Mazda 787B, la plus originale du Mans Classic 2022 ?

Publié le par Benjamin

Mazda 787B, la plus originale du Mans Classic 2022 ?

Elle a longtemps été la seule nippone à avoir remporté les 24 Heures du Mans. Ceux qui l’ont entendu rouler en gardent un souvenir ému. On profite d’être au Mans Classic 2022 et de l’avoir sous les yeux pour nous pencher sur l’histoire de la Mazda 787B et son destin pour le moins imprévu.

Quelques années d’évolution

Mazda décide de s’engager en compétition avec ce qui rend ses modèles sportifs de série uniques, son moteur à piston rotatif (dont on vous a raconté l’histoire ici). Simple motoriste sur une Chevron puis une Sigma, elle engage ensuite des RX-7 avec un certain succès en groupe 5.

La firme d’Hiroshima décide de continuer et d’aller plus loin et de s’attaquer à la nouvelle réglementation Groupe C. Toutefois, pas question de viser le devant de la scène, La voiture roulera en catégorie C2, qui demande des ressources financières moins importantes. Tout commence en 1983 avec la 717C qui, sans accomplir d’exploit, fait preuve d’une grande fiabilité, étant la seule de sa catégorie à boucler les 24 Heures du Mans.

L’année suivante, c’est au tour de la 727C d’être engagée. C’est une évolution directe de la 717C, mais sa compétitivité laisse à désirer. Les deux voitures engagées au 24 Heures du Mans finissent quatrième et sixième dans leur catégorie, ce qui semble honorable, à ceci près qu’elles finissent derrière deux Lola T16 équipées du même moteur. Elle seront inscrites dans d’autre épreuves du championnat du monde 1984, menant Mazda à la dixième place du classement.

Pour l’année 1985, on passe à la 737C, qui est une nouvelle évolution des modèles précédents. Les performances restent hélas stables : troisième et sixième en C2 au Mans, huitième au championnat.

Mazda passe la seconde

En 1986, la copie est revue en profondeur. Fini le châssis dessiné par Mooncraft, tout est produit en interne par Mazdaspeed, y compris le nouveau moteur trirotor qui vient remplacer le 13B bien connu des amateurs de cette mécanique.

Moteur Mazda Trirotor- Mazda 787B

La voiture est conçue suivant le règlement IMSA-GTP, qui était accepté au Mans, afin de maintenir un nombre d’engagés suffisant. C’est aussi la première fois que l’équipe connait l’abandon en terres mancelles, les deux voitures en course connaitront des avaries de boite de vitesses. En 1987, deux voitures seront à nouveau engagées. Une finit septième au général et l’autre abandonne sur problèmes moteur.

Pour 1988, la voiture évolue encore et devient la 767. Le moteur gagne un rotor supplémentaire pour arriver à 4, et prend le nom de 13J. Les deux engagées au Mans finissent dix-septième et dix-neuvième au général, derrière la 757, quinzième. La voiture donne à Mazda la quatrième place au championnat japonais de sport-prototypes.

En 1989, la 767 évolue en 767B et démarre la saison avec les 24 Heures de Daytona où elle signe une encourageante cinquième place au général. Au Mans, la voiture progresse. Les deux engagées finissent septième et neuvième au général, devant la 767, douzième. Cependant, ce n’est pas vraiment suffisant pour briller en championnat, Mazda finissant cinquième au Japon.

Pour 1990, le moteur est revu en profondeur devenant le R26B, ainsi qu’une partie de l’aéro. La voiture chqnge de patronyme pour 787. La voiture est plus rapide, mais toujours pas au niveau des marques de tête dans la catégorie.

Cependant, Mazda reste confiant car la 787 semble plus économe que ses concurrentes. Au Mans, après avoir pris la tête de leur catégorie, les deux voitures engagées doivent abandonner suite à des incidents techniques. Seule la 767B survivra, finissant vingtième au général. La 787 progresse un peu en fin de saison et offre la quatrième place au championnat japonais à Mazda.

Mazda 787- Mazda 787B

Dernière opportunité

Même si le moteur Wankel est appelé à disparaître à l’horizon 1992, pour laisser place aux moteurs de 3.5 de cylindrée, Mazda continue de développer son prototype. La 787 est assez profondément revue et devient 787B pour la saison 1991.

Oreca, en charge du développement, et Jacky Ickx, consultant sur le projet, réussissent à convaincre la FISA de modifier le poids de la voiture, afin de se conformer aux normes de consommation, pour lesquelles le moteur Wankel est désavantagé. Du coup, la voiture tombe de 1000 à 830 kg pour cette nouvelle saison.

Sans être une révolution, la voiture gagne un peu en compétitivité. Lors de sa première sortie à Suzuka, la 787B se qualifie quelques dixièmes seulement devant la 787, mais le gain de fiabilité permet à la voiture de finir sixième au général, quatrième en C2. Les résultats suivants seront similaires : la Mazda 787B snobe Monza pour les 1000 km de Fuji et termine sixième, elle finit onzième à Silverstone. Sans être un désastre ambulant, la voiture n’est pas en mesure de viser la gagne.

