[Sortie de Grange] À la découverte de la Collection Héron

Publié le par Benjamin

[Sortie de Grange] À la découverte de la Collection Héron

Des comme ça, on en voit pas tous les jours. Il existe encore des collection « perdues ». Des belles endormies qui sommeillent au fond des granges. En cette fin de semaine de Mai, nous avons été convié par Artcurial à la découverte de superbes autos qui vont bientôt revoir la lumière du jour : celles de la Collection Héron.

Mise à jour du 20/06/2022 : on connaît désormais les prix de vente des autos. Pour le reste du catalogue, c’est à retrouver ici.
Mise à jour du 08/07/2022 : les résultats

Il était une fois la Collection Héron

Derrière toute collection, il y a des passionnés. Celui qui nous intéresse ici s’appelait Pierre Héron. Peu après la guerre d’Algérie, il se retrouve à conduire une Hotchkiss Grégoire. Et c’est le coup de foudre. Il adore cette voiture d’ingénieur, très originale, dans sa conception, dans sa forme… et finalement dans son histoire très courte. Pierre Héron va en acheter plusieurs, dans les années 60 et 70, au moment où elles ne coûtent pas grand chose. Il ne va pas QUE les stocker, il roule avec régulièrement.

Mais sa collection ne s’arrête pas là. Peu à peu, il achète d’autres autos. Elles sont toutes françaises, et elles sont toutes des grandes marques disparues. À chaque fois elles sont roulantes et font son bonheur sur les routes. Par la suite, sa santé l’empêcha de conduire ses autos. Bien stockées, elles vont passer une quarantaine d’année loin des routes.

Pierre Héron est décédé en fin d’année dernière. Ses enfants, qui ont grandi dans ces autos, qui marquent forcément, ne peuvent pas TOUT garder. C’est ce qui nous amené à découvrir cette collection, répartie sur deux sites.

Dans le centre, gloire aux marques françaises

Photos de Benjamin

En plein centre de la France, la notion de sortie de grange a rarement trouvé une définition si exacte. C’est une vraie grange qui nous accueille et on y retrouve 4 autos de la collection Héron. Stockées au sec et à l’abri, elles sont complètes et dans un état plutôt bon… En fait, il ne faut pas s’arrêter à la couche de poussière et de paille qui recouvre les autos. Les moteurs ne sont pas bloqués et de nombreuses pièces spécifiques et introuvables sont toujours en place.

On commence par la voiture du fond. Le seul coupé présent ici, une Salmson 2300 S. Livrée à Alger, elle a bien voyagé depuis et a perdu sa couleur d’origine. Mais elle présente encore bien et ne fait que renforcer l’envie de se glisser à son volant. À ses côtés une Hotchkiss 686 Gascogne, belle auto, basse, ronde et racée. On retrouve aussi une Talbot-Lago. Ici c’est une T15, en berline, à l’avant très fin et au pavillon un peu haut.

La Salmson 2300S de la collection Héron, estimée entre 4 et 6000€, vendue 11.920 €
La Hotchkiss 686 S49 Gascogne, estimée entre 10 et 15.000 €, vendue 4768 €
La Talbot-Lago T15 Cadette Berline, estimée entre 6 et 8000 €, vendue 11.920 €

Il reste donc une auto. C’est une des nombreuses Hotchkiss Grégoire de la collection Héron, vous le verrez par la suite. Celle-ci est vraiment très, très originale.

Elle a été carrossée par Chapron et c’est un prototype unique qui a été proposé à Renault pour continuer l’aventure Grégoire après l’arrêt de la production chez Hotchkiss. Pour cela, on a greffé un arrière de Renault Frégate, facilement reconnaissable entre les galbes des ailes, la malle bombée et courte et la lunette arrière enveloppante. Une tentative (désespérée) qui ne donnera rien.

Cette auto est estimée entre 6000 et 8000 € est vendue 9536 €.

