Essai d’une Volvo Amazon Break, première pierre

Publié le par Benjamin

Essai d’une Volvo Amazon Break, première pierre

Il y a quelques semaines on vous emmenait déjà au volant d’un break suédois : la 850R. Cette fois on va remonter le temps en se mettant au volant de son ancêtre… nettement moins carrée et carrément moins sportive. C’est la Volvo Amazon Break et on a eu le temps de l’essayer !

Quelques fois nos essais se font rapidement avec 2h pour faire la conduite et les photos. D’autres fois on tombe sur un passionné qui nous a réservé la journée et planifié un sacré itinéraire. C’est ainsi qu’on a pu faire pas loin de 300 bornes au volant de la Volvo Amazon Break !

La Volvo Amazon Break en bref

En 1956 la marque suédoise remplace sa PV544 par une nouvelle auto. Si elle en partage le châssis et le moteur B16 de 1582 cm³ le style de la Volvo Amazon est tout nouveau. Il est aussi bien plus moderne que sa devancière, ce qui n’est pas forcément très compliqué me direz-vous.

L’apparition de l’Amazon coïncide aussi avec le moment où Volvo a pris le virage de la sécurité : ce sont des tôles de 1,2 mm d’épaisseur qui habillent la suédoise. Autant dire que l’atelier d’emboutissage ne rigolait pas !

En 1958 la Volvo Amazon devient la Volvo 121 vu que le nom Amazon a été déposé un peu partout et il n’y a qu’en Scandinavie (et à posteriori) qu’on utilise ce nom. Ajoutez qu’une version 122S pousse la puissance à 85ch et que les autos reçoivent toutes des ceintures, en série, à l’avant et vous vous retrouvez avec une auto carrément séduisante.

En 1961, en même temps que la gamme adopte le moteur B18 de 1778 cm³ (75ch avec un carbu et 90ch avec deux) apparaît la Volvo Amazon Break. Le style est toujours séduisant.

En 1965 toute la gamme reçoit des freins à disques à l’avant et de nouvelles roues pour les refroidir. On change aussi les sièges et la calandre. Les moteurs gagnent des chevaux l’année suivante et une version deux portes, la 123GT apparaît et se fera une place sur de nombreux rallyes. Le moteur changera une nouvelle fois en 1968 avec l’apparition du B20 de 1986 cm³. Les breaks quittent la gamme en 1969 et les berline en 1970. 667.223 Volvo Amazon ont été construites et seulement 73.196 breaks !

Notre Volvo Amazon Break du jour

Notre Volvo Amazon Break est un modèle de la fin de l’année 1966. Extérieurement on retrouve une belle auto. Parce qu’il faut bien dire qu’à l’époque le design de la Berline pouvait sacrément pénaliser le break. C’était encore pire quand les designer ne le dessinaient qu’après avoir épuisé leur inspiration sur la berline, puis sur le coach/coupé et autres dérivés.

Pour le coup on retrouve la face avant de la Volvo Amazon sans modification. C’est un bel équilibre de chromes et de beige. Pour info ce Jaune Beige Code 97 a d’ailleurs été disponible uniquement sur les autos du millésime 1967.

La calandre a une barre centrale plus fine que les versions pré-1965. Le pare-choc est massif et arrondi, ses butoirs feront peur à toutes les citadines actuelles qui rateraient leurs créneau, enfonçant leur plastique sans même rayer le chrome ! Pour ce qui est des formes, on ne peut pas dire que cette auto était à la pointe du design au milieu des années 60. Ici tout est en (belles) rondeurs, mais ça renvoie clairement au début de la décennie. C’est à la fois massif et élégant. En même temps c’est le credo de l’auto.

Côté profil on ne peut pas dire que les rondeurs soient très présentes… En fait seule la vitre arrière arrondit les angles, les autres montrent des angles très saillants ! Tant qu’on parle de cette partie arrière, on remarque qu’elle est plutôt bien proportionnée. Certains breaks offrent un coffre court, ce qui nuit au volume, d’autres offrent un coffre long et donnent dans le corbillard. Pour le coup la Volvo Amazon Break reste bien proportionnée. Le pavillon est aussi plat que la Beauce. On remarquera cependant que les ailes, détachées de ce coffre puisqu’on garde la ligne ponton des berlines, fléchit un petit peu.

Enfin on remarque cet arrière qui s’ouvre en deux parties. La partie haute prend toute la largeur mais c’est la partie basse qui est plus intéressante. Elle vient d’appuyer sur les butoirs qui sont tronqués. Et pour permettre d’éventuellement rouler comme ça, la plaque est articulée et restera plus ou moins verticale.

Les détails ne sont pas légion. Mais ils évitent de surcharger une ligne qui doit quand même se montrer plus utilitaire que luxueuse.

