Silverstone Classic 2022 : « If it ain’t broke, don’t fix it! »

Publié le par Pierre

Silverstone Classic 2022 : « If it ain’t broke, don’t fix it! »

Pardonnez-moi ce titre en anglais. Cependant, c’est probablement ce qui résume le mieux mes sentiments vis à vis de Silverstone Classic 2022 : si ce n’est pas cassé, n’essaie pas de le réparer. Cette nouvelle édition a apporté son lot de changements par rapport aux années précédentes, avec un résultat pour le moins mitigé.

Entendons-nous bien, le spectacle proposé est toujours à la hauteur de l’événement, mais ce sont tous les à-côtés qui m’amènent à me demander si les organisateurs n’ont pas perdu de vue le composant principal de ce genre de manifestation : le public. Tout semble avoir été fait de sorte à plomber l’affluence, tant cette année que pour les années à venir.

Coup de gueule : les événements mondiaux à tout prix

Ce petit coup de sang est sans lien avec l’organisation de Silverstone Classic 2022, mais avec les promoteurs du circuit qui commencent à pousser le bouchon un peu loin, au nom du sacrosaint « Grade 1 » dans la langue de Shakespeare.

Cela va peut-être vous sembler trivial, mais pour que nous puissions vous fournir des photos, il faut des endroits depuis lesquels les prendre. Maintenant que j’ai énoncé cette lapalissade, venons en au noeud du problème. Un des endroits favoris des photographes (et des commissaires de piste, aussi) est l’enchainement Village Corner-The Loop-Aintree qui offre deux belles épingles permettant de prendre les voitures sous tous les angles, sans bouger ou presque. Malheureusement, depuis cette année la moitié du Village Corner est grillagée, ainsi que l’intégralité de The Loop. Adieu belles photos, pour une sursécurisation dans un secteur lent, que même les commissaires (pourtant les plus à même de juger du bien-fondé, ou non, de cette décision) ne comprennent pas !

Ajoutez à cela le décalage de fin juillet à fin août, pour faire plaisir au MotoGP. L’argument avancé ? Il pleut trop souvent lors du dernier week-end d’août, donc fin juillet est préférable. Doit-on leur rappeler les hallebardes qui nous ont trempé jusqu’aux os pendant 3 jours l’an dernier (ou encore en 2017 et en 2019) ? Ironie du sort, les températures de ce week-end ont été plus stables (surtout la piste, un poil plus fraiche) qu’il y a un mois. Un pied de nez que je savoure avec délectation, malheureusement, le calendrier se chevauche avec les 10000 Tours du Castellet, et on remarque que les plateaux sont un peu moins remplis, même s’ils sont loin d’être faméliques.

Retrouver ses petits à Silverstone Classic 2022, un joli challenge

Quand on fréquente tous les ans le même événement, on s’habitue inconsciemment à sa topographie. C’est même bien souvent en pilotage automatique que je navigue d’une zone à l’autre du circuit anglais. Hélas pour moi, tout a été chamboulé cette année.

Autant la réorganisation des espaces clubs n’a pas demandé un grand temps d’adaptation (même si cela m’a valu quelques instants de désorientation) et n’a, au final que peu d’impact, autant le déplacement de l’espace concert/restauration me semble une très mauvaise idée. Je suspecte une amélioration des conditions de sécurité en cas de mouvement de foule (avec notamment la possibilité de pouvoir évacuer le public vers la piste). Cependant, le nouvel emplacement masque (même s’il n’en bloque pas l’accès, mais il faut être très curieux pour le découvrir) un des endroits les plus sympas pour profiter du spectacle en piste, dommage.

Toujours du grand spectacle

Je grogne, je grogne, mais tout n’est pas à jeter dans ce Silverstone Classic 2022, bien loin de là ! En piste, au moins, on retrouve nos petites habitudes, et c’est toujours aussi plaisant. D’avant-guerre au début des années 2000, on ratisse large (certains de mes copains chez News d’Anciennes trouvent d’ailleurs que c’est un peu trop) et on offre du spectacle à même de contenter tout le monde.

