Essai d’une Aston Martin DB4, beauté complète

Publié le par Benjamin

Essai d’une Aston Martin DB4, beauté complète

Il y a des marques qui font plus rêver que d’autres. Pour certaines c’est grâce à leurs victoires en sports mécaniques, pour d’autres, c’est grâce à leur production très restreinte et exclusive, voire les performances de leurs autos. Aston Martin c’est un peu de tout ça. Mais c’est aussi un gros coup de James Bond, il faut l’avouer. Tout ça mis bout à bout, ça faisait longtemps que j’avais envie de conduire une Aston de la (très) grande époque. Et c’est enfin arrivé avec cette Aston Martin DB4.

Comme pour la Ford Comète Monte-Carlo la semaine dernière, vous allez forcément ré-entendre parler de cette anglaise. Elle sera une des stars de la vente Osenat du prochain salon Epoqu’Auto 2021.

On a jeté un œil ce catalogue et on a fait notre sélection. C’est à retrouver par ici.

L’histoire de l’Aston Martin DB4

Grosse évolution de l’Aston Martin DB MkIII, la DB4 se veut bien plus moderne. Finies les références stylistiques à la DB2, la nouvelle auto entre dans une nouvelle ère. Des formes sensuelles et modernes, légères aussi avec l’emploi de la technique Superleggera de Touring.

Elle reçoit également un nouveau moteur, dessiné par Tadek Marek, en remplacement du Bentley. Avec 3.7 litres, il sort une belle cavalerie de 243 ch et donne une auto performante.

Cependant elle ne l’est pas assez pour certains et une version Vantage arrivera par la suite en plus des DB4 GT et DB4 GT Zagato prévues pour la course. Elle laissera sa place, après une cinquième série, en 1963 et 1204 autos auront alors été produites.

C’est court comme historique ? Pas de souci !

Notre Aston Martin DB4 du jour

Un rouge intense, une ligne qu’on reconnait vite (au moins pour ce qui est de la marque), cette Aston Martin DB4 dégage vraiment quelque chose. Son rouge est vraiment sublimé par la lumière de l’Automne et il faut dire que ça change des sempiternels gris accolés à l’image de la marque de Gaydon. On te dit pas merci James.

Pour ce qui est des lignes, elles semblent tellement connues… qu’il va falloir la détailler. Parce que même si la DB4 a une ligne très Aston, au final on retrouve beaucoup de particularités sur cette auto.

Aston Martin DB4

Commençons par la calandre. D’accord la forme « globale » apparaît avec la DB2. Mais on est encore loin du dessin plus fin qu’on retrouve sur l’Aston Martin DB4. Il faut plus chercher du côté de sa devancière directe, la DB MkIII pour retrouver la parenté. Sur notre auto la calandre est moins haute, plus plate et plus moderne en fait. Notre rouge est une Série 3 de 1961, ce qui signifie qu’elle a encore une grille très fine quand elle commencera à devenir plus large à partir de la série suivante.

Pour l’encadrer, deux phares, tout au bout des ailes, comme s’ils voulaient étirer l’auto vers l’avant. Ils ne sont pas sous bulle comme les GT Zagato et les DB5 et DB6 qui suivront. Un petit reste des années 50 qui reste d’une élégance appréciée. Le pare-chocs est fin, sans fioritures… et d’ailleurs sans butoirs. Il surmonte une prise d’air, apparue sur la Série 3 et qui a grandement soulagé le refroidissement du 6 cylindres, la grande prise d’air de capot ne suffisant pas.

De l’avant on remarque aussi un gros autocollant qui est le témoignage d’un accès à la piste du Bugatti… la typo laisse deviner qu’il n’est pas récent et cette envie de sport paraît étonnante pour une Aston Martin DB4. Néanmoins, cela justifie l’absence des butoirs de pare-chocs, un peu de poids en moins, c’est toujours ça de pris.

Le profil est « Astonien ». Alors que, de l’avant, on aurait pu croire le capot très long, il se révèle en fait plutôt court. Le pavillon retombe entre les ailes arrières bien dessinées et rectilignes avec un long fastback. Au final on se retrouve avec une auto au profil parfaitement équilibré avec un dessin simple et fluide. Parfait ?

