Simca Ariane, un « bricolage » bienvenu

Publié le par Benjamin

Simca Ariane, un « bricolage » bienvenu

Vous êtes sur un rassemblement d’ancienne et, de loin, vous avez reconnu une Vedette capot ouvert. Sauf qu’en vous approchant vous voyez bien un 4 cylindres sous le capot. Bravo, vous avez trouvé une Simca Ariane, et ce n’est pas si courant ! On vous propose de revenir sur l’histoire de cette auto « hybride ».

Une histoire de gamme et de budget

En s’inventant auteur de fable on pourrait écrire :
« Simca se trouva fort dépourvu lorsque Suez fut venu ».

Replaçons-nous dans le milieu des années 50. Simca a lancé sa Simca 9 en 1951. Celle qui n’est pas encore officiellement une Aronde fait un début convaincant. Surtout que c’est la toute première voiture propre au constructeur français, pas une Fiat sous licence. On vous raconte son histoire complète par ici.

En 1954, Théodore Pigozzi a vent de la lassitude de Ford vis à vis de sa filiale française. L’ovale produit à Poissy une grosse berline à moteur V8, la Ford Vedette, mais c’est bien l’usine qui intéresse l’industriel, bien à l’étroit à Nanterre. Le rachat est bouclé en Juillet 1954 et sera effectif au début de l’année 1955. Dans la dot, on retrouve une voiture que Ford a dévoilé au salon de Paris 1954 (stratégie étonnante), la Vedette version 1955 au style et à la technique revue. Quelques exemplaires sont produits mais c’est bien Simca qui va reprendre la production et en faire la seule auto française du marché à moteur V8.

La gamme Simca est complétée par cette nouvelle venue qui se vend correctement avec une vraie gamme dont les différents niveaux portent le nom de châteaux français, histoire de bien montrer dans quelle gamme elle évolue. La moins bien équipée, c’est la Trianon, et elle va être la base de l’aventure qui nous intéresse.

En 1956, l’Egypte est agitée et il en découle la Crise de Suez qu’on vous explique en détail par ici. L’effet est immédiat : la France se retrouve en pénurie de pétrole et les prix explosent. Mauvaise nouvelle pour les autos gloutonne dont les Vedette font assurément partie. En plus de cela, le parlement décide de l’instauration de la vignette automobile et encore une fois les autos aux plus gros moteurs sont les plus impactées. Le volume de production de la Vedette est en péril, on doit réagir.

Simca va alors avoir une idée de génie : combiner ses deux autos pour en produire une nouvelle. Ainsi on va reprendre la caisse de la Trianon et greffer sous le capot le moteur Flash de la Simca Aronde 1300.

Moteur- Simca Ariane

Le résultat peut laisser songeur quand on pense au gabarit d’une Vedette. Mais le constructeur a bien réfléchi sa nouvelle Simca Ariane. La caisse de la grosse berline est à peine plus lourde que celle de l’Aronde (environ 100kg). En plus, pour éviter aux 47ch SAE de ne pas être trop handicapés, on utilise la boîte à 4 vitesses, de l’utilitaire Chatelaine (3 vitesses seulement pour la Vedette) avec un pont court. Petite cerise sur le gâteau : en conservant le réservoir de la Vedette, l’autonomie de la nouvelle venue est bien meilleure que celle des Aronde !

Le résultat est plus que satisfaisant. La Simca Ariane est une 7cv (contre 13 à la Vedette), mais c’est de loin la plus grosse du marché avec ses 6 places. Ajoutez un style « américain » et des vitres panoramiques et vous obtenez une auto tout à fait adaptée au marché français. Son prix de 725.000 frs la place à mi-chemin entre l’Aronde et la Vedette. En bref, le bricolage a du bon !

La carrière de la Simca Ariane

Les ventes démarrent bien et on a compris que l’Ariane était un atout. Mise en production le 27 Avril 1957 elle va être produite à 14.703 unités sur cette première année incomplète !

Mais la Simca Ariane va aussi se doter d’une gamme en visant vers le haut ! Ainsi, pour l’année 1958, la Simca Trianon lui fait de la place en disparaissant du catalogue. Elle est directement remplacée par la Simca Ariane 8 qui, comme son nom l’indique, retrouve le V8, sans pour autant être une complètement Vedette !

Ça se remarque d’autant plus que gamme Vedette est restylée, avec une nouvelle calandre, un nouveau pavillon, un parebrise panoramique et des ailes arrières plus effilées les Simca Ariane conservent la forme de la première série. Il y a désormais une vraie différence esthétique entre les deux modèles.

On apporte quelques modifications au début de l’année 1958 avec des jantes en 15″ à 6 trous, au lieu des 13″ initiaux, et les freins des nouvelles Vedette, plus gros.

En septembre 1959, la Simca Ariane reçoit de nouveaux feux arrière avec catadioptre ainsi que de nouveaux monogramme Ariane 4 et Ariane 8 pour bien marquer la différence avec les Vedette. Elle continue une certaine montée en gamme en Octobre avec la Super Luxe. Elle se dote ainsi d’une baguette, d’encadrements de pare-brise et de lunette arrière chromés, d’un lave-glace et d’un accessoire bien d’époque : un cendrier arrière !
Toutes les autos perdent leur grille de support de clignotant avant grâce à une nouvelle calandre et le ciel de toit passe au vinyle perforé. Toute la gamme peut recevoir des sièges inclinables en couchette, en option.

