Grand Prix de France Historique 2021, digne de son nom

Publié le par Nicolas Anderbegani

Grand Prix de France Historique 2021, digne de son nom

C’était un grand bonheur et un superbe spectacle de voir un plateau exceptionnel rouler par grand soleil sur le circuit du Castellet. Des F1 des années 60 à celles des années 2010 en passant par les Formula Junior, les F2, les F3 et aussi des GT et voitures de sport, il y en avait pour tous les goûts. On vous emmène voir le magnifique Grand Prix de France Historique 2021.

Photos complémentaires : Raymond Bonnello et Joris Clerc

Masters Historic F1

Le coeur de l’évènement, c’était bien sûr la série Masters Historic Formula One qui englobe la période 1970-1985. Les seventies étaient dominées par le V8 Cosworth, qui équipait alors 90% du plateau face à Ferrari et Matra avant que les constructeurs ne débarquent avec le turbo entre la fin des années 70 (Renault en 1977) et le début des années 80 (BMW et Honda en 1983, TAG Porsche en 1984). Les voitures se groupées en classes, à savoir Stewart, Fittipaldi, Lauda et Head pour les plus « récentes ».

La course 1 a été dominée par Mike Cantillon sur la Williams FW07C 1982 ex-Keke Rosberg, devant la Lotus 77 de Nick Padmore et la Lotus 92 (1983) ex-Mansell conduite par Marco Werner, le « nouvel ami » de Jean Alesi (Cédric vous en parle ici).

Rebelote en course 2 le dimanche avec une nouvelle victoire de Cantillon devant cette fois-ci Jamie Constable qui a effectué une belle remontée sur sa Tyrrell 11 (1983) ex-Alboreto pour doubler Marco Werner puis chiper la 2e place à Nick Padmore sur la Lotus 77.

Plus loin, on a pu apprécier les belles glissades de John of B Mister sur la Ligier JS11 (1980) ex-Pironi et le son envoûtant du V12 de la Matra MS120B pilotée en son temps par Jean-Pierre Beltoise. Derrière les « stars » Williams, Lotus et Tyrrell, on retrouvait aussi des F1 plus confidentielles comme la Théodore N183, les Ensign MN179 / MN1981 ou encore la Trojan T103 de 1974.

La MAXX Formula au Grand Prix de France Historique 2021

Connue précédemment sous le nom de BOSS GP, cette série initiée en Allemagne proposait un plateau de monoplaces modernes très varié : des Formule 1 des années 2006-2013 (Williams FW33 et Toro Roso STR8 à moteur V8, Super Aguri SA06 V10), beaucoup de Dallara Gp2/F2, quelques Dallara World Series Renault/Nissan mais aussi deux Dallara Indycar (ancien modèle, pas DW12) dont une ex-Scott Dixon aux couleurs du Chip Ganassi Racing, une Lola Auto GP et deux Panoz DP09 de la Superleague Formula avec un V12 Menard 4.2 litres qui vous brise les oreilles.

Pour rappel, la Superleague Formula n’a duré que quelques saisons, de 2008 à 2011. Elle reposait sur un concept décalé de monoplaces arborant les livrées de clubs de football (OL, AC Milan, FC Porto, etc.) ou d’équipes nationales.

Et justement, c’est au volant d’une Panoz aux couleurs « do Brasil » que Christophe Brenier a remporté les deux courses, bataillant à chaque fois avec Didier Sirgue, le président du circuit d’Albi, au volant de la Williams de 2011 ex-Maldonado. La série valait le coup rien que pour entendre hurler des V8, V10 et V12 dans la ligne droite du Mistral, un bestiaire mécanique en voie de disparition dans les championnats actuels.

A noter enfin qu’une féminine était présente parmi ces messieurs. La charmante Veronika Jaksch, née Cicha, pilotait la Toro Rosso, au sein de la structure Formula XTreme de son mari Wolfgang Jaksch, qui lui s’occupait de la Super Aguri. Veronika a terminé 11e sur 13 de la course 1 puis a renoncé à la course 2, à la fois pour des raisons mécaniques et physiques, mais elle a tenu son rang haut la main.

