Essai d’une Peugeot 404, les succès sont éternels

Publié le par Benjamin

Essai d’une Peugeot 404, les succès sont éternels

On ne la présente plus (mais on va le faire quand même). La Peugeot 404, c’est l’archétype de la populaire française. Vous savez, celle qu’on voit dans tous les événements ou presque, sans trop de lasser d’ailleurs, et qui suscite toujours autant de réactions du type « mon père en avait une / c’était ma première voiture / tous les ans on partait en vacances avec ». En bref, elle fait partie du paysage. Pourtant, il est des voitures plus vendues qui n’ont pas la même aura. Alors, pourquoi la 404 est si présente et aimée ? Rien de tel que de se mettre au volant pour y répondre !

Notre Peugeot 404 du jour

Classique, statutaire, la 404 est une Peugeot et il ne faut pas vraiment s’attendre à autre chose. Ses formes, on les connaît. D’ailleurs on les connaît peut-être un peu trop…

Peugeot 404 par News dAnciennes 10- Peugeot 404

Pourquoi est-ce qu’on les connaît trop ? Parce que Peugeot travaille à l’époque avec Pininfarina et que le styliste turinois est comme tous les stylistes italiens de l’époque : sans vraiment utiliser le papier calque d’une voiture à l’autre, il a des phases où les autos se ressemblent beaucoup. Pininfarina travaille avec de nombreux constructeurs, d’Austin à Fiat, et les projets de berlines sont alors nombreux. La Peugeot 404 n’a pas de clone véritable mais de vraies cousines. Si vous voyez une silhouette, au loin, qui vous fait penser à la 404, approchez vous avant d’affirmer que vous avez reconnu l’auto.

L’avant, par exemple, peut vous faire penser à une Austin A60 Cambridge (oui faut avoir la référence avant mais bon). Comme elle, les feux de la Peugeot 404 sont ronds, bien dans les coins et dans le prolongement d’ailes généreuses qui se démarquent bien d’un capot légèrement plongeant. Comme sur l’anglaise, la bouche est large, mais elle est ici plus rectangulaire et les clignotants et veilleuses placés sous les phares ne sont pas englobés.

La 404 affiche son chiffre au bout du capot et d’une baguette chromée. La marque Peugeot est reléguée dans l’écusson placé au centre de la calandre. Le pare-chocs est rectiligne et les deux butoirs sont bien garnis du caoutchouc apparu en 1964.

Vous voulez du classique et vous perdre encore plus ? Il suffit de regarder le profil de la Peugeot 404. S’il ressemble un peu à l’Austin, ici on trouve plus de similitudes avec les Fiat 1800, 2100 et 2300, notamment au niveau des ailes arrières rectilignes et inclinées. Les proportions sont indéniablement celles d’une berline tricorps, du temps où ce terme voulait encore dire quelque chose.

On profite de cette vue de profil pour observer les jantes à 8 trous, arrivées en 1965 et on jette un œil sur le toit où le toit ouvrant est parfaitement intégré et très discret.

Pour l’arrière, on retrouve toujours les mêmes références stylistiques partagées avec les mêmes autos. Autant l’avant de la Peugeot 404 est plus fin que celui de sa devancière la 403, autant l’arrière pousse le curseur encore bien plus loin ! Les phares sont donc verticaux et très fins. Les ailes qui sont placées au-dessus sont bien dans l’air du temps du début des années 60 et c’est même plutôt réussi.

On se doit, par contre, d’ajouter que ce style qui va rester jusqu’à la fin des berlines en 1975 est clairement dépassé sur la fin de carrière. Même la 204, sortie 5 ans après la 404, n’y fait plus appel.

Pour conclure, le style de la Peugeot 404 n’est ni le plus personnel qu’on puisse trouver, ni le plus original. Mais il colle parfaitement à l’image qu’on se fait d’une berline moyen/haut de gamme qui se veut très classique… plus qu’une DS en tout cas, puisque c’était aussi le but !

Un peu de technique

Finalement, c’est en ouvrant le grand capot de la Peugeot 404 et en étudiant la fiche technique, qu’on va vraiment pouvoir la placer sur la frise chronologique du modèle. Et puis notre auto de 1969 est parfaite pour refaire l’histoire puisque c’est tout simplement la plus aboutie des 404.

