Bilan des enchères 2021 dans la voiture ancienne : des tendances se confirment

En début de semaine se tenait la dernière vente aux enchères de voitures anciennes de l’année 2021 (physique en tout cas). Et si les événements ont repris de belle manière, on avait déjà évoqué leur cas par ici, les enchères ont suivi un chemin finalement très comparable.

Notre ressenti sur les ventes aux enchères d’automobiles anciennes en 2021

Cette année a un peu ressemblé à un feu d’artifice. Des taux de vente élevé, des autos de folie dans de nombreuses ventes, des gros prix même si on reste sur une base plus raisonnable qu’on a pu le voir, et une montée en puissance des ventes en ligne.

En fait, en 2021 on a eu deux années en une seule ! Les ventes aux enchères d’automobiles anciennes avaient souffert en 2020 avec des ventes annulées et du coup des gros prix qui attendaient le bon moment pour sortir.

Cela se traduit par le nombre de collections qui ont été dispersées. Rien qu’en France, on a vu les Groupe B du Manoir de l’Automobile, la collection Romagny, la Anna-Lisa et plein de collection plus anonymes mais pas inintéressantes.

Côté prix, il faut bien avouer que tout n’est pas tout rose non plus. Les estimations hautes n’ont pas souvent été dépassées, on était même globalement dans la fourchette basse sur de nombreuses autos, en tout cas pour les gros montants. Plus on descendait en montant et plus on s’approchait des estimations hautes. Un bon signe pour le marché en général (ça s’appelle l’aspiration et on en parle ici).

Le Top 10 des voitures anciennes les plus chères vendues en 2021 (Monde)

N°1 : McLaren F1 de 1995

Vendue 20.465.000 $ (± 17,5 millions d’euros)
Par Gooding & Co à Pebble Beach

N°2 : Ferrai 250 GT LWB California Spider Competizione

Vendue 10.840.000 $ (± 9,2 millions d’euros)
Par Gooding & Co à Pebble Beach

N°3 : Aston Martin DB4GT Zagato

Vendue 9.520.000 $ (± 8,1 millions d’euros)
Par RM Sotheby’s à Monterey

N°4 : Ferrari 268 SP

Vendue 7.705.000 $ (± 6,6 millions d’euros)
Par RM Sotheby’s à Monterey

N°5 : Ferrari 275 GTB Competizione

Vendue 7.705.000 $ (± 6,6 millions d’euros)
Par RM Sotheby’s à Monterey

N°6 : Ferrari 250 GT Berlinetta Competizione

Vendue 6.192.500 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°7 : Matra MS 670

Vendue 5.756.525 €
Par Artcurial à Paris

N°8 : McLaren Mercedes MP4-25A

Vendue 4.836.000 £ (±5.6 Millions d’euros)
Par RM Sotheby’s à Silverstone

N°9 : Ferarri 250 GT LWB Berlinetta Tour de France

Vendue 6.000.000 $ (±5,1 Millions d’euros)
Par RM Sotheby’s à Monterey

N°10 : Jaguar Type D

Vendue 6.000.000 $ (±5 Millions d’euros)
Par RM Sotheby’s à Scottsdale

Note : on tient ce top avec les valeur en euros. Du coup, les deux autos à 6 millions d’euros ne sont pas vendues au même prix en euros… puisque la conversion donne une différence entre la mi-Janvier et la mi-Août.

Pour débriefer on peut simplement voir que les plus bas prix de ce Top 10 sont deux fois supérieurs à ceux de l’an dernier. L’année 2020 avait été très impactée par la pandémie. Même si le début d’année avait été globalement bon, les maisons de vente aux enchères avaient mis du temps à se tourner vers le digital et à proposer de gros lots et de grosses collections.

On note aussi que 7 des autos de ce top 10 sont directement des autos de course… avec quand même une auto victorieuse des 24h du Mans dans le lot (cocorico, c’est notre Matra MS 670 nationale). D’ailleurs les trois autos strictement de route à être arrivées dans ce top 10 sont des autos dérivées de modèles de course !

Pour clore ce chapitre consacré aux voitures anciennes les plus chères vendues en 2021 on notera qu’il y a eu 200 autos vendues à plus d’un million de dollars cette année (un peu moins en euros). Cela représente le double de l’année 2020, preuve que le marché est reparti à la hausse. Il faut revenir en 2017 pour trouver un nombre de millionnaires plus élevé !

Le Top 10 des voitures anciennes les plus chères vendues en 2021 (France)

N°1 : Ferrari 250 GT Berlinetta Competizione

Vendue 6.192.500 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°2 : Matra MS 670

Vendue 5.756.525 €
Par Artcurial à Paris

N°3 : Ferrari 250 GT Cabriolet Series 1

Vendue 4.420.625 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°4 : Ferrari 575 GTC

Vendue 2.648.750 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°5 : Alpine A442

Vendue 2.225.000 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°6 : Ferrari 275 GTB

Vendue 2.142.500 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°7 : Audi Quattro

Vendue 2.016.600 €
Par Artcurial à Paris

N°8 : Ferrari 512 BB/LM

Vendue 1.973.750 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°9 : Iso Griffo A3/C

Vendue 1.805.000 €
Par RM Sotheby’s au Paul Ricard

N°10 : Aston Martin DB4 GT

Vendue 1.358.800 €
Par Artcurial à Paris

Deux ventes seulement sont représentées dans ce Top 10 ! On est habitué avec plus de diversité… même si les ventes Parisiennes qui ont lieu autour de Rétromobile sont généralement très représentes.

