Histoire de Carrossiers, ép. 24 : Scaglietti, des Ferrari mais pas que

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 24 : Scaglietti, des Ferrari mais pas que

Du côté des carrossiers français, on vous avait déjà parlé de Gangloff dont le nom était intimement lié à celui de Bugatti. C’est un peu la même chose pour Scaglietti. Impossible d’évoquer le carrossier sans évoquer Ferrari, et ce n’est pas un hasard.

Une rencontre qui changea tout

C’est en 1920 que Sergio Scaglietti voit le jour à Modène. Passionné d’automobiles dès sont plus jeune âge, il saute dedans très tôt. Il n’a que 13 ans quand il perd son père et trouve alors un travail dans un atelier de carrosserie.

Il est encore jeune, il a 19, quand il rencontre celui qui fera de Sergio Scaglietti un grand nom de l’automobile. Enzo Ferrari, alors encore chez Alfa Romeo passe dans l’atelier où il est employé à retaper les ailes des autos de course abimées par murets et adversaires en piste. Dans un coin il y a une Alfa Romeo 12C, accidentée mais retapée dans un style inédit par le jeune homme. Dès lors, Ferrari n’a de cesse de lui adresser des clients quand la course abîme les autos.

Un conflit mondial plus tard, le travail de Scaglietti attire tellement qu’il finit par se lancer. Avec son frère et en emmenant un collègue, il fonde la Carrozzeria Scaglietti. Nous sommes en 1951 et ils installent leur atelier à Maranello. De l’autre côté de la route, c’est l’usine Ferrari !

Au départ il ne devait que réparer des carrosseries. Mais très vite il est chargé de carrosser intégralement les autos de course de la Scuderia Ferrari. Ses méthodes interpellent : pas d’étude papier. Sergio Scaglietti façonne la tôle sur les autos en suivant son instinct. Le résultat est fin, élégant et surtout il ne pèse pas bien lourd. Un sacré atout dans le monde de la course automobile. C’est aussi lui, avec Dino, qui généralise l’appuie-tête sur les autos de course de la marque.

En parallèle il commence à travailler sur les autos de route. D’abord avec quelques 500 Mondial puis les dessins se suivent. C’est la série des 250 qui va le faire entrer dans une autre dimension, la carrozzeria étant chargée de mettre en forme les dessins de Pininfarina. Berlinetta « Tour de France », California Spyder, GTO et Lusso sont ainsi produites à Maranello… mais pas par Ferrari.

Le travail ne manque pas. Scaglietti fait même quelques infidélités à son illustre voisin au gré des différentes demandes arrivant de clients particuliers. Enzo Ferrari n’en prend pas ombrage et se porte garant du prêt que Sergio demande pour agrandir ses ateliers. Ses fils Oscar et Claudio rentrent également dans l’entreprise.

Dans les années 60, les Ferrari sont de plus en plus nombreuses. La production augmente et les 275 GTB, les Dino 206 et 246 ou encore les 365 GTB/4 Daytona sont habillées par son entreprise.

Quand Ferrari doit être cédé à Fiat, le sous-traitant n’est pas oublié. La carrozzeria est absorbée par le voisin d’en face en 1977 et est progressivement intégrée à l’outil industriel de Ferrari.

Le nom Scaglietti ne tombe pas dans l’oubli. D’abord l’atelier de travail de l’aluminium, situé dans les anciens locaux, porte son nom. Ensuite, honneur suprême, la 612 se voit nommée Scaglietti en 2004.

Sergio Scaglietti est retraité depuis très longtemps mais peut la voir puisqu’il s’éteint en Novembre 2011 à l’âge de 91 ans.

Quelques réalisations de Scaglietti

Retour sur la première carrosserie complète d’une Ferrari sortie des ateliers. C’est la Ferrari 500 Mondial une évolution de la 166 et le dessin est signé Ferrari… Dino Ferrari.

Toujours en 1953 et c’est une 166 MM/53, initialement carrossée par Vignale, qui est recarossée suite à un accident, en suivant également un dessin de Dino Ferrari.

En 1954 le cinéaste Roberto Rosselini (le mari d’Ingrid Bergman) crashe sa 375 MM Spyder Pininfarina, avec laquelle il a couru sa dernière course aux Mille Miglia. Réparée par Ferrari et recarossée en Berlinetta par Scaglietti. Livrée en 1955, on lui trouvera sans problèmes des airs de Mercedes 300 SLR ! C’est l’auto qui remporta le Best of Show à Pebble Beach en 2014.

On ajoute ce superbe film sorti cet été sur l’histoire de l’auto :

La même année c’est la carrozzeria qui se charge d’habiller les toutes premières Ferrari TR (Testa Rossa) : les 500.

En parallèle on retrouve également une infidélité. L’atelier va en effet carrosser trois Ermini 375 Sport, à mécanique Fiat. Le dessin est très proche de ce qui est réalisé pour Ferrari.

En 1956 ce sont les premières autos strictement de route… et encore, on parle ici de GT immatriculées pour courir, les Ferrari 250 Berlinetta LWB dites « Tour de France » après leurs succès sur cette épreuve mythique. Par contre, le dessin est imposé et signé Pininfarina.

L’année suivante on enchaîne avec les California Spyder, toujours dessinées du côté de Turin.

En 1957 c’est Dominico Rabino qui crashe son Alfa Giulietta Sprint Veloce et c’est donc Scaglietti qui est commandité pour créer la carrosserie de la belle.

Les autos s’enchaînent, 335S, Ferrari 250 Testarossa, Scaglietti appose sa griffe sur des autos devenues mythiques.

À la fin de l’année 1958, Carol Shelby veut se lancer dans l’automobile de route. Il commence par draguer GM avec une Corvette coupé. Il fait réaliser 3 prototypes par Scaglietti et la forme rappelle les Berlinetta Tour de France.

Mais Shelby aura besoin du soutien du constructeur américain pour en faire produire les 100 exemplaires nécessaires à l’homologation. GM ne suit pas, Ford fournira un moteur que Shelby mettra dans un châssis anglais, c’est le début d’une autre histoire.

Pour en revenir aux Ferrari, le début des années 60 est marquée par la production des 250 GTO, des mythes qui l’installeront comme le carrossier des autos les plus chères du monde.

Suit la production, en bien plus grand nombre, des 250 Lusso tandis que les 250 LM sont elles aussi carrossées dans l’atelier de Maranello.

En 1963 on note deux dernières infidélités. La première est basée sur une Panhard PL17 Tigre avec un avant parfaitement dans l’esprit des réalisations du milieu des années 50 et un arrière kammback. On note le moteur apparent sous son dôme de plexi, preuve de la faible hauteur du capot.

La seconde se fait avec une commande venue du Japon ! C’est le constructeur Prince qui demande un dessin à Scaglione pour un prototype à mécanique Nissan. La Prince 1900 Coupé ne verra jamais le jour.

Par la suite Scaglietti se recentre sur les automobiles. En 1964 la 275 GTB apparaît avec un dessin signé Pininfarina et c’est Scagllietti qui produira les 442 autos.

À parti de 1968 c’est également la carrozzeria de Maranello qui est chargée de la carrosserie des « baby » Ferrari, les Dino 206 puis 246. Ce seront d’ailleurs les dernières autos habillées par Scaglietti en 1974 et c’est la plus grosse série qui sera passée par l’atelier avec presque 4000 autos.

Entre-temps l’atelier aura habillé les 1284 Ferrari 365 GTB/4 « Daytona », là encore sur un dessin Fininfarina.

Photos complémentaires : Coachbuild

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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