Essai d’une Ferrari 512 BBi : Générosité Italienne

Publié le par Benjamin

Essai d’une Ferrari 512 BBi : Générosité Italienne

Aujourd’hui, c’est ma centième avec News d’Anciennes. Ouais le temps passe… Bref, je me suis dit que marquer le coup serait sympa. Si Janvier et Février 2022 furent des mois exceptionnels me concernant, Mars s’annonçait plus austère. Bilan des courses par ma 100ème auto je n’avais pas grand-chose de bien violent à me mettre sous la dent. C’était sans compter sur une proposition providentielle de la part d’Osenat avec non pas une, mais deux Ferrari dont cette magnifique Ferrari 512 BBi ! Comme vous le savez j’aime les productions de Maranello, les 12 cylindres, et particulièrement la Berlinetta Boxer, alors autant vous dire que je n’ai pas hésité une seule seconde. En Scenic direction Fontainebleau !

Rapide histoire des Ferrari 512 BB

L’histoire commence en 1971… mais pas avec la 512 ! C’est au salon de Turin qu’est dévoilée la 365 GT4 BB (mais elle n’est commercialisée qu’en 1973). Le BB signifie Berlinetta Boxer… bien que le moteur ne soit techniquement pas un Boxer, on en parle par ici. Surtout, c’est la réponse de Ferrari à Lambo : on sort enfin une sportive à moteur central à Maranello. Ce moteur est donc un 12 cylindres en V à 180°, comme sur les autos de grand prix, mais dont la cylindrée reprend celle de la Daytona, qu’elle remplace.

Problème : les normes anti-pollution bloquent son export vers les USA. On sort donc, en 1976, une grosse évolution : la Ferrari 512 BB. Celle-ci fait passer la cylindrée à 4942 cm³ et la puissance à 360 ch. Cinq ans et 969 exemplaires plus tard, elle est remplacée par la Ferrari 512 BBi qui se distingue donc par l’adoption de l’injection et la perte de 20ch. En trois ans, elle battra le score de production de sa devancière avec 1007 exemplaires produits.

Notre Ferrari 512 BBi du jour

Extérieur : Icone de gamin

Quand j’étais gamin, la Ferrari 512 BBi à l’échelle 1:43 de Bburago représentait une pièce de choix sur la grille de départ de mes courses tracées à même la moquette du salon. En même temps, une gueule pareille pour un mioche de sept-huit ans, c’était forcément synonyme de coolitude et de performances.

Au final la gagne se jouait souvent entre une certaine Testarossa, cette fameuse Ferrari 512 BBi, la Dodge Viper GTS ou encore la F50 hard top. Mais voilà les années sont passées, et comme beaucoup, j’ai rangé les miniatures, appris à ravaler mes rêves de gamins, et oublié l’espoir même de côtoyer un jour ces machines qui autrefois me faisaient vibrer. Bref, je ne l’aurai jamais cru mais voilà qu’un quart de siècle plus tard, je me retrouve sur le point de conduire une Ferrari 512 BBi de 1983 à l’échelle 1:1 !

Ferrari 512 BBi

Et maintenant que je suis adulte et que je l’ai sous les yeux, qu’est-ce que j’en pense de cette Féfé ? Bah en premier lieu, c’est l’effet wahouh! Dans la pénombre du showroom d’Osenat cette beauté noire fraichement restaurée envoie du lourd. Puis allez savoir pourquoi, viennent certains aspects qui me chagrinent. En effet, la belle me semble un peu haute sur pattes, les assemblages ont l’air abjects et les rétroviseurs en plastoc me filent la nausée. Sans parler du fait que je ne suis pas un grand adepte de la jupe arrière intégrant les antibrouillards. Puis j’ai pris un peu de temps et recul pour mieux exprimer mon ressenti.

Pour moi, la Ferrari 512 BBi c’est 4,4m sur lesquels s’expriment tous les traits que devaient arborer une sportive deux places de cette époque. Des courbes, des arêtes vives, des phares pop-up et des grilles en veux-tu en voilà !

