Le Tour Auto 2022 débriefé par ses participants

Publié le par Benjamin

Le Tour Auto 2022 débriefé par ses participants

Presque une semaine après l’arrivée du Tour Auto 2022, on vous invite à vous y replonger, mais de l’intérieur. On a recueilli les impressions de plusieurs équipages qui ont couru en régularité et en compétition, avec des expériences singulièrement différentes.

Raphaël Favaro et Toma de Saulieu, sur la Lotus n°211

On avait suivi leur préparation. Les copains Raphaël et Toma ont réussi leur pari : se hisser sur la deuxième marche du podium, entre les Cobra, avec leur petite Lotus Elan.

Toma commence :

« C’est vraiment une semaine de dingue ! Je connais le Tour Auto pour l’avoir fait en régularité, mais c’était surtout pour être présent. J’ai aussi déjà copiloté en course scratch, mais sur du rallye-raid avec des spéciales très longues et avec un rythme qui est hyper différent. Sur la première spéciale du jour, j’ai été littéralement satellisé par Raphaël. Je ne m’attendais pas à un tel rythme ! »

« Ça a été une semaine de fou. Je savais clairement que ce serait dur sans réelle expérience au copilotage en scratch, mais j’ai pris mes marques. Raphaël a un coup de volant hallucinant, clairement c’est lui qui a fait le boulot et nous a amené à la deuxième place finale. »

« L’ambiance dans la voiture était géniale. On s’est bien marré, on s’est super bien entendu et j’ai fini par choper l’accent vaudois. Je suis, personnellement, hyper content de ce résultat, j’en redemande et je vais tout faire pour être encore meilleur en tant que copilote. Il faut qu’on gagne ! »

Maintenant, passons à Raphaël :

« La semaine pouvait difficilement mieux se passer. Le plateau était vraiment hyper relevé. Le fait qu’il n’y ait que trois circuit, au lieu de quatre habituellement, était une chance pour nous, mais dès Paris on s’est rendu compte que nous ne serions pas les seuls avantagés. Les Type E était nombreuses, les autres Elan aussi et les mécanos des autres Elan lorgnaient sur la notre avec envie. »

« Toma a fait le job. J’ai bien senti qu’il n’était pas toujours hyper à l’aise. Mais ce qu’on a perdu dans le roadbook dans les spéciales, on l’a gagné avec l’ambiance, la bonne humeur, et ça dissipe un peu la fatigue. Donc au final, ça joue aussi sur mon état sur la fin de course et ça a été bénéfique. »

« Notre particularité, c’est aussi qu’une fois la ligne franchie, je sortais les outils pour faire l’assistance de l’auto. De ce côté là, la semaine a été parfaite. On a pas enlevé une seule fois les roues durant la semaine ! Pas de plaquettes, pas de purge des freins ! Le seul souci c’est un banjo de carbu qui a lâché à Nogaro. Et là, l’ambiance spéciale du Tour Auto a marché à plein puisque c’est le Garage de la Choletterie qui nous a dépanné très sportivement. »

« Au final, on a réussi notre pari. Ça aurait été compliqué d’aller chercher Boutsen et sa machine de guerre devant. Il aurait fallu prendre des risques mais Toma et moi sommes papas… On a, par contre, réussi à prendre suffisamment de marge sur Damien et Anne dans les spéciales et limité la casse sur circuit. Donc on fait une belle 2e place. Mon 5e podium en 5 arrivées ! On a pas la notoriété de Thierry Boutsen… mais on est Raphaël et Toma et ça nous va très bien. »

Théo Masurel, copilote de Benjamin Engrand sur la MGB n°163

Théo, on le connaît bien chez News d’Anciennes puisque c’est un des membres de l’équipe des copains de Mecanicus. Mais quand on l’a vu au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, il chargeait ses affaires dans une MGB !

« C’était notre premier Tour Auto, pour tous les deux. Je pense que ce n’est pas si souvent qu’il y a un équipage totalement novice qui s’engage, surtout en compétition. C’est une expérience de malade ! C’est clairement au-dessus de tout ce que je pouvais espérer. Je l’avais déjà suivi deux fois en Média avec Mecanicus mais, là, c’était de l’intérieur et l’expérience est vraiment différente. »

« J’ai été surpris par le rythme. Surpris aussi par la casse qu’il y a eu avec pas mal d’abandons. On s’est super bien entendu avec mon oncle. Il faut vraiment être en adéquation parce qu’on partage des moments de stress ou de fatigue. Il faut bien choisir son copilote… et son pilote !« 