Historic Grand Prix Cars

Il n’y avait pas que les années 70,80 et 2000 en F1. Les années 50-60 étaient aussi représentées au Grand Prix de France Historique 2021 avec deux séries distinctes : les monoplaces d’avant 1961 à moteur avant, puis les monoplaces à moteur arrière de la période 1962-1965, celle du règne de Jim Clark.

Dans la première série, ce sont les Maserati qui attiraient le plus les regards. D’abord, on trouvait l’A6GCM 2 litres de 1951, dont le nom correspondait à Alfieri 6 cylindres Ghisa (bloc en fonte) Corsa (course) Monoposto (monoplace). Produite à 12 exemplaires, elle fut engagée jusqu’en 1956 par différentes équipes privées. Elle avait été dévelopéée par Maserati pour s’adapter à la nouvelle règlementation FIA qui avait fait basculer la Formule 1 à partir de 1952 sur la législation F2 en raison du départ de nombreux constructeurs.

L’autre star, c’était évidemment la Maserati 250F, immortalisée par Juan-Manuel Fangio qui gagna à son volant sa plus belle victoire, celle du grand prix d’Allemagne 1956 sur la Nordschleife. L’instrumentation de bord et les blocs moteurs relèvent de l’orfèvrerie pure, du grand art !

Sur la piste, c’est Cooper qui s’est taillé la part du lion. Honneur donc à ceux qui ont introduit la moteur arrière en F1, au grand dam d’Enzo Ferrari qui disait que les boeufs ne poussent pas la charrue ! Victoire en course 1 de Nuthall et Giorgio sur une T53 2.5 litres de 1960, puis victoire en course 2 de Michael Gans sur une Cooper T79 de 1964.

Historic F2

Ce plateau du Grand Prix de France Historique 2021 était composé d’une douzaine de voitures, essentiellement des March datant de la seconde moitié des années 70, soit l’apogée de la discipline pourvoyeuse de nombreux talents en F1. L’épreuve était parrainée par Jean-Pierre Jarier, champion d’Europe de la catégorie en 1973.

Wolfgang Kauffmann, sur une March 782, a remporté la course 1 devant Manfredo Rossi di Montelera et Fabrice Lheritier. C’est également dans cet ordre que s’est achevée la course 2. Pour l’anecdote, Kauffmann était au volant d’une March qui fut pilotée en son temps par Stephen South, qui avait remplacé Alain Prost, blessé, au grand prix des USA ouest, mais sans réussir à se qualifier.

Masters Historic Sports Car

Un plateau toujours apprécié et évidemment au rendez-vous du Grand Prix de France Historique 2021. La période 1962-1974 du championnat du monde des marques est mise à l’honneur, au temps où elle rivalisait voire même dépassait la Formule 1 en popularité, avec des Sport-Prototypes et des GT.

La vedette du plateau était la monstrueuse Lola T70 équipée d’un gros V8 Chevrolet de 5.4 litres (et aussi 6.2 litres dans une autre configuration). Conçue en 1965, elle a obtenu un joli palmarès aux USA, avec notamment une victoire dans le championnat Canam 1966 puis un succès aux 24 heures de Daytona 1969. L’arrivée des Ferrari 512 et Porsche 917 lui rendra par contre la vie plus difficile au Mans. Par contre, dans les courses historiques, elle a retrouvé des couleurs.

La n°3 du duo Wright/Wolf a remporté haut la main la course unique de 1 heure qui était proposée dans cette série, devant un peloton de barquettes Lola 2 litres. Parmi les concurrents se trouvait un certain Carlos Tavarès, patron de Stellantis de son état, qui pilotait une Chevron B21 2 litres de 1972, dans un rythme tout à fait honorable.

Masters Endurance Legends

Des voitures bien plus contemporaines étaient aussi présentes, dans la veine de ce que l’on peut voir aux 10.000 tours. Un plateau très varié couvrant un vaste spectre chronologique, de la Deborah SP91 de 1992 à la BR01 de 2015.

Les attractions étaient évidemment les LMP1, à savoir la Peugeot 908, qui remporte d’ailleurs la course 1, ainsi que la très belle Lola-Aston Martin LMP1 et son mélodieux V10 de 6 litres, qui s’impose en course 2. On trouvait aussi de la Lola, de l’Oreca, de la Riley and Scott et de la Courage. Côté GT, Ferrari était bien en vue avec 3 générations de GT : une 550 Maranello de 2004 développée par Prodrive pour la FIA-GT, la F430 GT2 et des 458 GTE/GT3.