Cela dit, cette sculpture sur roues signée Pininfarina a beau être archétypique de sa génération, elle cultive aussi un côté unique propre à l’officine au cheval cabré et à son géniteur Léonardo Fioravanti. Identité qui marquera les berlinettes Ferrari pendant des décennies. Tout ça pour dire que peu à peu, la diva me fait revivre un effet wahouh. Plus j’en fais le tour, plus je suis hypnotisé et plus cette idole de mon enfance me fait oublier ce que je lui reprochais un peu plus haut.

C’est fin, c’est lisse, c’est bas, c’est large, c’est sexy à souhait. Mais c’est aussi et surtout racé et élégant ! Bref c’est l’Italie comme je l’aime, celle ou des machos s’évertuaient à créer des autos aussi sensuelles que caractérielles ! À croire qu’ils voyaient en l’automobile une métaphore de leurs propres femmes. Dans cette robe noire soulignées des mythiques Cromodora simple écrous, la Ferrari 512 BBi est tout simplement sculpturale.

Que ce soit la face avant galbée et nerveuse avec ses feux sous vitrages oranges, le profil aussi pur qu’aérodynamique, les larges ailes arrières accueillant le 12 cylindres à plat, ou encore les quatre feux ronds soulignés par les magistrales tubulures d’échappement, la Ferrari 512 BBi est définitivement magnifique !

Intérieur : Classico

Allons jeter un œil dans l’habitacle de notre diva. Pour l’ouverture de la portière, ne cherchez pas, c’est le système discret logé le long du montant qui s’en charge. Mécanisme classique de la marque au final. Pour ce qui est de l’habitacle, la présentation de ce dernier se veut sportive, dépouillée et élégante dans cette configuration noire et abricot qui fleure bon le cuir neuf.

La planche de bord, suspendue, épurée au maximum, ne reprend que le strict nécessaire pour surveiller la santé de la belle ainsi que son permis. Histoire de parfaire le style, on retrouve deux sièges en cuir Connolly enveloppants et confortables, le célèbre levier de vitesse orné de sa grille en H, et un magnifique volant Nardi. Dans l’absolu c’est typiquement 70′ et à défaut de subjuguer, plutôt joli si on est amateur du genre.

Ferrari 512 BBi 9- Ferrari 512 BBi

En revanche, pour ce qui est de l’ergonomie, la Ferrari 512 BBi s’avère bien être d’une époque où on faisait ce qu’on pouvait. La position de conduite se veut franchement décalée à cause des immenses passages de roues. Dans les faits ça donne ça : la boite est bien placée, le volant un peu à droite, et le pédalier encore plus à droite. Voilà qui pourrait en perturber plus d’un, d’autant que les commandes ne sont pas forcément bien positionnées, sans parler des divers boutons flanqués sur l’énorme console centrale dont la fonction n’est pas franchement explicite.

Evidemment les informations importantes telles que la vitesse et le régime moteur ne sont pas lisibles car masquées par le volant. Encore évidement, cette situation s’arrange à partir de 5500trs/min et 220km/h. C’est une Ferrari quoi !

Cela-dit, dans les bons points je note que j’ai assez de place et que du haut de mon 1.75m, je n’éprouve pas de sentiment claustrophobe une fois les portes fermées. La position de conduite est certes exotique mais plutôt à ma convenance. Les sièges sont agréables, le volant n’est ni trop proche ni trop éloigné, et le levier tombe comme un costume italien.

Cela dit, attention aux petits gabarits… la gente féminine n’était clairement pas bienvenue derrière le volant… C’est aussi et surtout valable concernant les grands gabarits pour qui la Ferrari 512 BBi peut être particulièrement difficile à vivre. Quant à l’équipement, notre Ferrari se veut plus grand tourisme que radicale avec ses vitres électriques, son autoradio, et sur, certains exemplaires, la climatisation.

Par contre coté réalisation olalalala. C’est moche enfin non très…. Ferrari de ces année-là. Les assemblages feraient faire une syncope aux pigistes de L’automobile Magazine. En fait dans toutes les Ferrari que j’ai peu essayer, j’ai toujours eu le sentiment que l’habitacle n’était clairement pas une priorité et qu’il fallait faire avec ce qui trainait dans les remises.