Un bel intérieur

Il faut avouer que certaines combinaisons de couleur sont plus sympathiques que d’autres. Dans le cas de notre Volvo Amazon Break du jour on retrouve un bel intérieur marron qui va parfaitement avec l’extérieur crème. Les sièges avant comme la banquette arrière sont en excellent état. Leur forme et leur dessin offrent un brin de raffinement très appréciable.

Devant le conducteur on retrouve une instrumentation claire et bien lisible à travers le grand et fin volant au dessin très US. Le compteur de vitesse est complété par un compte-tour. Néanmoins il fut proposé en option par la suite et ajouté sur bien des autos. Le compteur est à bande et en dessous on retrouve la température, les compteurs kilométriques, journaliers et la jauge de carburant.

Tous les boutons servant à la bonne marche de la Volvo Amazon Break sont placés sur la planche de bord couleur carrosserie.

L’ensemble est élégant mais pas surchargé. On sent qu’on est pas dans une auto purement utilitaire, mais on ira pas jusqu’à parler de luxe. Cossu, c’est le mot.

Sous le capot

Encore plus qu’en ouvrant les portes on se rend compte de l’épaisseur des tôles de la Volvo Amazon Break en ouvrant le capot. Une fois en place on remarque ce qui fait la particularité de cette auto. Si la voiture est bien une 121, elle reçoit de l’aide en gardant le 1800 mais en adoptant le montage des 122S, avec deux carbus. Du coup la puissance passe de 75 à 90 ch. Cependant, même si la cavalerie proposée est alors dans le haut du panier on peut oublier la sportivité puisqu’il y a 1300 kg à emmener… à vide.

Côté technique on aura pas grand chose d’autre à ajouter. La Volvo Amazon Break la joue sécurisante en adoptant des solutions techniques éprouvées à défaut d’être novatrices. Au moins cela permet une belle fiabilité !

Au volant d’une Volvo Amazon Break : bonne à tout faire

La porte est un peu lourde, surtout pour sa taille et s’ouvre donc sur un bel intérieur. On y prend place facilement. Les pédales et le volant sont dans l’axe. Le siège se règle bien et on trouve une position de conduite assez correcte même si on a pas trop le choix : à moins d’incliner fortement le siège (ou d’avoir de très grandes jambes) on aura le buste trop près du volant. On s’attache avec une vraie boucle située au plancher. Bon, le contact est mis… maintenant faut trouver le démarreur.

Rien que ça c’est un antivol. Même si on ne parle pas suédois on se rend vite compte que les indications sur les différents boutons ne sont pas celles qu’on recherche. Non c’est sous le tableau de bord, côté passager qu’on va trouver le bouton magique. Le 4 cylindres 1800 s’ébroue sans problème. Le son est assez présent dans l’habitacle, même au ralenti. Maintenant il faut mettre la marche arrière. Malgré le long levier coudé, dont la forme pourrait faire naître quelques doutes quand à son maniement, on la trouve vite. L’avantage d’un break à l’ancienne c’est que les surfaces vitrées sont larges. Du coup on recule assez facilement et sans se faire peur.

Voilà, maintenant faut y aller. La première est mise. Le point de patinage de l’embrayage est assez haut mais la pédale se dose bien. Du coup pas de surprise on s’élance. La première est courte. La seconde est courte aussi. La troisième est toujours courte. La quatrième n’y manque pas. En fait si la boîte est la même que sur les berlines, c’est le pont qui n’a pas le même rapport, 4,56 au lieu de 4,30. C’était courant sur les breaks pour garder un semblant de vivacité, même en charge. Dommage pour nous, les routes ne sont plus celles des années 50 et la charge se limite à deux appareils photos perdus dans l’immense coffre.

Résultat on file à 4 personnes au volant de la Volvo Amazon Break à 80 km/h… et on se dit qu’il ne reste pas tant de marge. Le compte-tour nous montre bien qu’on est hauts en régime mais nos oreilles nous l’avaient déjà indiqué. Pour les 80 km/h, c’est une bande biseauté, qui s’est déplacée vers la droite, qui nous donne l’info.

La départementale arrive sur un village et un levier de pied suffit à bien ralentir l’auto. Arrivé au stop il faut évidemment freiner. Et la Volvo Amazon Break le fait bien, de façon énergique et sans surprise. Les disques avant font le job et la pédale permet de vraiment doser. Il faut quand même le souligner car le freinage est certainement la partie la plus compliquée à appréhender au volant d’une ancienne. Surtout quand on change souvent (pour les essayer hein).

En sortie de village il faut s’employer un peu. La route se met à tournicoter et devant nous Mark est au volant d’une auto autrement plus puissante. Heureusement que la chaussée grasse l’empêche de mettre pied dedans. Il faut donc jouer du pied droit et de la boîte. Et bien vous savez quoi : avec le pont court on ressort bien vite des virages. La direction place parfaitement l’auto et je peux jouer au pilote (pas trop par contre, j’y reviens). La cylindrée ne permet pas un grand couple et il vaut mieux jouer avec le levier qui se révèle bien plus précis qu’il n’y paraît que de relancer en troisième et ne jamais voir le prochain virage.

