Essai d’une Fiat 124 Spider, simplement bon

Publié le par Benjamin

Essai d’une Fiat 124 Spider, simplement bon

Cela faisait longtemps que j’avais repéré cette auto avec l’envie de me mettre au volant. Un petit cabriolet, avec des performances sympa, une belle ligne et surtout, une auto italienne pour changer des anglaises. Thibaut a trouvé la perle rare et c’est sous un beau soleil que je vais essayer une Fiat 124 Spider.

La Fiat 124 Spider en bref

Si vous voulez en savoir plus sur la Fiat 124 Spider, pas de souci, notre historique complet est ici :

Si vous préférez le résumé, le voilà. L’auto sort en 1966 dans sa version AS. Elle est dessinée par Tom Tjaarda qui officie chez Pininfarina. La ligne est réussie et le moteur cube 1438 cm³. Vue comme une petite auto sympa et économique, elle vise clairement les anglaises, MG B en tête.

La Fiat 124 Sport, car l’appellation Spider est une habitude de collectionneurs mais pas son vrai nom, va connaître de nombreuses évolutions. Les BS font évoluer quelques détails cosmétiques en 1969 et dès l’année suivante le moteur passe à 1608 cm³. En 1972 la CS se décline en 1592 et 1756 cm³ et sa commercialisation s’arrête en Europe en 1974 mais elle reste au catalogue américain. Elle devient CSO avec l’injection et DS en 1981 quand elle revient en Europe. Cette fois c’est Pininfarina qui la produit sous le nom de Spider Europa. Sa dernière évolution la verra dotée d’un compresseur et sa carrière s’arrête en 1985 après 198.120 exemplaires produits.

Notre Fiat 124 Spider du jour

C’est une belle auto de 1970 que Stéphane nous a amené. Son Giallo Primula est donc un jaune mais qui tire sur le vert. Une teinte très sympa, qui nous renvoie effectivement dans les années 70.

Côté design, on retrouve vraiment une élégance italienne, des proportions soignées et une ligne à la fois douce et dynamique. Tom Tjaarda a vraiment fait du bon travail.

L’avant de la Fiat 124 Spider la place parfaitement dans les années 60. Des ailes légèrement marquées, au dessus de phares jaunes, qui encadrent un capot plongeant et plat (ça changera avec l’arrivée du bossage sur les versions embarquant de plus grosses mécaniques). La calandre propose un dessin allongé, dynamique et presque agressif. Le pare-chocs vient apporter une touche de chrome bienvenue qui rompt un peu avec la simplicité du reste.

Le profil permet de voir ce qui fait le charme de notre Fiat 124 Spider. Le dynamisme, c’est aussi une histoire de proportions et en dotant le petit cabriolet d’un porte à faux arrière bien supérieur à l’avant on se retrouve avec une ligne qui inspire la vitesse, la performance. La ligne de caisse est assez haute, les roues d’un diamètre qui reste mesuré renforcent cette impression. Le pare-brise est bien incliné, la portière large, on continue dans le sans-fautes.

L’arrière est plus tendu et moins arrondi que l’avant. Le coffre est presque plat, les ailes semblent être des souvenirs des ailerons si chers aux autos de la précédente décennie. Là encore, le pare-chocs en deux partie apporte une touche de chrome bienvenue surtout que le monogramme est discret. Les feux arrières, plus gros sur cette BS que sur les AS, sont effectivement de bonne taille. Presque trop gros. En tout cas, eux aussi font l’impasse sur les rondeurs pour conforter l’impression générale.

La Fiat 124 Spider ne se vit malheureusement pas toujours décapotée. Mais une fois la toile et sa grande lunette souple en place, la ligne n’est pas cassée. Harmonieusement dessinée, elle s’intègre bien à la ligne.

Côté détails, on en retrouve quand même. Du logo Pininfarina aux rétros minuscules, des jantes d’origine, simples et belles aux quelques baguettes, tout n’est qu’élégance.

C’est vraiment une belle auto et on comprend qu’elle ait séduit et que sa ligne ait pu rester d’actualité pendant près de 20 ans !

L’intérieur : classique

On ne peut pas dire que l’intérieur de la Fiat 124 Spider soit son point fort. Non, il n’est pas laid, non il n’est pas simpliste. Mais ce noir tranche énormément avec la gaieté de la couleur extérieure. La sellerie complète s’en pare.

Par contre les touches de bois sont nombreuses et apportent en fait les seules touches colorées de l’habitacle. Les deux sièges avant ont l’air larges et confortables. Par contre, la banquette arrière est anecdotique. Au moins vos bagages seront bien logés !

Côté commandes, le volant Nardi remplace celui d’origine. Pour le coup, il est parfaitement raccord avec le reste. Le levier de vitesse est haut et surmonté d’un pommeau qui reprend effectivement du bois. Le bois du tableau de bord encadre une série de compteur plutôt complète. La Fiat 124 Spider était proposée comme une auto de sport, il fallait que l’instrumentation soit raccord !

