Rencontre : une Delage D6 3-Litres, moderne ?

Publié le par Benjamin

Rencontre : une Delage D6 3-Litres, moderne ?

Quand on vous parle de Delage, vous pensez immédiatement aux autos de l’avant-guerre. Ces autos avec leur radiateur plat et d’élégante carrosseries. Pour autant, la voiture qu’on vous présente aujourd’hui est bien une Delage D6 3-Litres , mais, en effet, elle est particulière. La différence c’est qu’elle est de 1951. Ça change tout !

Delage avant et après-guerre

Déjà, on va revenir sur les dernières années de l’avant-guerre. Parce qu’aussi contrenature que cela puisse paraître, la première moitié des années 20, quand Delage sort pourtant ses D6 et D8 qui sont évoluées techniquement mais ne peuvent empêcher le déclin de la marque. En 1935 Louis Delage doit vendre sa marque.

Walter Watney rachète la marque, mais ni l’usine, ni l’outil de production. Du coup c’est l’ancien concurrent Delahaye qui produira désormais les Delage avec des synergies techniques plus ou moins marquées selon les modèles et leur génération.

Quand la production redémarre après la seconde guerre mondiale, c’est la D6 3-Litres qui devient le seul modèle produit par la marque. Le 6 cylindres en ligne de 2984 cm³ qui sort 90ch.

Le châssis est le même que celui des D6-80, D6-70 et D6-75 qui figuraient au catalogue avant-guerre. On pousse le trait jusqu’à garder l’habitude déjà désuète du volant à droite. Cette auto est aussi une des dernières à se voir proposer en châssis nu. Une aubaine pour les quelques carrossiers pas encore fermés !

Notre Delage D6 3-Litres

Comme beaucoup d’auto de la marque, la Delage D6 3-Litres croisée par Laurent est une production de Letourneur et Marchand. Il faut dire que le lien entre les deux société est très fort car Autobineau, une société émanant du carrossier et spécialement dédiée à la fabrication de carrosseries en moyenne série, a par exemple carrossé 2000 Delage DI avant la guerre.

Le conflit ne modifie pas cela. Si Chapron est en forme et se voit confier beaucoup d’autos, les autres carrossiers reçoivent également des commandes. Pour preuve, les dernières Delage D6 3-Litres sont fabriquées en 1953 mais les derniers châssis nus ne sont habillés et mis sur les routes qu’en 1954.

Revenons donc à la Delage D6 3-Litres qui nous intéresse. Si les premières créations de l’immédiat après-guerre ont des formes semblables à celles d’avant le conflit, le continent européen s’américanise à grands pas. Les formes des carrosseries automobiles suivent d’ailleurs la tendance. Les ailes séparées se font plus large et certaines autos adoptent les lignes ponton… même chez les carrossiers indépendants.

Delage D6 3 Litres au Salon 1949-
Au salon 1949 la transformation n’est pas encore achevée.

C’est le cas de notre Delage D6 3-Litres. Cette auto date de 1951. Clairement on est arrivé à des formes plus américaines. Plus modernes. La ceinture de caisse est haute. Les ailes sont mieux intégrées au dessin même si on constate qu’elles sont rebondies et se détachent dans le style global.

La calandre majestueuse des Delage n’es plus là. Plus fine, plus haute, elle est désormais courbée. Ne serait-ce ses flancs droits, on pourrait la confondre avec celle des Delahaye construites en parallèle par le carrossier.

La face avant fait bien plus massif avec une face plutôt droite et plate qui n’a que les projecteurs additionnels comme relief. Les pare-chocs sont également droits mais gardent un travail intéressant qui les distinguent du pare-chocs tubulaire des populaires d’alors.

L’arrière fait toujours appel à une malle, elle aussi intégrée entre deux ailes et non plus basse et séparée comme avant le conflit. La teinte enfin ne laisse aucun doute : c’est une voiture d’après-guerre. Unie, ni blanche, ni noire, une couleur moins voyante mais en rapport avec l’année de l’auto.

Dernière chose à noter : le pare-brise. Il est toujours en deux paries plates, une indication quand au caractère « artisanal » de cette réalisation.

Par contre, si la ligne est plus moderne, la base technique reste identique. Pas de modernisme de ce côté là… et c’est bien là que se situe le souci.

En tout cas une bien belle rencontre qu’on a pu faire. Chapeau au collectionneur qui aurait pu céder aux sirènes d’une restauration avec une caisse d’un style plus ancien. C’est ça aussi l’authenticité.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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