Histoire de Carrossiers, ép. 26 : Zagato, partie 1

Publié le par Benjamin

Histoire de Carrossiers, ép. 26 : Zagato, partie 1

Dans nos histoires de carrossiers on a commencé, il y a un an, à vous retracer l’histoire des grandes sociétés italiennes. On a parlé des petits, des moyens (c’est par là)… on s’attaque maintenant aux grands, aux plus connus et aux plus prolifiques aussi. Ainsi on débute une série d’articles consacré à Zagato et à ses réalisations.

Ugo Zagato de l’air à la piste

C’est en 1890 que naît Ugo Zagato à Gavello, grosso-modo entre Padoue et Bologne. Il n’a que quinze ans quand il perd son père et se retrouve forcé d’émigrer pour trouver du travail, ce qu’il fait dans l’industrie métallurgique près de Cologne. C’est là que commence la légende.

En 1909 il rentre en Italie pour faire son service militaire. Une fois cet épisode terminé, il ne retourne pas en Allemagne mais trouve du travail au sein de la Carrosserie Varesina près de Milan. Cela lui permet de continuer à se perfectionner tout en suivant des cours dans une école d’art à Milan.

Ugo Zagato- Zagato

Vient alors la première guerre mondiale. Il ne retourne pas sous les drapeaux mais travail dans l’industrie aéronautique, pour Pomilio, constructeur de biplans, près de Turin. C’est là qu’il se perfectionne à des techniques bien plus évoluées que celles apprises chez Varesina. L’aviation a besoin de légèreté et Ugo manie l’aluminium.

Il arrive à un certain niveau de perfectionnement qui l’invite à voler de ses propres ailes. Nous sommes en 1919 et Ugo Zagato retourne à Milan pour ouvrir sa propre carrosserie. Certains carrossiers se sont fait connaître en faisant des autos en plus des camions. Pour Zagato, c’est différent puisqu’il s’occupe aussi d’avions !

Quel que soit le véhicule carrossé, il utilise la même technique. Au lieu des lourds châssis séparés à structure acier ou bois, c’est avec des feuilles d’aluminium qu’il crée les structures, ensuite revêtues du même matériau. Cela donne des structures légères qui vont vite devenir sa marque de fabrique.

Il commence avec des réparations mais très vite Alfa Romeo, également basé à Milan, remarque ses créations. C’est avec la Tipo G1 en 1921 que commence la belle histoire. Les RL et RM suivront vite. Mais d’autres constructeurs lui confient aussi des commandes comme Fiat avec ses 501 ou Itala et Diato.

image 3- Zagato

L’avantage des solutions proposées par Zagato, c’est qu’elles sont idéales pour la course. Dès 1921 l’Alfa Romeo Tipo G1 est carrossée par Zagato et en 1923 une RL remporte la Targa Florio.

Les carrosseries des autos sportives s’affinent, s’abaissent et commence à ajouter l’aérodynamique à la légèreté. Dès 1924, les premières Alfa 6C arrivent dans l’atelier. En 1925 Zagato commence à travailler sur une base Lancia avec la Lambda. La même année c’est une énorme Isotta Fraschnini 8A « Corsa » qui passe par l’atelier. C’est également là qu’on carrosse l’Alfa Romeo P2.

La machine est en marche. Alfa, Fiat, Lancia, OM, les constructeurs italien sont fous de Zagato. La première étrangère carrossée à Milan est une Bugatti Type 43 en 1928 et l’année suivante c’est une massive Rolls Royce Phantom qui reçoit une carrosserie frappée du Z.

Côté sportif, la une 6C remporte les Mille Miglia 1928 et sert de base à des 1500 et 1750 Mille Miglia commandées par des clients privés. Une 6C 1750 l’emporte une nouvelle fois en 1929. La Scuderia Ferrari qui engage les Alfa fera carrosser toutes ses autos par Zagato.

