Au volant d’une Citroën DS Cabriolet La Croisette par Chapron, plaisir rare

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Citroën DS Cabriolet La Croisette par Chapron, plaisir rare

Normalement vous le savez, Epoqu’Auto 2022 c’est à la fin de la semaine (tout le programme est là). Pendant le salon lyonnais, Osenat proposera une vente aux enchères de voitures anciennes et on a pu prendre le volant de l’une d’elles. Cerise sur le gâteau, c’est une magnifique auto française, témoin d’une époque qui semble à des années lumières de la production automobile actuelle. Qui plus est, la Citroën DS Cabriolet La Croisette, création du génial Chapron, est une authentique rareté produite à 15 exemplaires. On vous emmène au volant !

Notre Citroën DS Cabriolet La Croisette du jour

C’est donc une magnifique auto qui nous attend devant un château non moins superbe, celui de Vaux-le-Vicomte. La Citroën DS Cabriolet La Croisette se laisse admirer dans le soleil du matin. L’occasion de la détailler et de replonger, en l’admirant, sur l’histoire de ce modèle si particulier.

Citroen DS 19 La Croisette Chapron par Ludovic pour News dAnciennes 13 1- Citroën DS Cabriolet La Croisette

De loin, on reconnaît tout de suite un cabriolet DS de la première génération. C’est surtout à l’avant que c’est visible puisque la face est identique à celle des berlines de la gamme. Attention, pas strictement identique. Les phares, même additionnels, le semblant de calandre chromé, tout vient d’une DS 19 de série. En même temps les premières Citroën DS Cabriolet La Croisette, présentées au Salon de Paris 1958, étaient tout simplement créées à partir de berlines achetées et transformées par Chapron. Après la création des autos, il revendait lui-même les pièces qu’il n’avait pas utilisé dans la fabrication de ses cabriolets.

En tout cas, qu’elles soient de 1958 ou de 1960, comme notre auto du jour, les Citroën DS Cabriolet La Croisette ont une face de DS. Évidemment, c’est la face avant à phares ronds, celle qui est un peu oubliée de beaucoup d’amateurs qui ne reconnaissent les DS qu’avec leurs phares carénés apparus en 1967. Pour se replacer dans l’époque, il suffit de regarder les ailes « cendrier », spécificité des DS de 1960 à 1962.

Les différences avec la berline, on les trouvent dès les ailes avant. Le monogramme « La Croisette » annonce la couleur et surplombe un filet doré et une épaisse baguette chromée qui termine sur la portière.

Le profil montre bien les particularités de la Citroën DS Cabriolet La Croisette. C’est un cabriolet Chapron et pas un cabriolet usine. Comment les reconnaître ? Ça se passe en bas. Le flanc arbore cette surface claire, en fait très travaillée. C’est la particularité des créations du carrossier, d’ailleurs les coupés Le Dandy, par exemple, en comportent également. Au-dessus et en dessous, d’autres baguettes chromées avec un filet doré sur la carrosserie. Le monogramme Chapron orne le bas des ailes avant et un minuscule sigle confirme sur la portière. On remarque aussi les roues Robergel, accessoire des autos haut de gamme de l’époque.

La carrosserie est lisse. C’est la particularité de notre Citroën DS Cabriolet La Croisette Type 3. C’est la première évolution de la « La Croisette » à présenter cette carrosserie lisse. Le premier prototype montrait même une nette séparation de la tôle entre l’emplacement de la portière, disparue, et l’aile. Ensuite, on a caché cette jonction avec une bande chromée verticale puis inclinée.

Concernant l’ablation du toit, on voit bien que Chapron est un vrai styliste et pas un bricoleur. Le pare-brise se détache, fin et élégant, et derrière, c’est le grand vide. Contrairement à d’autres cabriolets dont l’arrière remonte, la Citroën DS Cabriolet La Croisette voit sa ligne plonger. Ce qui n’empêche pas cette ligne d’être élégante et de ne pas être massacrée par le couvre-tonneau, parfaitement intégré. Juste en dessous on retrouve un rappel de clignotant, comme une pierre précieuse finement taillée.

L’arrière de la Citroën DS Cabriolet La Croisette reprend le dessin de la berline avec son porte-à-faux minuscule. On notera juste le coffre, plus grand, qui place le monogramme de Chapron entre les chevrons et la serrure ainsi que la sortie d’échappement, un Robri d’époque.

Comment juger l’ensemble ? Il faut évidemment aimer les lignes de la DS, mais avouez que vous trouverez peu de cabriolets de 1960 avec une telle allure. En tout cas la réalisation est réellement élégante et la finition est haut de gamme.