On sort de la première grange pour retrouver un second lieu. Là, l’ambiance est différente. Moins de paille, plus de soin dans l’environnement, mais pour les trois autos, le destin fut le même puisqu’elles ont été arrêtées il y a bien longtemps mais feront leur retour sur les routes d’ici quelques mois ou années (en fonction de la restauration qui leur sera offerte).

Première auto : une Delahaye 135. Cette belle noire est un coach réalisé par Guilloré. Elle possède quelques particularités esthétiques qui justifient son appellation, et son badge, de Spécial. C’est au final une carrosserie unique, élégante, relativement simple aussi, qui fera tourner des têtes, même en dehors des concours d’élégance avec son long capot et ses ailes bien dessinées.

Cette première Delahaye de la collection Héron, estimée entre 30.000 et 40.000 € part pour 41.720 €.

Deuxième auto, une Hotchkiss. Pas de Grégoire pour cette auto qui est une 686 Côte d’Azur. La Collection Héron possède une certaine homogénéité. Comme la Delahaye précédente, c’est ici une auto très spéciale.

D’abord dans son esthétique puisque l’arrière est différent des autres Côte d’Azur, avec notamment cette lunette arrière en deux parties. Pour l’anecdote, la peinture aurait été refaite en urgence pour exposer l’auto sur un salon dans les années 70. Les filets auraient même été peints directement sur place !

Mais on ne s’arrête pas là. Techniquement, cette auto est en fait un prototype puisque ses roues avant sont indépendantes !

Cette auto, estimée entre 30 et 50.000 € se vend 21.456 €.

Troisième auto visible ici : une autre Delahaye 135. Cette fois-ci c’est Figoni qui l’a carrossée en 1948. Elle fait partie de la série des El Glaoui, du nom du Pacha de Marrakech, commanditaire de la première auto de la série. Signe distinctif : les phares encastrées avec les projecteurs additionnels placés en dessous des principaux.

Celle-ci est un beau cabriolet 4 places, et elle était suffisamment réussie pour avoir eu l’honneur d’être exposée au Salon de Paris 1948. Si les roues ne semblent pas d’origine, on s’intéressera aussi au capot. Contrairement à nombre d’autos, son capot ne comporte pas d’ouïes ou de volet de refroidissement ! L’intérieur est certainement la partie qui a le plus souffert, mais il est complet !

Trois belles autos de la Collection Héron… et ce n’est qu’un début.

Cette auto partage la plus grosse estimation des autos de la Collection Héron : estimée entre 150 et 200.000 €, c’est aussi la plus chère au final : 357.600 €.

Le paradis des Hotchkiss Grégoire en terre normande

Photos d’Elvis

Après le centre de la France, direction le nord-ouest. Si la première partie de la Collection Héron était déjà magnifique, on retrouve là des autos qui restent dans la même thématique, avec des grandes marques, de belles autos complètes et arrêtées il y a des années.

Premier lieu à visiter, l’ancien cinéma. On ne sait pas quand a eu lieu la dernière séance mais cela remonte maintenant à très longtemps. Plus de sièges dans la fosse, à l’exception de ceux des autos qu’on y retrouve. Elles sont 8 à cet endroit, de différentes époques.

On en avait eu un aperçu dans le centre de la France, là c’est encore plus clair. La Collection Héron c’est un peu le club Hotchkiss Grégoire. Quatre exemplaires sont présents dans ce seul lieu. Une vraie prouesse puisque, au total, entre 1951 et 1954 seuls 247 exemplaires de la berline, révolutionnaire mais coûteuse, ont été produits !

Les états varient, de l’auto complète à celle accidentée. Les modèles aussi puisqu’on retrouve une des dernières de la série, avec les ouvrants faits en acier pour faire des économies !

Les Hotchkiss Grégoire Berline « Alu » de 1951 sont estimées entre 4 et 6000 € et se vendent entre 2834 et 9536 €.
La noire, carrossée par Chapron, estimée entre 6 et 8000 € est vendue 8344 €.

