La Simca Aronde, l’hirondelle qui a atteint les sommets

Publié le par Morgan

La Simca Aronde, l’hirondelle qui a atteint les sommets

C’est peut-être une exception parmi les autos de la marque, une hirondelle plus visible que les autres. UNE ? C’est la particularité DES Simca Aronde, trois générations d’autos qui ont amené la marque vers les sommets des ventes. On vous raconte leur histoire.

Au sortir de la guerre, Simca est encore une émanation de Fiat. Il faut rappeler que ce constructeur vu par tous comme étant français, a d’abord été créé afin de contourner les frais de douane. Il faut ainsi attendre de longues années, et 1938, pour que Simca ne commence à s’émanciper. C’est encore timide, puisque ce n’est pas une voiture à proprement parler mais une déclinaison qui n’existe pas avec le badge italien : la Simca 8 1100 Coupé.

La Simca 8 reprend le flambeau avec un nouveau moteur après-guerre mais reste une Fiat. Quand l’italien renouvelle sa 1100, le français choisit une autre voie.

On veut monter légèrement en gamme, avec une auto plus grosse en visant juste en dessous des Citroën Traction ou Peugeot 203. On s’inspire alors de la Fiat 1400, mais sans la copier. C’est la toute première Simca (presque) entièrement pensée et construite en France.

Première Partie : 1951-1955

La Simca Aronde sort d’un 9

La Simca Aronde naît en fait Simca 9. C’est logique puisqu’elle prend la suite de la 8 qu’elle remplace, comme la Simca 6 avec la Simca 5.

La Simca 9 est présentée le 31 Mai 1951, Henri Theodore Pigozzi et l’état major de Simca décident alors d’utiliser directement le nom Aronde dans de grandes campagnes de publicités.

La filiation est ainsi faite avec la Simca 8 et l’utilisation du patronyme Aronde renvoie à l’emblème de la marque, l’hirondelle sur fond bleu/blanc/rouge, et au slogan « un appétit d’oiseau » basé sur la réputation économique des modèles de la marque forgée depuis les années 1930 avec la Simca 5. Le mot Aronde signifiant tout simplement hirondelle en vieux patois.

L'Aronde, l'hirondelle qui a fait le printemps de Simca

Coté technique la voiture est équipée du 1221 cm³ d’origine Fiat qui équipait également la Simca 8 1200. On note cependant une petite évolution avec l’adoption d’une pompe à eau en lieu et place du système à thermosiphon. Il développe 45 ch à 4 000 trs/min et permet à l’Aronde d’atteindre les 130 km/h en pointe, toujours en restant fidèle à la propulsion.

La transmission étant assurée par une boîte de vitesses à 4 rapports plus marche arrière, avec 1ère non synchronisée et 4ème en prise directe, le tout commandé par un levier situé au volant, comme sur la Simca 8 1200.

L’auto mesure 4,067 m de long, 1,558 m de large et 1,522 m de haut. Elle est moderne avec sa caisse autoporteuse et son moteur est réputé pour sa nervosité.

Pourtant, même si tous les voyants sont au vert, le début de la carrière de l’auto est compliqué. Le pont arrière hypoïde ne peut être produit en quantité suffisante au moment du lancement. La Simca Aronde récupère donc le pont Gleason de la Simca 8. Le souci c’est que celui-ci traîne une réputation de fragilité.

Les amortisseurs Allinquant équipant la premiers modèles ont une durée de vie ridicule et les autos passent souvent par la case garage. Pour en rajouter, les peintures cellulosiques ont une mauvaise tenue dans le temps. Le pire reste l’intérieur qui suite à un défaut de livraison du fournisseur initial se voit habillé d’un tissu rayé d’aspect basique, rapidement surnommé « drap de déportés » par la concurrence…

Les évolutions de la Simca 9

C’est dés juin 1951 qu’un nouveau logo central de calandre est installé. Il est constitué d’un S traversé par une hirondelle stylisée et reprenant les couleurs bleu/blanc/rouge de la marque, soucieuse de se défaire de son image italienne, surtout avec une auto qui est maintenant française. Il remplace le logo sur fond noir qui reste la marque des 700 premiers modèles.

