Quand les grands constructeurs se sont-ils mis à la traction ?

Publié le par Benjamin

Quand les grands constructeurs se sont-ils mis à la traction ?

Quand on parle de Traction on pense à la Citroën du même nom. Mais là on va vous parler du système en lui-même. Démocratisé par la Citroën, il était déjà mis en oeuvre par d’autres marques. Par la suite il s’est retrouvé dans de nombreuses autos… mais des fois ça a pris du temps !

Brève histoire des automobiles à traction

La traction, qu’on a pas besoin de nommer traction avant vu qu’une traction arrière c’est antinomique, est en fait un dispositif assez ancien. Le Fardier de Cugnot était en effet un véhicule à traction au XVIIIe siècle !

Dans les années 1890, les véhicules à traction sont relativement courants. Mais c’est assez simple à faire car on reprend les architectures hippomobiles avec un essieu avant directeur pivotant sur une seul axe. En plus les vitesses atteintes font que le différentiel n’est pas nécessaire. Par la suite le fait que les roues tournent indépendamment entraîne la généralisation de la propulsion, plus simple à mettre en oeuvre.

Divers essais sont réalisés, parfois même en course. Mais les systèmes à cardans, nécessaires au bon fonctionnement de la traction ne sont vraiment mis au point que dans les années 20 avec le développement de nouveaux types de joints. Le système sera de plus en plus utilisé dans les années 30.

Mais c’est bien après la seconde-guerre mondiale que la majorité des constructeurs s’y pliera. On ne s’arrêtera ici que sur les premières de chacun.

La traction chez les constructeurs français

Forcément, en France on va se dire que c’est la Citroën qui a été la première. Et bien c’est vrai uniquement si on parle uniquement des « grands » constructeurs. Avant elle c’est donc la Tracta, conçue par Grégoire, qui fut la première, dès le milieu des années 20. Elle alla même courir au Mans !

Chez les autres constructeurs, même en élargissant un peu, il faudra attendre. Citroën se lance donc en 1934. Panhard sera le suivant, avec sa Dyna X sortie en 1947, avec encore Jean-Albert Grégoire à la conception.
Chez Renault on adopte la traction au tournant des années 60, non pas avec la R4 en 1961, mais avec l’Estafette lancée en 1959. Peugeot arrive par la suite avec sa 204 en 1965 et Simca sera le dernier « grand » à s’y mettre avec la Simca 1100 apparue en 1967 !

On notera quelques autres tractions notables : l’Amilcar Compound en 1938, due elle aussi à l’ingénieur Grégoire… qui installa aussi la traction chez Hotchkiss en 1950.

La traction chez les constructeurs italiens

L’Italie a expérimenté les voitures à traction dès les années 40. C’est CEMSA Caproni qui s’y colle en 1946 sa F.11. Pourtant il va falloir attendre quelques années avant que la solution ne soit adoptée en série. C’est Alfa qui sera le premier à s’y mettre avec son fourgon Romeo en 1954. Sur les autos, c’est en 1960 que cela arrive et comme souvent en Italie c’est Lancia qui innove avec sa Flavia.

La suivante en Italie sera… une anglaise ! C’est l’Innocenti IM3, version locale de la Morris 1100/1300. Le groupe Fiat rentrera ensuite dans la danse, d’abord avec l’Autobianchi Primula en 1964 et la Fiat 128 en 1969.

La traction chez les constructeurs anglais

Du côté de nos chers amis anglais, la première traction de série est un cas assez unique. C’est une BSA Three-Wheeler qui apparaît en 1929 et sera au catalogue jusqu’en 1936 ! Autre petit constructeur, Lloyd fera appel aux FWD en langage local pour sa 650 en 1946.

Pour la grande série il faut attendre 1959 et l’arrivée de la Mini pour voir vraiment l’arrivée de la traction dans la production insulaire. Les autres marques du groupe BMC, avec leurs propres version de la Mini et avec les 1100/1300. Concernant l’autre conglomérat, British Leyland, la première sera la Triumph 1300 en 1965. Chez Rover, c’est avec la 200 de 1984, basée sur une Honda Ballade, qu’on s’y met.
Les autres constructeurs, Jaguar ou Aston ne l’ont jamais adoptée !

