À la découverte du Musée Automobile de Vernon

Publié le par Thierry Le Gall

À la découverte du Musée Automobile de Vernon

Nouvelle rubrique sur News d’Anciennes. Régulièrement, Thierry le Gall, fondateur d’Automobile Museums, un site dédié aux musées automobiles du monde entier et à leur actu, va nous emmener découvrir quelques musées méconnus. En route pour la première au Musée Automobile de Vernon.

Pub https automobile museums.com2 01- Musée Automobile de Vernon

La naissance du Musée Automobile de Vernon

Nous découvrons aujourd’hui la collection de Jean-Pierre Nyilin, au château de Vernon, au sud de Poitiers. Comme beaucoup de collectionneurs, Jean-Pierre Nyilin a commencé sa collection un peu par hasard, en rachetant quelques voitures à un parent qui souhaitait s’en défaire. Ayant par ailleurs acheté une propriété à la campagne, il souhaite une voiture pour ses déplacements sur place et se dit qu’un petit cabriolet anglais ferait bien l’affaire.

Il assiste alors à une vente aux enchères organisé par Maître Poulain, et fait l’acquisition d’une MG TD. Ayant apprécié l’ambiance des ventes aux enchères, ils se rend à la suivante quelques mois plus tard, et fait cette fois l’acquisition d’une majestueuse Bentley. Sans le réaliser, il vient d’attraper le virus de la collection. À cette époque, les collectionneurs sont moins nombreux qu’aujourd’hui, les ventes aux enchères moins fréquentes, et les prix pratiqués très inférieurs à ceux d’aujourd’hui. Jean-Pierre Nyilin pourra ainsi se constituer au fil des années une belle collection qui comprend aujourd’hui une cinquantaine de voitures.

Il découvre le château de Vernon en recherchant un lieu pour abriter sa collection dans de bonnes conditions, et fait l’acquisition du domaine en 2001. Le château est en piteux état, sera reconstruit suivant les documents d’archive pour retrouver son style d’origine. Les annexes, granges et écuries, seront aussi reconstruites afin d’abriter la collection. Le musée sera finalement inauguré en 2008, avec comme parrains Maître Poulain et le célèbre pilote de rallyes Ari Vatanen. Notez que le château ne se visite pas.

Les origines de la collection

Les grandes portes latérales des anciens communs du château sont surmontées de plaques correspondant au contenu des salles. Un atelier complet permet l’entretien sur place des voitures du Musée Automobile de Vernon, l’objectif étant qu’elles soient toutes roulantes. D’ailleurs M. Nylin emmenait régulièrement ses belles se dégourdir les bielles sur le proche circuit du Val de Vienne au Vigeant.

La première salle renferme principalement les voitures achetées à l’origine, notamment 3 grosses berlines américaines, une Chevrolet Master Six de 1934, une Pontiac E29 (1939) et une Buick Super Eight 1948.

Plus rares et originales, une Delahaye 1921 joliment carrossée en Torpédo par Kelsch, avec son pare-brise en V. Plus rare encore, le Musée Automobile de Vernon abrite une Aries, marque française des années 1900-1930, et le modèle exposé est une configuration unique préparée pour les 24 Heures du Mans 1934, équipée d’un moteur Chenard et Walker.

On passe ensuite dans 2 grandes salles pour la suite de la collection du Musée Automobile de Vernon, avec les autos sélectionnées au fil du temps. Si le choix est éclectique en termes de marques et d’origines, Jean-Pierre Nylin avoue une nette préférence pour les voitures sportives, notamment les roadsters et cabriolets des années 1940 à 1960 dont on trouve ici une très belle brochette.

Roadsters et cabriolets

Quand on dit roadster anglais, on pense MG, et la TD de 1953 qui inocula le virus de la collection est toujours là. C’est l’un des derniers représentants de ce style de roadster, peu puissant (55 chevaux) mais très léger, avec ses grandes ailes avant écartées du capot moteur. Plus jeune de quelques années, la MGA marque un changement de génération en matière de style, dérivé des barquettes engagées au Mans.

Plus prestigieuses et plus puissantes, les Jaguar se situent à l’autre bout de la famille des roadsters britanniques. Au Musée Automobile de Vernon on retrouve une SS 100 de 1938 (souvent improprement baptisée Jaguar SS 100 puisque la marque Jaguar ne sera utilisé qu’après la guerre) qui est équipée d’un 6 cylindres en ligne de 3,5L et est souvent considérée comme l’une des plus belles sportives anglaises de l’époque. Un peu plus d’une centaine d’autos seront construites, c’est dire la rareté du modèle présenté.

À côté, la Jaguar XK140 roadster (1955) est une autre icone du sport automobile britannique du Musée Automobile de Vernon. Elle succède à la XK120 en apportant quelques petites améliorations bienvenues, notamment au niveau de l’habitabilité.

L’Austin-Healey 3000 est une autre voiture emblématique du Musée Automobile de Vernon, avec un 6 cylindres en ligne de seulement 136 chevaux, mais une vitesse de pointe de 180 km/h, ce qui est très honorable en 1962. Environ 5000 exemplaires seront construits de cette auto aujourd’hui très recherchée. La Sunbeam Alpine (modèle des années 60) est un cabriolet élégant, plus pour le cruising que le sport malgré son nom.

La Nash Metropolitan (ici un modèle de 1961), construite en Angleterre avec des éléments mécaniques Austin sur un cahier des charges de Nash, sera vendue essentiellement aux Etats-Unis et au Canada à près de 100.000 exemplaires, en coupé et cabriolet. La carrosserie bi-ton, toujours blanche en partie basse, ne remportera sans doute pas de prix d’élégance !