Moteur de la Peugeot 404

Parlons d’abord du moteur. Sa cylindrée, c’est toujours celle des débuts de la voiture : 1618 cm³. Comme toutes les Peugeot 404 d’après 1964, il tourne sur 5 paliers et non plus trois. C’était une évolution profonde, même si les performances n’ont pas changé. Par contre, l’injection Kugelfisher apparue en 1962 n’est pas de la partie. Pourquoi ? Parce que la Peugeot 504 a débarqué et que, pour lui faire de la place en tant que vaisseau amiral, le lion lui a réservé les mécaniques les plus pêchues. De fait, la 404 plafonne à 80ch, une puissance atteinte dès 1967 avec cette version à carbus.

Sous le capot on note aussi un gros dispositif dans l’axe du conducteur : c’est le Mastervac. Déjà en 1965 on avait installé un Hydrovac afin de renforcer le freinage, cible des critiques. En 1968, il a été remplacé par ce Mastervac qui agissait, lui, sur les freins à disques, enfin disponibles.

Évidemment, le reste de la technique est très classique. En même temps on parle de Peugeot, un constructeur réputé très conservateur à l’époque. Du coup la recette est globalement la même que celle de la… 203 ! Le moteur est donc placé longitudinalement, à l’avant, et l’auto est une propulsion. Un schéma classique, d’ailleurs repris sur la 504, mais qui commence à descendre de son piédestal avec le succès de la petite 204 sortie en 1965.

Un intérieur simple et accueillant

On ouvre la porte pour découvrir le « Salon Roulant » vanté par Peugeot. Évidemment, c’est un salon à la française et pas à l’anglaise. Pas de cuir, pas de bois, mais un intérieur qui fait le job.

Peugeot 404 par News dAnciennes 19- Peugeot 404

Le dessin est simple mais c’est voulu. La Peugeot 404 a été pensée pour être également sure et les aménagements intérieurs sont donc placés de façon à limiter les blessures. Oui, on est encore loin des airbags et l’impact sur le tableau de bord est étudié plutôt qu’oublié par l’ajout des ceintures. Pour ce qui est du dessin pur, c’est rectiligne et sans grande fantaisie.

La planche de bord comprend trois cadrans ronds… et un seul compteur ! Le compte-tours n’est pas au programme. Nous sommes dans une Peugeot, pas dans une sportive. Le cadran de gauche reprend un indicateur de charge, la jauge de carburant et la température. Au centre on retrouve le tachymètre généreusement gradué pour impressionner les gamins qui regarderaient par la vitre. Enfin on retrouve une montre. Très classique, le tout est inséré sur une plaque en alu texturé et on ajoute 6 voyants pour le reste des indications.

Sous le cendrier central, vrai vestige des années 60, on retrouve les commandes d’aération tandis que la boîte à gant est de bonne taille. Encore en dessous, autour du logo 404 on retrouve la commande du starter et l’allume-cigare. Deux autres commandes sont placées sur la colonne de direction : la commande de la boîte et un commodo.

Le salon roulant dans tout ça ? Même sans cuir, les sièges sont beaux, larges et moelleux. Ajoutez l’éclairage au tableau de bord, les pare-soleil, les deux aérateurs placés sur le tableau de bord, le deuxième cendrier, placé à l’arrière et ça justifie alors ce qualificatif pour la Peugeot 404. En tout cas, ça le justifiait au moment de son lancement. Parce que sur notre auto de 1969, c’est un peu dépassé !

Concernant l’espace, il est réel. Que ce soit à l’avant ou à l’arrière, on peut loger des adultes sans se demander s’ils seront bien installés : ce sera le cas !

Au volant de la Peugeot 404 : voyage voyage

C’est parti. Il y a des voitures anciennes dans lesquelles on monte avec une certaine appréhension. D’autres dans lesquelles on doit faire de gros efforts pour s’installer. Mais la Peugeot 404 n’est dans aucune de ces deux catégories. Rien n’invite à la crainte et l’habitacle est facile d’accès. Le non-initié se fera certainement avoir, s’il n’a pas bien étudié la voiture, au moment de mettre le contact… puisqu’il cherchera à droite et certainement pas à gauche. C’est bon, on a trouvé une originalité au crédit de la Peugeot 404 !

Une fois le moteur lancé, on sent bien qu’on est pas une Ferrari. Pas de poils qui se hérissent, mais on est pas là pour ça. Le ralenti se cale rapidement. Allez, moi aussi je suis bien calé dans le siège, après l’avoir avancé suffisamment. D’ailleurs, je ne l’avance pas trop parce que le réglage de la ceinture n’est pas si facile… sa fermeture non plus (et pourtant je fais du sport en ce moment !).

peugeot 404 1- Peugeot 404

C’est parti et pour ça, il faut jouer du levier. Pour certains, le levier au volant c’est une hantise. Mais perso, j’adore ça ! Première et c’est parti. Le moteur est froid, je ne vais pas tirer sur les rapports et puis il y a une chose à faire avant tout : le freinage. La Peugeot 404 était tellement décriée sur ce point qu’il faut que je sache.