Dans les années 30, les Alfa 8C peuvent évidemment se faire habiller par Zagato. La demande est telle qu’on sous-traite à la Carrozzeria Brianza. Maserati ou Bianchi s’ajoutent aux clients de la marque.

La carrosserie est dominante en sports mécaniques. Dans les années 30 on compte 8 victoires aux Mille Miglia. En 1938, alors que c’est une 8C carrossée par Touring qui l’emporte, il y a 38 Zagato au départ, un tiers des participants ! Ajoutez 4 Targa Florio et autant de 24h du Mans et vous comprenez que la carrosserie est bien lancée.

Alfa Romeo 8C 2300 Chinetti Varent aux 24h du Mans 1933- Zagato

La guerre va venir couper l’élan. Ugo Zagato fuit Milan pour les rives du Lac Majeur. En 1943 un bombardement anglais détruit ses locaux. Pour autant, il a remonté un atelier à Saronno où il est voisin d’Isotta Fraschini qui lui sous-traite des camions et véhicules militaires.

On s’arrête là pour cette première partie, déjà bien remplie !

Quelques réalisations signées Zagato

On commence avec cette auto de 1921. Cette G1 Corsa est la première auto de course construite par le carrossier milanais.

Alfa Romeo G1 Corsa Zagato- Zagato

En 1927 on retrouve cette OM 665 Superba, une auto de course encore haute sur pattes.

OM 665 Superba par Zagato

En 1928 une carrosserie milanaise se retrouve sur une alsacienne. Cette Bugatti Type 43 est unique et on voit bien une forme d’aile différente des modèles français.

Bugatti Type 43 Zagato- Zagato

On retrouve aussi ces ailes sur une auto anglaise bien plus grande : la Rolls Royce Phantom.

En 1929, on commence à carrosser des 6C 1750. La forme n’évoluera pas jusqu’en 1933.

Exposition Zagato Pantheon Basel 14- Zagato

Cette auto vue à Chantilly en 2017 est particulière. C’est une 6C 1750 GS Spider et c’est celle qui a remporté les Mille Miglia 1929 !

Une de ses concurrentes sur les routes italiennes, c’est cette Lambda 221 Mille Miglia, vue à Chantilly mais en 2016.

En avançant dans le temps les 6C vont connaître quelques évolutions. Sur cette auto 1750 de 1931 la calandre s’est élargie.

Alfa Romeo 6C 1750 GS Spider de 1931 carrossee par Zagato 2- Zagato

La calandre plus large se remarque aussi sur cette auto de 1932 mais on note un habillage différent.

Par contre sur cette 8C 2300 Spider de la même année, on note surtout une auto plus basse.

En 1933 le style s’est encore affiné, on prend l’exemple de cette Maserati 4CS :

Maserati 1100 Tipo 4CS par Zagato- Zagato

Toutes les autos qui passent par l’atelier ne sont pas des sportives. Pour preuve cette Isotta Fraschini 8A de 1934

1934 Zagato Isotta Fraschini 8A- Zagato

Mais on continue à affiner les autos comme pour cette 6C 2300 Pescara « Siluro ». Ici c’est une recréation de la carrosserie originale aujourd’hui disparue.

bonhams 2017 362- Zagato

En 1937, les lignes se sont affinées. Toute l’aérodynamique se retrouve dans cette Aprillia Sport Zagato, ici la reconstruction du modèle original qui a été perdu.

Moins profilé, et sur une auto plus grande, on retrouve quand même des formes plus modernes sur cette Alfa Romeo 8C 2900B Spider Corto. Le dessin est en fait une déclinaison qui apparaît en 1937 et qui est partagé avec les 6C. Cette auto est de 1938.

Alfa Romeo 8C 2900B Spider Corto- Zagato

Autre preuve de la recherche de finesse avec cette Fiat 1500 Spider MM engagée aux Mille Miglia 1938.

1938 Zagato Fiat 1500 Spider MM 01- Zagato

La suite le mois prochain.

Illustrations supplémentaires : Zagato

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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