À l’intérieur : ça pète !

Niveau choix de couleurs, il faut être bien accroché ! L’intérieur de la Citroën DS Cabriolet La Croisette tranche énormément avec la robe grise. Ici, deux couleurs sautent aux yeux : le doré et le rouge.

Citroen DS 19 La Croisette Chapron par News dAnciennes 36- Citroën DS Cabriolet La Croisette

Le rouge est le plus voyant évidemment. Ce n’est pas un bordeaux, non, c’est un rouge bien vif, en parfait état, qui se retrouve des moquettes au couvre-tonneau en passant par les sièges (parfaitement lisses) ou encore les pare-soleil.

Le doré, c’est la couleur prédominante de la planche de bord. Si la couleur l’est, les formes n’ont rien d’originales… pour une DS. Les indications ne sont pas nombreuses, trois jauges et un compteur de vitesse horizontal. Il faut avouer que les DS sorties de chez Chapron par la suite et équipées du tableau de bord Jaeger, seront bien plus sympathiques niveau équipement et présentation (vraie planche de bord, compteurs ronds).

Néanmoins, la Citroën DS Cabriolet La Croisette fait quand même l’originalité. Parce que, pour une voiture de 1960, ça colle parfaitement à l’extérieur avec une allure de poste de commande d’une soucoupe volante. Le volant à une branche, même pas dans l’axe, les tirettes et manettes dont celle de la boîte, pas plus épaisse que les autres, l’énorme boîte à gants qu’on ne devinerait pas si elle n’était pas dorée au milieu du noir ambiant et les aérations gigantesques (à une époque où le chauffage est loin d’être de série dans la plupart des automobiles), il faut bien avouer que ça avait du style.

Sous (l’énorme) capot : classique

Archi-classique devrait-on dire. Pourquoi ? Parce que le moteur de cette Citroën DS Cabriolet La Croisette est celui d’une DS 19. Du coup, c’est une version améliorée de celui de la Traction. Il suffit de regarder sa cylindrée : 1911 cm³, c’est identique !

Citroen DS 19 La Croisette Chapron par Ludovic pour News dAnciennes 1- Citroën DS Cabriolet La Croisette

Pour autant on a ici plus de puissance que sur une Traction, notamment avec l’emploi d’un carbu double-corps. La cavalerie est de 75ch SAE, pas forcément énorme mais il faut se rappeler que le poids des autos de l’époque est plutôt contenu : même avec les renforts, on arrive à 1295 kg. La boîte est manuelle, à 4 rapports mais elle est assistée par l’hydraulique.

Le système hydropneumatique est bien visible sous ce capot. À côté de la roue de secours et devant la batterie, on retrouve le réservoir de LHM. Les sphères sont placées de chaque côté du moteur, et ne vous étonnez pas, en 1960 elles sont noires. N’oublions pas que le système sert aux amortisseurs, aux freins (dont les disques placés à l’avant), à la direction et donc à la boîte.

Pour la technique, c’est à peu près tout. Maintenant, il faut se mettre au volant !

Au volant de la Citroën DS Cabriolet La Croisette

J’ouvre la grande portière (elle est plus longue que sur une berline) et je m’installe. Oula, je ne m’attendais pas à ça. Ma dernière installation à bord d’une DS (et c’était une DSpécial) remonte un peu et du coup je ne m’en rappelais pas ! La position m’étonne.

Déjà le siège est avancé à son maximum… j’aurais aimé qu’il le soit plus. Heureusement, j’arrive quand même à appuyer sur les pédales suffisamment fort. C’est surtout le fait que je sois assis très haut qui me donne l’impression d’être loin. Et je suis vraiment assis, les genoux bien pliés. Bref, une position plus très courante si ce n’est dans un utilitaire. Autre chose que je note de suite : le moelleux du sol de la Citroën DS Cabriolet La Croisette. Clairement, on croirait mettre ses pieds sur une moquette en laine de Rolls.

Alors c’est parti, je dois quitter l’allée du château de Vaux-le-Vicomte. Contact mis, il faut que je pousse le levier de vitesse sur la gauche pour actionner le démarreur. Vu que je suis en pente, je met le pied sur le frein et manie l’étrange commande de frein à main (avec son parcours en J). Je passe la première et je retrouve là un comportement de boîte automatique. Tant que je n’accélère pas la voiture reste en place.