On trouve au final bien peu de commandes, certaines sont reléguées sur le tunnel. C’est élégant et sobre. Presque trop en fait !

Sous le capot : 4 cylindres bien connus

On bascule le grand capot vers l’avant et on découvre un moteur bien connu par tous les afficionados des productions transalpines. À l’instar du Bialbero Alfa, le Lampredi (du nom de son créateur dont on dresse le portrait ici) est un double arbre, et lui aussi s’est retrouvé sous le capot de nombreuses autos, et pendant longtemps.

La Fiat 124 Spider l’a d’ailleurs inauguré avec cette version 1438 cm³. Aucune évolution entre les premières autos et cette BS. Les 8 soupapes sont bien là et la puissance de 90ch peut paraître juste… mais pas quand on la remet dans son contexte. Il faut aussi se dire que les dimensions sont contenues et que le poids aussi : 1039 kg. Suffisant pour revendiquer une pointe à 180 km/h et un 0 à 100 en 12,6 secondes.

Le moteur transmet sa puissance aux roues arrières via une boîte 5 vitesses. Et puis la Fiat 124 Spider est bien dotée au niveau des trains roulants, en particulier avec 4 freins à disques.

Une fiche technique simple… on va voir ce que ça donne au volant.

Au volant de la Fiat 124 Spider

L’installation se fait bien. Pas besoin de se tortiller comme dans certaines autos du même gabarit. Par contre le soleil a bien chauffé les sièges. On a de la place à bord. En réglant le siège je dois par contre faire un choix : soit avoir le volant près du buste et pouvoir bien écraser les pédales, soit plus loin et devoir me servir de la pointe de mes pieds. Et c’est toujours la première solution que je préfère. Cette fois c’est parti. Le moteur Lampredi démarre. Le moteur a été chauffé sinon, comme dans une Alfa, j’aurais pu utiliser l’accélérateur à main. La sonorité du ralenti est bien à l’image de l’auto : élégante mais surtout évocatrice.

Marche arrière et dès la manœuvre je suis frappé par un trait que je ne soupçonnais pas. Pour une auto de ce gabarit je m’attendais à un rayon de braquage de petit voilier, pas de super tanker (on est à côté des Sables d’Olonne, d’où la référence maritime). Heureusement les premiers kilomètres sur la route me montrent que ce n’est pas si grave. À allure de balade, au milieu de la circulation classique d’une matinée sur la cote, la Fiat 124 Spider est à son aise. Freinage et direction conviennent parfaitement, aucune surprise.

Le moteur ? Il sait se faire entendre quand j’appuie franchement sur la pédale de droite mais pour le moment cela ne dure pas. Mais avec la capote sagement repliée on en perçoit les vocalises, même à ce train réduit. Les bruits d’air son modérés et on peut discuter sereinement. Certes, la Fiat 124 Spider n’est pas non plus lancée à 110 sur une voie rapide, mais les portions entre deux villages n’obligent pas à s’égosiller.

Ah, j’ai juste oublié de vous parler de la boîte. Problématique ? Pas du tout. Mais j’avoue que, naturellement, je ne serais pas allé chercher le levier si haut. Comme si il avait peur qu’on l’oublie. La console est haute, et en fait le levier l’est aussi. Pour le coup il faut aller le chercher en latéral, pas laisser retomber le bras. C’est parfaitement déroutant au premier abord mais on s’y fait vite. Le verrouillage pourrait être un poil plus communicatif mais le guidage ne laisse aucun doute planer. La boîte en elle-même est bien pensée et on peut évoluer en 4e sans souci, même quand la route grimpe un peu et sans trop d’élan.

Le couple-moteur boîte est vraiment très agréable à des allures de balade. Mais cette petite bête doit bien avoir un ptit tempérament sportif non ? Voilà une route qui s’y prête.

C’est parti. La Fiat 124 Spider s’engage sur le terrain de jeu. J’ai pris le virage en troisième et je pourrais relancer sur le même rapport et atteindre des vitesses déjà rapides mais je préfère mettre la seconde. La sonorité du moteur m’y invite. Et puis, même si le dernier Lampredi que j’ai pu essayer était un gros 2 litres, j’ai envie de tâter le caractère de ce 1400. J’enfonce le pied droit franchement et la bête décolle. Alors attention, c’est plus de l’avion de ligne que du Rafale. La mise en vitesse est réelle et progressive mais n’a rien de brutale. Le moteur prend des tours et sa sonorité est toujours aussi sympathique.

La troisième rentre et le moteur repart. À ce rythme la direction, qui se montrait plutôt légère en ville l’est toujours. Mais on est loin de la caricature et une vraie résistance se fait sentir. L’état de la route n’est pas piégeur, certes les plus gros trous demandent une correction mais ils n’envoient pas l’auto valdinguer de l’autre côté de la chaussée. La Fiat 124 Spider se place là où on veut. Le confort est préservé, les sièges sont assez moelleux et assez enveloppants, les suspensions ne sont pas des bouts de bois.

