La Renault 3, une confidentialité méritée

Publié le par Benjamin

La Renault 3, une confidentialité méritée

Quand la régie veut remplacer sa Dauphine a succès, elle a aussi une autre idée derrière la tête : s’attaquer à une concurrente. Cette concurrente, c’est évidemment la Citroën 2CV. Pour cela il n’y aura pas qu’un modèle en course mais deux. On parle évidemment de la Renault 4, mais aussi de la Renault 3. Et cette dernière n’a vraiment pas eu le succès escompté !

Une auto dérivée plus que vraiment pensée

La 4CV puis la Dauphine ont installé Renault en tête des ventes en France. Le succès ne se dément pas mais dès 1956 on table sur une auto plus moderne qui saurait prendre des parts de marché à la deuche. Pour cela il faut une voiture plus pratique, plus rustique peut-être, mais surtout avec un moteur à l’avant lui permettant d’avoir un vrai coffre et une bonne habitabilité.

C’est le postulat de départ de la Renault 4. Les tests commencent en 1959 et on s’apprête à lui faire prendre la place de la 4CV sur les lignes de production de l’usine de Boulogne-Billancourt.

De Billancourt, justement, elle va aussi hériter le moteur. Né avec la 4CV, ses 747 cm³ impliquent que ce soit une auto de 4cv fiscaux, ce qui lui donne d’ailleurs son nom de baptème. Une puissance fiscale problématique quand on veut s’attaquer à la petite Citroën.

Par conséquent on va décider de créer une auto plus petite et elle sera logiquement appelée la Renault 3. Si on conserve bien le moteur Billancourt, on réduit sa cylindrée à 603 cm³. Dans l’opération, la puissance passe à 22,5 ch DIN. Forcément, en gardant la même caisse, l’auto est limitée en performances : 90 km/h sur le plat ou en descente si il y quatre occupants !

La boite de vitesse est une boite 313-01, à trois rapport seulement plus la marche arrière. La première n’est pas synchronisée et pour atteindre la vitesse maxi, on allonge les rapports ce qui pénalise d’autant plus la vélocité !

Renault 3 en coupe- Renault 3

Renault 3 vs Renault 4

Entre la R1120 (la Renault 4 sous ses diverses formes) et la R1121 (la Renault 3) il faut regarder dans les détails pour trouver les différences. Les deux autos sortent en 1961 et sont proposées en parallèle. Par contre, dire que la Renault 3 est une Renault 4 dépouillée est plutôt faux ! La Renault 4, le modèle de base, pas la luxe qui sera à la base du terme « 4L » est également très dépuillée.

L’extérieur est semblable : pas de vitre de custode arrière, pas de grille de calandre, des pare-chocs tubulaires peints et pas d’enjoliveurs sur les roues.

Niveau couleurs, la Renault 3 n’est disponible qu’en gris. Le luxe… c’est qu’il y a deux nuances : le Gris Tempelier 618 et le Gris Pyramide 635.

Renault 3 Eliot Enard 4- Renault 3

Pas plus de luxe à l’intérieur des deux autos : sièges tubulaires, avec tissu tendu à chevrons rouges sur la Renault 3, pas de garniture de porte ou de toit et un seul pare-soleil. On a bien laissé le chauffage mais celui-ci se passe de ventilation. On s’est même passé de jauge à essence dans l’habitacle. Oui, c’est rude !

En tout cas, vous l’aurez compris, distinguer une Renault 4 d’une Renault 3 est impossible sans regarder le monogramme à l’arrière. Et cela fait que beaucoup confondent les deux modèles !

La carrière de la Renault 3

Quelle carrière me direz-vous ? Et bien vous aurez raison. La Renault 3 est placée au niveau tarif : 100 francs de moins que la chevronnée, c’est déjà ça. Le vrai souci, c’est la Renault 4. Celle-ci n’est vendue « que » 180 francs de plus. C’est une somme pour certains, mais ça permet d’avoir des performances radicalement meilleures !

