Ciao, 300 SLR 722

Publié le par Pierre

Ciao, 300 SLR 722

Elle a fait sa dernière sortie lors de Goodwood Revival 2021. La 300 SLR 722 qui a remporté les Mille Miglia 1955, conduite par Stirling Moss, n’ira plus en piste. Revenons sur son histoire, et pourquoi on ne la verra plus.

Les Mille Miglia 1955, une course restée dans les annales

Même si l’épopée Mercedes-Benz cette saison a été tristement éclipsée par le dramatique accident de Pierre Levegh au volant d’une autre 300 SLR au Mans en cette année 1955, il ne faut pas oublier que cette voiture était la machine à battre.

Regardez son palmarès, et vous comprendrez que la 300 SLR était une arme redoutable : doublé à l’Eifelrennen et au Grand Prix de Suède, triplé au Tourist Trophy (la course auto en Irlande, bien évidemment) et à la Targa Florio. Et bien évidemment, doublé aux Mille Miglia 1955, avec une écrasante victoire de Stirling Moss au volant de la 300 SLR 722, plus d’une demi-heure devant Fangio, pourtant parti presque autant de temps plus tôt !

Pour les anglophones, je vous laisse lire l’article de Denis Jenkinson, le co-pilote de Moss durant cette course. C’est une histoire passionnante.

Mais pour ceux que la langue de Shakespeare n’inspire pas, voici un bref résumé. L’édition 1955 des Mille Miglia voit plusieurs constructeurs se présenter avec pour ambition de remporter la victoire : Ferrari, Maserati, Aston Martin et, bien évidemment, Mercedes-Benz, qui attaquait le championnat 1955 avec cette course, avec rien de moins que quatre 300 SLR.

Ce sont 661 voitures qui sont inscrites, mais « seulement » 534 prendront le départ de la course, séparées par une minute d’intervalle au départ de Brescia. Au final, 281 finiront classées, signe de la difficulté de l’épreuve. Elle verra deux pilotes et un spectateur trouver la mort, chose malheureusement courante à cette époque.

L’équipage Moss/Jenkinson était donné comme favori. Il part à 7h22 du matin… ce qui donne son numéro de course qui va devenir le surnom de cette auto ! Cependant, le début de la course n’est pas franchement en leur faveur. C’est Eugenio Castellotti qui mène avec sa Ferrari 735 LM. A Ravenne, il a deux minutes d’avance sur la 300 SLR 722.

La cadence du pilote italien est malheureusement fatale à sa monture qui rend l’âme en route pour Pescara. Moss prend alors la tête et tire le maximum des notes de son copilote (avec notre œil moderne, cela semble évident, mais à l’époque la pratique était encore peu courante). Cependant, la concurrence est encore rude : Piero Taruffi, sur Ferrari 376 S fait tomber le record entre Ravenne et Pescara, et se retrouve à une poignée de secondes de l’équipage britannique. Avec un ravitaillement en carburant de moins de trente secondes, les deux compères reprennent un peu de marge.

L’étape suivante mène à L’Aquila. Moss étend son avantage a 35 secondes, devant non plus Taruffi, mais son coéquipier Hermann. Les quatre 300 SLR sont présentes dans le top 5, faisant preuve d’une domination assez insolente.

Cependant, celle de Kling n’atteindra pas Rome, point de passage de la mi-course. Pendant ce temps, Moss augmente son avance à un peu plus d’une minute, devant Taruffi qui a repris la deuxième place.

La course se poursuit en direction de Sienne, qui va être une étape assez difficile pour les voitures. Taruffi doit abandonner, de même que Perdisa, le pilote Maserati. C’est alors un autre coéquipier de Moss qui occupe la deuxième place, Herrmann, mais l’écart continue de s’agrandir, passant maintenant à presque 6 minutes.

Le prochain tronçon, ralliant Florence, est avalé à tombeau ouvert par les flèches d’argent. Moss arrive à grappiller 8 secondes sur Herrmann, alors que la voiture de Fangio donne quelques signes de faiblesse au niveau de l’injection. Hermann perd le contrôle de sa voiture en route vers Bologne, alors que Moss tombe un nouveau record de tronçon. L’écart avec Fangio est alors de 27 minutes et 38 secondes.

Les deux derniers tronçons allant à Crémone, puis revenant à Brescia sont dans la même veine. L’écart continue de se creuser avec l’argentin, montant a 32 minutes à la ligne d’arrivée, Moss signant encore deux records. Il signera un temps de 10 heures 7 minutes et 48 secondes, soit une moyenne de quasiment 160 km/h, excusez du peu !

La victoire de Moss restera comme la seule d’un britannique aux Mille Miglia, mais aussi la première fois qu’une voiture remporta la course au général ET à l’indice de performance.

Pourquoi la 300 SLR 722 s’en va

Déjà, commençons par la bonne nouvelle, la 300 SLR 722 ne disparait pas complètement. Elle va juste maintenant rester de manière permanente au musée Mercedes-Benz de Stuttgart.

La décision ne tient pas tant au fait de préserver la voiture (qui a quand même bouclé quelques démonstrations en près de 70 ans) que du départ du dernier spécialiste de la machine au sein de la marque à l’étoile.

Gerd Straub prend en effet sa retraite, après 25 ans de soins dispensés à la 300 SLR 722. Le savoir-faire disparaissant, Mercedes prend ses précautions et préfère garder la voiture statique, mais complète.

La 300 SLR 722 avait déjà été mise à la retraite en 2005, et pourtant nous l’avons vue cette année. Malheureusement, c’était pour rendre hommage à Stirling Moss qui nous a quitté l’année dernière. Il faut reconnaître qu’il n’y aura maintenant que peu d’événements pouvant justifier de la revoir à l’extérieur.

Crédits photo : News d’Anciennes, Mercedes-Benz

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

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