Le Mans 1991, la consécration de la Mazda 787B

Pour la classique mancelle, Mazda amène deux Mazda 787B et une 787. Les Mazda 787B signent les douxième (n°55) et dix-setième temps (n°18), là où la 787 ne signe que le vingt-quatrième temps. Du fait de la réglementation étrange de l’époque, elles s’élanceront en dix-neuvième, vingt-troisième et trentième position, respectivement, les C1 prenant les premières position, même lorsqu’elles signent un temps plus lent.

Cependant, les japonais ne sont pas défaitistes. Ils ont tout misé sur la fiabilité, l’édition 90 les ayant échaudés. D’autre part, ils se sont focalisés sur la consommation de la voiture, afin de ne pas dépasser les quantités de carburant allouées pour la course. Résultat des courses, des 900 chevaux que peut développer le moteur, il se voit bridé à environ 650, via une bride de régime. De ce fait, se sachant pénalisés en vitesse de pointe, les ingénieurs travailleront sur une vitesse de passage en virage plus élevée que la concurrence.

La simulation estime qu’il est possible de gagner si la voiture couvre 367 tours durant les 24 heures. Il faut donc tenir un rythme assez soutenu pour pouvoir profiter de la plus grande sobriété de la Mazda 787B par rapport à certaines de ses concurrentes, les Porsche 962 et Jaguar XJR-12, notamment.

Mazda 787B 1991- Mazda 787B

Assez ironiquement, les voitures de catégories C1 (les futures sport 3,5 litres qui courront à paritr de 92) tombent comme des mouches, laissant le champ libre aux « vieilles » C2 (une seule C1 finira classée). À 22 heures, trois Mercedes se sont solidement installées en tête et la première 787B les suit, mais ne semble pas pouvoir les rattraper.

Le Mans étant le Mans, tout ne se passe pas comme prévu du côté des allemands et deux des C11 du trio de tête vont rencontrer des problèmes techniques, permettant à la 787B n°55 de se hisser à la deuxième place. À trois heures de l’arrivée, la C11 de tête (la n°1 de Schlesser/Mass/Ferté) semble indéboulonnable et pourtant… Moins de deux heures avant l’arrivée, la voiture doit abandonner, suite à un problème de surchauffe, laissant un boulevard à la Mazda 787B, restée patiemment derrière. Johnny Herbert, coéquipier de l’Allemand Weidler et du Français Gachot, galvanisé par la situation, finit la course en ayant enchainé trois relais d’affilée.

L’histoire des 24 Heures du Mans venait de changer à jamais. Pour la première fois une équipe japonaise remportait la course (et il faudra attendre 27 ans pour que Toyota y arrive à nouveau). Pour la première (et sans doute unique) fois un moteur à piston rotatif gagnait au classement général des 24 Heures du Mans.

Equipage gagnant- Mazda 787B

Après le Mans

La voiture victorieuse est retirée de la compétition et intègre la collection du musée Mazda. La deuxième Mazda 787B repart pour courir au Japon. Elle récupérera une troisième place aux 1000 km de Fuji (qui compte pour le championnat japonais). La campagne 1991 se termine à la quatrième place des constructeurs au Japon et à la cinquième au mondial.

C’en est alors fini pour la Mazda 787B et l’épopée des moteurs Wankel en endurance. Cependant, rappelons une dernière fois que ce n’est pas parce que la 787B a gagné que le moteur a été banni, mais tout simplement parce que Bernie Ecclestone avait suffisamment réussi à vendre les Sport 3.5 litres, qui seront à deux doigts de tuer le championnat du monde d’endurance.

On se quitte avec quelques photos de l’auto lors de cette édition du Mans Classic 2022 :

Photos supplémentaires : Mazda

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. gougnard

    belle aventure pour cette mazda jolies photos

    Répondre · · 2 juillet 2022 à 14 h 49 min

  2. Antoine Lannoo

    Une symphonie magnifique dont on a pu profiter encore ce weekend au Mans Classic

    Répondre · · 2 juillet 2022 à 15 h 26 min

  3. Jean-Louis DOCHEZ

    MAZDA avec la RX-7 a gagné une autre epreuve d’endurance et cela la meme année 1981 aux 24 Geures de Spa.

    Répondre · · 7 juillet 2022 à 20 h 45 min

    1. Pierre

      Tout à fait exact, c’est corrigé, je me suis un peu laissé emporter au moment de la conclusion, toutes mes excuses

      Répondre · · 9 juillet 2022 à 21 h 06 min

  4. Edith

    Bonjour, connaitriez-vous un circuit où il est possible de conduire une mazda 787 B svp ? C’est pour offrir à un passionné. Merci de vos réponses.

    Répondre · · 3 mars 2023 à 19 h 31 min

    1. Pierre

      Dans l’absolu, n’importe quel circuit peut l’accueillir. Je vous laisse contacter Mazda pour le reste.

      Répondre · · 3 mars 2023 à 20 h 15 min

      1. Antoine Lannoo

        Nous avons tous hâte de connaître la réponse de Mazda

        Répondre · · 3 mars 2023 à 20 h 21 min

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