La traction chez les constructeurs allemands

Alors que certains constructeurs allemands ne s’y mettent que maintenant, les premières traction sont apparues en Allemagne dans les années 30. DKW lance sa F1 en 1931, Adler sa Trumpf en 1932 et Audi sa Front UW220 en 1933.

Ensuite on va faire un longue pause jusqu’en 1956… et la RDA. d’abord avec la Wartburg IFA F9 puis la mythique Trabant en 1957 ! En RFA c’est Ford qui produit à Cologne la Taunus 12M P4 en traction à partir de 1964. En 1967 NSU propose la traction sur la Ro80 et deux ans plus tard sa K70 est produite par VW et c’est la première traction de la marque. Opel n’adoptera le système qu’en 1979 sur sa Kadett D. Quand à Mercedes et BMW, c’est tout récent !

La traction chez les constructeurs américains

Même si pour les autos de grande série on tarde à trouver des modèles américains fonctionnant avec la traction, les USA ont vu de nombreuses auto l’expérimenter. Dès 1906 une auto est engagée à la Coupe Vanderbilt et en 1925 aux 500 Miles d’Indianapolis.

Pour voir une traction sur les routes, il faut attendre 1929 et la Cord L29. Cord récidivera en 1936 avec la 810. Pour la suivante il va falloir attendre de nombreuses années. Si Ford s’y est mis en Europe, mais aux USA en 1966 c’est General Motors qui dégaine le premier avec l’Oldsmobile Toronado. Chez Chrysler on attendra la sortie des Dodge Omni et Plymouth Horizon (toutes deux basées sur la Talbot du même nom) pour s’y mettre. Ford rejoindra le mouvement dans sa gamme US avec son Escort locale en 1980 ! Le dernier grand, il l’était à l’époque, AMC adoptera la traction avec sa Medallion… qui est une Renault 21 rebadgée !

La traction chez les constructeurs japonais

L’industrie automobile japonaise s’étant constituée après la seconde guerre mondiale, aucune surprise sur le fait que les premiers modèles arrivent tard. La première grande marque à se lancer c’est Suzuki. On est en 1955 et la Suzulight, une Kei Car, innove.

En 1966 Subaru s’y met avec une auto un peu plus grosse, sa 1000 et déjà un 4 à plat à l’avant. Chez Honda c’est la N360, la kei car qui donna la N600, qui utilise la traction en 1967. Trois ans plus tard c’est Nissan qui s’y met avec la Cherry. La première Toyota traction se fera attendre puisque ce n’est qu’en 1979 que le constructeur, déjà mondial, y consentira.

En bref :

La traction a bien des avantages… et finalement la plupart des grands constructeurs y passent petit à petit. Mais c’est aussi une histoire de philosophie et la France a été un peu en avance sur les autres à ce niveau.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Pascal

    Chouette article, on y apprend beaucoup de choses intéressantes, félicitations.

    Répondre · · 3 avril 2020 à 11 h 03 min

  2. cordel herve

    Bonjour,
    Concernant les américains, il me semble bien que cadillac produisait une traction avant dans les annees 60
    Je me trompe?

    Répondre · · 3 avril 2020 à 11 h 33 min

  3. Bailleul Patrick

    Contrairement à votre affirmation des modèles à traction AV ont bien existé sous les marques Jaguar et Aston Martin : les Jaguar X type sur base Ford Mondeo et l’Aston Cygnet sur base Toyota IQ.

    Répondre · · 3 avril 2020 à 11 h 49 min

  4. ted

    En 1987, BMW a adopté la traction sur la E30 dans une version electrique sur une base de 325iX, 8 exemplaires produits

    Répondre · · 3 avril 2020 à 18 h 58 min

  5. Dereure

    Très intéressant. Pour compléter: en 1967, la Fleetwood Eldorado devient la première traction avant de Cadillac

    Répondre · · 9 avril 2020 à 14 h 45 min

  6. Pierre J

    Super article comme d’habitude, merci. Qu’en est-il de la répartition traction/propulsion actuelle, quels sont les avantages et inconvénients, quelles sont les tendances ?

    Répondre · · 10 avril 2020 à 10 h 40 min

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