« Première impression, dès la porte de Versailles. C’est la première fois que je monte vraiment à bord. L’embrayage est compliqué, les baquets sont durs, la communication est difficile avec le bruit. On est au milieu de la circulation parisienne mais on est hors du temps. Première spéciale, c’est assez fou. Les mecs partent à fond devant toi et t’as jamais fait le copilote, tu te demande ce que tu fais là. On a peu d’infos dans la spéciale, ça roule fort, on a peu de choses à dire au pilote qui roule à vue. Et puis tu sors de la spéciale, t’as vécu un truc super fort mais t’as pas le temps de t’attarder puisque t’as 40 minutes pour arriver au prochain contrôle horaire. »

« Le rythme est vraiment fou. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que sur une journée, entre 7h du mat’ et 7h du soir, tu passes moins d’une heure en dehors de la voiture, déjeuner compris. C’est le bonheur, t’es sur un nuage. L’assistance est là pour te mettre dans l’ambiance, te filer de l’eau, un fruit, vérifier les niveaux. T’es dans la peau d’un pilote non-stop. Là-dessus le travail de Peter Auto est remarquable. À l’arrivée, t’es tellement hors du temps que t’as l’impression d’être parti 3 semaines ! »

Tour Auto 2022 163-

« Il y avait beaucoup de monde au bord des routes. Finalement la France aime quand même l’automobile ! Et puis le parcours est top, tu passes d’une spéciale à un circuit en quelques minutes le dernier jour, c’est génial. »

« On a eu une galère le dernier jour. Sur la montée vers Andorre, on avait du mal. Avec la circulation, la voiture étant réglée pour le circuit, t’es obligé de passer souvent la première pour rester dans les tours. Mais, PTH oblige, la première n’est pas synchro. On a fait cirer l’embrayage qui faisait beaucoup de bruit et on a fait souffrir la boîte. Juste avant la dernière spéciale, gros bruit dans la voiture, impossible de repartir, boîte morte. L’assistance nous ramène à Andorre et on a passé la ligne d’arrivée, par nous-même, en marche arrière qui était le seul rapport qui passait ! »

« C’est vraiment une expérience de dingue. T’as tout de suite envie de repartir surtout que sur une semaine tu t’es amélioré en pilotage et en copilotage ! »

Rémi, pilote de la Porsche 911 2.0 n°237

Copiloté par Eric Zuccatti, Rémi avait fort à faire dans un plateau 4 relevé, avec des concurrents directs, eux aussi sur Porsche 911.

« Ce Tour Auto 2022 s’est très bien passé. Le plateau était vraiment relevé, tant au niveau de la qualité des voitures engagées que du niveau de pilotage. Notre petite Porsche 911 2.0 a été à l’aise, surtout avec ce parcours qui ne proposait que trois circuits. Elle est bien plus à l’aise sur les spéciales et elle ne nous a pas trahie. »

« Le parcours était vraiment sympathique, notamment avec ces routes du sud-ouest qu’on connaît peu quand on vit en Suisse. Les spéciales aussi étaient souvent inédites, c’était un vrai plus. Juste un petit regret, le premier jour, avec beaucoup d’autoroute pour filer vers La Baule. Là il y avait une superbe ambiance avec beaucoup, beaucoup, de monde. C’était agréable après deux années où le Covid avait clairement impacté cet aspect. Par contre, l’ambiance était différente à Paris. Le Parc des Expositions n’offre pas l’âme du Grand Palais, même éphémère ! »

« En bref, c’est un bon Tour Auto pour nous. Nous terminons avec une belle 15e place en VHC. Vivement le prochain… mais avant ça, il y a Le Mans Classic ! »

Tomy Gruelles, copilote de la Mini n°191

Alors que Tomy était déjà sur la route de Dijon, pour aller courir, sur Mini, la manche Maxi 1300 de l’Historic Tour, il répond à nos questions.

« Je connais bien la Mini. Je fais l’Historic Tour avec l’une d’elles depuis 11 ans. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré Claude Cassina, mon pilote. Je l’avais rencontré en course, j’avais 10 ans et on est resté en contact. C’est devenu mon mentor et il m’a donné beaucoup de conseils sur mon pilotage. On partait, logiquement, sur une Mini Cooper S de 1964 avec un 1275 cm³. L’auto fait 120ch pour 640 kg, elle est dans l’esprit d’origine des voitures d’époque. C’était mon premier Tour Auto mais Claude en était à sa troisième participation, toujours au volant de cette Mini. C’était en tout cas la première fois qu’on partait ensemble. »