Alors c’est beau parce que c’est neuf, mais les vis apparentes ci et là veulent me filer de l’urticaire, et on a vraiment l’impression que tout ce qu’on touche n’est que camelote prête à nous casser entre les mains. Cela-dit, au final, je m’en fout, car d’une, une fois démarrée je n’aurais pas le temps de m’attarder sur ces considérations, et de deux, il serait bon d’aller regarder l’œuvre d’art qui fait d’une Ferrari ce qu’elle est.

Mécanique : benvenuto a Maranello

De Angelis, retenez ce nom car c’est à lui que l’on doit ce chef d’œuvre mécanique directement inspiré de la formule un de l’époque. Entre les larges hanches de la belle on retrouve une architecture unique à Ferrari, à savoir le douze cylindre à plat. Cette superbe pièce en silumine cube ici 4942 cm³ pour une puissance de 340 chevaux à 6000 tours minutes.

La puissance peut faire sourire en 2022 mais la conception beaucoup moins. Ici pas de compromis, la mécanique s’exprime dans toute sa noblesse avec des cylindres super carrés (course 78 mm pour un alésage de 82mm), deux arbres à cames en tête, un carter sec et pour répondre aux normes de l’époque, une injection Bosch K-jetronic.

Pour ce qui est du caractère, il ne fait aucun doute qu’avec 451 nm obtenus à 4200 tours/min, et une rupture à 6600 tours/min, ce 12 à plat offrira souplesse, rage, et coffre à tous les régimes. Mais surtout des performances loin d’être ridicules pour une GTI de 2022…

Plus sérieusement en 1981 c’était trash pour une caisse de route. En effet, aidé par sa fidèle boite cinq, ce ténor promet un 0-100km/h en 6,0s, guère plus de 20s pour taper les 200km/h, et 280km/h pour les plus couillus d’entre nous. Personnellement je n’aurais pas l’occasion de m’envoyer dans la stratosphère mais il est clair que virilité et plaisir seront au menu de l’après-midi. D’autant que niveau châssis la Ferrari 512 BBi ne verse pas non plus dans l’humour.

Notre berlinetta boxer reprend une architecture composite inaugurée sur les Dino. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un châssis tubulaire mais dont la particularité est que les tubes carrés de la cellule centrale sont pris en sandwich par deux tôles soudées. À cette partie centrale viennent s’ajouter deux faux châssis supportant les trains roulants et la mécanique. En parlant de ça, ces derniers sont directement inspirés de la compétition avec un système à 4 roues indépendantes, doubles triangulation et dotés amortisseurs télescopiques et ressorts hélicoïdaux. Sur cet ensemble vient se fixer la carrosserie qui n’est autre qu’un patchwork de matériaux dont le but était d’alléger la belle.

Si la coque est en acier, les boucliers sont en polyester, et les ouvrants en alu revêtus de polyester. Sur le plan technique c’est beau, dans la réalité la berlinette est bien loin d’une ballerine du haut de ses presque 1700kgs (en ordre de marche). D’ailleurs avec une direction à crémaillère non assistée je sens que je vais passer de grands moments de solitude au moment de manœuvrer. Pour finir et histoire d’arrêter sa masse soumise aux ardeurs du douze à plat, notre italienne voit son freinage confié à quatre disques ventilés de 288 et 297mm. Pour l’époque ces dimensions étaient plus que généreuses tout comme les 240 mm de large des pneus TRX.

Au volant : un très grand moment de conduite pure

Prise en main : pleine de paradoxes

Cette fois on y est, le moment est venu de m’installer dans le superbe siège abricot et de démarrer la belle. Comme évoqué plus haut, je n’ai pas de difficultés à appréhender la position de conduite un peu décalée. Puis j’avoue qu’au moment de mettre le contact, l’heure n’est plus aux critiques ergonomiques. En fait à cet instant précis j’ai oublié tous mes griefs envers la Ferrari 512 BBi.

Le temps d’enfiler les gants en cuir, de prendre une grande inspiration et c’est parti, mise à feu ! Wahouh ça c’est caractériel ! En moins d’une seconde l’habitacle est enveloppé par vrombissement gras et caverneux du douze à plat. Ce tonnerre mécanique est intimidant mais c’est surtout un pur instant de plaisir.