Et puis il faut garder la tête froide et ne pas trop jouer non plus. Sans même glisser ou se faire peur on sent bien que l’arrière est baladeur. Clairement il peut avoir des envies d’ailleurs et même sans être au volant on sent un train léger et surtout mobile. Une impression marrante qui laisse songeuse quand on pense au comportement de l’auto sur la neige !

En tout cas Mark ne nous a pas distancé. Pas trop du moins. En ligne droite quand il écrase, ça ne sert à rien de jouer. Si la vitesse maxi est potentiellement élevée il faut pouvoir la lancer, être en descente et avoir le vent dans le dos. Avoir des bouchons d’oreille aussi, car un tour sur une route limitée à 110 écourtera toute discussion embarrassante…

Alors on arrête de chercher la grosse bête devant et on roule à notre rythme. C’est à dire dans un confort plutôt convaincant, si on écarte le bruit, et avec une auto rassurante. Son comportement reste neutre et les envies d’ailleurs se concrétisent par la route qui file devant nous plutôt que dans la trajectoire du train arrière. Elle est facile cette suédoise. Pas très rapide, du moins comparé aux lourds breaks modernes qui sont plus « prémieume » que laborieux. Par contre, qu’est ce qu’elle est facile à conduire. Pas une vitesse qui ne rentre pas, pas de freinage un peu juste.

Alors on roule comme on devrait avec cette Volvo Amazon Break : comme avec un break. Et qu’à l’époque on achète ce genre d’auto plutôt pour son côté utilitaire que pour pouvoir caser les skis en montant à Courchevel… De notre côté on a mis à profit le coffre en deux parties. Il est en effet idéal pour les travellings, en permettant d’être dans le coffre tout en ayant une belle visibilité !

Conclusion

Quelle que soit l’utilisation que vous voulez faire de votre Volvo Amazon Break, rallye de régularité excepté, vous pourrez le faire. Le moteur 1800 est peut-être un peu limite, les dernières versions avec le B20 devaient se montrer bien plus dynamiques. En attendant vous partirez sereinement en week-end avec, femme, enfants, valises et couches d’avance s’empileront aisément dans le coffre et l’auto se fatiguera bien moins vite que vous.

En somme c’est une parfaite populaire et c’est surtout une alternative très intéressante aux sempiternelles productions hexagonales. Simca 1500 exceptées, vous serez bien plus original en Volvo Amazon Break.

image 3- Volvo Amazon Break

Conduire une Volvo Amazon Break

Pour une voiture rare, 77.000 exemplaires rappelons le, le prix est plutôt doux. Pour une version comme la notre avec le moteur B18 et un seul carbu vous serez juste en dessous des 10.000 € pour une voiture en bon état. La version à deux carbus est quelques milliers d’euros plus haut. Restera évidemment l’étape la plus compliquée : en trouver une !

Si votre auto vient des USA ou d’Europe du sud la rouille ne sera pas votre souci numéro 1 vu la qualité et l’épaisseur des tôles. Par contre si elle vient de Scandinavie, les routes salées pourront avoir laissé leurs marques. Il faut quand même savoir qu’on estime que 80% des Volvo Amazon, Break compris, à avoir été vendu sur place sont encore fonctionnels, preuve d’une belle fiabilité. Le moteur ne vous posera pas de soucis, tout comme l’intérieur, bien fabriqué. Faites cependant attention au circuit électrique puisque les Volvo Amazon ont été conçues dans les années 50 et embarquent une dynamo qui peut se montrer un peu juste.

Attention enfin aux pièces. Si elles se trouvent relativement bien, leur prix est parfois prohibitif. Elle se démarque des breaks français sur ce point là également !

Cette auto sera proposée à la vente aux enchères des 48 Heures Automobiles de Troyes 2022.

Un très grand merci à Michel pour nous avoir laissé le volant… si longtemps et nous avoir si bien accueilli.

Fiche Technique de la Volvo Amazon Break
MécaniquePerformances
Architecture4 cylindres en ligneVmax155 km/h
Cylindrée1778 cm³0 à 100 km/h
Soupapes8400m da
Puissance Max90 ch à 4700 tr/min1000m da
Couple Max250 Nm à 3200 trs/minPoids / Puissance17,33 kg/ch
Boîte de vitesse4 rapports manuelle

TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixte±7l/100 km
Position MoteurLongitudinale avantConso Sportive
FreinageDisques AV et Tambours AR
Dimensions Lxlxh449 x 162 x 153 cmCote 20209500 €
Poids± 1300 kg

Source principale : Volvo 120

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Didier MONNET

    A l’époque, Amazon était entièrement compatible avec les petits commerces en fait !

    Répondre · · 17 novembre 2020 à 22 h 21 min

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