Comme d’habitude, les plateaux s’enchainent à un rythme effréné, et j’ai à peine le temps de bouger d’un point à un autre entre chaque course. Mais bon an, mal an, en fonction des plateaux disponibles sur deux jours ou non, il m’a été possible de vous fournir un peu de variété, à la hauteur de celle des voitures proposées, je l’espère.

Des F1, des débuts à aujourd’hui

Silverstone est le premier circuit à avoir accueilli une course comptant pour le championnat du monde de Formule 1, et Silverstone Classic 2022, à l’instar des éditions précédentes, se fait un point d’honneur de commémorer toute l’histoire dont les lieux ont été témoins. Du côté des F1 d’avant 1966, ce sont les Cooper qui trustent le podium lors des deux courses, damant le pion aux Lotus et Brabham, avec un plateau de plus de 30 voitures.

Le plateau couvrant la période 1966-1985 était dédié à Frank Williams, qui nous a quitté en novembre dernier. Il fallait aimer la sonorité du V8 Ford, car l’intégralité des 21 voitures engagées (dont 4 Williams, en faisant le constructeur le plus représenté) étaient mues par soit le Cosworth DFV, soit le Cosworth DFY. Les deux courses ont été remportées par la Williams FW07C de Mike Cantillon, comme un digne dernier hommage au directeur d’écurie.

Enfin, une petite dizaine de F1 des années 90 offraient une courte démonstration à haute vitesse lors de Silverstone Classic 2022. Même si le but n’était pas de gagner, il était toujours possible d’être assourdi par les monstrueux V8 3,5 litres ou V10 3 litres. Un retour dans mon enfance que j’ai plus que savouré.

Les gloires de l’endurance

Silverstone, c’est aussi plus d’un demi-siècle de courses d’endurance, sous divers formats (1000 km, 4 Heures, 6 Heures ou encore 24 Heures). Là aussi, les plateaux de Silverstone Classic 2022 ont balayé une grande partie de l’histoire de ces courses au long cours.

À Silverstone Classic 2022 aussi, on retrouvait un plateau dédié aux GT d’avant 1966. Cette fois-ci ce sont les anglaises survitaminées avec des moteurs américains qui trustent les premières places, entre Cobra et TVR. Évidemment, comme de l’autre côté du « channel », les Jaguar Type E et autres Lotus Elan étaient de la partie.

Du côté des voitures qui commencent à vraiment nous inspirer les monstres d’endurance de la fin des années 60 au début des années 70, le plateau de 36 voitures a été dominé par les Chevron et Lola.

On a également eu de droit à une toute petite mise en bouche avec des démonstrations d’une dizaine de minutes d’un plateau de Porsche 962, et Spice (et quelques invités surprises) afin de célébrer les 40 ans du Groupe C. Ici, clairement, le changement de date a eu un énorme impact, avec certaines des voitures habituellement visibles en Angleterre engagées ailleurs (oui, au Castellet).

Comme au Mans Classic, on a également eu droit à une course de voitures « modernes » à Silverstone Classic 2022. Il s’agit des machines ayant parcouru les championnats d’endurance entre 1995 et 2015. Même si je ne nierai pas un attrait moindre, permettez moi un petit peu de chauvinisme : ce sont des voitures françaises qui trustent les deux premières places ! (Une Peugeot 908 devant une Pescarolo LMP1).

Le tourisme, la spécialité anglaise

Parler de sport automobile Outre-Manche, c’est quasi obligatoirement penser à son championnat de voitures de tourisme. Silverstone Classic 2022 ne déroge pas à la règle en offrant deux grands plateaux couvrant les voitures d’avant 1966 d’un côté et les voitures ayant couru avant le grand boom de la fin des années 90, de l’autre.

