Acheter Une Ancienne : Jaguar XJ la « meilleure berline au monde » est-elle une bonne affaire ?

Publié le par Alexandre Guirao

Acheter Une Ancienne : Jaguar XJ la « meilleure berline au monde » est-elle une bonne affaire ?

Alexandre Guirao est dans le milieu automobile depuis des années. Il a fondé Classic Auto Invest. Ce nom ne doit pas faire peur, car ce n’est pour investir que ses clients le contactent, mais pour acheter la bonne auto, au bon budget, sans prendre de risque. Dans Acheter Une Ancienne, il nous livre quelques secrets pour bien acheter une ancienne… et ne pas en acheter d’autres !

« Tout vient à point à qui peut attendre », si cette phrase n’était pas dans le Pantagruel de Rabelais, elle pourrait être la devise de Conventry, tant la Jaguar XJ s’est bonifiée avec le temps. Celle qui vient elle aussi de fêter ses 50 ans n’a pas toujours été une dans le cœur des collecitonneurs. Elle est désormais mise en avant pas le groupe au point qu’on se demande si une ré-édition de la première version ne serait pas dans les tuyaux pour en parfaire l’image de collector

Jaguar XJ classiques (1968-1987) : d’une indémodable modernité

La Jaguar XJ de première génération est lancée à la hâte en 1968 pour prendre la relève de berlines MK2 / S Type / 420 vieillissantes qui demeurent certes vaillantes mais camionnesques pour ce qui est de la conduite. La Jaguar XJ séduit tout de suite par son style racé et sa conduite souple. Surtout elle offre des prestations de premier ordre, surtout si on regarde son prix. Du coup les  Elle délais de livraison s’allongent.

Pourtant, c’est un assemblage d’éléments qui sont déjà dans les tiroirs de la marque. Les trains roulants viennent directement de la E Type des années 60, le moteur XK est un habitué et se retrouve sur toutes les autos de la marque. Mais elle ajoute une insonorisation de premier ordre, des finitions flatteuses, ce qui fait de cette berline rapide un modèle recherché du tournant des années 70. Certes on peut critiquer son appétit pour le sans-plomb, ses durites qui se détruisent les unes après les autres, mais on ne peut que louer son confort et sa facilité de conduite… rapide ! J’ai pris dernièrement le volant d’une Série 1 aux trains roulants refaits et au moteur intégralement revu, et après quelques kilomètres de routes défoncées, j’ai eu du mal à me dire que cette auto était de 1971.

Pour certains, le confort, c’est les chevrons. Et bien là ils auront une concurrente sérieuse. Quelle que soit la série, c’est une voyageuse de premier plan. On gardera en tête que la finition des séries 1 et 2 traverse mal les années. Les différents revêtements des planches de bord et des panneaux de porte se craquent et flétrissent, le ciel de toit se décolle, la corrosion apparaît partout, et la sellerie est en deçà des standards de la marque. Du coup, elles ne sont pas assez chères pour envisager une restauration complète, et difficiles à trouver en excellent état.

La série 3 conserve elle le meilleur de ces autos. La ligne est revue par Pininfarina pour en faire la plus belle des trois. La qualité de construction évolue dans le bon sens et les tôles sont galvanisées. Les intérieurs résistent bien à trois décennies de service et la fiabilité est au rendez-vous. On notera quelques améliorations substantielles sur les modèles d’après 1985. La version avec le 6 en ligne 4.2 litres est une bonne auto mais un peu lourde. Le V12 est le moteur qui lui convient le mieux puisqu’il se montre à la hauteur du poids de la voiture. A 3000 tours sur l’autoroute, c’est un régal et vous ne serez pas à la traîne, en ne sollicitant que la moitié de la puissance. Les reprises sont réelles et offrent la poussée d’une auto avec un turbo basse pression. Le paysage accélère dans un silence étonnant. Les versions sans catalyseur (d’avant 1989) sont encore plus sympa sur ce point.

Si vous cherchez les sensations d’une Jaguar XJ classique sans les ennuis, c’est cette série 3 qu’il vous faut, mais il faudra en trouver une… Regardez donc les annonces…

Jaguar XJ 40 (1987-1994) : génération viager

Quand Jaguar sort la série 3, en fait la remplaçante de la Jaguar XJ est loin d’être prête. Ce rôle d’intérimaire sera plus que rempli avec 177.243 exemplaires vendus elle fera carton plein (contre 99.344 Série 1 et 126.121 Série 2). La gestation de la Jaguar XJ 40 va battre des records de longueur : lancée en 1974, elle n’apparaît qu’en 1987 ! Entre choc pétrolier et gestion calamiteuse du groupe British Leyland, c’est presque un miracle en fait.

Beaucoup d’hésitations stylistique et une panne d’inspiration font que la Jaguar XJ 40 se tourne vers une ligne sculptée par l’aéro. Après le passage en soufflerie, on abandonne la calandre de la précédente auto et on adopte une face avant plus lisse. Le but avoué est de réduire la consommation. Le XK tournait autour des 15 à 16 litres et le V12 autour des 18 à 20 ! La nouvelle auto, qui inaugure un moteur tout alu de type AJ devra viser les 12 à 13 litres. Il sera disponible avec 4 soupapes par cylindre sur les versions 3.2, 3.6 et 4.0 litres mais se contentera de deux soupapes sur le 2.9 litres.

Au niveau de la boîte auto; la nouvelle ZP 4HP22/24 à 4 rapports est bien meilleure que l’ancienne d’origine GM. La Jaguar XJ reste proche de la série 3 quand on parle de conduite. C’est son couple qui fait le boulot et son poids reste très présent dans votre tête (1800 kgs !). Les version 4.0 litres sont les plus agréables, le moteur enroule bien et sait donner de la force et de la voix. Avec les rares boîtes méca (moins de 10% des ventes) on découvre une auto intéressante qui se cravache comme on le ferait avec une BMW.

