Histoire de Carrossiers, ép. 14 : Chapron, première partie 1919-1945

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 14 : Chapron, première partie 1919-1945

Dans nos histoires de carrossiers, on vous a déjà parlé d’une douzaine de grands carrossiers français. Après les Labourdette, Figoni & Falaschi, etc (tous les autres épisodes sont à retrouver ici) on s’attaque à celui qui est certainement le plus connu : Chapron. Et son histoire est tellement riche qu’on va commencer par les débuts et les premières Chapron de l’entre deux guerres.

La deuxième partie est à lire ici.

Les débuts d’Henri Chapron

Né en 1886 Henri Chapron voit en fait le jour en même temps que l’automobile. À 13, certificat d’étude en poche il rentre comme apprenti chez un sellier mais dès l’année suivante il entreprend un tour de France de compagnon. Avec son vélo il enchaîne les expérience, travaillant notamment pour plusieurs carrossiers parisiens déjà établis du temps des voitures à cheval. Ce tour de France le mènera jusqu’Alger mais sera arrêté par la première guerre mondiale. Pendant le conflit il œuvre d’ailleurs comme sellier.

En 1919 Henri Chapron monte sa première affaire, aidé par sa femme. Son atelier est à Neuilly-sur-Seine dans un ancien jardin. Là il rachète des Ford T vendues par les domaines. Ces véhicules achetés durant la guerre n’ont que peu servi et ne sont pas vraiment aux standards européens. Chapron s’en sert de base pour fabriquer des coups-chauffeur ou des torpédo, en revoyant plus l’aménagement que la carrosserie.

Le nom de Chapron commence à monter. Les Ford ne sont plus forcément les seules autos qu’il carrosse. Quelques Peugeot ou Renault et Panhard & Levassor passent ainsi entre ses mains ainsi que des marques plus haut de gamme comme Hotchkiss, Ballot ou Delage. Si Chapron se démarque c’est parce qu’il crée réellement des automobiles, il n’est pas marqué par une activité précédente tournée vers les autos à cheval. Néanmoins il reste très classique dans ses formes.

L’activité grossit et en 1923 il prend ses nouveaux quartiers à Levallois-Perret dans une halle Eiffel. Les commandes se multiplient et en 1927 les établissements Chapron livrent trois voitures par jour ! Il faut dire que 350 personnes sont employées ! Henri Chapron est devenu plus superviseur que carrossier, des stylistes dessinent les autos et tous les autres corps de métier donnent vie aux autos.

Le crash de 1929 fait mal à Chapron. Néanmoins sa taille lui permet d’encaisser bien que plus de la moitié des effectifs sont sacrifiés. Néanmoins ses créations sur la nouvelle Delage D8 sont prisées tant en berlines qu’en cabriolet ou coach. Les Delahaye se multiplient mais c’est l’arrivée de 135 en 1935 qui donne un nouveau souffle à Chapron. Ses carrosseries sont proposées dans le catalogue de la marque (il n’est pas le seul, Guilloré, Franay ou Labourdette sont aussi proposés).

Néanmoins les travaux de Chapron sur cette base sont prisées. Le classicisme et l’élégance à la Française en font des créations belles mais pas ostentatoires comme peuvent le proposer certains de ses concurrents.

En 1939 la guerre met un premier coup d’arrêt. En 1940 les ateliers sont réquisitionnés par l’occupant. L’activité automobile avait déjà été déménagée à Nouan-le-Fuzelier et c’est là que va naître une activité de substitution de fabrication de poêles à charbon. En 1943 les établissements Chapron perdent leur styliste, Marcel Devarenne dans un bombardement. Sous la menace de voir ses ouvrier partir pour le STO, Henri Chapron accepte de revenir à l’automobile. Entretien des autos d’avant-guerre et conversion au gazogène rythme alors l’activité. Une période sombre dont Chapron saura se sortir brillamment.

C’est à lire par ici.

Quelques réalisations d’avant-guerre signées Chapron

C’est donc avec ses Ford T que Chapron se lance. Si peu d’autos sont parvenues jusque nous c’est via les pubs d’époque qu’on en apprend plus. On note surtout la mention « Ford Francisée » qui montre bien que ce ne sont plus des autos « brutes de Détroit ».

Ford T par Chapron- Chapron

Quand le carrossier monte en gamme, c’est d’abord avec des autos françaises. Ainsi on note la Peugeot Type 153 en 1922 (à gauche) ou cette Panhard & Levassor 16CV X36 de 1923.

Après le déménagement et alors que la carrosserie est en pleine vitesse on retrouve des modèles bien plus haut de gamme comme cette Hispano-Suiza H6B « Le Dandy » de 1926 passée sous le marteau de RM Sotheby’s :

En 1930 on retrouve deux autos exposées à la Cité de l’Automobile, deux autos de marques oubliées : Tracta pour le roadster et Ballot pour la conduite intérieure.

On ajoutera cette impressionnante Delage D8 Grand Sport vue au concours de La Baule :

En 1931 Chapron carrosse notamment cette autre Delage D8, un Cabriolet Sport 4 places passé sous le marteau de RM Sotheby’s il y a quelques années :

1931 Delage D8 4 Seat Sports Tourer by Henri Chapron of Levallois Perret Paris 19- Chapron

Toujours des D8 en 1932 avec ces deux autos vues sur des salons français :

Dans les années 30 le style se modernise avec plus de rondeurs. En 1935 Chapron carrosse toujours des marques « plus petites » comme cette Chenard et Walcker (à gauche) et cette Vivastella :

À partir de ce moment Chapron va presque devenir monomodèle. C’est caricatural mais les Delahaye 135 sont vraiment en majorité. On commence avec cette Coupe des Alpes Cabriolet Mylord de 1936 passée sous le marteau d’Artcurial :

Autre exemple avec cette autre 135 M de 1937 :

On retrouve également une Avion Voisin C28 de cette année là, très classique :

Les Delage ne sont pas oubliées. La rouge et noire est une D8S, la seconde une D6-70 :

De 1938 on vous présente encore des Delahaye 135. Chapron les carrosse en Cabriolet Grand Luxe ou Trois-positions (la bleu bi-ton) :

Mais les Coupés ne sont pas oubliés. La noire vue à Chantilly est d’ailleurs une MS :

Juste avant la guerre on retrouve ces deux Delahaye M, un Coupé Sport et un Cabriolet :

Mais également une Salmson S4E :

En tout cas de belles créations mythiques. Rendez-vous le dimanche 13 Décembre pour les créations Chapron de l’après-guerre… on espère que vous aimez les chevrons !

Photos complémentaires : Osenat, RM Sotheby’s, Coachbuild

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Vincent

    Certaines Chaprons d’avant-guerre sont moins connues effectivement !

    Répondre · · 8 novembre 2020 à 11 h 13 min

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