La Simca 8, avant-guerre moderne et débuts d’indépendance !

Publié le par Benjamin

La Simca 8, avant-guerre moderne et débuts d’indépendance !

Si elle n’a pas l’aura des autres modèles de la marque sortis dans les années 50 et 60, ces derniers lui doivent beaucoup. Car c’est avec cette auto « moyenne » que Simca a pris un bel envol. La Simca 8 était moderne et si elle avait une origine transalpine évidente, c’est elle qui a introduit les premières autos 100% Simca. On vous raconte son histoire.

Quand Simca… c’est encore Fiat !

Dans les années 30, Simca est encore la filiale française du géant Fiat. Et les autos construite dans l’usine de Nanterre sont directement dérivées des italiennes. L’origine de la Simca 8 est donc à retrouver dans le renouvellement de la Fiat 508 Ballila. La 508C Balilla 1100 n’a pas grand chose à voir avec sa devancière… et c’est une bonne nouvelle !

Il fallait absolument renouveler la 6CV de la gamme Simca. Après 1936, et les fameux congés payés, les français sont friands d’automobiles pour partir en vacances. En fait, ces fameux congés payés créent un besoin qui n’existait pas forcément avant. Tous les constructeurs français s’engouffrent dans ce nouveau marché. Peugeot continue sur sa lancée, Citroën est déjà en place avec sa nouvelle Traction et même Louis Renault a fini par se laisser convaincre.

Nous sommes donc en 1937 et quand le couple Fiat 508C Balilla 1100 et Simca 8 apparaît, c’est un concentré de technologie !

Fiat 508C Balilla 1100- Simca 8
Ce n’est pas une Simca 8,mais bien une Fiat 508C Balilla 1100

Si on fait encore appel à un châssis séparé, le reste de la technique a de l’avance sur la concurrence. Ainsi, le moteur de 1089 cm³ possède une culasse en alliage mais, surtout, il possède des soupapes en tête quand les autres constructeurs français du segment sont encore aux soupapes latérales. Alimenté par un Solex, il permet d’atteindre 32ch à 4200 trs/min. Ajoutez une boîte à 4 vitesses et vous vous retrouvez avec une petite voiture qui file atteint 110 km/h en pointe.

Côté freinage, là aussi, la Simca 8 se place bien en proposant un système hydraulique de bonne facture. On ajoute des roues indépendantes à l’avant, mais un essieu arrière rigide, un système électrique en 12V et on se retrouve avec le portrait robot de la populaire des années 50/60… avec 20 ans d’avance !

Si la Simca 8, et donc la 508C Balilla, remplacent le duo 508 Balilla / Simca-Fiat 6CV, au niveau stylistique elles marquent une vraie révolution. Finies les caisses carrées et place aux rondeurs. On ne verse pas dans le « tout aéro » comme on le fait chez Peugeot avec la ligne « streamline » mais les lignes sont adoucies. Les phares sont toujours séparés et encadrent une calandre fuselée. Au sommet de celle-ci apparaît le premier logo Simca avec la fameuse hirondelle. Dernier point sur cette carrosserie : elle est réalisée en acier et elle est d’un seul bloc et cela permet une rigidité suffisante pour avoir des portes à ouverture antagonistes et sans montant central !

La Simca 8 à la conquête du marché

La Simca 8 est présentée au salon de Paris 1937 et mise en production peu de temps après. Les premières autos roulent dès Novembre 1937.

Très vite, en plus de la berline, on crée une véritable gamme Simca 8. On commence avec un léger décapsulage en proposant une berline découvrable.

On va encore plus loin en tombant totalement le haut avec un cabriolet (sans montants donc) qui conserve 4 places et qui propose, de série, un intérieur cuir !

Dernier élément de la gamme : le coupé, deux portes, deux places, avec un pavillon bas et un pare-brise qui s’entrebâille. Celui-ci est particulièrement intéressant puisque c’est une création française qui n’a pas d’équivalent transalpin ! C’est la première Simca qui ne soit pas (totalement) une Fiat rebadgée.

Évidemment ces trois modèles sont bien plus chers que les berlines… et vont connaître une diffusion confidentielle.

Proposée à un prix plus bas que les Renault Juvaquatre et Peugeot 202 avec qui elle est en concurrence, la Simca 8 souffre malgré tout. Sa fiche technique est, certes, impressionnante, mais elle peut dérouter les clients les plus conservateurs. Pigozzi sort alors une recette qu’il n’hésitera plus à employer : les records.

En Mai 1938 un huissier prélève une auto, strictement de série, parmi les voitures terminées sur le parking de l’usine de Nanterre. Cette auto va d’abord prendre le direction de l’Autodrome de Linas-Montlhéry. Elle y tourne 10.000 km à 115 km/h de moyenne en consommant 7,9 litres au 100 km. Une belle performance qui permet de rafler 8 records de classe.
Ensuite elle repart pour les routes de France et y couvre 20.000 km à 65 km/h de moyenne pour afficher une consommation de 6 litres aux 100 km.
Enfin, elle atteint 50.000 km après 20.000 km dans Paris à 54 km/h de moyenne (oui, on pouvait à l’époque) en consommant 6,5 litres aux 100 km.

De belles prouesses qui montrent qu’en plus de son prix réduit, la Simca 8 est performante et peu chère à l’entretien. Il s’en suit une campagne de pub sur le thème « Achetez la même voiture » :

Records Simca 8- Simca 8

La Simca 8 atteint sa vitesse de croisière, commerciale cette fois, et se place plutôt bien dans la hiérarchie française. La seconde guerre mondiale arrive alors. La production chute, devient ridicule en 1942 avant de complètement stopper en 1943.