Pour les voitures des sixties, c’est sans grande surprise les Ford Mustang qui ont dominé les débats lors de Silverstone Classic 2022, avec leurs gros V8, laissant derrière elles les Galaxie et Cortina.

Du côté des voitures les plus récentes, c’est sans surprise que les Nissan Skyline sont venues se placer devant les Ford Sierra RS500, qui se sont télescopées au premier virage, laissant le champ libre à « Godzilla ».

La vente aux enchères, un autre incontournable

Tous les ans, Silverstone Auctions rassemble un intéressant panel de véhicules et d’automobilia qu’ils offrent aux enchères durant le week-end. Cette année, il est impossible que vous n’en ayez pas entendu parler, puisque c’est là-bas qu’ils ont vendu la Ford Escort RS Turbo ayant appartenu à Lady Di.

Vous êtes sans aucun doute déjà au courant de la somme à laquelle la voiture est partie : 650.000 livres hors frais, ce qui nous donne, une fois ces derniers inclus, une ardoise avoisinant les 850.000 euros ! Un riche sujet de Sa Majesté a bataillé ferme pour garder la voiture sur le sol britannique, face à un milliardaire du Moyen-Orient.

Même si c’en est le lot le plus emblématique, Silverstone Classic 2022 a été un succès pour la maison d’enchères, avec plus 70% des lots vendus, le tout pour plus de 7 millions de livres, soit 8,2 millions d’euros.

Parmi les modèles qui ont attiré mon attention, on pouvait retrouver, pêle-mêle : une Clio Williams entièrement restaurée, partie pour plus de 30000 livres, une Porsche 930 Turbo LE partie pour presque 240000, une Lotus Carlton (notre Opel Omega-Lotus) restée invendue, tout comme la Maserati Tipo 151 et la SM 3.0 conduite à droite.

Hors de la piste, il y a toujours de quoi apprécier Silverstone Classic 2022

Vous avez pu voir la vente aux enchères, mais Silverstone Classic, c’est aussi l’accès libre aux paddocks, pour admirer le travail des mécaniciens. Ce sont quelques voitures de prestige exposées au public, avec notamment la nouvelle De Tomaso P72 ou encore la McMurtry Spéirling que nous avons vu pulvériser les records du Festival of Speed.

Et surtout, pour les couche-tard, Silverstone Classic, c’est aussi des concerts offert aux public. Préparez vos tenues fluo, on retourne tout droit dans les années 80. Vendredi soir, c’était Björn Again un groupe parodiant ABBA, le samedi, Sister Sledge (que l’on connait surtout pour We Are Family) et le dimanche se concluait avec Rick Astley, célèbre pour Never gonna give you up.

Reviendra-t-on en 2023 ?

Même si Silverstone Classic 2022 n’a clairement pas connu la même affluence que l’année dernière, la faute à ce changement de date qui réduit drastiquement l’affluence des visiteurs étrangers et également celle des britanniques, je serai bien évidemment présent pour l’édition 2023.

De plus, je n’aurai très probablement pas à gérer avec une présence le vendredi annulée à la dernière minute, et une condition physique encore pas très au point suite à ce charmant petit virus qui est venu me casser les pieds il y a quelques semaines, ce qui m’a peut-être rendu un peu plus grincheux que d’habitude.

Bref, espérons que le décalage à la fin août sera plus facilement géré au niveau des participants et que l’impact sur la fréquentation sera moins violent l’an prochain, car les dates viennes d’être confirmées, Silverstone Classic revient en 2023 du 25 au 27 août !

Crédits Photo : News d’Anciennes, Jakob Ebrey pour Silverstone Classic

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

  1. LUCAS Jean-Jacques

    Silverstone, l’arène d’Angleterre

    Répondre · · 1 septembre 2022 à 11 h 04 min

    1. Pierre

      Je valide ce calembour !

      Répondre · · 1 septembre 2022 à 19 h 27 min

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