Regardons quand même l’arrière. La lunette y est haute et très inclinée. Ça fait naître des doutes quand à la rétrovision mais c’est bien intégré. Si elle est comme ça, c’est pour laisser de la place au coffre dont la forme est obligée d’épouser le fastback. La plaque est encadrée par deux logo Aston Martin alors qu’on a beau chercher, mais aucun monogramme DB4 n’est ici présent.

On s’attarde enfin sur les feux arrières. Pourquoi ? Parce que ce sont aussi des nouveautés apparues avec l’Aston Martin DB4 Série 3.

Sous le capot : une pièce de musée

Ce 6 en ligne, c’est un pan entier de l’histoire d’Aston Martin… même si son utilisation fut relativement réduite finalement. C’est le « Marek » qui doit son nom de son créateur Tadek Marek. L’homme a déjà remanié le moteur Lagonda qui est la création de Walter Owen Bentley et qui loge sous le capot de la DB MkIII. Mais pour la DB4 on introduit un nouveau moteur.

Ici on dépasse les 3 litres, largement même : 3,7 litres pour ce nouveau moteur. Pour ce qui est de la performance, on utilise des technologies très course comme double arbre à cames en tête. Deux Carbus SU sont chargés de l’animer (on peut même en compter trois sur les versions Vantage). Le résultat est excellent : 243 ch à 5500 tours/minute et un couple de 325 Nm, même s’il est haut perché à 4250 tours, l’agrément doit être appréciable.

Pour le reste de la technique, l’Aston Martin DB4 emploie des solutions simples, relativement performantes mais pas spécialement innovantes. Ainsi on se retrouve avec une barre Panhard au lieu d’une barre de Watt, des freins à disques Girling… et un ensemble presque léger. Cette partie là, c’est aussi dû à l’emploi de la technologie Superleggera. Résultat : 1400 kg sur la balance.

À l’intérieur : sobriété

Ceux pour qui une voiture anglaise doit se parer de placages de bois et de cuir pour habiller son intérieur vont être déçus, très déçus. L’habitacle de l’Aston Martin DB4 est d’une sobriété à toute épreuve. Ici c’est le temple du noir. En fait, il n’y a que le volant, avec sa jante en bois et son centre bleu et noir marqué DB qui vont apporter un brin de couleur. Il faut avouer que ça tranche pas mal avec l’extérieur.

Dans tout ce noir, essayons d’y voir clair. D’abord, la clarté et la luminosité de l’intérieur ne sont pas impactés par la non-couleur. On reste à bord d’une voiture ancienne, avec des vitrages larges et des montants fins. Un bonheur qui aide aussi à bien voir autour de soi (en gros un élément de sécurité qui disparaît peu à peu au profit d’autres).

Ensuite on se délecte des sièges, juste parfaits dans leur dessin même si niveau moelleux on laissera un propriétaire de Bentley crier à l’assassinat. Ensuite, devant nous, on a un tableau de bord dessiné pour le conducteur. Témoin de charge et température d’eau à gauche, compte-tours à côté, compteur de vitesse et kilométrique ensuite. À droite on termine avec la température d’huile et la jauge à essence. Bas de GPS, pas de clim tri-zone, mais qui s’en plaindra au volant d’une Aston Martin DB4 ?

On termine ce petit tour de l’habitacle avec un coup d’œil au levier de vitesse, étonnamment petit et plutôt bas. Les repères sont pris, il faut y aller !

Au volant de l’Aston Martin DB4

Prendre des photos est plus facile que s’installer à bord. L’Aston Martin DB4 fait partie de ces autos dont la porte est reculée, notamment pour laisser la place pour avoir accès à l’arrière. Du coup il faut bien replier les jambes pour rentrer, mais c’est quand même plus aisé qu’avec bien des sportives modernes ou une Alpine A110, par exemple.

Le moteur s’ébroue dans une grondement sourd et puissant. Honnêtement je ne m’attendais pas à ça. Je voyais notre anglaise comme… une anglaise. Une GT feutrée avec un bon moteur, pas une auto qui réveillerait les voisins. La position de conduite est ajustée, le volant est à bonne distance, mes pieds peuvent jouer avec les pédales. C’est parti.

Premier démarrage, je fais monter le moteur trop haut dans les tours, c’est une habitude, mais au moins je ne cale pas. Pour autant les tours redescendent très très vite. En fait la première est longue. C’est assez étonnant parce que, même sans vouloir faire un 400m DA, la vitesse augmente vraiment vite sans avoir besoin de passer la seconde. Quand il faut le faire, j’apprécie vraiment le maniement de la boîte. Très précise, avec un débattement court, ce n’est pas elle qui vous fera perdre du temps si vous voulez faire du sport.