Ces raretés sont bien entourées ! Tout au fond, on retrouve ainsi un coach Talbot-Lago T120 dont l’avant a été modifié : les phares sont intégrés aux ailes. Tout devant on retrouve une berline T26, avec de nombreux éléments, de la calandre aux phares, manquants. En fait la restauration avait été entamée, mais n’a jamais été achevée.

De l’autre côté c’est une T26 Cabriolet qui semble bien plus complète, prête à reprendre la route… ou presque ! Enfin, on termine ce tour d’horizon avec une Salmson 2300 S dans un état plutôt bon.

La berline T26 est vendue 19.072 € (est. 10 et 15.000 €), le cabriolet se vend 97.744 € (est.80 et 140.000 €). La T120, estimée entre 20 et 30.000 € se vend 25.032 €.

Juste à côté, un ancien couloir a été transformé en abri. On commence par y retrouver une autre Talbot-Lago T26. Cette fois, il s’agit d’une berline dont le bleu est quelque peu passé mais dont l’intérieur n’a rien perdu de sa superbe. Surtout, c’est une Grand Sport, avec le moteur à trois carburateurs. Comme les autres T26, elle s’habille avec une carrosserie d’usine.

Juste devant, pour changer, une… Hotchkiss Grégoire qui a l’air complète jusqu’à l’intérieur, lui aussi en bon état.

Cette Talbot Lago T26 Record Sport Berline, estimée entre 30 et 40.000 € part à 61.984 €.
Cette dernière Grégoire, estimée entre 3 et 4000 € se vend 5245 €.

Tout devant on retrouve une des pièces maîtresse de la Collection Héron. Plus fort encore que les nombreuses Hotchkiss Grégoire, c’est une Tracta Sport. Cette auto, c’est celle de la renaissance de la marque Tracta, celle qui a servi de laboratoire roulant à Jean-Albert Grégoire à la fin des années 20.

Après l’échec de la Hotchkiss, il crée la Tracta Sport, qui reprend la base technique de la Hotchkiss mais l’habille différemment. C’est Carlo Delaisse qui signe le dessin et Chapron se charge de la réalisation.

Quelques cabriolets ont été construits. Ils sont déjà rares. Mais cette Tracta Sport est tout simplement unique : c’est le seul coupé qui ait été produit, apparemment commandée par un ami belge de Jean-Albert Grégoire. Photographiée par Françoise Sagan à l’époque, c’est vraiment l’auto qu’il ne faut pas rater dans cette Collection Héron.

Cette auto unique de la collection Héron, estimée entre 60 et 80.000 € part bien au dessus à 154.960 €.

En passant à l’extérieur, on devine, sous une bâche, une Delahaye à l’abandon. Renseignements pris, il s’agit d’une 148 L, Berline, carrossée par Letourneur et Marchand.

Estimée entre 4000 et 6000 €, elle se vend 19.072 €.

Et puis un arrive un auvent… qui rappelle des souvenirs. Cette partie de la Collection Héron a des relents de collection Baillon. De toute façon, la comparaison venait vite en tête.

On retrouve là quelques beautés. Deux Delahaye, deux cabriolets carrossés par Chapron : une 135 et une 148. On retrouve aussi une T26 GSL. Si elle ressemble aux T14, c’est normal, c’est elle qui a inauguré la ligne signée, là aussi, Carlo Delaisse. Cette auto est l’une des 15 exemplaires produits entre 1953 et 1955.

On retrouve également une dernière grande marque ici : une Hispano-Suiza T49. C’est la plus ancienne des autos présentes : elle date de 1929

La Delahaye 135 M Cabriolet se vend 84.632 € (est. 50 – 70.000 €) et la 148L Cabriolet Trois Positions pour 88.208 € (est. 60 – 80.000 €).
La Tablot Lago T26 GSL partage la plus grosse estimation de la collection Héron entre 150 et 200.000 € ne se vend pas.
L’Hispano-Suiza T49, estimée entre 40 et 60.000 € et se vend 83.440 €.

