Histoire de Carrossiers, ép. 15 : Chapron, seconde partie 1945-1985

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 15 : Chapron, seconde partie 1945-1985

Pour terminer le premier chapitre dédié aux carrossiers français, les autres sont à voir ici, on va s’attarder sur la deuxième partie de l’histoire de Chapron. Cette fois c’est à la période d’après-guerre qu’on s’intéresse.

Le premier épisode est là :

Un après-guerre des plus classiques

L’immédiat après-guerre est compliqué pour Chapron. Les constructeurs dont on habillait les châssis à Levallois-Perret sont presque tous repartis mais avec des solutions techniques d’avant-guerre. Les lignes sont dans un premier temps similaires avant de se mettre aux goûts du jour.

Chapron finit ainsi par adopter la ligne Ponton, perdant de son originalité mais fait surtout face à une vraie crise de la demande. Mais le patron tient bon. Une tentative sur un coupé Simca ne va pas très loin.

Il part ainsi vers le haut de gamme de Renault, la Frégate pour laquelle il créé un coach et un cabriolet. Mais les volumes, comme ceux de l’auto de base, ne suivront pas. Peugeot et Simca ne sont pas encore lorgnés… mais Citroën va offrir l’auto parfaite au carrossier.

Le carrossier produit également les dernières autos de la marque Salmson, d’abord les 2300 S puis une berline, la Monceau.

Encore des dernières ? Même si il n’est pas à l’origine du dessin des Delahaye 235 c’est bien le carrossier de Levallois qui en réalisera le plus gros contingent avec des coach et cabriolets classiques mais aussi des robes plus recherchées comme ce coupé.

En 1956 il « bénéficie » de l’arrêt de Franay et expose sur son stand une Bentley et une Rolls… créées par son ex-concurrent mais dont les panneaux sont réalisés à Levallois. Il crée aussi une Citroën 15 Six présidentielle… qui ne ressemble pas tellement à une Citroën !

Chapron et Citroën

Quand la DS apparaît en 1955, Henri Chapron sait que c’est LA bonne opportunité. Avec une technique qui se distingue, il ne manque à la Citroën que des déclinaisons exclusives qui raviront ceux qui veulent être modernes et chics…

Il va devenir le partenaire officiel de Citroën pour les Prestige. Ces autos reçoivent une finition plus luxueuse et de nombreuses options dont une séparation chauffeur. Elles sont intégrées au catalogue mais fabriquées sur commande uniquement. C’est là qu’on reconnaît la patte du carrossier.

Mais Chapron n’oublie pas son âme créatrice, surtout qu’il dispose avec la prestige de l’outillage pour faire des DS très spéciales. C’est ainsi qu’il présente en parallèle de la prestige deux créations plus poussées sur base DS : le cabriolet Croisette et le Coach Paris.

En 1959 Chapron dévoile « Le Caddy » dont les portes sont plus étroites que sur La Croisette.

En 1960 Citroën lance la fabrication d’un cabriolet DS « officiel ». Bien que le dessin soit toujours de Chapron, il se rapproche plus des DS de série. Les commandes sont prises à la fin de l’année et les autos arrivent directement chez Chapron avec uniquement la partie avant assemblée.

À partir de ce moment là, les DS Chapron vont se multiplier. En 1960 apparaissent les Coupés Concorde et Dandy. En 1962 c’est l’arrivée du Cabriolet Palm Beach (et l’arrêt de La Croisette).

En 1964 apparaît la berline Majesty. Le principe de la Prestige est poussé plus loin et la ligne diffère à l’arrière. L’année suivante le coupé Le Lémon succède au Concorde avec un arrière plus carré et plus long… et 4 places.

Il faut attendre 1969 pour voir une nouveauté. La Berline Lorraine remplace la Majesty, avec la nouvelle face avant des DS mais toujours cet arrière carré.

La même année apparaît la DS Présidentielle. Étudiée par Citroën, ce mastodonte de 6,53m de long et 2,13 de large est réalisé chez Chapron.

1971 marque un coup d’arrêt puisque le cabriolet est retiré du catalogue Citroën. Néanmoins Chapron continue d’en assembler mais doit de nouveau partir de berlines complètes.

Mais Chapron propose aussi cette année là un cabriolet sur base de SM : le Mylord dont le prix est astronomique et va réduire sa diffusion.

En plus de ces deux versions une SM Présidentielle, destinée à remplacer la 15 est préparée. Basée sur l’Opera qui ne sortira que l’année suivante, après que Citroën ait contacté plusieurs carrossiers pour cette berline hors-série, elle tombe le haut.

Toutes ces autos sortent malgré tout au compte goutte des ateliers. Chapron ne s’est pas assez modernisé et les prix de revient sont énormes. Et puis Henri Chapron est de moins en moins impliqué. Depuis 1968 c’est sa femme qui gère l’affaire.

Le déclin

Avec la sortie de la Peugeot 604 le carrossier retrouve des commandes. Aucune modification n’est faite à l’extérieur. On se contente ici d’aménagement intérieurs ou du blindage des autos. C’est le même principe qui est d’ailleurs appliqué sur l’autre haut de gamme français : la CX.