« Au départ on était pas sélectionné. Encore quelques jours avant le départ, je ne savais pas si on partait. Et puis on est remonté dans la liste et on a pris le départ. On espérait faire un bon résultat. On termine 12e en VHC, 7e à l’indice et avec le titre honorifique de premiers du plateau 3 ! »

« On a pas connu de problème majeur. Mon moment fort, ça a été le départ de la première spéciale. C’était ma première expérience de copilote. On s’est accordé avant de partir. Je faisais un petit compte-rendu à Claude et on partait. Dans le Bordelais, Claude sort sur un virage pas indiqué dans le Roadbook. J’étais tellement dans mes notes et mon tripmaster que je m’en suis aperçu quand Claude s’est mis à rire ! »

« Le parcours nous a gâté. On partit de Rambouillet, près de chez Claude, et sa famille et ses amis nous y attendaient. Ensuite on est passé à Nantes où j’ai vécu 4 ans avant Agen d’où je suis originaire. À partir de là ma famille et mes amis nous ont accompagné au bord des routes et des pistes jusqu’à Andorre. »

« Ça m’a beaucoup plu, notamment les liaisons. Tu suis une Cobra ou la Ligier. J’ai pu rencontrer Jean-Pierre Lajournade pour un dîner, un pilote que je suivais depuis plusieurs années. Le dimanche, après la remise des prix, je suis allé remercier Patrick Peter pour cette semaine. C’était vraiment une semaine superbe. On a pas eu d’avaries mécaniques, on a eu du beau temps, notre équipe était rôdée… on avait quand même un moteur d’avance mais on l’a prêté à un autre équipage pour qu’ils puissent terminer. Le plus important c’est quand même le partage ! »

François Allain pilote de la 204 Coupé n°45

Le présentateur de Vintage Mecanic était de nouveau au départ, avec Nicolas Guenneteau, au volant de la Peugeot 204 de Rallye, restaurée dans l’émission et qu’on avait essayé l’an dernier, c’est à lire ici.

« On repartait sur la même voiture parce que j’ai un vrai attachement à cette auto. On avait pas changé grand chose, vérification, vidange, on avait les mêmes pneus. On avait juste changé un peu la déco et rajouté des longues-portée d’époque pour qu’elle change un peu et qu’on ne la confonde pas sur les photos, vu qu’on avait le même numéro 45 que l’an dernier, pour commémorer les deux 45e anniversaires de la victoire en championnat régional des rallyes de l’auto. »

« La dernière journée un Weber a décidé de faire des siennes. On a pris trop de retard pour faire la 2e spéciale, on a préféré aller directement à l’arrivée, même si on a pris des pénalités. Après on avait aucune vraie ambition. Je faisais les spéciales et Nico faisait les circuits. Il s’est fait plaisir à Nogaro en dépassant largement certaines autos plus puissantes. On a pris deux tours aux copines en Aston Martin, mais elles jouaient le podium en régul’. On s’est fait plaisir et c’est le principal. »

« Encore une fois la voiture a eu un gros succès. C’est la 5e fois que le fais en populaire et ça joue. Les gens aiment avoir des souvenirs avec les autos en piste. Et le fait qu’elle soit française est un vrai plus. Les autres populaires ont eu le même, la R12 Gordini, la Junior, la Simca. Les gens s’identifient. Nous, on nous identifie encore plus puisque l’auto est passée dans Vintage et que les spectateurs savent qu’on est dedans. »

« Dans le futur on jouera peut-être le chrono. Ça commence à me titiller. D’habitude je rate des spéciales pour ses séquences pour Turbo, mais pas cette année. On aurait pu faire quelque chose si on l’avait voulu. Peut-être dans le futur, mais je ne sais pas encore si on repartira avec la 204, même si on l’aime. J’aime les challenges, mais il faut que je le refasse avec une populaire. En tout cas, j’aime le Tour Auto. En 6 mois j’ai fait le Tour de Corse, le Monte-Carlo et le Tour Auto, mais c’est bien sur ce dernier que l’ambiance est la meilleure, que l’organisation est au top. »

Charles Beau de Lomenie

Charles et son copilote Stéphane étaient au départ avec le n°2 sur une petite auto bleue : une Panhard Junior.

