Simca Sport et Facel, photo d’une famille à l’histoire mouvementée

Publié le par Benjamin

Simca Sport et Facel, photo d’une famille à l’histoire mouvementée

Alors que le 18e Rassemblement Simca se profile la semaine prochaine (Lac de la Magdeleine à Gujan-Mestras en Gironde) on sait que ces autos seront particulièrement surveillées. Les Simca Sport, carrossées par Facel sont en effet le haut de gamme de la marque mais aussi d’une époque où les constructeurs généralistes laissaient encore le soin aux Delahaye et autres Hotchkiss d’occuper ce créneau. En tout cas, c’est une famille de très belles autos et on vous raconte leur histoire.

Fiat, Pininfarina, Cisitalia et Simca

Quatre grands noms qui vont lancer la belle histoire. Et si vous pensez qu’il en manque un 5e, il va falloir attendre. On vous parle, pour le moment des 4 noms qui sont à l’origine de l’histoire, aux origines des idées, pas encore industrielles.

Nous sommes en 1948 et Fiat et Simca sont alors très liées. L’Aronde n’est pas encore sortie et la gamme Simca est donc encore calquée sur celle du géant turinois qui lui a donné naissance 13 ans auparavant. La Simca 6 vient d’être lancée et c’est une Fiat 500C, même si cette dernière n’est pas encore sortie. La Simca 8 1200 vient également de sortir. Elle, c’est sur la Fiat 1100 qu’elle est basée. Par contre, c’est aussi la base du projet.

La Simca 8 est une bonne auto même si sa production reste assez faible. La Simca 6 ne pouvant se battre avec la 4CV pour des raisons purement industrielles, Theodore Pigozzi, le fondateur de Simca décide de prendre le problème à l’envers. Si on ne peut pas attaquer le bas de gamme, autant attaquer le haut de gamme. Comme on l’a déjà mentionné, le haut de gamme français de l’époque, ce sont de grosses voitures. Par contre, l’entre-deux est peu exploré par les différents constructeurs.

Maintenant, il faut s’intéresser aux deux autres protagonistes de l’histoire : Pinin Farina (à l’époque écrit en deux parties) a été mis à contribution par Piero Duso. Celui-ci a créé la marque Cisitalia dont les autos sont Giovanni Savonuzzi et surtout Dante Giacosa qui a momentanément quitté Fiat. Mais le géant piémontais n’est jamais loin et après la D46 de course, Cisitalia propose la superbe 202. Son dessin est du à Pinin Farina et sera vite salué, jusqu’à la faire entrer… au musée !

Comme Pinin Farina en a l’habitude, il réalise également d’autres projets avec les mêmes inspirations. Si des Ferrari ressembleront, on construit également un cabriolet sur un châssis de Fiat 1100 élargi. Pigozzi découvre ce prototype. Il décide d’en commander un exemplaire qui va être conduit, par la route, en France. L’idée n’est pas d’étudier la voiture ! Aussitôt arrivée, l’auto se voit modifiée… on enlève ses écussons Fiat pour les remplacer par des Simca !

En fait l’auto va ensuite être conduite directement au Salon de Paris 1948 et exposée sur le stand Simca !

Simca 8 Sport au Salon de Paris 1948-

La Simca 8 Sport, première de cordée

La voiture exposée au Salon de Paris plaît énormément, tant au public qu’à Pigozzi. Celui-ci décide de passer à la vitesse supérieure : l’industrialisation.

Problème, nous sommes à la fin de l’année 1949 et Simca n’a pas la place pour lancer une fabrication de plus (en petite série qui plus est) dans son usine de Nanterre, surtout qu’on planche déjà sur la Simca 9, celle qui deviendra l’Aronde. Simca doit faire appel à un sous-traitant et choisit la firme Facel-Metallon qui est de plus en plus présente dans le monde de l’automobile de l’après-guerre. En plus, Facel a déjà travaillé sur un dessin de Pininfarina avec les Bentley Cresta.