Cette année on avait d’un côté la vente « La Parisienne » d’Artcurial qui avait lancé l’année en beauté et s’était déroulée à la date où aurait dû se tenir la vente de Rétromobile. De l’autre côté, au mois de Novembre, c’était la dispersion attendue de la collection Guikas avec là encore de belles autos.

On devrait retrouver de grandes ventes en Février du côté de notre capitale. Artcurial, RM Sotheby’s et Bonhams commencent à annoncer leurs lots et il va y avoir du lourd. Seule incertitude : la vente RM Sotheby’s est toujours annoncée sur la place Vauban… alors même que le Festival Automobile International, dont la vente reprend les installations, a été annulé.

Et les autres ?

En dehors de ces ventes de millionnaires, on a vu de belles ventes en France cette année.

Du côté d’Aguttes on s’est approché du million d’euros. C’était avec la belle Alfa Romeo TZ de la collection Anna-Lisa, vendue lors de la vente d’Automne, début décembre, contre 819.620 €.

Du côté d’Osenat, c’est la belle Aston Martin DB4 (celle qu’on avait eu la chance d’essayer) qui représente la plus grosse vente de l’année. C’était lors de la vente d’Epoqu’Auto.

Les ventes dématérialisées ont eu la cote

Au moment de faire notre bilan l’an dernier, on vous avait déjà parlé des ventes dématérialisées. Avant la pandémie, elles étaient réservées à des spécialistes qui mettaient doucement leur stratégie en place et qui étaient un peu à l’écart des maisons de vente classiques.

Le fait est que le virus a rebattu les cartes. Ces acteurs sont désormais encore plus implanté… puisqu’ils n’ont pas eu à développer leur propre solution. Toutes les grandes maisons s’y sont mises. Bonhams l’a fait pour sa vente « parisienne » qui n’était pas tant que ça à Paris et a renforcé sa filiale « The Market », RM Sotheby’s a proposé des ventes 100% en ligne en plus des ventes classiques, Artcurial a également fait un mix, proposant par exemple la Collection Romagny uniquement en ligne.

On notera que Gooding & Co a pris presque définitivement le virage. Si ils ont bien tenu une vente physique à Pebble Beach, la vente de Scottsdale qui s’annonce verra les autos exposées physiquement en Arizona mais la vente se faire en ligne !

Et puis il faut ajouter des acteurs qui jouent à fond la carte de la dématérialisation. On pense à Caprecium en France, mais des nouveaux apparaissent. À ce titre on pensera à Load and Pay, avec une équipe franco-belge, qui va développer sa plateforme de façon intensive dans les prochains mois et dont vous devriez entendre parler avec un accent mis sur la sécurité et des commissions faibles. Les infos sont là.

Du côté de Le Bolide qui s’était lancé en 2020, on note un rapprochement avec Bring a Trailer, la célèbre plateforme américaine pionnière en la matière concernant la vente de deux lots spéciaux : une Delahaye 135 M Figoni et la toute première Alfa Romeo Giulietta SZ.

Dernier constat et pas des moindres : on a vu des millionnaires partir lors des ventes en ligne. Et ce ne fut pas un cas isolé : Bonhams et RM l’ont fait lors de leur ventes remplaçant celles de Paris. Ensuite les maisons ont développé des ventes plus classiques et RM Sotheby’s lors de ses Open Roads (une vente par mois et plusieurs millionnaires en début d’année) et Gooding & Co avec ses Geared Online (la dernière GT40 par exemple). Bonhams a également vendu « F40 Blu » via sa nouvelle plateforme The Market pour 1.000.500 £ !

Qui a dit que les ventes en ligne étaient réservées aux popus et youngtimers ?

Quelles perspectives pour 2022 ?

Oui, on regarde déjà en 2022. En fait le monde de la vente aux enchères de voitures anciennes a un avantage sur d’autres domaines : on est vite fixés. On va vite retrouver de grosses ventes qui vont donner le cap avec les rendez-vous habituels de Scottsdale et de Paris (si Omicron parvient à être à peu près maîtrisé). Ces grosses ventes sont réservées à certaines autos, mais finalement elles donnent un peu le LA pour les ventes plus petites et plus locales.

On parle là évidemment des ventes physiques, celles qui attireront toujours les plus gros lots… mais ça pourrait changer. Du côté des ventes en ligne, on va évidemment observer une montée en puissance. Un phénomène qui pourrait éroder l’importance des ventes physiques sur de grands rendez-vous. Les dispersions de « petites » collections pourraient ainsi être plus réactives et plus fréquentes par ce biais.

En tout cas on va se retrouver face à deux options : soit on va encore plus loin que cette année sur les grosses ventes, ce qui veut dire qu’on va retrouver ce qui se faisait 5-6 ans en arrière, soit on va connaître un contre-coup puisque beaucoup de ventes ont été réalisées cette année.

Rendez-vous mi-février pour un premier bilan !