Si l’Auto-Journal parle d’une voiture qui « méritera quelques améliorations » il destine surtout la voiture à des zones « dépourvues de routes ». En clair : un moteur, un habitacle, mais pas mieux.

De fait la Renault 3 va avoir une carrière fulgurante, l’inverse exact de ses performances. Elle est officiellement restée moins d’un an au catalogue, disparaissant le 24 Septembre 1962 même si cela faisait des semaines qu’il ne s’en vendait plus une. Au total on a assemblé un peu plus de 2500 voitures, 2571 selon certaines sources, 2526 selon d’autres et dans tous les cas, ça ne fait pas beaucoup !

La Renault 3 en collection

Il y a moins de 20 autos recensées et même avec quelques trous dans la raquette, on aura du mal à en réunir plus de deux, ce qu’a quand même fait Eliot pour les photos que vous voyez dans cet article. Les autres, viennent du salon Epoqu’Auto 2021 où Renault Classic avait exposé l’exemplaire présent dans leur collection.

De fait, il est difficile de donner une cote pour cette auto très rare. Néanmoins, sachant que le prix des Renault 4 est en forte hausse, ne comptez pas sur le manque de performances de la Renault 3 pour baisser le prix : elle est plus rare et donc plus chère !

Voila deux exemplaires de Renault 3 Parfaitement restaurés, La plus foncée est la R3 couleur « Pyramide 635 » et la plus clair « Tempelier 618 ».

Photos : Eliot Enard, l’Automobile Ancienne, Renault et News d’Anciennes

Banniere PA Renault copie- Renault 3

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. richard DERAZE

    Bonjour,
    depuis longtemps j attends es essais de voiture original à la place de vos sempiternels reportage photos.
    cordialement.
    R D

    Répondre · · 6 mai 2023 à 2 h 08 min

    1. Pierre

      Bonjour, le vendredi est toujours dédié aux articles historiques, effectivement illustrés avec les photos prises par l’équipe au gré des événements qu’elle couvre. Les essais sont quant à eux publiés le lundi (vous pouvez les retrouver ici https://newsdanciennes.com/category/on-a-teste-pour-vous/les-voitures-on-a-teste-pour-vous/ ) et si un Auverland A3 ou une Matra Djet VS ne vous semblent pas des véhicules assez originaux, j’avoue ne pas savoir ce qui pourrait vous satisfaire

      Répondre · · 6 mai 2023 à 21 h 58 min

  2. Calizzano

    Si je peux me permettre, la R4 remplaçait la 4CV, pas la Dauphine, qui elle sera remplacée par la R8

    Répondre · · 6 mai 2023 à 8 h 26 min

    1. Mopett

      D’autant plus que la Dauphine a été produite jusqu’en 1967, ce qui veut dire qu’elle a co-existé avec la 4L

      Répondre · · 7 mai 2023 à 20 h 21 min

      1. Yves Caron

        a l’époque l’on ne remplaçait pas directement un modèle par un autre : l’on introduisait un nouveau modèle de voiture un peu plus grosse que l’ancienne, qui était maintenue provisoirement en production en attendant le lancement d’un modèle plus petit qui permettait à une nouvelle couche d’acheteurs d’accéder à l’automobile. C’était pareil chez Peugeot, avec les 203, 403, 404, puis 204.

        Répondre · · 13 août 2023 à 23 h 40 min

  3. Dominique

    Ça dit bien: «  prendre la place de la 4CV… »…..

    Répondre · · 8 mai 2023 à 16 h 04 min

  4. Peyre

    Il y a eu aussi le gris Olivier 610 en 1961
    C’est la couleur des véhicules des essais presses notamment.

    Répondre · · 9 mai 2023 à 2 h 56 min

  5. Call me @

    Très beau reportage. Ici aux Pays-Bas, personne ne croyait que mon frère jumeau avait jamais eu une R3 et s’amusait beaucoup avec. Alors maintenant enfin la preuve. Merci

    Répondre · · 9 mai 2023 à 23 h 25 min

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