La Daimler SP 250 peut aussi se prévaloir d’une carrosserie originale. Daimler était connu pour ses grosses limousines très classiques, et l’idée était de développer les ventes vers une nouvelle clientèle, et de prendre une part du gâteau que Jaguar croquait largement. Un V8 de 2,5L anime une voiture relativement légère puisque la carrosserie est en plastique, lui assurant de bonnes performances. Pour découvrir son essai par News d’Anciennes, c’est ici.

La Corvette qui représente les États-Unis au Musée Automobile de Vernon est une C1 (1ère génération) de 1961 qui représente l’archétype de la Corvette « classique » : V8, cabriolet, flancs creusés de couleur, 4 phares avant…

A la même époque, Jean Daninos présente la Facellia, un élégant cabriolet plus compact et léger que les Facel Vega classiques équipées de V8 Chrysler. Malheureusement, la voiture reste chère, et son petit 4 cylindres manque de noblesse, de puissance et de fiabilité pour lui assurer un succès commercial.

On poursuit avec une belle italienne du Musée Automobile de Vernon. Performante et élégante, la Lancia Flaminia est équipée d’un V6 en alliage léger. Construite dans différentes carrosseries, le modèle présenté est un rare cabriolet Touring Superleggera. La Porsche 356 B de 1963, ici en carrosserie roadster, correspond à la 2ème génération de 356 avec le flat-four de 1,6L qui délivre 75 ch.

Sport et compétition

Dans cette catégorie, on monte en puissance et souvent en gamme, avec également des autos des années 1960 pour les plus anciennes, jusqu’aux années 1990. La Mustang Fastback 1966 venue de Californie annonce la couleur. Ce modèle a connu une préparation moteur destinée à optimiser les performances du V8.

Aux antipodes, dans la définition, on passe sur une autre italienne du Musée Automobile de Vernon, une Maserati Sebring de 1963, un coupé 2+2 à vocation sportive. Restons chez Maserati avec un bond de 10 ans pour la Merak de 1973, une mini Bora, tant par la ligne que le moteur qui est un V6, le même que celui de la Citroën SM dans sa version 3L.

Les 2 Ferrari de la collection du Musée Automobile de Vernon sont de la même veine, des coupés 2+2 à moteur V12 avant. Dessinée de main de maitre par Pininfarina, la 400 i, dérivée de la 365 GT4 présentée en 1972, est une grande routière confortable et performante qui frôle les 250km/h.

La 456 GT lui succèdera en 1993. Une ligne magnifique, très pure, une auto capable de transporter 4 personnes à 300 km/h, dixit JP Nylin dont c’est l’une des autos préférées.

Dans le même esprit, l’Aston Martin DBS de 1971 était une concurrente de la Ferrari 400, même si son 6 cylindres en ligne n’a pas le même prestige que le V12 Ferrari.

On pense trouver une Alpine-Renault A110 au Musée Automobile de Vernon mais il s’agit en fait d’une Dinalpin, fabriquée au Mexique sous licence. A peine 200 exemplaires sont sortis avec le moteur 1108cm³, autant dire qu’il s’agit d’une rareté, surtout en Europe.

Si la philosophie Lotus est proche de celle d’Alpine, la Lotus Esprit est sensiblement plus grosse que la petite berlinette. Cette Lotus est équipée d’un 4 cylindres bi-turbo de plus de 300 chevaux. Il s’agit en fait d’un modèle de compétition homologué en GT2, mais qui a été « civilisée » : cuir clim, radio… modèle très rare, 64 unités produites.

La Viper GTS est aussi un modèle de course, préparé par Oreca pour courir en GT2 en 1997, et qui a ensuite été homologuée telle quelle pour une utilisation routière.

Par contre, pas d’homologation routière pour la Martini MK49 F3. Cette voiture a remporté le championnat de France F3 1986 aux mains de Yannick Dalmas (titré ensuite 4 fois aux 24 Heures du Mans entre 1992 et 1999).

Joe Camel est un drôle d’engin, prototype unique, une réplique de monoplace utilisée pour promener des sponsors sur les circuits, et qui fut pilotée par le grand Ayrton Senna himself.

Limousines et populaires du Musée Automobile de Vernon

En dehors du sport, Jean-Pierre Nylin expose aussi quelques grandes autos prestigieuses, comme une Bentley et une Facel Vega. La Bentley Type R a été sa 2ème acquisition aux enchères, très éloignée de la petite MG TD ! La Facel Vega HK 500 est l’aboutissement de la lignée Facel Vega, avec un gros V8 Chrysler de 360 chevaux.

A l’autre extrême, une salle baptisée la Nurserie, expose quelques autos populaires très éloignées du luxe et des performances du reste de la collection : des anciennes – Peugeot 202, Simca 8 coupé -, des youngtimers Mini ou Renault 5, et même une Trabant, voiture venue de RDA équipée d’un bicylindre 2-temps.

Conclusion

Comme souvent les collections développées sur des coups de cœur présentent des autos originales. Ici le choix va de la Trabant à la Ferrari, de la MG à la Maserati, donc largement de quoi se faire plaisir lors d’une visite guidée du Musée Automobile de Vernon par le propriétaire, uniquement sur rendez-vous. Dans bâtiment proche construit à cet effet, Jean-Pierre Nylin a aussi rassemblé une belle collection de prototypes et show cars Sbarro… mais ceci est une autre histoire.

Pour les infos de visite et contacts…

Thierry Le Gall

http://automobile-museums.com

Passionné d’automobiles depuis toujours, amateurs de voitures (plutôt rapides) et de voyages, Thierry a créé et anime Automobile-Museums, site de référence des musées automobile dans le monde.

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