standard en 155, plus classique dans les années 70.

On peut également noter sur notre Renault 16 TX du jour, un rétroviseur droit manuel, comme sur nombre de Renault 16. Cet accessoire se retrouve souvent sur cette auto à hayon probablement du fait de l’Arrêté du 20 novembre 1969, imposant un rétroviseur droit « lorsque le type de construction du véhicule est tel que le rétroviseur intérieur ne peut remplir son office« .

Même si le rétroviseur droit restait optionnel, la R16 TX avait un équipement de série assez étoffé. Outre les 4 phares à iode et le becquet aérodynamique, on trouvait aussi, à l’extérieur, l’essuie-glace/lave glace arrière, sur laquelle on peut également voir les fils du système de dégivrage.

Notre modèle dans son superbe bleu foncé, code 471, est dans un très bel état extérieur, et l’on sent que sa propriétaire, qui roule avec très régulièrement, en prend grand soin. Initialement la voiture était bleu ardoise code 475, mais avec ce bleu foncé, on reste sur une teinte proche de chez le constructeur, et surtout, une teinte utilisée en 1978, en France, sur les R16 TX (Cf. le site 50-nuances-de-teintes-renault). On regrettera juste le bandeau pare-soleil, utile certes, mais qui dénote un peu. Rien de rédhibitoire cependant !

Sous le capot

Après avoir fait le tour de l’auto, on en soulève le fameux capot nervuré que l’on déverrouille par la serrure située sur la calandre.

Si, à l’extérieur, la voiture ne paraît pas ses 44 ans et semble avoir subi une restauration, sous le capot on constate que ce n’est pas le cas : l’auto est dans son jus. On voit qu’elle roule régulièrement, qu’elle n’a pas tapé et que la carrosserie est saine, sans rouille.

Comme souvent avant les années 80, quand il y avait de la place sous le capot, les constructeurs y intégraient la roue de secours. Pas besoin de vider le coffre sous la pluie en cas de crevaison ! Par contre, difficile d’y intégrer les jantes montées sur l’auto, et l’on y retrouve la jante d’origine montée en 155 SR14.

La Renault 16 TX est équipée d’un bloc-moteur aluminium, le Cléon-Alu de 9 cv fiscaux. Ce 4 cylindres est monté longitudinalement. Les 93 chevaux DIN développés par le L4, puissance conséquente pour l’époque, est transmise à la route par une boite de vitesse manuelle à 5 rapports. Cette boîte est positionnée en porte-à-faux avant.

Comme on l’avait déjà remarqué dans notre essai de la TL, on confirme une architecture proche de la seule traction avant de la marque avant le R16 : la R4. Architecture reprise également sur la R6 (par ici).

A noter la position de l’alternateur, les pales prêtes à lacérer les doigts du mécano distrait ! D’expérience : j’ai connu ça douloureusement sur ma R4 GTL…

Un intérieur moderne

Maintenant que l’on sait à quoi s’attendre au niveau moteur et design extérieur, ouvrons les portes.

D’emblée, on remarque une chose : ce n’est pas une auto de collectionneur, mais une auto qui vit, qui roule et qui a vécu.

Pourquoi ?

Le volant, tout d’abord. C’est un volant de Renault 9/11 turbo avec un moyeu rond comme celui de notre R5 Alpine Turbo (par ici). C’est certain qu’en terme de prise en main, il est plus agréable que le volant sport de la Renault 16 TX à 2 branches, dont la jante peut se révéler un peu fine aujourd’hui.

Ensuite, il y a l’adaptation de la console centrale en contreplaqué, intégrant la sono. Manifestement, l’adaptation ne date pas d’hier et présente l’avantage de ne pas abîmer le tableau de bord ou les garnitures de portes. Sans cela, comme sur la R4, rien ne vient entraver le plancher de l’auto, pas même le frein à main, sous le tableau de bord, ou le levier de vitesse, derrière le volant.

Mais pour ces deux dérives par rapport au véhicule d’origine, c’est que les modifications restent tout à fait réversibles pour le puriste.

La signature de Jean Ragnotti montre que ce pilote a assis son célèbre postérieur sur le siège chauffeur de notre Renault 16 TX. Et pour une version sportive, c’est un joli clin d’oeil.

Par contre, on peut voir dans cet habitacle les éléments qui ont fait l’originalité de cette auto lors de sa sortie :

  • lève-vitres avant électriques,
  • ceintures avant à enrouleur,
  • fermeture centralisée à commande électro-magnétique,
  • garnitures des sièges et de la banquette arrière en mousse, sans ressort, pour un meilleur confort,
  • commande par commodo au tableau de bord des essuie-glaces.

