Histoire de Carrossiers, ép. 36 : Pinin Farina, pt2 : 1946-1960

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 36 : Pinin Farina, pt2 : 1946-1960

Après la première partie, où on vous parlait de l’histoire de Pinin Farina avant la seconde guerre mondiale, c’est par ici, on enchaîne avec les premières années d’après le conflit, le moment où Pinin Farina monte vraiment en puissance et atteint les sommets.

Reconstruction et consécration

Après les réquisitions du régime faciste, la production reprend chez Pinin Farina à la fin du conflit. Le style est assez proche de celui des avant-guerre, pas si grave tant il était alors novateur. Mais en 1946, l’atelier brûle. Comme toute l’industrie italienne, la carrozzeria est interdite d’entrée au Grand Palais pour un salon de Paris 1946 qui est un énorme succès. Qu’à cela ne tienne, Gian-Battista et son fils Sergio convoient par la route une 6C 2500 S et une Aprilia Cabriolet… devant l’entrée ! La presse salue ce coup et Pininfarina marque des points.

Alfa Romeo 86C 2500 SS 1947 par Pinin Farina- Pinin Farina

Diverses productions sortent des ateliers, avec des feux désormais intégrés aux ailes et de longs capots plats. Mais en 1947, c’est une jeune marque qui va permettre à Pinin Farina d’attirer les regards… en deux temps. D’abord on dévoile la Cisitalia 202, auto associée à de grands noms tels que Carlo Abarth ou Dante Giacosa. Surtout, en 1951, l’auto est la première à entrer au MOMA, véritable consécration pour son élégance !

Fiat, Alfa Romeo et Lancia sont les principaux fournisseurs de châssis entre-temps. Mais la Cisitalia permet à la carrozzeria de taper dans l’œil de Nash. Le marché américain s’ouvre et on y voit débarquer les élégantes et fines Ambassador et Statesman qui adoptent le style Ponton, très en vogue. Les clients se pressent. Peugeot fait appel à Pinin Farina qui va prendre de plus en plus d’importance dans le design des autos de la marque. C’est aussi l’heure des premières collaboration avec Ferrari.

Nash Statesman- Pinin Farina

La carrozzeria est contrainte de déménager pour suivre la cadence et lance la construction d’une usine à Grugliasco, qui est toujours le siège de la marque. Sergio et Renzo Carli, gendre de Pinin, se préparent à prendre le relais.

L’industrialisation s’impose peu à peu. Des voitures uniques, Pinin Farina passe aux séries. Un parfait exemple est l’Alfa Romeo Giulietta Spider dont on produit 4000 exemplaires en 1959. Les concepts et voitures quasi uniques existent toujours mais la carrozzeria arrive à jongler entre l’appareil industriel et un bureau de style qui arrive à marier tous ses clients… quitte à utiliser un peu trop le papier calque entre différentes lignes.

Concours dElegance Suisse 2017 par Benjamin pour News dAnciennes 194- Pinin Farina
Alfa Romeo Giulietta Spider

Quelques réalisations de Pinin Farina avant 1960

Les productions de 1946 et 1947 sont somme toute assez classiques. Le style est calqué sur les voitures d’avant-guerre avec de longs capots plats, des ailes non-séparées…C’est d’autant plus facile que les châssis n’ont pas changé. Exemple avec la Lancia Aprilia Cabriolet Speciale 2 places, la grise, et la Maserati A6 1500, couleur cuivre.

En 1947 on présente donc la Cisitalia 202, d’abord à la Villa d’Este puis au Salon de Paris où les italiens sont de nouveau admis. Dès 1948, un cabriolet vient épauler le coupé.

En 1948, l’outil industriel n’est pas encore au point… et un peu saturé. Pinin Farina dessine la Bentley Mark VI « Cresta » qui sera produite en France par Facel-Métallon. Son parebrise en une seule pièce est une prouesse remarquable pour l’époque.

Bentley Mark VI Cresta 1948 par Pinin Farina- Pinin Farina

Toutes les autos qui sortent des ateliers n’ont pas ce raffinement et certaines gardent surtout un style très classique comme cette Lancia Aprilia Cabriolet de 1949 ou cette 6C 2500 Berlina de 1950.

Par contre, cette 6C 2500 Berlinetta de 1950 a clairement une inspiration… chez Cisitalia !

Alfa Romeo 6C 2500 Berlinetta 1950 par Pinin Farina- Pinin Farina

1951 voit naître deux protos. D’abord la BMW 501 qui restera au stade du prototype. En fait la Nash Ambassador le restera aussi mais sa face avant sera reprise sur la Nash-Healey qui débarque l’année suivante.

En 1952, Lancia lance l’Aurelia. Si Ghia est chargé du dessin, Pininfarina peut habiller les châssis nus, encore proposés par la marque, signe la ligne des B24 Spider et fabrique les carrosseries des B20 GT.

C’est aussi l’année où Pinin Farina produit ses premières Ferrari. Ce sont des 212 Inter, coupé (15 ex.) et cabriolet (2 ex.).