Première mission, sortir la Ferrari 512 BBi de sa place, l’engagement de la marche arrière annonce la couleur de la boite ! À l’instar de la 308 GTB ça fleure bon le rouge de la passion, mais d’une manière encore plus abrupte et sauvage. Bref pour la suite on s’en doute, manœuvrer notre diva n’est pas forcément simple tant la direction requière de la force, et tant la visibilité est délicate.

Par contre, une fois sur la route, notre belle révèle tout son paradoxe. D’un côté la boite figure parmi les plus viriles que j’ai eu en main, la direction est ultra lourde, et le moteur dégage une certaine sauvagerie. De l’autre, bah la Ferrari 512 BBi n’est pas si difficile à conduire. N’importe qui ayant un minimum de poigne peut la rouler.

En fait la berlinette met même en confiance, tellement sa découverte est intuitive. À l’allure d’un Français lambda, la Ferrari 512 BBi confirme une belle facilité de prise en main. À bord je me sens vraiment maitre de la diva tant la relation entre la mécanique, le conducteur, et la chaussée semble pure et logique. C’est rassurant, indéniablement plaisant, mais cela ne veut pas dire que madame est dépourvue de défauts.

La ville, ce n’est clairement pas son délire. Certes le douze à plat est souple et l’amortissement bien vu, mais, la boite, comme la direction, sont beaucoup trop dures, sans parler de la visibilité. En agglomération la Ferrari 512 BBi est vraiment lourde et devient vite fatigante. Et ce sera le même refrain concernant les petites gorges du sud de la France ou toute autre route étroite et sinueuse.

En revanche sur les grands axes, la belle montre une certaine polyvalence. Bien installé dans le semi baquet, je me sens largement capable de tenter de longues excursions. Le confort n’est pas parfait, mais suffisant pour enquiller des kilomètres façon grand tourisme. En définitive, il n’y a plus qu’à se laisser aller aux saveurs de cette mécanique de caractère.

La berlinetta boxer est exquise en terme d’agrément et de sonorité. Quant à son comportement, il est au-dessus de tous soupçons, et cette boite ! Sans aucun doute, c’est l’épice qui vient parfaire un plat déjà bien né. Après quelques minutes au volant, on se sent ailleurs, la Ferrari 512 BBi fait partie de ces autos capables de nous mettre en confiance malgré son pedigree, de nous déconnecter du monde extérieur, avant de nous induire des envies plus sulfureuses.

Ferrari 512 BBi 27- Ferrari 512 BBi

A rythme soutenu : Au firmament !

Il est bien là le piège. Une fois en confiance je me retrouve avec ce râle mécanique derrière moi, cette boite qui fait clic clac, et le Cavalino Rampante en plein dans le champ de vision. Forcement je suis un gros faible, forcement je n’ai pas sorti les gants pour rien, et forcément je déconnecte mon cerveau.

J’imagine que ça tombe bien car vous n’avez pas cliqué sur cet article pour lire les déboires d’un conducteur lambda à 70 sur nationale. Bref, à cet instant précis où j’exécute un double débrayage troisième seconde, je comprends que la Ferrari 512 BBi va passer de la berlinette rustre mais typée grand tourisme, a quelque chose d’aussi stupide que passionnant.

C’est parti pied dedans. En fait les dernières fois que j’ai ressenti autant de bestialité derrière un volant c’était lors des essais de la Corvette 427 et de la Dodge Viper. Alors je le dis de suite la Ferrari 512 BBi pousse moins fort que ces deux « lobotomiseurs » sur roues mais elle son art de le faire.

2000-3000-4000 tours/min, le douze à plat empoigne salement dans une sonorité bien rauque. La vibration de cette organe majeur prend aux tripes et coupe instantanément toute forme de raison. Passé les 5000 tours minutes la sonorité change vers quelque chose de plus métallique, rageur, et d’encore plus poignant. Ça y est, à mesure que les aiguilles s’emballent, suis totalement grisé et possédé par ce fichu moulin.

