Déjà le dixième carrossier que l’on aborde avec vous ! Si vous avez raté les précédents, vous les retrouverez ici. Aujourd’hui on vous parle d’un carrossier français, Gangloff (de Colmar c’est important) dont le destin est très intimement lié à celui de Bugatti.
Une création Suisse
Georges et John Gangloff, deux frères, créent en 1878 leur société de fabrication de voitures… hippomobiles. Aux débuts de l’automobile, ils sautent évidemment le pas.
En 1903 ils se séparent et apparaît la Georges Gangloff SA. La société travaille énormément avec deux constructeurs automobiles genèvois, la Société des Automobiles de Genève et Piccard-Pictet. Au début des années 1910 la société a développé un système de charnières qui permet d’affiner les montants des carrosseries, et c’est particulièrement appréciable pour la visibilité vers l’avant. Le système sera d’ailleurs repris par plusieurs autres carrossiers, dont Murphy aux USA qui en fera son « Clear Vision ».

Les commandes en petite série et en moyenne série sont nombreuses. Mais comme les règles douanières sont compliquées, il est difficile pour Gangloff de faire venir des autos de France pour les carrosser.
En 1919 une succursale est créée à cet effet.
La naissance de Gangloff de Colmar
C’est donc en Alsace que s’installe le carrossier. Les locaux sont donc à Colmar et loués à un autre carrossier : Wiederkehr. En partie indépendante, ce carrossier trouve un client on ne peut plus local avec Bugatti qui construit les autos à Molsheim. Contrairement à bien d’autres carrossiers qui travaillent avec la commande de clients, Gangloff réalise également nombre de carrosseries « usine » quand l’usine elle-même ne peut plus suivre la cadence. À Colmar on produit jusque 5 carrosseries chaque mois, une vraie industriallisation.
En 1927 deux co-gérants, Gottlieb Moor et Paul Horlacher sont envoyés par la Suisse pour gérer l’entreprise. En 1930 ils rachètent Wiederkehr. Ils vont développer l’activité et les liens avec Bugatti, tandis qu’ils acquierrent de plus en plus d’indépendance. En effet dans les années 30 la succursale de Colmar vit bien. Par contre la maison mère, qui a démanagé à Berne en 1928, ferme ses portes en 1936. Une activité dédiée aux bus et autres véhicules industriel perdure cependant.
Le travail le plus important du carrossier alsacien est réalisé sur les Type 57. Gangloff en réalisera en effet plus que tous les autres carrossiers… réunis ! Même si les lignes sont fortement inspirées de celles dessinées par Jean Bugatti, aucun dessin, aucun gabarit n’est envoyé rue Stanislas à Colmar. Ce sont bien les deux stylistes maison qui se chargent de tout, produisant jusque 25 dessins par semaine !



Néanmoins cette collaboration étroite, l’est trop. Et quand Bugatti ne redémarre pas vraiment après-guerre, l’activité de Gangloff décroit elle aussi. On se met alors à carrosser des bus à Colmar, notamment des Berliet PLB 8, mais la demande est faible. Et comme les autres constructeurs de grandes autos de luxe déclinent eux aussi, l’activité la plus rentable n’est plus à l’ordre du jour. La Bugatti Type 101 sera une des dernières réalisations de Gangloff mais le peu de commande ne relance ni Bugatti ni Gangloff.
Finalement Gangloff à Colmar ferme ses portes dans les années 50. Le nom perdurera jusqu’en 2018 en Suisse avec la carrosserie de bus, de troley, tramway et même des cabines de téléphériques !


Quelques réalisations signées Gangloff
Pour une fois on va faire une petite entorse au chronologique. En fait on va commencer par les différentes réalisations Gangloff… qui ne sont pas des Bugatti !
On commence par l’année 1927 où on trouve trace d’une Hispano Suiza H6, mais elle serait liée à Bugatti puisque commandée par le patron :

Ensuite en 1932 c’est cette Voisin C23 Berline que l’on retrouve :

Et puis on termine avec un peu moins de finesse, quoi que, avec ce bus Berliet PLB 8 carrossé à Colmar :

Les Bugatti par Gangloff
Maintenant on rentre dans le vif du sujet avec quelques Bugatti carrossée par Gangloff qu’on a pu croiser au fil de nos reportages ou qui sont passées sous le marteau de grandes maisons de vente aux enchères.
En 1927 on retrouve cette Bugatti Type 43A qu’on a pu voir l’an dernier au Concours d’Élégance Suisse où elle a été primée :

On saute ensuite en 1932 année où l’atelier de Colmar carrossera cette Type 46 Berline que l’on peut voir à la Cité de l’Automobile à Mulhouse :

L’année suivante Gangloff carrosse notamment cette Type 49, elle aussi exposée à Mulhouse :

Autre Bugatti Type 49 exposée à Mulhouse, ce cabriolet de 1934 :

En 1935 on commence à trouver des Bugatti Type 57. D’abord une berline passée chez Bonhams en 2019 durant la Monterey Car Week (246.000 $ sous le marteau) :

Pour l’année 1936 on retrouve deux Type 57 Stelvio. La première a été vendue par Gooding & Co pour 198.000 $ à Amelia Island en 2018 :

La seconde auto est elle aussi exposée à la Cité de l’Automobile de Mulhouse :

En 1937 on retrouve cette magnifique 57S Coupé Atalante vue à Chantilly 2017 :


En 1938 les autos sont nombreuses ! On commence par un cabriolet 57C Stelvio vu au Concours d’Élégance Suisse en 2019 :


Même année pour ce 57C Stelvio passé sous le marteau d’Artcurial à Rétromobile 2019 (non vendu) :





Toujours dans les 57C Stelvio, celui-ci est passé par chez Gooding à Co à Pebble Beach en 2018 :

Toujours pour la même année, ce 57C (non-vendu) proposé par RM Sotheby’s aux Invalides en 2020 :

Ce 57C a été vendu par RM Sotheby’s à Amelia Island en 2020 contre 797.000 $ :

Encore du Stelvio de 1938 avec cette auto passée sous le marteau d’Osenat et vendu 1.269.000 $ !






Enfin pour changer un peu des Stelvio, mais toujours en 1938 on peut admirer cette Atalante à la Cité de l’Automobile :

Maintenant on passe après guerre avec les toutes dernière Bugatti réalisées par Gangloff. Il s’agit de Type 101. Le Coupé bleu est de 1951 et le Cabriolet rouge est de 1952. Cela termine cette petite revue des autos réalisées à Colmar :


Photos additionnelles : Ultimate Car Page, Bonhams, Gooding & Co, RM Sotheby’s
Régis V
La type 49 annoncée à portes suicide n’en a pas mais le cabriolet 49 en a.
Toute petite erreur, involontaire ou … volontaire pour voir si l’on suit bien?
Toujours un plaisir de lire vos articles.
· · 14 juin 2020 à 23 h 02 min
Benjamin
Cela vient des infos qu’on a pu trouver ! Merci, on modifie !
· · 15 juin 2020 à 8 h 16 min
Régis bacquet
Bonjour
Quelles belles photos… Bientôt nous pourrons revoir ces anciennes de près. Pourquoi ne pas avoir précisé que l atalante de 38 de la cité de l auto possédait deux réservoirs à essence distinct dans le coffre ? Toujours un plaisir
Regis
· · 15 juin 2020 à 20 h 22 min