Suivent rapidement d’autres auto de Maranello comme les 342 America, là aussi en coupé et cabriolet.

En 1953 on multiplie les châssis Ferrari. Côté course on retrouve la 375 MM Spyder. Mais on retrouve aussi la 250 qui vient de naître avec la MM Berlinetta tandis que sur route c’est la 250 Europa qui est admirée.

Si Ferrari permet de briller et à Pininfarina de se montrer, les Maserati sont également habillées comme les élégantes et bestiales A6GCS/53.

Maserati A6GSCS53- Pinin Farina

En 1955 sortent les premières Alfa Romeo Giulietta Spider. Beau coup de Pinin Farina qui « pique » le marché à Bertone qui doit se contenter de la Sprint.

Blagnac072019 20- Pinin Farina

Les marques plus populaires ne sont pas oubliées. Côté élégance, la Fiat 1100 TV Coupé tire son épingle du jeu.

Fiat 1100 TV Coupe- Pinin Farina

1955 est aussi l’année de sortie de la première collaboration avec Peugeot : la 403 qui sera la première lionne à atteindre le million d’exemplaires.

En 1956 est dévoilé un modèle phare de Ferrari : la 250 GT Berlinetta Tour de France (photo de The Ice). Mais d’autres châssis sont également habillés pour Maranello, en particulier les Superfast, destinées aux USA.

The Ice 2023 par Joris Clerc pour News dAnciennes 57- Pinin Farina

On dévoile aussi un vrai concept car au Salon de Turin 1956. Basé sur une Alfa Romeo 6C 3000 CM la Superflow montre le travail aéro dont est capable la carrozzeria.

Alfa Romeo 6C 3000 CM Superflow I Wheelsage- Pinin Farina

Quelques mois plus tard, au salon de Paris, sa carrosserie a déjà changé.

Alfa Romeo 6C 3000 CM Superflow II- Pinin Farina

Le travail aéro sert aussi à une auto des records dont la base technique Alfa Romeo est revue par Abarth.

abarth alfa romeo 1100 monoposto record 8- Pinin Farina

En 1957 naissent les Ferrari 250 GT Coupé. Au fil des différentes séries, ce seront les 250 les plus produites. Le style des cabriolets est moins sage et nettement plus élégant.

On signe aussi une autre ligne, toute aussi discrète et élégante : celle des Lancia Flaminia Coupé.

Lancia Flaminia Coupe- Pinin Farina

Autre Lancia qui apparaît la même année, l’Appia Coupé, qui reprend certains codes de la Fiat 1100 TV.

Lancia Appia Coupe- Pinin Farina

En 1958 sort une… anglaise. C’est la petite Austin A40 dans laquelle on retrouve quelques inspiration mais dont l’arrière est quasi inédit.

Au salon de Genève Paris on retrouve une grosse américaine sur le stand de Pinin Farina : la Cadillac Skylight Cabriolet qui sera suivie par le coupé au salon de Paris.

L’année suivante, cette collaboration donne naissance à la Cadillac Eldorado Brougham, série limitée à 99 exemplaires fabriqués chez Fleetwood.

En 1959 Pinin Farina fait une nouvelle fois évoluer la Superflow avec la Super Spider. L’arrière commence forcément à vous évoquer quelque chose…

Alfa Romeo 6C 3000 CM Superflow III- Pinin Farina

C’est aussi l’année où apparaît l’une des Ferrari les plus recherchées : le « châssis court » aka 250 GT Berlinetta SWB.

1962 Ferrari 250 GT SWB Berlinetta by Scaglietti 6- Pinin Farina

Chez Austin, Pinin Farina signe le trio A99 Westminster, Wolseley 6/99 et Vanden Plas Princess 3.

Chez Fiat, on retrouve le dessin de deux autos bien différentes. D’un côté les Spider 1200, 1500 et 1600, de l’autre la Berline 1800 dont le dessin se retrouvera aussi sur les 2100 et 2300.

En 1960 apparaît l’ultime Alfa Romeo 6C 3000 Superflow. Et là, l’arrière vous parle forcément !

Autre concept, encore plus original, on dévoile au Salon de Turin le Pinin Farina X qui présente un Cx de 0,23 seulement.

Pinin Farina X- Pinin Farina

Côté français, c’est la sortie de la Peugeot 404 dont les lignes peuvent évoquer les Austin citées précédemment, les Fiat berline également et dont le coupé semble être une 250 GT réduite. On a vu pire comme comparaison !

La ligne peut aussi rappeler la Lancia Flaminia. On a d’ailleurs sorti en 1960 la Flaminia 335, voiture de parade du gouvernement italien, produite à 4 exemplaires.

Lancia Flaminia 335- Pinin Farina

On s’arrête là pour cette période. Rendez-vous le mois prochain avec un gros changement. On parlera de l’histoire de Pininfarina et plus de Pinin Farina !

Images complémentaires : Wheelsage.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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