Pour 1952, la Simca Aronde adopte enfin son pont hypoïde et une batterie désormais sous le capot moteur et non plus sous la banquette. Côté esthétique on évolue avec des nuances. En avril, le volant passe de noir à marron et la peinture cellulosique est abandonnée au profit de la peinture synthétique, et en mai le pare-chocs arrière passe en trois partie au lieu d’une seule pièce.

Avec l’année-modèle 1953, Simca revoit un peu l’intérieur de l’Aronde avec un tableau de bord à 4 boutons au lieu de 6 grâce à l’adoption du commodo d’éclairage sur la colonne de direction.

Simca présente aussi les prototypes Plein Ciel, un cabriolet 4 places qui n’entrera malheureusement jamais en production, et Grand Large, une élégante version coach deux portes sans montants qui sera finalement produite à partir de 1954.

On complète également la gamme en septembre 1952 avec des utilitaires, pourtant présentés au public près d’un au auparavant, en Octobre 1951. Leur moteur ne sort « que » 37ch et il y a deux versions : la Commerciale avec deux portes et un arrière vitré et la Messagère dont seule la lunette arrière est vitrée. Le coffre s’ouvre en deux parties.

La même commerciale sera d’ailleurs modifiée dès décembre 1952. À ce moment là, la gamme comprend la Châtelaine, qui n’est autre que l’ancienne Commerciale, et la « nouvelle » Commerciale dont les vitres arrières sont désormais bien plus petites.

Enfin, Simca dédouble la berline Aronde, la version classique devenant Berline Luxe lors de l’apparition de la Quotidienne en décembre 1952. Cette dernière est une version dépouillée de l’Aronde avec chromes peints couleur caisse (à l’exception des buttoirs de pare-chocs avant et les paupières de phares), intérieur sans skaï ni accoudoir, pas de déflecteurs sur les portières avant, pas d’insigne Simca sur le capot et le chauffage devient une option !

Un joli record !

Une voiture frugale, Simca l’a toujours clamé. Mais comme on veut montrer que l’Aronde est AUSSI performante, on décide de la mettre sur un circuit, tout simplement.

Une auto strictement de série sera donc choisie, au hasard, par des commissaires de l’ACF qui vont la suivre sur la ligne de production. Une fois terminée, elle est amenée sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry.

L’Aronde va y tourner pendant 40 jours. Elle parcourt 39.242 tours de l’anneau et termine sa séance de torture le 19 Septembre 1953 à 20h. À ce moment, elle a bouclé 116.000 km à une moyenne enviable pour l’époque de 104,07 km/h. Cet exploit permet à la marque de collectionner 37 records internationaux dans la classe F, celle des autos de 1100 à 1500 cm³.

Ainsi naquit la légende de l’Aronde des “100 000 à 100” qui fera énormément pour la renommée du modèle. L’auto en question sera exhibée dans les cinquante plus grosses concessions Simca de province, arborant fièrement ses peintures de guerre.

Le slogan publicitaire se rapportant à cet événement s’affichera alors sur toutes les vitrines des concessions Simca “100.000 km à 100 à l’heure. Bravo l’Aronde !”.

L'Aronde, l'hirondelle qui a fait le printemps de Simca

L’Aronde se renouvelle façon US

Dés 1954 Simca fait évoluer la voiture selon la mode américaine du moment. C’est une belle trouvaille marketing, consistant à rendre un modèle obsolète en renouvelant la gamme très régulièrement.

Esthétiquement la calandre en podium laisse sa place à une calandre en arc de cercle, la fameuse moustache. Pendant ce temps, les feux arrières deviennent entièrement en plastique rouge et adoptent une forme conique. Enfin, les enjoliveurs de roues se parent du S, logo de la marque, sur fond rouge.

Dans le même temps, la Camionnette fait son apparition, il s’agit d’un pick-up bâché assemblé par Facel Métallon. Les chromes sont peints couleur caisse et les enjoliveurs de roues reprennent le S mais sans fond rouge.

Enfin, la Grand Large est désormais disponible au catalogue avec son pare-brise arrière spécifique en 3 parties, qui sera remplacée dés 1955 par un pare-brise en un seul tenant.