Au niveau de l’assise, les sièges en mousse, donc, assurent un confort moelleux. Haut de gamme oblige, ces sièges sont surmontés d’appuie-têtes et séparés par un accoudoir, pour plus de confort. A l’arrière, la banquette est spacieuse, capable de transporter confortablement 3 adultes… sur autoroute, puisque non maintenus par des ceintures de sécurité.

C’est vrai qu’esthétiquement, le design n’est pas très actuel, mais on sent que l’on est dans une auto moderne et probablement dans la première « voiture à vivre » de Renault.

Sur la route en Renault 16 TX

On sent dès l’accès dans la voiture que, même si la Renault 16 TX représente la sportive de la gamme, on n’est pas dans une sportive. Mes 1,80 m et 110 kg prennent place sans problème dans le grand siège. La bonne position de conduite se trouve facilement.

Les ceintures à enrouleurs surprennent, non dans leur maintien, mais justement, parce qu’on ne s’attend pas à avoir des enrouleurs dans une auto de cet âge, même si en faisant le tour on l’a bien vu.

Ma passagère, est stressée. C’est vrai qu’il est toujours difficile de laisser le volant de son auto, pas pour une question de valeur financière, mais pour des raisons sentimentales. Pourtant, après les premiers mètres, Fabienne semble plus en confiance. Ce qui permettra de rouler de manière plus détendue.

Dès le contact, on a le bruit du moteur, quelques vibrations, mais ils ne sont pas envahissants. Et la voiture démarre en douceur.

Même si l’on peut avoir quelques appréhensions dans le maniement du levier de vitesse situé au tableau de bord, derrière le volant, son utilisation est très intuitive, dès lors que la première a été enclenchée. Et quelle douceur ! Les vitesses passent d’une « pichenette » sur la commande. Bon, j’exagère un peu, mais j’aime assez ce terme qui traduit la facilité d’utilisation du levier.

Le moteur tourne rond, ne rechigne pas dans les côtes ou dans les relances, tout est souple. Les 1647 cm³ développent un couple de 129 Nm (13,2 mKg) à 4000 tr/min et s’accommode bien des 1100 kg de l’auto. Une bonne familiale donc, qui avalera tranquillement les kilomètres lors des trajets en direction des plages pour les vacances d’été, avec toute la famille et ses bagages.

La direction est souple et précise, dans les grandes courbes comme sur les petites routes sinueuses des contreforts du Bugey. Aux vitesses légales, notre Renault 16 TX est confortable et ne prend pas de roulis excessif, même si l’on a le sentiment, comme souvent dans les Renault, d’une souplesse excessive. Mais ce n’est qu’une sensation.

Idem pour le freinage. On est loin d’une attaque Citroën qui nous envoie dans le pare-brise, mais les freins à disque à l’avant ainsi que la monte pneumatique permettent des ralentissements et des arrêts sécurisants. Il faut juste ne pas avoir peur d’appuyer sur la pédale du milieu.

Je n’ai pas pu exploiter toute la cavalerie, mais suffisamment quand même pour valider que la voiture s’intègre parfaitement dans la circulation actuelle, même pour entrer dans un rond-point fréquenté ou se « lever du milieu » en s’insérant sur une départementale. Les accélérations sont franches. Le moteur ne s’essouffle pas et on sent les chevaux. Difficile de donner des vitesses, car le compteur restait calé à zéro. Petite réparation du câble en perspective…

Lors de son essai de la R16 TL, Benjamin se demandait ce que donnerait le châssis avec 93 chevaux. En fait, le comportement n’est pas affecté par la puissance, ce qui met en évidence que cette Renault est plus dans le confort que dans le sport. Même si, côté performances, la TX enterre la TL et ses 67 chevaux, notamment en reprises et en vitesse maximale (donnée à 175 km/h pour la TX contre 150 pour la TL).

Conclusion

Haut de gamme sportif, la Renault 16 TX confirme lors de cet essai qu’elle est en fait une voiture intermédiaire, que je qualifierai plus de grande familiale performante. En effet, son hayon lui donne un côté pratique bien utile pour une grande famille, son confort lui autorise de partir pour de longues distances sans fatigue, et son moteur lui permet de dévorer la Nationale 7 sans se soucier du dépassement des autres autos anémiques ou des poids-lourds. Idem pour l’A7 où, calée à 130 km/h elle fera des pauses régulières pour remplir son réservoir de 50 litres. Un réservoir vite vidé en conduite sportive, le carburateur double corps absorbant jusqu’à 14 l/100 km !

l’écrit !

