Histoire de Carrossiers, ép. 30 : Castagna, celui qui fut le plus grand des italiens

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 30 : Castagna, celui qui fut le plus grand des italiens

On continue de vous raconter l’histoire des grands carrossiers italiens (après les français), les épisodes précédents sont à découvrir ici. Cette fois on s’intéresse à un nom méconnu mais qui fut pourtant l’un des plus important des années 30 : Castagna.

De l’hippomobile au luxe

L’histoire de Castagna commence bien avant celle de beaucoup de carrossiers italiens. Avant-même l’automobile en fait puisque le point de départ est le rachat par Carlo Castagna de l’entreprise « Ferrari », elle-même héritière de « Mainetti & Orseniga ». Ces deux société sont des fournisseurs réguliers des carrosses et des voitures légères des grands d’Europe.

À la fin du XIXe siècle, quelques automobiles rentrent dans les ateliers. Ce sont des quadricycles Benz importés par Ottolini et Ricordi. Cette première expérience va amener Castagna à envisager de plus en plus ces carrosseries automobiles.

En 1905 c’est la Reine Margherita de Savoie, régnant alors sur l’Italie et déjà cliente chez Castagna qui commande un double Phaëton sur base de Fiat 24-32 HP. L’auto est sportive, et la reine en prend elle-même le volant en course !

Fiat par Castagna copie- Castagna

Les commandes automobiles s’accumulent. Mais Castagna cherche à de différencier. C’est ainsi qu’une ALFA 40-60 HP est entièrement recarossée, selon des principes aérodynamiques alors propres à l’aéronautique. Cette Aerodinamica ressemble en effet à un ballon dirigeable !

En 1915, Carlo Castagna décède et c’est son fils Ercole qui prend la société en main. Les commandes affluent et l’entreprise change régulièrement d’usine pour répondre à la demande. Les têtes couronnées du monde entier commandent des automobiles sur base de Lancia, Alfa Romeo ou Hispano-Suiza mais ce sont les Isotta Fraschini qui sont les plus courantes dans l’atelier. En 1919 Castagna est le plus gros carrossier d’Italie. 100 voitures sortent chaque année de son usine de 20.000 m² qui emploie 400 personnes.

Les ateliers sont modernes avec le premier atelier de chromage galvanique qui sert, finalement, à de très nombreuses sociétés transalpine, œuvrant aussi bien dans l’ameublement que dans l’automobile.

Avec le temps, les lignes des carrosseries milanaises s’affinent. Les caisses se font plus basses, plus aérodynamiques. Les plus grands constructeurs expédient des châssis chez Castagna, majoritairement de très grosses autos destinées à être des limousines. L’exposition de modèles au salon de New York puis à l’Hôtel Commodore dope également les ventes, notamment avec la ligne Commodore déclinée sur divers châssis.

En 1939 c’est Emilio Castagna, le cadet d’Ercole qui prend le contrôle de l’entreprise et investit encore plus dans la recherche et le développement afin de proposer de nouvelles technologies. Dès 1937, la marque a ainsi récupéré ainsi le brevet du « Vutotal », avec des vitres sans montant, de Labourdette.

Alfa Romeo 6C 2300B Vutotal par Castagna- Castagna

Après-guerre, c’est avec ces technologies que Castagna compte se relancer. Néanmoins, Isotta-Fraschini principale base des carrosseries Castagna. Les constructeurs italiens délaissent également les châssis à carrosser.

Si Castagna s’essaie sur des autos de plus grande diffusion, comme l’Alfa Romeo 1900, sans oublier des créations plus artisanales comme les Cisitalia 202.

Néanmoins, le temps où le carrossier était le plus grand d’Italie est passé. Zagato ou Pininfarina se sont réorienté vers des autos plus petites avec des capacité industrielles plus grandes. Castagna ferme en 1954.

Le carrossier est cependant ressuscité en 2002. Comme beaucoup de carrossier italiens dans le même cas, ce sont des one-off qui sont présentés sans que le succès ne soit réellement au rendez-vous.

Quelques réalisations de Castagna

Premier gros coup de Castagna, l’ALFA 40-60HP Aerodinamica est une vraie voiture des records. Conçue pour l’aéro, avec son 4 cylindres de 6L pour 70ch, l’auto file à 139 km/h ! Elle est exposée au Museo Storico d’Arese.

En 1923, Castagna fait toujours dans le classique. Cette Isotta-Fraschini Tipo 8 fut livrée neuve au Brésil !

En 1929 cette Mercedes-Benz 630K est encore très typée année 20. Dans un style très américain, cette auto fut livrée à Tulsa en Oklahoma, ce coupé-chauffeur particulièrement massif a été vu chez Bonhams à Rétromobile en 2010.

En 1930, voici une pièce maîtresse de Castagna. Toute en démesure cette Lancia Astura est impressionnante. Elle est exposée au Musée de Malaga.

Pourtant le carrossier sait aussi faire du plus classique. Un bon exemple avec cette Isotta-Fraschini Tipo 8A de la même année, vendue 931.500 € par Bonhams, à Paris, en 2015.

Les marques françaises ne sont pas oubliées. Ainsi, toujours en 1930, le carrossier italien habille cette Delaunay Belleville U6 vue au dernier Salon Auto Moto Classic Toulouse.

En 1933 Castagna illustre bien sa recherche de finesse avec cette Alfa Romeo 6C. Remarquez la légère courbure de la calandre qui distingue cette carrosserie de celles vues chez Zagato par exemple.

La recherche aéro pousse aussi le carrossier à des formes inédites. Exemple avec cette Alfa Romeo 6C 2300 Pescara cabriolet de 1937.

alfa romeo 6c pescara spider castagna- Castagna

En 1939 cette Alfa Romeo 6C 2500 fait plus penser à une Hudson qu’à une italienne !

alfa romeo 6c 2500 castagna 2 copie- Castagna

Après-guerre, Castagna doit s’adapter et trouver de nouveaux châssis. Un des derniers artisans, c’est Cisitalia et le carrossier réalise cette 202 avec une calandre propre.

Cisitalia 202 Castagna- Castagna

On retrouve ainsi cette Alfa Romeo 1900 C Sprint réalisée en 1953. La marque milanaise était prête à lancer une production de série mais c’est la proposition, plus simple, de Touring qui l’emporte… et signe la fin de Castagna.

Alfa Romeo 1900C Sprint par Castagna- Castagna

Photos additionnelles : Bonhams, Carrozzieri Italiani

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Gougnard

    super tres beau reportage merci

    Répondre · · 12 juin 2022 à 12 h 07 min

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