Évidemment, la contrepartie vient de mouvement de caisse qui tendent à élargir un peu les trajectoires. Gare à l’optimisme, surtout quand les bas-côtés sont garnis de gravillons. Et sur route très bosselée l’arrière peut avoir tendance à danser plus que vous ne le voudriez. Mais en remettant un coup de gaz, tout rentre dans le droit chemin.

Je n’ai toujours pas passé la 4. Je le fais pour siffler la fin de partie. Appuyer encore sur la pédale de droite nous éloignerait un peu trop des limitations de vitesse. Pour autant, même en 4 on peut garder un comportement assez sportif au volant de la Fiat 124 Spider. Je m’emballe peut être un peu. Allez, pas sportif, mais dynamique. Je m’amuse, sans me faire peur, à part à l’approche des panneaux de radar. Bref notre italienne est aussi à l’aise que son conducteur.

Le retour à un train plus normal est en fait décevant. Moi qui avait trouvé la Fiat 124 Spider parfaite en ville et vitesse de balade, je la trouve beaucoup moins sympathique sur des grandes départementales. Quand on attend impatiemment le prochain virage qui se révèle être un énième giratoire sans saveur. Alors vite, on réfléchit et on reprend les chemins de traverses. Ceux qui vous permettent d’aller lécher vos trajectoires et de faire évoluer le Lampredi dans les tours.

L’essai touche à sa fin. Le timing était serré. Dommage, j’aurais bien refait un tour.

Conclusion :

Indéniablement la Fiat 124 Spider est une auto attachante. Son physique est irréprochable, de l’élégance, de la beauté, mais sans trop en faire non plus. Son confort est bon, vous pourrez faire de longs voyages à son volant. Mais il vous faudra bien choisir vos routes.

En ville ou sur une corniche en bord de mer, à 50 km/h elle sera très agréable. Sur de longs trajets « de liaison » elle pourra se montrer un peu quelconque. En tout c’est c’est l’impression une fois que vous l’aurez conduite en forçant un peu. Car si elle n’est pas la plus sportive, d’autres Fiat 124 Spider avaient d’ailleurs plus de cavalerie à disposition pour ce cas de figure, la petite turinoise est vraiment dynamique. Vous pourrez jouer à son volant sans vous faire peur. Et n’hésitez pas à jouer, car c’est vraiment là que vous pourrez trouver tout ce qui fait son intérêt.

Les plusLes moins
Une ligne superbeUn prix qui explose
De belles perfsLa position du levier de vitesse
Une auto joueuseMoins agréable sur les grands axes
CritèreNote
Budget à l’achat12 / 20
Entretien16 / 20
Fiabilité14 / 20
Qualité de fabrication14 / 20
Confort15 / 20
Polyvalence14 / 20
Image17 / 20
Plaisir de conduite16 / 20
Facilité de conduite15 / 20
Ergonomie12 / 20
Total14 / 20

Rouler en Fiat 124 Spider

Concernant le prix, les Fiat 124 Spider sont vraiment diverses. Avec de nombreuses séries plus ou moins désirables et réussies mécaniquement, des états de préservation qui varient énormément, il sera difficile d’établir la cote de ce modèle au sens large. Série par série, ce sera plus simple. Les AS et les BS sont recherchées. Du coup, il faudra sortir le porte-monnaie pour entre trouver en très bon état : au moins 20.000 €. Néanmoins les autos plus récentes, avec de plus gros moteur et souvent revenues des USA sont disponibles avec des prix en dessous des 10.000 €.

Pour l’achat, vous vous en doutez, ce qu’il faut particulièrement surveiller c’est la rouille. La carrosserie, la structure, toutes les pièces métalliques de la Fiat 124 Spider peuvent être touchées. Et pour le coup, on se retrouve vite avec de la dentelle. Cherchez donc un exemplaire sain, bien restauré pas encore trop attaqué. Pour le reste, le moteur est endurant s’il est bien entretenu, il n’est pas resté en service si longtemps par hasard. Les pièces mécaniques se trouvent assez bien par contre certaines pièces spécifiques, en particulier quand elles changeaient au gré des différentes séries, deviennent des casse-tête infernaux !

Un grand merci à Stéphane pour nous avoir laissé le volant de cette belle auto.

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Fiche Technique de la Fiat 124 Spider
MécaniquePerformances
Architecture4 cylindres en ligneVmax170 km/h
Cylindrée1438 cm³0 à 100 km/h12 s
Soupapes8400m da17,7s
Puissance Max90ch à 6500trs/min1000m da33,3s
Couple Max108 Nm à 3600trs/minPoids / Puissance10,5 kg/ch
Boîte de vitesse5 rapports manuelle



TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixte10 litres / 100km
Position MoteurLongitudinale AvantConso Sportive14,8 litres / 100km
FreinageDisques AV – AR
Dimensions Lxlxh397 x 161 x 122 cmCote 2021±20.000 €
Poids945 kg à vide

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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