La Simca 9 1954 sera même immortalisée par Hergé dans sa BD Tintin “L’affaire Tournesol” !

1955 est l’occasion de modifications techniques avec le passage des roues de 15 pouces à 14 pouces. La Simca Aronde se présente alors comme “la surbaissée 55” car abaissée de 2 cm par rapport à l’année précédente. Ceci entraîne des modifications des trains roulants, le nouveau diamètre des roues permettant par exemple un freinage d’une efficacité supérieure, estimée à 8%. On améliore également la boîte de vitesse en la rendant plus silencieuse. Seuls les utilitaires conservent les roues de 15 pouces.

À partir de septembre 1955, les dernières Simca 9 adoptent le nouveau moteur Flash des futures Aronde 1956.

Deuxième partie : 1956-1959

La Simca Aronde 1300 : Flash sur la ligne Océane

1956 est une année de changements majeurs pour l’Aronde. Déjà, elle abandonne définitivement la dénomination Simca 9, le lien de parenté avec la Simca 8 n’est plus nécessaire, le nom Aronde se suffit à lui même puisqu’il s’est imposé comme LE nom de l’auto.

Pourtant, c’est une auto bien nouvelle qu’on voit arriver avec la ligne Océane. Elle affine la voiture en créant, à l’américaine, des petits ailerons sur les ailes arrières. Sans modifier les proportions, l’auto paraît s’étirer en longueur. À l’avant, la Moustache est remplacée par une calandre en accent circonflexe.

Article Simca Aronde 23- Simca Aronde

Évidemment, toutes ces autos reçoivent le nouveau moteur Flash apparu l’année précédente. C’est une évolution du 1221 « Fiat » qui passe à 1290 cm³, donnant son nom à cette famille d’auto : l’Aronde 1300. L’alésage est passé à 74mm mais la course reste la même : le vilebrequin n’a toujours que trois paliers.

Trois puissances sont disponibles : 45ch pour le Flash Service monté sur les utilitaires, 48ch pour le Flash « classique » qui équipe la majorité des voitures de la marque et enfin 57ch avec le Flash Spécial qui se réserve aux « Simca Facel ».

Si la boîte reste la même, on peut la remplacer par le système Simcamatic (sauf sur les utilitaires). Il permet de supprimer la pédale d’embrayage, laissant des électro-aimants faire le travail.

À ce moment là, la gamme Aronde comporte six modèles. D’abord, la Deluxe, remplace la Quotidienne mais moins simplifiée avec notamment des chromes et du chauffage. Viennent ensuite l’Elysée, remplaçante de la Berline Luxe et la Grand Large pour la partie tourisme.

On a d’ailleurs essayé une Simca Aronde Grand Large de 1956. Une superbe auto à découvrir ici :

Côté utilitaires, on retrouve la Messagère, la Commerciale, la Châtelaine et l’Intendante, nouvelle appellation de la Camionnette.

On note aussi l’apparition d’une version haut de gamme dénommée Rue de la Paix, sur la base d’une Grand-Large en finition plus luxueuse avec enjoliveurs de roues à rayons, pneus à flancs blancs, sabots d’ailes spécifiques, lave glace, allume cigare et radio Arel de série. La Rue de la Paix obtient le Flash Spécial de 57 ch en juin 1956 avec un compteur gradué à 160 km/h.

À la fin de l’année 1956, Simca est devenu le 2e constructeur français ! La Simca Aronde est même en tête des ventes, bénéficiant de la sortie de la Renault Dauphine, pas encore dans sa vitesse de croisière niveau production, mais qui rogne néanmoins sur les chiffres de la 4cv.

Avec 138.064 exemplaires sortis des chaînes, 1957 est une grosse année de production avec peu de nouveautés. La principale étant les dossiers individuels réglables à l’avant, dits 3D, dont on vante le « confort Air France ». Ces nouveaux sièges sont disponible à partir de la finition Élysée.

Autre signe distinctif, la logo Simca du capot devient un logo Aronde et les boîtes à gants à façade aluminium laissent place à des modèles entièrement en plastique. Enfin la Rue de la Paix remplace sa radio Arel par une Simca Radio et voit la création de son équivalent en berline appelée Élysée Matignon, une berline luxueuse qui est la seule à obtenir une peinture bicolore avec rappel de peinture du toit en partie basse de la caisse.