À bord la poussée se veut linéaire, il n’y a pas de réel coup de savate dans les tours, mais la Ferrari 512 BBi m’aspire de plus en plus fort sans jamais s’essouffler. Ça c’est la note Ferrari et bon dieu que c’est saisissant ! D’un côté le « boxer » délivre sa puissance avec finesse, de l’autre il prend aux tripes avec une bestialité en total paradoxe avec sa linéarité !

Ferrari 512 BBi 1- Ferrari 512 BBi

6000-7000trs/min, quelle allonge, et quelle mélopée ! Le temps de passer la trois et… purée la boite est à pleurer de bonheur ! Non en fait c’est la meilleure que je n’ai jamais manipulée. La grille en H est aussi virile qu’exigeante. Au moindre plantage le rapport suivant ne rentre pas ! En revanche, c’est rapide et puis le guidage et les verrouillages sont déments ! Bref difficile de se tromper et de ne pas tomber amoureux dans ces conditions.

Troisième, quatrième, ça ne s’arrête jamais, la BBi en redemande une louche à chaque rapport ! Ah si un enchainement de courbes ! Double débrayage troisième, ça claque dans l’échappement, ça hurle, c’est bouillant. Le compteur est masqué par le volant, je sais pas à combien je suis, pas grave je jette la belle dans la corde. Je remets les gaz comme un âne avant de claquer la quatre, et d’enquiller la corde suivante. J’ai rien compris, j’ai pas pris le temps d’analyser, les 7000 tours du « dodici piatte » raisonnent dans ma tête, en revanche ce qui est sûr c’est que la larme n’est pas loin.

Ce qui est encore plus sûr, c’est que je veux continuer encore, et encore, et toujours plus vite. À cette allure la conduite est cérébrale, on veut y aller, la BB y va point barre ! La direction est nerveuse, le train avant répond, l’arrière enroule et le douze à plat se charge de m’envoyer dans le firmament du plaisir automobile.

Entre deux lignes droites les enchainements se resserrent et en même temps, le jeu de la conduite se complexifie. 4eme, 3eme, 2eme, 5000 tours/min, l’italienne est logique mais elle n’est pas facile pour autant. En virage, les transferts de masses sont très marqués, la belle demande un maximum de concentration et de dosage. Une pure berlinette ! À bord, c’est physique et tout en reflexes !

Ici la difficulté se résume à maintenir l’équilibre entre l’avant sous vireur et l’arrière survireur. À tout moment l’un des deux trains veut se dérober, mais quand j’y arrive alors je suis gratifié d’un comportement dynamique redoutable. Lorsque l’avant, tassé par le freinage, est inscrit, il ne reste plus qu’à passer la corde puis réaccélerer juste ce qu’il faut pour enrouler, et, dans ce cas, la BB passe franchement fort en courbe. Il ne reste alors plus qu’à avaler la ligne droite suivante au tempo des douze gamelles.

Rouler vite, la Ferrari 512 BBi aime ça, elle ne le cache pas à son conducteur, au contraire elle l’y incite ! En revanche, la vitesse nécessite autant de poigne que d’endurance, ce qui rend l’expérience d’autant plus intense. De même il ne fait aucun doute que pour être menée à la limite la diva nécessite des compétences expertes. Notre berlinette n’est pas une fille facile, elle demeure une auto puissante, lourde et d’un certain âge. Ce qui signifie que je suis seul maitre à bord.

Pas d’ABS, pas d’ESP pas d’antipatinage. À haute vitesse, l’avant se déleste nettement, et le freinage n’est clairement pas à la hauteur. Sang-froid, anticipation et précision sont de mise derrière le volant. Car même si la Ferrari 512 BBi n’est pas vicieuse à rythme modéré, elle peut rouler fort si on le veut, et les décrochages peuvent être brusques et irréversibles si l’on manque de tact.

Personnellement je n’ai pas envie de m’approcher de la limite. Je reste un conducteur normal, sur route ouverte. Et dans ce contexte, la Ferrari 512 BBi est plus que généreuse en plaisir. Qu’importe la vitesse et l’expertise, l’Italienne promet le firmament.