Elles étaient accompagnées d’une Chrysler Viper, d’une Morgan Aero8 GTN, d’une Aston Martin DBR9 ou encore d’une Mosler MTR900R et son gros V8 caverneux.

Et tous les autres superbes plateaux du Grand Prix de France Historique 2021

Qui dit Formule 1 dit  » Formules de promotion ». Comme pour le cursus honorum des magistrats romains, où l’on ne débutait pas directement en tant que consul, le chemin est long vers la catégorie reine. Outre la F2 évoquée ci-dessus, le Grand Prix de France Historique 2021 proposait également des plateaux de Formule Ford (plus de 60 partants !), de Formule Junior (associées à des F3 1000 cm³) et au trophée F3/Formule Renault Classic.

La Formule Junior fut inaugurée en 1958, déjà à l’époque pour contrôler les coûts et favoriser l’ascension de jeunes pilotes. Elle succédait alors à la « première » F3 qui était composée de petites monoplaces à moteurs de moto. Elle dura jusqu’en 1963, avant qu’une nouvelle classification F3 et F2 ne se mette en place.

Propulsées par des blocs de 1000/1100 cm³, ces frêles monoplaces étaient bien loin du dogme monotype en vigueur de nos jours, avec une multitude de constructeurs : évidemment, les grands noms (Cooper, Lotus, Lola, Brabham) mais aussi Branca, De Tomaso, Apache, Wainer, Volpini, Scorpion, etc.

Longtemps, la F3 avait une certaine primauté sur la F2 ou la F3000 : courses en lever de rideau du GP de F1, comme à Monaco, courses propres, comme à Pau, une grande diversité de constructeurs (Ralt, Martini, Chevron, etc) – avant le monopole Dallara – et de motoristes (Toyota, Alfa Romeo, VW, etc). Beaucoup de grands noms de la F1 sont passés par la F3, qui était une véritable école du pilotage et de la mise au point, sans forcément passer par la case F3000, qu’il s’agisse de Schumacher, Hakkinen ou même Verstappen plus récemment.

Martini représentait une bonne partie de ce plateau du Grand Prix de France Historique 2021, accompagnée de quelques Formule Renault, certaines en atmo, d’autres en Turbo, qui furent là aussi un passage quasi obligé de la plupart des pilotes français mais aussi d’autres grands noms européens (Kimi Raikkonen a fait le bon directement de la FR à la F1 !). Les deux courses ont été emportées par Frédéric Rouvier sur une March 783 Toyota.

La Formule Ford 1600, autre discipline de promotion emblématique, qui existe depuis plus d’un demi-siècle, présentait un peloton de plus de 50 voitures. Là aussi, derrière l’incontournable marque Van Diemen, la variété était de mise avec des modèles allant de 1966 à 1993 : Brabham, Lotus, Tecno, Ralt, March, Lola, Crosslé, Tecno, Swift, Chevron, McNamara, etc ! Le français Christopher Aimable a dominé les deux épreuves sur une Van Diemen de 1991.

Il faut aussi parler de la cohorte impressionnante des 60 Lotus Seven et Caterham qui se sont frottées à la piste, à armes égales et dans un peloton toujours très animé ! De quoi occuper une grosse partie du paddock du Grand Prix de France Historique 2021 pour un bel hommage à Colin Chapman.

Enfin on termine par une série toujours appréciée, celle des Gentlemen drivers qui mettait en lice diverses GT et berlines tourisme comme des AC Cobra, Shelby Mustang GT300, Jaguar E-Type et autres Alfa Romeo Giulietta GTAm. De belles légendes pour un beau spectacle… À l’image de ce Grand Prix de France Historique 2021.

Pour conclure : que ça fait du bien ! On a hâte de retrouver toutes ces anciennes pour de nombreuses courses historiques. Le calendrier va être chargé d’ici la fin de l’année… et on ne va pas s’en plaindre !

Nicolas Anderbegani

Nicolas est un passionné de belles autos et de leurs histoires. Déjà auteur et photographe sur d'autres supports, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en Mars 2020.

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