Les utilitaires obtiennent quant à eux un nouveau hayon arrière ancré plus haut dans le toit, au delà de la gouttière, et promettant une ouverture de chargement augmentée de 10%.

Simca se lance aussi en parallèle dans une nouvelle série de records avec cette fois ci le moteur Flash. Ce moteur est souvent décrié par la concurrence avec ses 3 paliers et son absence de chemises qui le rendent soi-disant fragile.

L’hirondelle va tordre le cou aux rumeurs avec le même principe qu’en 1953. Une Aronde 1300 Élysée verte, prélevée au hasard sur les chaînes de production va battre, entre le 9 avril et le 16 mai 1957, 14 records du monde et 27 records internationaux sur l’anneau de Montlhéry. Elle parcourra 102.873,243 km à une vitesse moyenne de 112,80 km/h.

L'Aronde, l'hirondelle qui a fait le printemps de Simca

Pour 1958 les nouveautés sont encore minimes, Simca se focalisant alors sur la gestation de la nouveauté à venir pour 1959.

On note toutefois la suppression des deux versions Rue de la Paix et Élysée Matignon, remplacées respectivement par les Grand Large Spécial et Montlhéry surfant sur les records éponymes : moteur Flash Spécial 57 ch, tissu intérieur spécifique et compteur gradué jusqu’à 160 km/h.

Tous les modèles de la gamme adoptent une mappemonde barrée des mots « Records du Monde » à l’arrière gauche du véhicule. La mappemonde est différente selon le moteur équipant le véhicule : bleue pour le Flash, rouge pour le Flash Spécial et gris pour le Flash Service.

En parallèle, environ 700 prototypes de la future P60 voient le jour sous le nom poétique de “Type 305” plus communément appelés « Bacalan ». Ces autos sont des hybrides, mi-Aronde 1300, mi-P60, entièrement noires avec des pare-chocs spécifiques remontant en leur partie centrale.

Elles ne plairont pas à Mr Pigozzi qui ordonnera de les faire disparaître. Stockées quelques temps à Bordeaux sur les quais de Bacalan dont elles tireront leur surnom, elles seront en majorité exportées dans les pays de l’Est, dépendants de l’URSS, notamment en Hongrie où elles seront utilisées comme taxis collectifs et seront surnommées “taxis de la Vistule”. Néanmoins quelques exemplaires resteront en France, plus ou moins maquillés pour être revendus au personnel de la marque.

Troisième partie : 1959 – 1963

La Simca Aronde P60

En 1959, la Simca Aronde devient la P60. Attention, c’est un changement total de nom, Aronde étant sensé disparaître. Le P vient de Personnalisation et le 60 des années 1960 qui s’annonçaient.

C’est en effet une innovation que lance Simca avec la possibilité de personnaliser sa voiture avec 32 choix de couleurs et d’harmonies de carrosserie, à multiplier avec les 12 choix amenés par les carrosseries, les moteurs et les options ! Pendant ce temps là, chez la concurrence, la tendance de l’époque est plutôt à la rationalisation et à l’uniformisation… Simca continue de surfer sur une logique très américaine et originale.

L'Aronde, l'hirondelle qui a fait le printemps de Simca

Tout le design est revu sur ces nouvelles versions avec une calandre abandonnant les moustaches pour une grille, les pare-chocs reçoivent des buttoirs avec tampon caoutchouc, des vrais-faux ailerons arrières sont plus prononcés et le pavillon est nervuré.

Seules les Élysée, Montlhéry, Grand Large et Monaco (version remplaçant la Grand-Large Spéciale) obtiennent la nouvelle carrosserie, elles sont fabriquées à Poissy, on parle de P60 P. On reconnaît le type de moteur équipant la voiture au dessin des baguettes latérales : creusées au niveau de la portière arrière pour le moteur Flash, larges sur toute la longueur pour le moteur Flash Spécial.