Alors je me contente de mes compétences, d’apprécier les vocalises de cette grande orge associée à cette boite magistrale et ce comportement aussi sincère qu’exigeant. Ces derniers kilomètres sous le soleil seine et marnais à jouer du pédalier, du volant, et du levier sont un pur moment de paradis mécanique, et je n’ai clairement pas le courage de rendre les clés ! Mais voilà le moment est venu de partager avec mes collègues. Finalement, ça me fait plaisir car ça leur laisse la chance de vivre cette expérience hors normes.

Conclusion :

Qu’est-ce que j’en ai pensé de cette 512 BBi ? C’est une Ferrari, une vraie telle que l’imaginaire collectif la conçoit. Une auto, magnifique, bouillante, caractérielle, bestiale, mais emplie de paradoxes et de subtilité. Facile à conduire mais à ne pas mettre entre toutes les mains, polyvalente mais vite physique, mécaniquement sublime mais mal foutue, elle est surtout bourrée de générosité. À son volant c’est du plaisir brut et sincère qu’on soit à 30 à l’heure ou à 280 ! Une véritable pièce d’orfèvrerie et un pousse au crime magistral à conduire au moins une fois si l’occasion se présente.

Un immense merci à l’équipe d’Osenat pour cette journée d’anthologie.

Les plusLes moins
SculpturaleFinitions
Boite fabuleuseFreinage
Moteur d’exceptionEpuisante suivant les conditions
Caractérielle à souhait
Virile
Facile à prendre en main
Exigeante à vive allure
Sonorité dantesque
Du plaisir de 0 à 280km/h
CritèreNote
Budget Achat0/20
Entretien6/20
Fiabilité13/20
Qualité de fabrication8/20
Confort12/20
Polyvalence14/20
Image20/20
Plaisir de conduite19/20
Facilité de conduite15/20
Ergonomie11/20
Total11,8/20

Conduire une Ferrari 512 BBi

1007 exemplaires, pour une Ferrari, c’est pas mal. Ce n’est pas une auto très courante mais on en trouve, particulièrement aux enchères.

Dans sa prochaine vente, Osenat en proposera deux. Celle-ci et une blanche de la même année. L’état est excellent dans les deux cas et l’estimation est la même : entre 250 et 280.000 €. La cote de ces autos est très variable, il n’est pas facile de trouver des données fiables surtout que ces autos ne partent pas forcément aux prix affichés. Pour autant, l’estimation de la maison bellifontaine est dans la norme pour des autos parfaitement fonctionnelles et en très bon état. Si vous voulez plus d’infos sur ces autos, c’est par ici.

Avant l’achat il faudra bien vérifier l’entretien, qui doit être régulier et l’épaisseur du dossier de factures sera un bon allié. Les vidanges doivent être très régulières (5000 pour le moteur, 15.000 pour la boîte), les courroies de distri sont à changées tous les 40.000 km ou 3 ans (et c’est plutôt le deuxième terme qui est atteint en collection). Embrayage, tringlerie, refroidissement seront aussi à surveiller. Enfin, prenez les devants pour les TRX, même si ça s’améliore, leur dispo peut poser problème.

Un énorme merci à toute l’équipe d’Osenat pour un après-midi exceptionnel avec cette Ferrari 512 BBi et la 330 GT 2+2 qu’on vous présentait la semaine dernière, c’est à relire ici.

Fiche techniqueFerrari 512 BBi
Années1981-1984, 1007 exemplaires
Mécanique
Architecture12 cylindres en V à 180°
Cylindrée4943 cm³
AlimentationInjection
Soupapes24
Puissance Max340 ch à 6000 trs/min
Couple Max451 Nm à 4200 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Poisition MoteurLongitudinale arrière
FreinageDisques Ventilés AV et AR
VoiesAV 1508 mm / AR 1572 mm
Empattement2500 mm
Dimensions L x l x h4400 x 1830 x 1120 mm
Poids (relevé)1678 kg
Performances
Vmax Mesurée280 km/h
0 à 100 km/h6,0s
400m d.a13,9s
1000m d.a25,3s
Poids/Puissance4,94 kg/ch
Conso MixteNC
Conso Sportive± 28 litres / 100 km
Prix± 260.000 €

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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