Fiat va aider à mettre en place la production en détachant des techniciens et Pinin Farina va en faire de même. Par contre, cette mise en place est longue et laisse le temps à Simca de revoir plus profondément les autos. Ainsi au salon de Paris 1949 on dévoile deux Simca 8 Sport « 50 ».

D’abord le cabriolet qui a évolué par rapport à la première mouture venue d’Italie. La calandre est la même et les phares présentent toujours des enjoliveurs ovoïdes. Par contre, en dessous on retrouve les clignotants, qui remplacent les flèches et le pare-chocs n’est plus rectiligne et propose un décroché central, au niveau de la plaque.

À ces côtés on propose également un coupé au toit arrondi et bien intégré surtout que cela reste en définitive un « Coupé Hard-Top ».

Simca 8 Sport Coupe 1950-

Le nom Simca 8 Sport « 50 » vient du fait que pour coller au terme Sport, on a modifié la mécanique. Si le moteur est toujours le 1220 cm³, on l’a dopé. Avec un taux de compression plus haut, des soupapes d’admission plus grosses et un équilibrage du vilebrequin on le fait passer de 40 à 50ch. Cela s’accompagne de suspensions plus fermes et de freins ventilés à l’avant.

Malgré tout, la production n’est pas prête. Mais quelques voitures de pré-série partent déjà à l’aventure. Scaron et Pascal se classent 4e du Rallye Monte-Carlo 1950, en remportant leur classe, juste devant Angelvin et Chaboud. D’autres autos billent sur les concours d’élégance. La Simca 8 Sport fait déjà parler d’elle !

En Mars 1950, la production est réellement lancée. La Simca 8 Sport évolue très vite, notamment son intérieur puis l’ouverture de sa malle arrière qui est majorée. En décembre 1950, pour le millésime 51, les feux arrière sont modifiés et passent aux formes d’ogive tandis que les coupés reçoivent un pare-brise bombé quand le cabriolet conserve le pare-brise en deux parties.

Le Salon de Paris d’Octobre 1951 voit les Simca 8 Sport profondément modifiées. C’est déjà le premier restylage avec une face avant qui passe à une calandre à trois barres. Sur les côtés, les bas de caisse reçoivent une baguette plus épaisse. Le millésimée 1952 est lancé… et il va être mouvementé.

Simca 8 Sport 1952-

La Simca « 8 1/2 » Sport

Ne cherchez pas là une appellation officielle. On ne parle d’ailleurs que de quelques rares autos. L’histoire commence en Avril 1951 quand on arrête la production des Simca 8 pour lancer celle des Simca 9. Le châssis des deux autos n’a rien à voir. Quand la 8 était à l’ancienne avec un châssis séparé, la 9 est une pure monocoque. Par conséquent, on ne peut l’adapter en lui greffant la carrosserie existante de la 8 Sport.

On va donc terminer le stock de châssis de Simca 8 avant d’attaquer celui des Simca 9. Celui-ci doit être prélevé sur la chaîne de production avant d’être achevé de façon à pouvoir s’adapter. Le souci c’est qu’il s’avère, de fait, bien moins rigide. Les Simca « 8 1/2 » Sport ne seront que des coupés.

Extérieurement on les reconnaît à leurs enjoliveurs de phares ronds et un réservoir qui se remplit à gauche et non à droite. Ne portez pas attention à la calandre de l’exemplaire présenté ici, c’est une calandre Palm Beach, un accessoire d’époque.

Leur aventure se termine dès Avril 1952.

La Simca 9 Sport

Au printemps 1952 apparaissent donc les Simca 9 Sport. C’est, là encore, une auto temporaire qui n’apporte aucune modification par rapport aux précédentes autos.

Les vraies nouvelles Simca 9 Sport sortent en Juillet 1952 et elles sont donc fabriquées avec une structure monocoque. Visuellement, elles sont proches des dernières Simca 8 Sport mais le diable est dans le détail. La barre qui surmontait la calandre est remplacée par un simple écusson. L’empattement est plus grand et ça se remarque entre la portière et l’aile avant. Points plus faciles à noter : des butoirs font leur apparition sur le pare-chocs avant et les enjoliveurs de phare sont donc ronds.