Oui, du sport. Je n’ai fait que quelques centaines de mètres avec notre Aston Martin DB4 et j’en suis déjà certain, j’oublie la GT, je suis au volant d’une vraie sportive. Le moteur fait du bruit, il est vivant et la prise en main requiert vraiment que je ne soit pas trop violent sur les commandes, surtout la pédale de droite.

La route est dégagée devant, mais surtout derrière. Je teste les freins qui répondent bien mais avec une force qui reste « d’époque ». L’Aston Martin DB4 est née avec des Dunlop qui ont laissé place à des Girling après quelques autos seulement… Pour autant, j’ai l’impression que ça va être le point faible de notre auto. Et que, paradoxalement, c’est ça qui va « freiner » mes ardeurs au volant.

Les virages s’enchaînent à bon rythme. La caisse ne bouge presque pas, prenant juste ce qu’il faut d’appuis. La direction est plutôt légère mais préciser et renvoie ce qu’il faut d’informations pour bien viser le point de corde.

Voilà qu’arrive un bout de ville. Et on découvre une autre auto. La boîte est très longue, on l’a dit. Clairement, passer la troisième requiert que vous soyez déjà à un bon 50 km/h avec aucune intersection dans le coin puisque vous êtes presque sur le ralenti du 6 cylindres. Du coup c’est la seconde qui sera votre alliée et même elle devra laisser place à la première au moindre ralentisseur. Heureusement, la commande permet de ne pas avoir de suées.

L’amortissement est plutôt bon, même sur ces fameux ralentisseurs qui ont fleuri à tous les coins de rue. Seul le train arrière peut se montrer un peu ferme et cassant à la redescente… si lesdits ralentisseurs étaient aux normes, il y aurait encore moins de souci.

Les feux sont l’occasion pour les passants de détailler notre belle. Et quand on démarre, impossible de le faire sur un filet de gaz, ils peuvent apprécier la sonorité du moteur « Marek ». Si on adore la ligne de l’Aston Martin DB4, une fois au volant, on ne peut qu’être amoureux de ce moteur. Même en ville, même avec cette boîte longue, il démontre une onctuosité certaine. Et il ne chauffe pas ! Les chicanes ne sont pas problématiques, pas plus que les rues étroites. À basse vitesse la direction se fait plus lourde (et je ne parle même pas des manœuvres) mais reste toujours précise.

Aston Martin DB4 par Benjamin TI 5- Aston Martin DB4

En tout cas, la ville, c’est fini. J’avoue que je suis resté en seconde un bon moment mais que c’est le rapport idéal quand arrive le panneau de fin d’agglomération. Parce que la route est large et dégagée, parce que mon pied droit me démange. J’écrase la pédale de droite comme un jardinier avec une motte de terre. La résistance n’est pas bien différente et, là aussi, l’effet est immédiat. L’Aston Martin DB4 les 240 chevaux chargent comme si on était à Azincourt. Sauf qu’il n’y personne pour casser le rythme. Le compte-tour grimpe, grimpe. Je suis toujours en seconde et je passe la troisième avec une vitesse déjà conséquente.

Ce rapport se révèle parfait pour nos limitations de vitesse actuelle. Il permet à l’anglaise de rester vive. Les virages sont abordés sans crainte, le lever de pied suffisant à casser la vitesse, un léchage des freins termine le travail et je peux réappuyer sur l’accélérateur. Le moteur sort tous ses chevaux. Qu’est-ce que ça doit être avec le Vantage ? L’Aston Martin DB4 avale les grandes courbes sans crainte, avec un placement exemplaire et sans élargir la trajectoire.

Attention quand même à l’excès de confiance. Quand les virages se resserrent il faut vraiment l’aide des freins. Et ceux-ci ne sont toujours pas au top et ont tendance à perdre vite de leur efficacité. Pour autant je suis loin de me faire peur les enchaînements de petits virages se passent parfaitement bien. Le moteur relance toujours autant. C’est bien pour les sensations… et excellent pour l’ambiance sonore !