« C’était notre découverte d’une telle épreuve. Nos ambitions étaient mesurées : on voulait juste finir ! Malgré tout on s’est pris au jeu. Au soir du 2e jour nous étions 19e donc ça motive forcément. Mais le troisième jour on a connu un ennui mécanique en spéciale avec le doigt d’allumage qui nous a lâché. C’est peut-être le moment le plus marquant de notre Tour Auto 2022. On avait pas du tout de réseau, on a dû faire 1km à pied pour trouver un commissaire et appeler notre assistance ! »

« On voulait finir et prendre du plaisir, et sur ce deuxième point, c’était génial. On s’est beaucoup amusé au volant. La Panhard Junior n’a pas beaucoup de puissance, mais on s’est éclaté. Il n’y a que dans les cols du dernier jour où c’était un peu limite. On a aussi découvert cette ambiance Gentleman Driver avec des concurrents hyper sympas, même ceux qui retrouvent leurs copains d’une année sur l’autre, tous nous ont bien accueilli. »

« Même en dehors des concurrents, on a vraiment profité de l’engouement autour du Tour Auto 2022. On ne s’attendait pas à voir autant de personnes sur le bord des routes. Quand on est arrivé à Bordeaux, à domicile, il y avait bien sûr les copains. Mais dès le lendemain on a eu le bonheur d’ouvrir la route avec notre n°2 vu que la BMW 600 avait abandonné. Ça permet de montrer la marque Panhard qui n’est pas assez connue et on avait un beau capital sympathie. En plus on a eu la chance d’être primés par Vicomte A. pour l’élégance de notre voiture. »

« La suite ne se fera probablement pas de la même façon. Maintenant qu’on a goûté au Tour Auto, on a envie de revenir. Mais pas forcément en régularité et, du coup, pas forcément en Panhard Junior même si j’adore la marque. Peut-être sur une D.B, peut-être sur une autre auto, on verra bien ! »

Gaylord Graveleau, pilote de la Simca 1000 Coupé Bertone n°15

Oui, une Simca 1000… et pas une rallye. Cette auto faisait partie des populaires françaises engagées sur le Tour Auto 2022 et elle a été visible.

« C’était mon premier Tour Auto. Par contre mon copilote, Thierry Guitton avait déjà participé l’an dernier avec Segolen sur la BSH. C’est un ami, je l’avais sponsorisé. Il faut dire que je rêvais de le faire mais je ne connaissais pas bien la course, ni les autos qui peuvent participer. Tout est parti d’une soirée entre copain quand j’ai vu qu’une de mes voitures, la Simca 1000 Coupé Bertone donc, était éligible. Après il a fallu passer les sélections. On s’y est pris tard mais quand on a dit qu’on venait avec une 1000 Bertone, on nous a dit que c’était une bonne idée et qu’on avait nos chances. En fait on est les premiers à engager une 1000 Bertone sur le Tour Auto ! »

« On a fait une préparation mais c’était en fait plutôt une grosse révision avec une fiabilisation. La même que j’aurais fait avant de partir en vacances. On était engagés en régularité moyenne basse et je m’attendais à une grosse balade… grosse erreur ! Dès la première matinée, je me suis dit « wahou, ça traîne pas ». Notre petite Simca a 52ch, une boite 4. Sur circuit c’était très limite et je me suis rendu compte que le rythme n’allait pas trop à la voiture. Au final on a été au fond tout le temps. »

« La voiture s’en est quand même bien sorti. On a eu un seul gros problème. En montant vers le Pas de la Case, on a eu peur que ça chauffe, mais ça allait »

« Par contre, plus tôt dans la journée, le témoin de la dynamo s’était allumé… mais on ne savait pas si il marchait. On a passé la frontière avec Andorre et 1m50 plus loin c’était le blackout ! J’étais prêt à prendre un taxi pour aller acheter une batterie quand une assistance est arrivée. Nous, on était parti sans assistance et ces mécanos là nous avaient déjà aidé la veille quand on chauffait en direction de Pau. Ils ont regardé et nous ont regardé avec un petit sourire. Par miracle, le treuil de leur plateau était alimenté avec la même batterie ! On a changé de batterie, on a pu faire la dernière spéciale et terminer la course ! »

« On a adoré les petites routes, très bien choisies, tout comme les spéciales. On a pas particulièrement apprécié les circuits mais ça tient plus au fait que l’auto n’était pas adaptée. »

« Ce qui nous a surpris c’est le monde au bord des routes et l’accueil qu’on a eu. Dans notre région, les gens avaient vu l’article dans le journal local et nous attendaient. On avait peur d’être mal vus au milieu des Porsche, Jaguar et Ferrari. Mais on a été très bien accueilli par les habitués… même si on a pas pu profiter vraiment de l’ambiance sur les deux premiers jours en arrivant à près de 22h sur le parc ! »

« Pour l’avenir, parce que j’adorerais le refaire, le choix du véhicule sera important. C’était génial de voir les regards sur notre auto, mais elle est clairement juste pour le rythme. Et puis je prendrais une assistance cette fois ! »

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Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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