La fiabilité est bonne, même excellente pour la deuxième série, celle des 3.2 et 4.0 litres. Elle ne craint pas les gros kilométrages et ce n’est pas rare d’en trouver au dessus des 300.000 kilomètres. Les points noir sont la clim (qui ne demande pas toujours « qu’une » recharge), les poignées de portes métalliques qui sont fixées sur une armature en plastique (?!) et le roulement d’arbre arrière que peu de propriétaires pensent à graisser. Et puis le ciel de toit n’a pas fait de progrès. La sellerie est belle et de qualité, les sièges sont confortables et ergonomiques, bien plus que sur une Daimler par exemple. Le tableau de bord est bien plus solide. On vérifiera tout de même la corrosion.

La Jaguar XJ 40 n’a pas toujours été appréciée à cause de son style moins inspiré. Mais, comme certains viagers, c’est une affaire à saisir avant que d’autres ne s’y intéressent. 208.757 exemplaires ont été produits, c’est le best-seller de la famille Jaguar XJ.

X300/X308 : génération viagra

Pour succéder à la Jaguar XJ 40, Coventry change en profondeur. La X300 reçoit un facelift complet et très réussi. Pourtant c’est bien une XJ 40 qu’on a sous les yeux, que ce soit au niveau mécanique ou du tableau de bord. Les panneaux de carrosserie sont, eux, entièrement nouveau et la rapproche des premières séries.

La conduite s’améliore grandement avec une direction toujours très assistée mais plus consistante. L’injection multipoint et une bobine par cylindre donnent une vivacité au moteur qui modifie, dans le bon sens, les blocs 3.2 et 4 litres. La boîte auto est plus faite pour une conduite « généreuse » que pour des économie de carburant. Enfin les trains roulants sont parfaits et le toucher de la route fera passer une Bentley pour une charrette non-amortie. Les X300 avec leur 6 cylindres sont parmi les berlines qu’il faut avoir essayé. En plus le V12 sera aussi au programme, mais les progrès du 4 litres ne tendent pas franchement à le démarquer.

En 1998 arrive la X308. Le nouvel actionnaire, Ford, a fait revoir l’auto. Ce sont maintenant des V8 qui logent sous le capot. La planche de bord évolue vers un style neo-classique inspiré de la XK8. La XJR à compresseur défie même la BMW M5, du moins elle essaye. La qualité et la fiabilité ont été améliorées et Jaguar n’hésite plus à garantir ses modèles 3 ans !

Conclusion :

Les Jaguar XJ sont de nos jours des autos qui offrent des sensations de conduite vraiment à part. On constatera à leur volant que les différentes versions ont autant de points communs que de de différences. La série 3 aura le charme d’une ancienne dans un confort bourgeois. Les X300 et X308 seront des berlines plus dynamiques sans renoncer aux fondamentaux.

Si vous cherchez une auto d’exception pour un prix d’achat modéré, ces autos sont faites pour vous. Mais on oubliera pas l’entretien exigeant que demandent les série 1, 2 et 3. Il faudra aussi préférer des autos saines, plutôt que des remises à niveau qui se montreront coûteuses. Enfin les XJ40, X300/X308 sont des berlines « youngtimers » que l’on peut trouver bien entretenues et dont l’entretien reste abordable. Le gros avantage de toutes ces autos reste la disponibilité des pièces, les spécialistes anglais sont passés par là.

Images : Jaguar et News d’Anciennes

Alexandre Guirao

https://www.classicautoinvest.fr/

Alexandre est un passionné d'automobile, et surtout un pro du milieu. Avec Classic Auto Invest il conseille les futurs collectionneurs pour qu'ils évitent les pièges du marché.

Commentaires

  1. James P Bandy

    C’est tres bien cette article…Moi, un american qui roule toujours en Serie III, tres bien. La voiture a maintenant 31ans et encore tres solide. Les portes ferme bien…pas comme les belles americans de la meme epoque..Et le moteur 4.0 etait a mon a vie…encore plus solide….Thanks for the article jpb

    Répondre · · 25 novembre 2018 à 16 h 06 min

  2. Drossart

    Pour rouler en XJ premières séries, 1,2 ou3 qui restent des autos fabuleuses, une fois bien réglées, il faut surtout s’entourer d’un très bon spécialiste qui vous évitera bien des déconvenues . Un entretien scrupuleux est indispensable et si vous vous y tenez elle le vous rendra au centuple ! Les pannes récurrentes sont bien connues des bons professionnels, pompes à essence, starter automatique, réglage boîte auto ou circuit électrique …. et bien sûr l’inévitable corrosion fera son effet au fil du temps puisque aucune protection n’était appliquée à l’époque !! Une XJ non refaite est forcément corrodée. Je possède la mienne depuis 25 ans, j’ai tout vécu, le pire comme le meilleur mais une fois qu’on en a pris la mesure, cette Jaguar est un régal, confort royal et plaisir de conduite sont au rendez-vous !

    Répondre · · 24 avril 2020 à 9 h 00 min

  3. Pierre

    J’ai possédé pas mal de XJ et maintient mes habitudses avec une XJ-C 4.2 (donc un coupé série 2) que nous avons restaurée avec un ami. Enorme chantier, mais une fois terminé quel agrément ! Le comportement et le confort sont top. Superbe auto qui ne mérite pas une réputation surtout due à un manque d’entretien, souvent par incompétence et/ou de moyens une fois devenues des autos d’occasion « pas chère ».
    Il semblerait qu’elles connaissent un surcroit d’estime en collection, ce qui serait mérité.

    Répondre · · 30 juin 2022 à 19 h 19 min

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