Pied gauche sur l’embrayage, pied droit sur le frein. Bon… même avec les disques des roues avant, c’est vrai que c’est pas folichon. Le toucher de la pédale est parfait, mais j’ai peut-être trop dosé. Je profite d’être toujours dans une petite rue sans personne autour pour remettre ça, en appuyant plus fort et jusqu’à l’arrêt complet. Verdict ? C’est toujours pas fou.

Je me le met dans un coin de la tête et file vers la station service la plus proche. C’est qu’on a quelques bornes à faire et qu’il faut du sans-plomb dans le réservoir. D’ailleurs, si vous cherchez la trappe, elle est derrière la plaque.

Peugeot 404 par News dAnciennes 32- Peugeot 404

La jauge de carburant s’élève et c’est parti. Direction une belle départementale toute droite. En fait, pas totalement. Dire que j’écrase l’accélérateur serait exagéré. Mais je me débrouille pour pousser un peu les rapports et arriver à la vitesse réglementaire aussi rapidement que la citadine moderne qui est devant moi. Devant moi, mais à distance respectable, les butoirs, fussent-ils garnis de caoutchouc, de la Peugeot 404 pourraient faire un massacre dans le plastique du pare-chocs en cas de freinage brusque, oui ce point n’est toujours pas rassurant pour moi.

Ce qui l’est plus, c’est le maniement de la boîte, toujours parfait. Les rapports passent bien et sans que le guidage ne soit problématique. Le moteur ? Certes, la puissance est réduite mais elle fait le boulot. Malgré ses dimensions respectables, la Peugeot 404 reste relativement légère. Suffisamment pour permettre des accélérations nettes. Ensuite, elle tient sa vitesse sans trop de souci. Le moteur n’est pas spécialement bruyant à vitesse stabilisée mais on est loin d’une berline moderne totalement insonorisée.

Les grandes courbes sont avalées sans trop de souci. Attention, si vous arrivez un peu fort, vous comprendrez vite ce que c’est qu’un châssis conçu à la fin des années 50. La berline prend un beau roulis et a tendance à élargir la trajectoire. Heureusement le grand volant permet de bien la replacer sur sa trajectoire. Plus loin, les virages se font plus serrés. Je suis obligé de jouer du levier de vitesse mais toujours sans fausse note. Par contre, j’anticipe au maximum les freinages, mais même comme ça, la trajectoire s’élargit souvent. Clairement, je suis trop optimiste.

La Peugeot 404 retrouve des routes plus droites. Plus étroites et plus défoncées aussi. Pas grave, elle file bon train. Évidemment la suspension n’a rien à voir avec celle d’une Citroën mais le confort est bon. Si la suspension manque de verrouillage dans certains virages, quand la route se fait plus bosselée ou simplement défoncée, elle est une bonne alliée. Elle permet d’apprécier le voyage, quel que soit la chaussée empruntée.

Dans les villages, la Peugeot 404 reste à son aise. Si il faut toujours faire très attention aux freins, pour éviter de se faire surprendre sur une priorité à droite par exemple, le couple du moteur est appréciable et un bon allié. Certes, ce n’est pas celui d’un V8 américain mais c’est largement suffisant pour repartir en 3e après un virage. Par contre, quand on attaque une rue en montée et après un virage serré, clairement, la seconde est obligatoire sous peine de se traîner. J’ajoute aussi que la visibilité est bonne et l’amortissement évite le tassement de lombaires sur les différents ralentisseurs qui émaillent tout village en 2023.

La route suit son cours. Au bout d’un moment, on conduit sans arrière pensée. Dommage que la route ne mène qu’à notre point de départ. Même en découvrant la voiture et même après quelques kilomètres sur des routes dont le gabarit n’est pas le fort d’une voyageuse, on est encore frais. On pourrait emmener la Peugeot 404 loin, très loin.

18 ans avant que Desireless ne créée son tube, notre Peugeot 404 invitait donc au voyage. Au voyage long, en famille. Le même qui a créé les souvenirs qui font de la berline une vraie star du monde de la voiture ancienne.

Conclusion :

Est-ce que la Peugeot 404 est la meilleure de sa catégorie ? Difficile de répondre un grand oui. Est-ce que c’est la plus performante ? Non. Est-ce la plus belle ? Tous les goûts sont dans la nature. Est-ce le seul effet madeleine de Proust qui rend cette populaire si mythique ? Non plus.