On ajoute, à l’arrière, un remplissage de réservoir à droite définitivement installé à gauche tandis que les feux reçoivent des ailettes.

À l’intérieur, le passage des vitesses se fait désormais au volant. Sous le capot, c’est le nouveau moteur de l’Aronde qu’on retrouve, mais dans une version permettant d’atteindre 51ch SAE avec un taux de compression plus élevé. Ces autos resteront confidentielles car la « vraie » Simca 9 Sport arrive vite.

C’est en effet au salon de Paris 1952 qu’on retrouve les autos du millésime 1953 qui marquent une profonde évolution de la ligne.

Dès l’avant on note une nouvelle calandre avec une seule barre horizontale. Au-dessus l’écusson est remplacé par un lettrage, le même que sur les Aronde. Les butoirs de pare-chocs sont reliés par une barre qui intègre les clignotants. Les ailes arrières sont plus rebondies et les feux sont placés dans leur prolongement. La lunette arrière est bombée elle aussi. L’intérieur cuir rajoute au côté luxueux.

Le dessin de la Simca 9 Sport est beau mais le terme sport est de plus en plus compliqué à porter. Les autos sont décriées par leur manque de performance, notamment à cause du poids de la caisse. Le prix est également visé car vraiment élevé. : 1.296.000 frs ! La production est très faible, il n’y aurait même pas eu de cabriolet fabriqué en dehors du prototype !

Au salon 1953, le cabriolet est même absent et la seule nouveauté réside dans les enjoliveurs. Sous cette forme, il traverse l’année 1954 sans vraiment trouver son public.

Cette année là, on note tout de même une voiture hors-série : une auto réalisée par Figoni, dans un style finalement assez neutre et réussi.

1955 : les Simca Week-End et Coupé-de-Ville

Au Salon de Paris 1955 on dévoile la remplaçante des Simca Sport, le Coupé-de-Ville. Si la base technique n’évolue pas, la ligne le fait. À l’avant on repasse à une calandre à deux barres tandis que les clignotants retrouvent leur place dans les coins. Les jantes proposent un voile plein, le pare-chocs arrière est directement repris des Aronde et l’intérieur a perdu sa montre, son compte-tours et son cuir. Plus simple, c’est certain, le Coupé-de-Ville est aussi bien moins cher avec 998.000 frs.

On ne présentera en réalité le cabriolet Week-End, qui a le droit à l’intérieur cuir, qu’au printemps et il n’entrera en production qu’au millésime 1956. D’ailleurs, les autos de ce millésime ont la bonne idée de mériter le nom sport. Elles peuvent en effet recevoir le moteur Flash Spécial de 57ch.

Pour autant, ce sont aussi les dernières Simca Sport. Mais pas les dernières de la famille.

1956 : Les Simca Plein-Ciel et Océane arrivent

Évidemment, pour une nouveauté on se retrouve au salon de Paris 1956. La gamme Simca Sport a vécu. La Simca 9 aussi, elle est devenue l’Aronde de façon officielle et adopte une nouvelle ligne : l’Océane.

Pour autant, on n’oublie pas les Simca fabriquées chez Facel. Sont présentées les Simca Plein Ciel et Océane avec un nouveau style et une histoire de nom assez abracadabrantesque. Ces autos vont assurer la fin de la lignée et être produites jusqu’en 1961. Si vous voulez en savoir plus sur leur histoire on vous invite à lire cet autre article :

Un grand merci à Hugues pour les informations de base de cet article et à l’excellent site Simca by Facel pour les précisions.

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Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. guy moerenhout

    FIAT-GORDINI-ABARTH -SIMCA expo dans Abarth works museum Belgique

    Répondre · · 16 octobre 2023 à 16 h 21 min

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