On a fait le tour de ces lieux magiques, dans une atmosphère unique.

La Vente Artcurial du Mans Classic 2022

Toute la Collection Héron fera partie du catalogue de la vente Artcurial du Mans Classic 2022. Le catalogue est en cours de finition pour une vente qui se déroulera donc le 2 Juillet pendant la classique mancelle. Vous connaîtrez les estimations de ces merveilles dans quelques semaines.

On vous propose aussi de revivre cette découverte en vidéo :

On vous laisse avec ces quelques photos supplémentaires qui vous pousseront peut-être à aller demander à votre voisin de vous ouvrir sa grange !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Eric NICOLAS

    On savait que Monsieur Héron était décédé. On connaissait certaines de ses voitures. maintenant le voile est levé. Il reste à savoir quand et ou elles seront mises en vente.

    Répondre · · 21 mai 2022 à 18 h 30 min

  2. Labourey

    Superbe reportage

    Répondre · · 22 mai 2022 à 6 h 52 min

  3. Vince Cenvingt

    Magnifique collection en espérant que la majorité des exemplaires resteront en France

    Répondre · · 22 mai 2022 à 11 h 42 min

  4. Petard

    Oui superbe encore…
    J’ai personnellement découvert cette collection il y a trois ans..dans cette grange..
    ..mais difficile de remonter jusqu’au propriétaire!
    En espérant qu’ils en restent encore…quelques unes en France..

    Répondre · · 23 mai 2022 à 22 h 45 min

  5. E PETARD

    une super collection!
    Vivement les enchères

    Répondre · · 24 mai 2022 à 18 h 58 min

  6. Fabrice

    Dommage… encore un passionné Français qui s’en est allé et ses autos partiront dans les mains de consommateurs qui vont faire fructifier un capital qu’ils auraient été bien incapables de conserver ainsi et encore moins de faire rouler Triste monde!

    Répondre · · 27 mai 2022 à 15 h 53 min

    1. Benjamin

      Concernant les Grégoire par exemple, peu de chances que ce soient des spéculateurs qui les acquièrent.

      Répondre · · 29 mai 2022 à 19 h 13 min

    2. Leo

      Le « passionné Français » en question ne le faisait pas rouler souvent non plus … il aura au moins permis de les conserver jusqu’à aujourd’hui. Les nouveaux propriétaires font les restaurer a grand frais, c’est déjà ça

      Répondre · · 31 mai 2022 à 14 h 38 min

  7. Dominique Liagre

    Bonjour,
    Quelles sont les démarches administratives pour pouvoir acheter et vendre des véhicules de collections sans être en illégalité et sans être responsables de quoi ce soit après une vente ou au contraire pour être autoriser à rouler occasionnellement en tant qu’acheteur d’une « voiture sortie de grange » et ayant été restaurée sans être obligatoirement acquise auprès d’un garagiste et ayant un CI de Collection ? Merci de m’indiquer ou m’adresser sachant que la législation que j’ai pû consulter se limite aux véhicules neufs ou d’utilisation courante.
    Cordialement et Merci d’avance avec mes sincères félicitations pour vos présentations.

    Répondre · · 3 juin 2022 à 8 h 59 min

    1. Benjamin

      Bonjour,
      Pas bien sûr de comprendre votre phrase, mais je vais tenter.
      Une voiture sortie de grange n’est pas forcément une voiture vendue sans papiers. Elle est donc « facilement » immatriculable une fois la restauration faite et après avoir obtenu le contrôle technique. Même dans le cas où les papiers sont manquants, l’obtention d’un CIC reste possible. Ça, c’est pour rouler.
      Pour acheter et vendre, rien n’oblige d’avoir un contrôle technique valide.

      Répondre · · 3 juin 2022 à 18 h 09 min

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