Il est en effet impossible de nier les qualités de la Peugeot 404. Sans être très performante, c’est une voiture ancienne qui reste fiable (si tant est qu’elle est bien entretenue et sans oublier les quelques surprises dues à son âge) et surtout, c’est une pure voyageuse. C’est le genre d’autos que vous pouvez évidemment prendre pour aller au mensuel d’à côté mais que vous pouvez aussi charger pour partir en week-end à l’autre bout de la France.

Recommander la Peugeot 404 ? Je le ferai sans arrière-pensée. C’est une très bonne auto et elle mérite amplement la place importante qu’elle prend dans les événements qui alimentent notre passion.

Les plus de la Peugeot 404Les moins de la Peugeot 404
Un mythe roulant80 petits canassons
ConfortableFreinage (toujours) perfectible
Facile à conduireStyle sans grande originalité
Bonne voyageuse
Moteur à Souvenirs
image 1- Peugeot 404
Note achat avec le modèle essayé
Fiche techniquePeugeot 404
AnnéesBerline : 1960-1975
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1618 cm³
AlimentationCarburateur inversé
Soupapes8
Puissance Max80 ch à 5600 trs/min
Couple Max132 Nm à 2500 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1345 mm / AR 1280 mm
Empattement2650 mm
Dimensions L x l x h4445 x 1625 x 1450 mm
Poids (relevé)1100 kg
Performances
Vmax Mesurée150 km/h
0 à 100 km/h15,4s
400m d.a19,6s
1000m d.a36,8s
Poids/Puissance6,05 kg/ch
Conso Mixte± 9 litres / 100km
Conso Sportive
Prix± 10.000 €

Conduire une Peugeot 404

Facile de conduire une Peugeot 404 ? Attention, toutes ne seront pas dans le même état que celle que nous a confié TBR Auto pour cet article et dont vous retrouvez les détails par ici. Trouver une belle 404 est tout à fait possible mais il faut avouer que la sochalienne a un ennemi n°1 : la rouille. Bas de caisse, passages de roue et surtout les soubassements sont à vérifier et si possible avec un aimant histoire de voir si un précédent propriétaire n’a pas camouflé le problème. Une fois ce point validé, si le moteur est en bonne santé, vous aurez quasiment gagné. Mécaniquement, la Peugeot 404 est increvable ou presque tant qu’elle a reçu un entretien régulier.

Les annonces, vous en trouverez des dizaines. Les berlines comme notre sujet du jour, peu kilométrés et en parfait état peuvent monter haut, très haut et dépasser les 15.000 €. Si vous êtes moins regardants et que vous souhaitez simplement une auto qui roule (avec un peu de rouille en bonus) dès les 5000 €. La majeure partie des belles autos se trouvera dans une fourchette comprise entre 8000 et 12.000 €. Hormis les 404-8, un peu à part dans la gamme, les différentes finitions n’influeront pas sur le prix.

Merci encore à toute l’équipe de TBR Auto pour cet essai.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Gardez Pascal

    Nous en avons eu une après la 403, une 404 grand luxe grise métallisée avec les sièges en cuir couleur havane et le toit ouvrant. Une belle et agréable voiture que mon père affectionnait beaucoup.

    Répondre · · 8 mai 2023 à 18 h 31 min

  2. Anatole

    Merci pour ce sympathique reportage d une auto qui nous chère.

    Juste une petite erreur s est glissée.
    Sur ce modèle, à partir de 69 et les suivant, c est un mastervac qui est présent et non un hydrovac.
    L hydrovac est séparé du maitre cylindre contrairement au mastervac auquel il est couplé, comme sur votre photo.
    L hydrovac a été monté de 65 a 68.

    Répondre · · 8 mai 2023 à 20 h 37 min

  3. Robert

    Elle a préparé le succès de sa digne héritière : la 504 !

    Répondre · · 9 mai 2023 à 4 h 29 min

  4. MORAND David

    Merci pour ce reportage. J’ai 61 ans et possède une 404 de juin 1969. Elle est du même modèle que celle présentée avec l’intérieur rouge en tissu mais la carrosserie est blanche. J’adore cette voiture dans laquelle je me sens « chez moi ». Elle est très belle en parfait état, elle roule très bien, elle est agréable à conduire et rencontre beaucoup de succès : des sourires, des pouces levés… elle attire les personnes sympathiques avec lesquelles j’ai du plaisir à bavarder.
    A son volant, je suis un homme heureux comme je ne pourrais pas l’être autant avec une auto moderne.
    Bonne route à vous…

    Répondre · · 9 mai 2023 à 22 h 59 min

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