Idem pour les couleurs des baguettes qui fournissent une autre information : argentées pour les berlines, dorées pour les coach. Les utilitaires, eux, conservent l’ancienne carrosserie de l’Aronde 1300, idem pour la Deluxe d’entrée de gamme qui est dédoublée en Deluxe Six (moteur appelé Six cv, 1090 cm³, 42 ch, 6 CV fiscaux, finition correspondante à l’ancienne Deluxe) et Super Deluxe reprenant grosso modo la finition des anciennes Élysée avec le moteur Flash 7 CV.

Ces versions sont reconnaissables des modèles antérieurs par leur logo P60 situé sur l’aile avant droite, partagé avec le reste de la gamme. Ces versions sont fabriquées dans l’ancienne usine de Nanterre, on parle alors de P60 N.

En 1959 Simca montre aussi avec le Budgetest que l’Aronde est toujours économique en réalisant une consommation de 6,38l aux 100 km en région parisienne avec une Deluxe Six. Elle va ainsi chercher la Renault Dauphine sur son terrain. Tout ceci conduira l’Aronde à son apogée en terme de production : 194.553 exemplaires de l’Aronde tombent des chaînes en 1959. Pour autant, la Dauphine reste devant au niveau des chiffres.

Pour 1960 Simca dote son entrée de gamme de la carrosserie P60 avec l’Étoile 6 qui reprend le concept de la Deluxe Six avec une finition simplifiée et un moteur 6 CV, reconnaissable à ses baguettes de caisses fines et incurvées au niveau de la porte arrière. Notez qu’en parallèle, la Deluxe 6 est maintenue au catalogue avec en fin d’année une face arrière modifiée avec la suppression de la poignée du coffre et la modification de l’éclairage de plaque. Aussi, la Super Deluxe devient la Deluxe Outremer avec une mécanique protégée du sable et réservée, comme son nom l’indique, aux DOM-TOM.

Les utilitaires reçoivent eu aussi la nouvelle carrosserie mais uniquement dans leur partie avant, l’arrière restant identique à celui des années précédentes. On note aussi l’apparition pour une seule année-modèle de la version Artisanale : une Châtelaine avec un grillage derrière les vitres arrières.

Fin décembre 1959 les taux de compression sont revus à la hausse sur les moteurs Flash et Flash Spécial, ce dernier passant à 60 ch. Enfin, on note l’arrivée d’une sympathique option baptisée « Grand Air » : un toit ouvrant souple Webasto disponible sur toutes les berlines et coachs de la gamme.

En janvier 1960, la millionième Simca Aronde tombe des chaînes, il s’agit d’une Étoile 6, un tirage au sort sera organisé au sein de l’usine et elle sera offerte à un membre du personnel. Enfin, en février 1960 apparaît la Ranch, version haut de gamme de la Châtelaine.

C’est un break deux portes vitré avec une finition plus soignée, une peinture bicolore, des butoirs de pare-chocs avant entièrement chromé d’Aronde 1300, et un intérieur proche de celui des Montlhéry. Sous le capot, on retrouve le moteur Flash Spécial et les roues sont de 14 pouces au lieu de 15 pouces pour les autres utilitaires.

Notez aussi que suite à un contentieux avec la marque Studebaker, Simca décide d’arrêter d’utiliser le S stylisé. Il disparaît alors des enjoliveurs de roues qui se contentent désormais d’un fond rouge sans logo et du bouchon de réservoir qui s’ornent désormais d’une hirondelle stylisée. Enfin, les mappemonde rappelant les records du monde 1957 sont supprimées de l’arrière des Aronde pour cette année 1960.

1961 est une année importante dans la carrière de l’Aronde avec l’adoption du moteur Rush en remplacement du Flash. Le Rush apporte l’épurateur d’huile centrifuge en bout de vilebrequin. Mais surtout il adopte (enfin) les 5 paliers en lieu et place des 3 paliers sur le Flash, corrigeant ainsi un des défauts les plus reprochés au Flash. Les plus grincheux diront qu’il n’est toujours pas chemisé ce qui en limite encore la durée de vie…

La réalité est que le Rush est un excellent moteur, existant comme le Flash en différentes versions. Ils présentent une cylindrée identique aux moteurs de la génération Flash qu’ils remplacent. La version Rush 6CV remplace le Six CV issu du Flash, la cylindrée reste à 1090 cm³ mais la puissance passe de 40 ch à 42 ch. Le Rush standard de 1290 cm³ obtient 52 ch au lieu de 48 ch pour le Flash. Enfin le Flash Spécial, de 60 ch sur les dernières versions, est remplacé par le Rush Super de 62 ch.