Bon, maintenant que je l’ai testée en ville et en conduite « dynamique », reste la route, la grande route. Celle sur laquelle on prend des bornes. Parce qu’au final, si je suis convaincu que l’Aston Martin DB4 est une sportive, est-ce qu’elle ne peut pas être AUSSI une GT. C’est la première fois que je rentre la 4e. Comme la boîte tire toujours très long, je suis très bas dans les tours. Le moteur ne se fait pas oublier mais son bruit est tout de suite moins présent.

On ressent un certain confort dans cette auto, même si quelques aspérités sur la route peuvent faire réagir le train arrière. Mais encore une fois, rien de grave. Le cap est maintenu sans avoir besoin de le corriger… un vrai plaisir !

Nous voilà rentrés à Fontainebleau. Garer l’auto demande une petite séance de muscu, la direction étant vraiment plus légère en roulant. Mais bon, ça fait toujours quelques secondes de gagnées à son volant !

Aston Martin DB4 par Mark pour News dAnciennes 32- Aston Martin DB4

Conclusion :

Un rêve exaucé ? Il y a de ça. Conduire une Aston Martin de ces années là reste une expérience rare. Surtout quand tout se passe bien et qu’on fait le plein de sensations.

L’Aston Martin DB4 est donc une auto complète. Une auto qu’on ne se lassera pas d’admirer dans le garage, mais une auto qu’on aurait tort de laisser ainsi. Car c’est bien sur la route qu’elle se révèle. Quelle que soit le terrain de jeu, voire le terrain de torture, elle s’en sort avec les honneurs et permet même de vous coller un sourire béat sur le visage.

Une auto qu’on ne peut que recommander… même si au final, elle restera un rêve pour beaucoup une fois le prix affiché.

Les plusLes moins
Un blason mythiqueLe prix en constante hausse
Une ligne superbe… entre autres frais
Un moteur volontaireDes freins trop justes
Les perfs au rendez-vous
Un comportement sain
image 24- Aston Martin DB4

Conduire une Aston Martin DB4

On vous parlait du prix juste au dessus. Et bien sachez qu’on a pourtant conduit le modèle d’Aston Martin DB4 le plus abordable ! Au dessus on retrouve, dans l’ordre, les DB4 GT Zagato, les DB4 GT, les DB4 Cabriolet (qui ne sont pas encore des Volante), les DB4 Vantage GT, les DB4 Vantage et enfin, les DB4 « normales ».

Pour l’addition, c’est corsé, mais le blason et la relative rareté de l’auto l’expliquent facilement. Une DB4 en bon état se trouvera autour des 350.000 €, une belle dépassera les 400.000 € et une auto exceptionnelle peut même s’afficher au dessus des 500.000 € ! Oui, ça fait une sacré somme !

Celle de cet article sera donc à vendre, aux enchères, lors du Salon Epoqu’Auto 2021. La maison Osenat a placé l’estimation entre 350 et 450.000 €, tout à fait dans la « cote » si tant est qu’il y en ait une. Toutes les infos sur la vente par ici.

Pour ce qui est de l’entretien, la plupart des officines spécialisées dans les anciennes sauront faire une grosse partie de l’entretien. Par contre, pour les opérations plus lourdes et pour les restaurations complètes, faites vraiment appel à quelqu’un qui connaît ces autos, notamment leur carrosserie Superleggera. Pour ce qui est des pièces, le moteur Marek a eu une belle carrière (ce n’est pas le Xk, mais c’est déjà ça) et les refabrications existent, pour le reste, ça se trouve.

Merci à Stéphane, Baptiste et Thomas de la maison Osenat pour avoir permis cet essai.

Fiche techniqueAston Martin DB4
Mécanique
Architecture6 cylindres en ligne
Cylindrée3670 cm³
AlimentationDeux Carburateur SU
Soupapes12
Puissance Max243 ch à 5500 trs/min
Couple Max325 Nm à 4250 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Poisition MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques Girling AV et AR
VoiesAV 1372 mm / AR 1359 mm
Empattement2489 mm
Dimensions L x l x h4480 x 1676 x 1321 mm
Poids (relevé)1400 kg
Performances
Vmax Mesurée225 km/h
0 à 100 km/h9,3s
400m d.a16,4s
1000m d.a
Poids/Puissance5,76 kg/ch
Conso Mixte± 15 litres / 100km
Conso Sportive± 20 litres / 100 km
Prix± 400.000 €

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Jean-Noël Penven

    quelle beauté !

    Répondre · · 5 novembre 2021 à 11 h 29 min

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