En 1978 Henri Chapron décède. L’activité est réduite au possible. La Peugeot 604 Landaulet présentée en fin d’année ne sera produite qu’à deux exemplaires.

Les dernières créations de Chapron dateront du début des années 80. En 1980 une Volvo 343 au style… spécial est présenté au salon de Bruxelles après une commande spéciale. Deux ans plus tard on présente une Matra Murena targa qui ne sera pas produite.

Chapron ne fait alors que l’entretien de ses créations passées et du prototypage pour les grands constructeurs. Malheureusement, pas de quoi faire tourner l’atelier et, en Octobre 1985, Françoise Chapron dépose le bilan.

Quelques réalisations de Chapron après-guerre

En 1947 on est encore sur des bases identiques à ce qu’on faisait avant-guerre. Cette Delahaye 135 MS en est un bel exemple.

1947 Delahaye 135 M Cabriolet by Chapron 0 1- Chapron

En 1950 on s’attaque à une marque et un modèle de plus grande diffusion avec cette Simca 8 Sport… avec une calandre plus Delahaye que Simca.

La même année apparaît cette Bentley MK VI cabriolet.

Bentley MK VI DHC de 1950 par Chapron- Chapron

Entre 1951 et 1954 Chapron va réaliser 41 des 84 Delahaye 235, avec des carrosseries Coach, Cabriolet et Coupé.

1953 voit l’arrivée des Frégate par Chapron. Le carrossier des coachs, d’abord aux ailes rondes puis de style ponton. Une soixantaine seront construits. Il construira également trois cabriolets.

La même année commence donc la fabrication de la seconde série des Salmson 2300S. Chapron créera d’ailleurs quelques rares cabriolets.

La Hotchkiss Grégoire fut également habillée par Chapron. Sept Coaches et sept cabriolets sortiront à partir de 1953.

En 1954 c’est le carrossier de Levallois-Perret qui dévoile celle qui sera la dernière Hotchkiss, la Monceau, superbe auto dont on parle en détail par ici. Le dessin sera d’ailleurs repris sur une berline prévue pour Salmson.

Le dessin sera aussi source d’inspiration pour la Citroën 15 Six présidentielle qui apparaît en 1956 et servira jusqu’en 1972 !

En 1957 est réalisé un coach sur base Peugeot 403 pour l’épouse de Pierre Peugeot. Le modèle ne sera pas proposé en série et trois exemplaires seront fabriqués au total.

1958 c’est donc l’apparition des premières DS par Chapron. Côté cabriolet c’est la « La Croisette » (52 ex. jusqu’en 1962) et côté coupé c’est la « Le Paris » (9 exemplaires jusqu’en 1959).

Nouveau cabriolet DS en 1959 avec la Caddy, produite à 34 exemplaires jusqu’en 1968.

En 1960 nouvelle voiture présidentielle, basée sur une Simca Vedette… Présidence !

La même année apparaissent deux nouveaux coupé DS. La Concorde sera produite à 38 exemplaires jusqu’en 1965 et la Le Dandy (appellation déjà utilisée par le carrossier avant-guerre) à 50 exemplaires jusqu’en 1968.

En 1962 Chapron ne réalise pas que des Citroën. Ainsi une Renault Rambler est réalisée pour les plus hautes sphères de l’état mais ne convaincra pas le général.

Cette année là apparaissent les Cabriolets DS Palm Beach qui remplacent les Croisette. 32 exemplaires seront produits jusqu’en 1972, le premier en photo ci-dessous, sur base ID19, fut d’ailleurs celui d’Henri Chapron à partir de 1963.

En 1964 apparaît la première déclinaison Berline de la DS par Chapron : la Majesty dont le style n’est pas forcément magnifique. Elle sera produite à 27 exemplaires jusqu’en 1969.

En 1966 apparaît la dernière déclinaison coupé de la DS, révélée à Genève c’est la Le Léman. 27 Exemplaires seront fabriqués jusqu’en 1973.

Si la DS s’est rendue célèbre avec l’attentat du Petit Clamart, en 1968 Chapron en fabrique cette qui deviendra 1 PR 75, une auto bien plus large et longue qu’une DS qui reprend certains éléments de style des Majesty.

C’est en 1969 qu’apparaît la dernière version des DS par Chapron, la Lorraine qui s’écoulera à 20 exemplaires, dont certaines blindées, jusqu’en 1974.

1971 voit la première SM par Chapron, c’est le cabriolet Mylord.

C’est cette même année qu’est présentée la SM Présidentielle, auto célèbre qui sera utilisée durant de nombreuses années.

La SM Présidentielle appelait d’ailleurs un autre projet : l’Opera. Chapron a été directement contacté par Citroën pour réaliser cette auto qui restera une rareté avec 8 exemplaires (autant que la Mylord).

Pour autant on propose toujours les DS Prestige, comme cette auto de 1972 sur base 21ie.

En 1978 Chapron présente sa deuxième réalisation sur base de 604, après une version plus cossue. C’est un Landaulet prévu pour la présidence mais qui ne séduira que le président… du Niger et Freddy Heineken.

En 1981 le déclin est bien amorcé mais on propose toujours des autos sur base Citroën CX comme cette Prestige découvrable.

Photos additionnelles : André Leroux

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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