La Ferrari 275 P d’Artcurial sera-t-elle la star de l’année 2018 ?

Publié le par Benjamin

La Ferrari 275 P d’Artcurial sera-t-elle la star de l’année 2018 ?

Cela fait déjà quelques semaines qu’Artcurial a annoncé une sacrée nouvelle. Ils présenteront dans leur vente de Retromobile la Ferrari 275 P, numéro de châssis 0816, qui a remporté les 24h du Mans 1964. Une auto que l’on suppose être en mesure de devenir la voiture la plus chère de tous les temps vendue lors d’enchères. On va donc vous parler de cette auto plus en détail.

[MISE A JOUR] 29/01/2018 : Finalement l’auto ne sera pas à Rétromobile. La succession de M. Bardinon étant compliquée, le mandat de vente est suspendu… On ne verra donc pas la Ferrari 275 P décrocher le moindre record.

Le catalogue de la vente est détaillé dans cet article.

L’histoire de la Ferrari 275 P

Point de départ : la Ferrari 250 P

En 1963, Ferrari règne sur la planète endurance avec des victoires en 1958, 1960, 1961 et 1962. Les 250 Testarossa ont remporté les trois premiers, et en 62 c’est une 330 TRI/LM Spider qui a gagné la course. Le point commun de ces autos est de faire confiance à des V12 montés à l’avant.


La 250 P, première de la série est une auto qui place son V12 à l’arrière. Le moteur est strictement le même 3 litres que celui de la 250 Testarossa. Le moteur gavé par six carburateurs Weber développe 300ch. Il est accoupé à une boite ZF à 5 rapports.

Les freins sont à disques, ceux de l’arrière sont montés inboard, les suspensions sont dévolues à une double triangulation. Vu que le moteur est à l’arrière, l’espace avant accueille le réservoir et le radiateur. La voiture est habillée par Fantuzzi de panneaux de carrosserie dessinés par Pininfarina et elle ressemble encore à la 330 de 1962.

Avec 760 kg, elle file à près de 290 km/h et ses performances sont tout à fait exceptionnelles.

1963 : la 250 P prouve qu’elle est bien née

Première sortie et premier doublé ! La Ferrari 250 P de Surtees et Scarfiotti remporte les 12h de Sebring 1963 devant celle de Mairesse, Vaccarella et Bandini. Et ce n’est qu’un début. La 250 P va inscrire les 1000 Km du Nürburgring, mais surtout les 24h du Mans où Bandini et Scarfiotti gagnent et Parkes et Magioli terminent 3e.

Dès Juillet apparaît la 330 P et son moteur 4L pour épauler les 250 P et en Octobre, c’est la Ferrari 275 P et son moteur 3.3L qui développent 320 et 370 chevaux. Ces deux autos n’apparaissent pas que rarement en course en 1963, elles sont surtout utilisées pour le développement. Leur vrai lancement va arriver en 1964.
En plus de ces prototypes une 250 LM est présentée, avec le moteur 275, mais celle-ci est un coupé et est construite pour être vendue aux privés.

La Ferrari 275 P en 1964

C’est sa première vraie année en course. Elle remplace totalement la 250 P qui ne sera plus vue en course.
Le début de saison à Sebring voit le doublé des 275 P, Parkes et Magioli devant Scarfiotti et Vaccarella. En bonus, la 330 P de Surtees et Bandini finit 3e. Scarfiotti et Vaccarella remportent les 1000 km du Nürburgring mais bien sûr la course attendue par tous, ce sont les 24h du Mans.


L’armada Ferrari aux 24 du Mans 1964

12 Ferrari sont engagées aux 24h du Mans. 4 sont engagées par l’usine, trois Ferrari 275 P pour Parkes et Scarfiotti, Bagheti et Maglioli mais surtout celle qui nous intéresse, le châssis 0816 pour Jean Guichet et Nino Vaccarella et dont c’est la première course. En plus une autre auto, une 330 P est présente aux mains de Surtees et Bandini.

Pour les 8 autres voitures, l’équipe anglaise Maranello Concessionnaires engage une 330 P et une 250 GTO. L’Ecurie Nationale Belge engage une 250 LM et une 250 GTO. Le North American Racing Team est chargé d’engager deux 250 GTO, une 250 LM et une 330 P.