Aucun changement n’est à noter pour 1960 mais au printemps, une auto va faire parler d’elle. Pour promouvoir le tout nouveau moteur Rush Super de 62ch, qui tourne sur 5 paliers, une auto est envoyée sur l’autodrome provençal de Miramas. Là bas, elle va parcourir 200.000 km en 1920 heures et battre 57 records internationaux !

Ce moteur va d’ailleurs LA nouveauté des Simca Ariane, présentées en Octobre 1960 pour l’année modèle 1961, puisqu’il se glisse sous le capot de la bien-nommée Ariane Miramas qui file désormais à 125 km/h. Elle reçoit un petit drapeau accolé au sigle Ariane qui indique la présence du Rush sous le capot, des feux arrière bicolores (orange et rouge) tandis que le monogramme Ariane est remplacé par un Simca sur le capot et le pare-chocs arrière.

La gamme se complète avec deux modèles. D’abord la Miramas SL (Super Luxe) qui se rapproche de l’ancienne Simca Vedette Versailles avec sa carrosserie bicolore, ses baguettes latérales mais le même intérieur que la Miramas de base avec les quelques équipements supplémentaires de la Super Luxe précédente.

Enfin on retrouve la Miramas SC qui reprend la finition extérieure de la Super Luxe mais ajoute l’intérieur complet des Chambord de la même année, dit Autogalbe.

La Simca Ariane 8 n’est pas oubliée puisqu’elle devient Ariane 8 Super Luxe, reprenant la finition de la Miramas du même nom.

En Mars 1961 l’Ariane reçoit des jantes peintes en gris métallisé et des entourage de déflecteur en alu sur les versions haut de gamme et peints sur la version de base. En fin d’année, la production des Vedette s’arrête mais on ne stoppe pas la Simca Ariane.

Pour l’année 1963 on réduit cependant la voilure. La Miramas de base sort du catalogue mais les Super Luxe et Super Confort voient apparaître un rappel de la couleur du toit sous la baguette latérale. Les Super Confort peuvent même être peinte en gris métallisé (une option qui arrivera en décembre pour la Super Luxe) ou un intérieur en Naugahyde, le skaï blanc cassé de chez Simca.

L’année modèle ne sera pas pleine puisque les Simca Ariane quittent les chaînes de production en Avril 1963. À ce moment là ce sont 129.058 exemplaires qui sont sortis, un magnifique score à comparer aux 105.060 Vedette ! Ce sont les Simca 1300 et 1500 qui vont prendre le relai, remplaçant les Aronde, les Vedette et Ariane.

On notera cependant une toute dernière série d’auto. Fabriquée par Metalmecánica SAIC en Argentine : l’Ariane Miramas dont seules 507 autos sont produites entre 1965 et 1967.

La Simca Ariane de nos jours

Même si elle a été plus vendue que la Vedette, la Simca Ariane reste rare sur le marché de la voiture de collection. Les raisons sont multiples mais on peut vous citer les principales. Déjà le fait qu’elle soit moins haut de gamme l’a rendue plus sensible à son abandon voire à sa destruction. Ensuite elle a pu servir à restaurer des Vedette et enfin on note de très nombreuses autos modifiées, soit pour paraître plus Vedette soit simplement plus américaines.

Pour autant elle n’est pas introuvable et vous pourrez trouver des modèles dans un état correct 6000 €. Ensuite les prix grimperont avec l’état, et les Ariane 4 Super Luxe et Miramas SC seront plus recherchées et plus chères, environ 10.000 € pour cette dernière. Globalement, que ce soient des Ariane 4 ou 8 les prix s’alignent sur les Vedette Trianon. Les dernières versions, plus performantes avec leur moteur Rush Super sont, et de loin, les plus prisées.

En tout cas la Simca Ariane est un bon pari. Les pièces se trouvent et vous bénéficierez d’une habitabilité bien supérieure à celle des autos équivalentes de l’époque… et on n’évoque même pas les SUV actuels !

Banniere PA Simca copie- Simca Ariane

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Patrice Verges

    article très sympa et bien documenté

    Répondre · · 23 janvier 2022 à 18 h 02 min

  2. Pemmore

    Sur mes 50 et quelques bagnoles, mon Ariane est mon plus beau souvenir, immense, tenue de route , freinage digne des disques actuels , j’ai fait ma Norvège en 1969 , 8 à bord sans être réellement serrés, après j’ai monté une banquette couchette de Versailles, et elle m’a servi de camping car.
    Confortable et zéro défaut sauf ce moteur fragile facile à trouver, et vite changé en une matinée.

    Répondre · · 30 janvier 2023 à 19 h 39 min

  3. Lucas Jean-Jacques

    Les Ariane, un air du temps Guerre d’Algérie, cinoche et twist. Des voitures pour familles nombreuses en fin de Baby Boom, 3 ou 4 marmots sur la banquette à l’arrière, 1 au milieu à l’avant entre les parents. C’était une auto « souriante », normal en regardant cette calandre, pimpante en bicolore, bien avant les Lancia Ypsilon des années 2000 ou les premiers Renault Captur. D’ailleurs, une quinzaine d’années après la fin des Ariane, Renault appliquait le même principe constructif en faisant une Renault 20 vaste et serviable. Pas du bricolage, mais une composition en cherchant sur les étagères. Jean Sunny fut un prédateur de Simca et d’Ariane en particulier. Le cador du roulage sur deux roues en a plié de la tôle de Simca. Les Ariane, c’était le levier de vitesses au volant, la trappe à essence sous la plaque arrière, les déflecteurs chromés. Et une invisible, un peu comme les R3, l’Ariane 8.

    Répondre · · 13 août 2023 à 12 h 35 min

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