La route s’éclaircit, j’y vais. La Citroën DS Cabriolet La Croisette s’élance. Impossible de ne pas ressentir le cabrage à l’accélération. Je ne suis pas au volant d’un dragster mais la sensation est réelle. C’est surtout la mise en vitesse qui n’a rien de celle d’un dragster. Le moteur monte quand même assez vite dans les tours et voilà que je dois passer la seconde. Pour ça, j’attrape le levier et je le tire vers moi tout en relâchant l’accélérateur. Allez, ça repart et je me retrouve finalement assez vite en 4e. Le moteur n’a pas besoin que je rétrograde pour grimper la côte.

Citroen DS 19 La Croisette Chapron par News dAnciennes 49- Citroën DS Cabriolet La Croisette

Ma préoccupation, à ce moment là, est plutôt le placement de notre cabriolet. D’abord parce que la bête est large. La direction est excellente, le volant est léger, place l’auto exactement là où je veux… mais j’avoue qu’il m’arrive de m’y reprendre à deux fois. L’assistance fait trop bien son travail, j’ai l’impression de tourner une cuillère dans de la crème tant la résistance est faible. C’est bien quand on est fatigué, ça l’est moins quand aux sensations. Par contre, une fois en ligne, la Citroën DS Cabriolet La Croisette ne bouge pas et son volant non plus. Tant mieux !

Changement de direction. J’actionne la commande de clignotant. Pour tourner à droite, il faut la monter. Une petite série de loupiottes… bleues, s’allume au tableau de bord. Clairement, ça fait plus Wish que Citroën et Chapron ! C’est le moment d’attaquer les freins. Le fameux champignon offre toujours autant de progressivité, oui, c’est du second voire du troisième degré. Pour cette première, c’est un peu brusque mais, au moins, c’est efficace. Je rétrograde et la Citroën DS Cabriolet La Croisette vire de bord. Oui, un terme nautique qui renvoie clairement au gîte que l’on ressent dans le virage.

Je relance, le moteur est toujours volontaire. Bon, j’essaye d’y aller un peu plus fort et les 75ch se réveillent. Attention, ce n’est pas fou, vraiment pas. Mais est-ce que vous cherchez une Citroën DS Cabriolet La Croisette pour rouler vite ? Non. Au moins elle ne met pas deux heures à atteindre la vitesse de croisière.

La suite de la route me permet vraiment de juger les qualités de notre cabriolet du jour. Clairement ce n’est pas une auto prévue pour le sport, elle n’est pas très dynamique en virages. Mais ses performances sont suffisamment bonnes pour une bonne vitesse de croisière. Il faut quand même se dire qu’avec ses 134 km/h de pointe revendiqués, la DS était une reine de la route, mais de la grande route, celle où on signait des moyennes, pas des temps !

D’ailleurs à vitesse de croisière, j’apprécie finalement la position de conduite « étrange » proposée par la Citroën DS Cabriolet La Croisette. Confortable, pas fatigante, il n’y a que le fait que je sois haut qui peut me faire m’inquiéter pour ma casquette. Mais, même sans filet anti-remous et sans remonter les vitres, l’air n’est pas si dérangeant à l’intérieur. Surtout, le bruit est très, très, correct. Là encore, on ne lui en veut pas, mais les vocalises du 4 cylindres Citroën ne sont pas très musicales et vu qu’elles s’entendent peu, c’est tant mieux. On peut discuter sans s’égosiller.

La route continue. Cela fait de nombreux kilomètres que je ne m’emmêle plus les pinceaux dans le maniement de la boîte (après deux passages 1-3) et que j’ai réussi à trouver suffisamment de progressivité dans mes freinages. Je profite de la douceur étonnante de ce mois d’Octobre, même si il a été galère de caler cet essai de la Citroën DS Cabriolet La Croisette quand elle n’avait pas le plein. En tout cas, je roule avant de rendre les clés après un beau trajet qui est passé bien vite !

Conclusion

Personne ne veut s’offrir une DS pour les sensations de conduite. Alors imaginez avec une Citroën DS Cabriolet La Croisette. Une vraie rareté, prête pour avaler le bitume, cheveux au vent, sans se fatiguer et en profitant de la route. Et au bout de la route, une bonne chance de bien figurer au concours d’élégance ! Une belle rencontre automobile, un morceau d’histoire, bref, une auto qui mérite franchement d’être envisagée… si vous pouvez vous le permettre.