Les plusLes moins
Sa ligne hatchbackSa ligne hatchback
Sa modernitéSa consommation
Son côté pratiqueLe manque de sensation
Son confortPas une sportive
CritèreNote
Budget Achat12/20
Entretien15/20
Fiabilité16/20
Qualité de fabrication13/20
Confort17/20
Polyvalence17/20
Image12/20
Plaisir de conduite12/20
Facilité de conduite15/20
Ergonomie15/20
Total14,4/20

Conduire une Renault 16 TX

Finalement, la Renault 16, et surtout la TX, n’est pas très commune sur le marché. Et cette rareté, y compris en enchères, fait qu’il est difficile d’établir une cote précise.

Malgré une cote LVA aux environs des 6500€, les rares exemplaires en bon état que l’on trouve sur les annonces, au moment d’écrire cet article, ont tendance à se négocier aux alentours de 10000€, voire à plus de 15000€ pour les voitures en très bon état.

La Renault 16, voiture populaire, a certes déchaîné les foules lorsqu’elle était neuve (avec près de 2 millions de voitures en 15 ans, le succès était là) mais on ne peut pas dire qu’elle ait emballé les collectionneurs. Probablement car cette auto n’a pas vraiment eu de carrière sportive, si ce ne sont quelques sorties en rallye-raid.

La Renault 16 TX est une voiture passion, qui, peut être plus qu’une autre, a ses adeptes du fait d’une histoire, d’un souvenir, d’un événement fort.

Encore merci à Fabienne de nous avoir passé le volant de la prunelle de ses yeux, et merci pour son accueil.

Fiche techniqueRenault 16 TX
Années1974-1980
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1647 cm³
Alimentationcarburateur double corps
Soupapes8
Puissance Max93 ch à 6000 tr/min
Couple Max129 Nm à 4000 tr/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionTraction avant
Châssis
Poisition MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1334 mm / AR 1283 mm
Empattement2683 mm
Dimensions L x l x h4230 x 1650 x 1450 mm
Poids (annoncé)1090 kg
Performances
Vmax 175 km/h
0 à 100 km/h12s
400m d.a18s
1000m d.a34,2s
Poids/Puissance11.3 kg/ch
Conso Mixte± 9 litres / 100km
Conso Sportive± 14 litres / 100 km
Prix10.000 € (6.500 – 15.000)

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. Robert

    Concernant la cote LVA que vous évoquez, elle est parfois fantaisiste, que ce soit pour la R 16 TX ou pour la 504 berline par exemple.
    Pour cette dernière, la cote LVA est à 5000 euros, alors qu’une berline 504 « propre » est introuvable à moins de 8000 euros, voire plus si intérieur cuir et toit ouvrant !

    Répondre · · 14 avril 2022 à 12 h 07 min

    1. Fabien

      Effectivement, pour les véhicules que l’on trouve peu en petites annonces et/ou en ventes aux enchères, les cotes LVA sont parfois biaisées car peu réactualisées. C’est ce que j’ai voulu illustrer dans l’article en mentionnant une fourche (plus qu’une fourchette vu l’écart !) de prix.

      Répondre · · 14 avril 2022 à 13 h 11 min

  2. Pierre Amédée PERRIER

    Essai très intéressant. Juste un complément si vous le voulez bien, pour dire deux mots de la boîte automatique qui allait à merveille à cette magnifique auto qu’était la 16 TX. Même si elle n’avait que 3 rapports comme souvent à l’époque.

    Répondre · · 16 avril 2022 à 8 h 18 min

    1. Fabien

      Merci ! Effectivement, beaucoup de conducteurs ou d’ex-conducteurs (qui regrettent…) vantent les mérites de cette boîte automatique.

      Répondre · · 16 avril 2022 à 9 h 00 min

  3. Leviandier

    J’ai eu une R16 TX il y a 45 ans, j’ai aujourd’hui un Kadjar : mêmes prestations dans le cadre d’un usage normal, même confort, même consommation (oui, elle consommait 6 à 7 l et la vitesse était limitée à 90). Mais avec l’invasion de l’électronique qui oblige à utiliser la voiture comme le concepteur l’a décidé et avec des réglages anti-conviviaux (pas de bouton rhéostat pour régler la luminosité des écrans) voire dangereux ou stupides, la R16 prend nettement l’avantage en agrément. Quel regret !
    Didier

    Répondre · · 5 septembre 2022 à 16 h 22 min

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