La Simca 8 redémarre

En 1946, la production automobile reprend. Le plan Pons place Simca au sein du « GFA », Générale Française Automobile, qui préside à la destinée du constructeur à l’hirondelle, mais aussi de Delahaye et Delage et des camions Unic, Bernard et Laffly.

Le logo devient d’ailleurs Simca GFA sur les Simca 8 dont la production reprend doucement. Aucune évolution n’est à noter sur les autos de la gamme.

Chose intéressante : chez Simca on n’a pas rationnalisé. Ainsi les Cabriolets, Coupé et Découvrables sont toujours de la partie malgré des chiffres de vente encore plus réduits !

En 1947, la gamme s’agrandit encore. En fait, le marché automobile français a surtout besoin de « laborieux ». À défaut de proposer un réel utilitaire, comme le fait Citroën avec le Type H, le constructeur de Nanterre mise sur des dérivés de sa 8. Ainsi on propose deux utilitaires : un fourgon tôlé et une camionnette bâchée, proposant toutes deux 500 kg de charge utile.

En 1948, un nouvel utilitaire est proposé : la Canadienne. C’est un break à structure en bois qui sera produit par la Société Industrielle de l’Ouest Parisien.

Mais le fait marquant de l’année 1948 pour la Simca 8 intervient au salon de Paris. C’est là qu’est présenté le roadster Simca 8 Sport. Son style italien est signé par les Stabilimenti Farina (le grand frère de Pinin) mais la réalisation est bien française : c’est le début de l’histoire entre Simca et Facel Métallon. La base technique est bien celle de la Simca 8 1100… au moment de la présentation en tout cas puisque l’industrialisation sera longue et les premières Simca 8 Sport n’arriveront sur les routes qu’en 1950 !

Un an plus tard, au salon de Paris 1949 c’est un coupé qui est ajouté à la gamme. En réalité c’est un « Coupé Hard-Top » basé sur le cabriolet.

La Simca 8 persiste !

Fiat a remplacé sa 508C Balilla 1100 par la Fiat 1100B en 1948 mais du côté français, on a un peu tardé.

Au salon de Paris 1949, la Simca 8 est toujours là. Mais c’est la Simca 8 1200 qu’on présente ! Techniquement, la grosse nouveauté c’est l’apparition d’un 1221 cm³ de 40ch sous le capot.

Esthétiquement, la « nouvelle » Simca 8 se démarque par une face avant nouvelle, avec une calandre plus rondouillarde, un capot plus plongeant aux aérations différentes et une malle arrière bombée et non-plus plate.

La gamme comprend toujours confidentiels Coupé et Cabriolet, ainsi que les utilitaires, qui reçoivent avec joie le nouveau moteur, mais la berline découvrable et la Canadienne disparaissent.

Quelques mois plus tard, en Mars 1950, les Simca 8 Sport Coupé et Cabriolets sont enfin sur les routes ! Du coup, elle reçoivent le moteur 1221 cm³ avec une petite cure de vitamine qui la fait grimper à 50ch. Ainsi parée elle atteint 135 km/h.

Les Simca 8 1200 ne connaîtront aucune évolution. La Simca 9, celle qui deviendra l’Aronde, est en préparation. Pourtant, cela n’empêche pas l’auto d’avoir un certain succès : quatrième auto vendue en 1950 avec 17.705 exemplaires et une part de marché de 10,2% cependant très éloignée des trois premières, la Renault 4CV, la Peugeot 203 et la Citroën Traction.

Au printemps 1951 la Simca 8 quitte les chaines de production. Les Simca 8 Sport seront les dernières produites, sur les ultimes châssis fabriqués, en Mars 1952.

Au total la production s’arrête sur le chiffre de 113.165 exemplaires en 15 années.

La Simca 8 en sport automobile !

Durant ces longues années, la Simca 8 ne va pas s’aventurer sur les circuits que pour sa promo ! Simca fait alors confiance au « sorcier » Gordini, mais aussi à son compère Camerano, pour préparer des autos pour les plus grandes courses.

Les petites autos, carrossées en roadster, réalisent de belles performances. Dès 1938, Amédée Gordini s’impose au Bol d’Or (photo de gauche). En 1939, Gordini et Scaron remporte le Monte-Carlo dans la classe des 1,5L sur une berline avant de remporter la catégorie 1,1L aux 24h du Mans !

Gordini remportera quelques autres succès après guerre comme la Coupe de Paris (classe 1,5L) mais se tournera ensuite vers des créations qui ne sont plus trop Simca. Pour autant la Simca 8 étoffera son palmarès avec la catégorie 1,1L sur la Coupe des Alpes 1949 (Manzon), le Lyon-Charbonnières la même année (Blondel et Monestier), la Coupe des Dames du Monte-Carlo 1950 (Rouault), etc.

La dernière victoire sera obtenue en… 1957 avec la victoire de Majkowski au Rallye de Pologne !

La Simca 8 de nos jours

Les chiffres de production pas énorme et un âge plus près du centenaire que de l’occasion font des Simca 8 des autos relativement rares. Pour en acheter une, il faudra bien chercher.

Les avant-guerre, berline, découvrables et cabriolet, tournent toutes autour des 20.000 € dans un bel état ! Et on ne vous parle même pas des rares coupés dont le prix atteint le double !
Les Simca 8 1100 de l’après-guerre sont un peu plus abordables, en particulier les utilitaires. Les 1200 sont plus performantes mais dans les mêmes prix.

Enfin les Simca 8 Sport dépassent les 45.000 € dans un bel état, qu’elles soient coupé ou cabriolet.

En tout cas, c’est une auto originale qui vous fera remarquer sur les différents rassemblements auxquels vous vous rendrez !

Photos additionnelles : Wikimedia
Source principale : Webmaster Simca

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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