Les plusLes moins
Son élégancePerformances moyennes
Son originalitéLe dosage de freinage
Sa raretéLa direction trop assistée
Son confort
image 19- Citroën DS Cabriolet La Croisette

Conduire une Citroën DS Cabriolet La Croisette

Alors là… il va falloir vous lever tôt. En tant que première DS Cabriolet, c’est un vrai morceau d’histoire que représente cette auto, même si elle sera difficile à trouver : il n’y en a eu que 15 entre 1958 et 1961. C’est vraiment peu. Le prix d’une Citroën DS Cabriolet La Croisette ? Difficile à dire puisqu’on a pas retrouvé d’archive correspondante. Les Palm Beach (la série suivante avec ses ailes arrières spécifiques) sont parfois affichées aux alentours des 300.000 € !

Cette auto là, on connaît son estimation si ce n’est son prix. Elle sera donc proposée lors de la vente Osenat d’Epoqu’Auto 2022 et l’estimation est entre 180 et 200.000 €. Si vous voulez plus d’infos sur cette Citroën DS Cabriolet La Croisette Type III de 1960, c’est par ici.

Si c’est trop pour vous, dites vous qu’une DS Cabriolet « usine » est à peine moins chère. Les premières séries, entre 1961 et 1966 s’échangent entre 150.000 et 220.000 €, celles des dernières années entre 140 et 210.000 €… Ça se joue à pas grand chose.

Côté entretien et guide d’achat, finalement peu de pièces sont spécifiques à la Citroën DS Cabriolet La Croisette, hormis la carrosserie bien sûr. Faites attention à la rouille et surveillez l’état du système hydropneumatique pour éviter les surprises !

Merci à Augustin, Charles et Stéphane de la maison Osenat pour avoir permis cet essai.

Fiche techniqueCitroën DS Cabriolet La Croisette*
Années1958-1961 : 15 exemplaires
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1911 cm³
AlimentationCarburateur Double Corps
Soupapes8
Puissance Max75 ch à 4500 trs/min
Couple Max138 Nm à 3500 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Poisition MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1500 mm / AR 1300 mm
Empattement3125 mm
Dimensions L x l x h4820 x 1790 x 1450 mm
Poids (relevé)1295 kg
Performances
Vmax Mesurée134 km/h
0 à 100 km/h23,4s
400m d.a22,4s
1000m d.a41,3s
Poids/Puissance17,27 kg/ch
Conso Mixte± 10 litres / 100km
Conso Sportive± 13 litres / 100 km
Prix± 190.000 €

*Fiche technique d’une DS Cabriolet « Usine »

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Olivier

    Dans les moins il faudrait peut être parler de son authenticité ?

    Répondre · · 31 octobre 2022 à 18 h 19 min

    1. Benjamin

      Pour quelle raison ? Sa restauration ?

      Répondre · · 2 novembre 2022 à 8 h 59 min

  2. caouine

    ah, la ds : on est pas bien ? …paisibles,… à la fraîche… décontractés du gland…. les cinéphiles reconnaitront .

    Répondre · · 1 novembre 2022 à 19 h 25 min

  3. Didier MONNET

    Bravo, superbes images ! Et un bon texte qui permet de mieux connaître cette auto mythique !

    Répondre · · 2 novembre 2022 à 7 h 49 min

  4. Dr ESTIPALLAS

    « Personne ne veut s’offrir une DS pour les sensations de conduite. » Ah bon ? Dommage pour vous cher ami, vous ne savez pas de quelles sensations vous vous privez !

    Répondre · · 3 novembre 2022 à 21 h 04 min

    1. Benjamin

      Alors, je clarifie : on achète pas une DS pour retrouver des sensations sportives comme dans une A110 par exemple.

      Répondre · · 3 novembre 2022 à 23 h 26 min

      1. Dr ESTIPALLAS

        Amusante comparaison Benjamin, je peux en parler, je roule en DS21 depuis 25 ans et en Alpine A110 depuis 5 ans : l’A110 est une monture enthousiasmante pour faire trente km mais au-delà, je choisis la DS Pallas sans la moindre hésitation. Et comme le disais André Costa, conduite rapidement à 75% de ses capacités, une DS21 est capable de procurer une intense satisfaction à son conducteur…

        Répondre · · 7 novembre 2022 à 21 h 07 min

        1. Benjamin

          Ah mais on est tout à fait d’accord. C’est d’ailleurs ce qui permet de justifier (si besoin est) le fait qu’il ne faut pas qu’une seule auto au garage ! Les sensations, c’est bien, mais l’Alpine A110 en ajoute une que la DS ne procure pas : celle d’enfin en descendre (après s’être, certes, bien amusé) !

          Répondre · · 7 novembre 2022 à 23 h 27 min

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