Les utilitaires adoptent quant à eux le Rush Service de 48 ch, sauf le Ranch, toujours doté du moteur le plus puissant de la gamme.

Pour marquer ce changement, plusieurs détails de présentation sont revus : le logo ARONDE de la face avant laisse place à un logo SIMCA sur le capot, les enjoliveurs de roues sont simplifiés et abandonnent le centre rouge. Les baguettes de caisse deviennent rectilignes et identiques sur l’ensemble de la gamme et enfin le tableau de bord adopte un cadran à aiguille en lieu et place du Simcascope. Pour finir, l’Étoile se dédouble avec l’Étoile 7, alliant la basique finition Étoile et le moteur Rush 7CV.

Simca Aronde

Ultimes évolutions

On arrive en 1962 et l’Aronde continue d’évoluer avec 3 nouveaux modèles au catalogue. Le premier, l’Étoile Super est une Étoile 6 avec la finition de l’Élysée.

Les deux autres constituent l’aboutissement de la gamme Aronde : les Montlhéry et Monaco Spéciale.

Elles adoptent une nouvelle version du moteur Rush, le Rush Super M délivrant 70 ch au lieu des 62 ch du Rush Super. Ces deux versions disposent d’options qui leur sont propres comme une peinture gris irisé métallisé, signe de luxe à l’époque, ainsi qu’un intérieur spécifique en Naugahyde, un skaï beige très épais et d’excellente facture qui sera utilisé plusieurs années par Simca. Ces deux options donnent à l’Aronde un look très chic et très moderne.

En 1963, ça commence à sentir la fin pour la Simca Aronde. Tout le monde a bien compris que son remplacement approche. Simca prépare déjà la suite. Logiquement, la première étape consiste à supprimer des modèles.

C’est la fin des Étoile 7, Montlhéry, Monaco et Monaco Spéciale, les Montlhéry continuant leur carrière. Arrêt de la production aussi pour l’ensemble des utilitaires de la gamme, à l’exception du Ranch.

Le sursis ne sera que de courte durée, car en janvier 1963 Chrysler devient actionnaire majoritaire de Simca.

Le 22 mai 1963 la Simca 1300 prend définitivement la place de l’Aronde sur les chaînes de production. Le 31 mai de la même année Henri Théodore Pigozzi quitte ses fonctions à la tête de Simca Automobiles alors que son entreprise emploie 23.000 personnes et produit 1400 voitures par jour. Une page de l’Histoire Automobile française se tourne.

En 12 ans, ce sont 1.442.155 Arondes qui sont sorties des usines de Nanterre et de Poissy. A noter que d’élégants coupés et cabriolets ont également existé, fabriqués par Facel-Métallon … mais c’est une autre histoire, dont on aura l’occasion de reparler …

Les Simca Aronde en collection

Contrairement à de nombreux modèles de la gamme, la Simca Aronde est plutôt visible dans les différents événements de voitures anciennes. En même temps, les versions sont nombreuses et la production a été conséquente.

Côté prix, vous trouverez les modèles utilitaires et d’entrée de gamme entre 3000 et 5000 € en fonction de leur état. Les versions plus pêchues peuvent dépasser les 5000 € assez facilement. Les coach sont rares et peuvent facilement dépasser les 10.000 €. En dehors des « Facel », les plus chères sont les plus rares et les plus haut de gamme, les Rue de la Paix ou Elysée Matignon qui peuvent dépasser aisément les 15.000 € !

En bonus, découvrez notre vidéo d’une magnifique Simca Aronde 1300 Élysée de 1957 :

Banniere PA Simca copie- Simca Aronde

Photos principales : http://webmaster.simca.free.fr/

Morgan

http://webmaster.simca.free.fr/

Passionné par les anciennes, mais surtout par les Simca, Morgan est également bon photographe et sait prendre sa plume à l'occasion. Il a rejoint l'équipe au printemps 2019. Il gère également le site http://webmaster.simca.free.fr/

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