Concepts et Études, ép. 25 : Plymouth Voyager III, Transformer familial

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 25 : Plymouth Voyager III, Transformer familial

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le 3e dimanche de chaque mois (les autres sont là). Aujourd’hui abordons le Plymouth Voyager III.

Le Plymouth Voyager, que l’on a connu de notre côté de l’Atlantique sous le blason Chrysler (et même Lancia, pendant quelques années), a été une institution aux USA pendant plus de trois décennies. Mieux encore, malgré la perte de vitesse du segment des minivans (et la disparition de Plymouth), le Voyager est l’un des derniers survivants de nos jours.

Les minivans, stars des surburbs

L’après-querre a signé l’essor des banlieues pavillonnaires américaines. Avec elles est apparu un nouveau rêve américain, pour les habitants (cliché que l’on retrouve encore aujourd’hui d’ailleurs dans les séries TV ou films venant d’Outre-Atlantique) : un pavillon, une voiture pour la famille et partir travailler en ville tous les matins.

Cela donna signa l’essor des breaks, cependant, tout étant question de taille aux USA, l’idée germa chez différents constructeurs (Ford et Dodge en tête) d’offrir un fourgon, offrant par essence un volume intérieur maximal, suffisamment compact pour pouvoir tenir à l’intérieur d’un garage prévu pour une voiture tout ce qu’il y a de plus normale.

Détail amusant, le développement du van Dodge ne dépassa pas le stade du prototype en argile, la direction de Chrysler d’alors jugeant que s’il y avait réellement un marché pour ce genre d’engin, GM et Ford auraient déjà proposé quelque chose.

Ford s’était engagé dans le développent du Carousel, mais les chocs pétroliers ont signé la fin de l’aventure, la marque à l’ovale se recentrant sur la production de voitures classiques plus économes en carburant.

Chrysler ne se porte pas spécialement bien financièrement non plus, à cette époque, et cède ses actifs en Europe à PSA. Cependant, avec le soutien du gouvernement américain (1,5 milliards de dollars de prêt), le projet est relancé à la fin de l’année 1977. Le nouveau modèle devra répondre à quatre critères : tenir dans un garage standard, offrir le même niveau de confort, de bruit et de vibration qu’une voiture normale, avoir un plancher plat et enfin avoir des sièges amovibles, afin de pouvoir transporter des panneaux de construction.

Le but est d’en faire la seconde voiture de la famille, permettant à madame de s’occuper des enfants en semaine, et à monsieur de faire les travaux le week-end. (Oui, cela semble affreusement sexiste avec nos yeux de 2021, mais n’oubliez pas, c’était il y a plus de quarante ans). Sans renverser le marché, ce nouveau segment mettra à mal celui des breaks, dont il reprend une bonne partie de la clientèle. A tel point que le break Chrysler Town & Counrty disparait en 1988 pour laisser la place, en 1990 au monospace que nous connaissons tous.

En 1989, le Plymouth Voyager de seconde génération est annoncé, pour l’année 1990. Cependant, le nouveau modèle est à peine lancé qu’apparait au salon de Chicago 1990 le Voyager III, un étrange concept censé répondre à une question tellement fondamentale que personne ne se l’est jamais posée.

Le Voyager III, citadin et familial à la fois

C’est donc un engin pour le moins… particulier qui est présenté au public lors du North American Auto Show 1990. Il s’agit en effet d’une voiture en deux parties !

D’un côté, ce que je vais appeler le module avant, une petite citadine trois places, propulsée par un petit 4 cylindres 1,5 litres d’une centaine de chevaux. De l’autre, le module arrière est une sorte de caravane ouverte sur l’avant, qui vient s’emboiter sur le module avant.

Cependant, aussi incongru soit cet attelage, tout n’est pas forcément à jeter dans l’idée qui a amené au Voyager III. Le concept était d’avoir un seul véhicule, au lieu de deux, afin de limiter la consommation d’essence, les embouteillages et le réchauffement climatique (car oui, il y a trente ans, c’était déjà un sujet). Et sur le papier, ce n’est pas forcément bête, le module ultra urbain que l’on utilise au quotidien, et le module famille/voyage qu’on laisse à la maison tant que l’on n’en a pas besoin. L’attelage reste cependant compact, car le tout tient en seulement 5 mètres de long, le rendant même utilisable pour une utilisation urbaine occasionnelle en full size.

Régler à deux des problèmes qu’on n’aurait jamais rencontré seul.

Dans la pratique, c’est une autre histoire, bien évidemment. Tout d’abord, puisque le module avant est équipé d’un petit moteur, il lui serait difficile de tracter le module arrière, ce dernier est donc équipé lui aussi d’un bloc moteur, cette fois-ci le bon vieux 2.2 Chrysler dopé par un turbo, l’ensemble est synchronisé électroniquement via les boites de vitesses automatiques des deux modules.

D’autre part, accoupler les deux éléments est bien plus complexe qu’avec une simple caravane, il s’agit de venir emboiter le module avant (dont le train arrière se rétracte au passage) dans le module arrière. Même s’il s’agit d’une voiture du gabarit d’une Smart et que le conducteur a droit à une caméra de recul pour s’aligner, le Voyager III n’est pas forcément le véhicule à la logistique la plus aisée.

De plus, même si Chrysler vantait le volume de chargement de l’engin, le fait d’accueillir un compartiment moteur à l’arrière génère une réduction de place majeure, alors que justement la taille du coffre a toujours été le point fiable des versions à plus de cinq places du Voyager. Il existe des rumeurs comme quoi il y aurait également eu la possibilité d’avoir des modules arrière façon benne de pick-up, cependant, rien n’a jamais été clairement confirmé sur ce sujet.

Autre détail d’importance, quid du module arrière quand la compacte n’y est pas attelée ? Il ne semble pas y avoir de système de fermeture, laissant le module ouvert aux quatre vents. S’il faut ramener l’arrière dans son garage à chaque fois qu’on veut s’en séparer, la praticité en prend un sérieux coup.

Dernier point, qui soit fait tache, soit fait rêver les parents, à vous de voir, le hayon du module avant. Celui-ci reste fermé lorsque les deux modules sont attelés, empêchant toute communication entre les deux moitiés du Voyager III. Ce détail à d’ailleurs valu au module arrière d’être surnommé la « belle-mère » par certains professionnels à l’époque…

Le Plymouth Voyager III de nos jours

Je n’ai malheureusement pas pu trouver une seule information concernant le devenir du Voyager III. Vu les multiples périodes troublées du groupe Chrysler ces trente dernières années, je doute que l’engin ait été conservé, vu son encombrement, mais cela ne reste que de la spéculation.

Crédits photo : Wheelsage.

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

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