Avec toutes ces autos, Ferrari vise deux classes. Les 275 P, 330 P et 250 LM lutteront dans la classes des prototypes (de moins de 5L) avec les Ford GT40 MkI qui viennent d’apparaître tandis que les 250 GTO seront plus isolées. Les Cobra Daytona et autre Jaguar Type E luttant, techniquement, dans la classe supérieure, même si toutes se battent pour le titre GT.

Les 24h du Mans 1964

Les Ford GT40 sont rapides, elles dépassent les 300 km/h dans les Hunaudières. Pourtant c’est bien la Ferrari 330 P de Surtees qui s’installera en pôle position en 3min et 42s, la première Ford est à 3 secondes. Les 330 P sont les premières Ferrari, les 275 P sont qualifiées 6e pour Scarfiotti et Parkes, 7e pour Vaccarella et Guichet et 12e pour Baghetti et Maglioli.

En course, même si c’est une Ford qui boucle la première heure en tête, les américaines vont payer leur jeunesse. A 21h il ne reste plus que celle de Hill et McLaren mais elle ne montera pas mieux qu’une 4e place avant d’abandonner. Autres soucis notable, ceux de la 330 P de Surtees qui laisse la Ferrari 275 P de Guichet et Vaccarela en tête à la 12e heure. La voiture au numéro de châssis 0816 ne sera pas rattrapée et gagnera les 24h du Mans.

Les 330 P de Hill et Bonnier et de Surtees et Bandini complètent ce triplé des Ferrari. En GT c’est la Cobra Daytona qui finit 4e et remporte la classe générale, même si la 250 GTO des belges Bianchi et Blaton terminent 5e et vainqueurs en classe 3 litres.


Fin d’année 1964

Les 330 P deviennent, après les 24h du Mans, les fers de lance de la Scuderia. La victoire de la 275 P restera l’avant dernière Ferrari à remporter les 24h du Mans. C’est la 250 LM qui signera l’ultime victoire de la Scuderia en 1965, au terme d’une course étrange qu’on vous raconte ici.

La Ferrari 275 P 0816 entre les USA et… la Creuse

La Ferrari 275 P 0816 continuera sa carrière aux USA à partir de 1965. Pour sa première apparition aux 12h de Sebring elle ne fera pas mieux que 23e, aux mains de Mairesse et Bianchi, engagée par une écurie privée.

Ensuite William H Cooper l’engagera dans divers courses de SCCA entre 1965 et 1968 avec comme meilleur résultat une 2e place obtenue à Willmot.

La dernière course de cette Ferrari 275 P se fera aux 12h de Sebring 1969. Le NART l’engagera pour Rodriguez et Parsons qui ne feront pas mieux qu’une 47e place au général.

Entrée dans la collection Bardinon

La Ferrari 275 P 0816 deviendra par la suite une des plus fameuses autos de la collection Bardinon. Et le public ne l’a plus vue depuis.

Elle sera une attraction de ce Retromobile 2018 sur le stand de la maison Arcturial. On ne connaît pas encore son estimation. Mais quand on regarde le top des voitures les plus chères qui sont passées aux enchères, c’est ici, on voit bien que cette Ferrari 275 P a son mot à dire.

La Ferrari 250 GTO qui est au sommet du classement a été vendue un peu plus de 38 millions de dollars… Mais la référence c’est surtout la 335S de 1957. Déjà vendue par Artcurial pour 36 millions en 2016, elle n’avait pas le même palmarès que cette Ferrari 275 P 0816. De quoi viser le record pour la maison française. Verdict en Février.


Photos :
Artcurial : Archives Cahier, Maurice Louche, JC Poirier, DPPI, Bernard Beaumesnil, Bertrand Dubuc
News d’Anciennes à Chantilly Arts et Elegance 2017
The Henry Ford Collection : Dave Friedman

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Jean-Christophe

    Cette Ferrari n’avait pas été exposée à la fondation Cartier à la fin des années 80 ?

    Répondre · · 14 janvier 2018 à 9 h 48 min

  2. Matthieu

    Elle ne sera pas la star de 2018 puisqu’elle est retirée de la vente

    Répondre · · 29 janvier 2018 à 20 h 51 min

    1. Benjamin

      Merci de l’info Matthieu, je mets à jour !

      Répondre · · 29 janvier 2018 à 21 h 13 min

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