D’un continent à l’autre, rencontre avec VEA, des européennes anciennes au Canada !

Publié le par Fabien

D’un continent à l’autre, rencontre avec VEA, des européennes anciennes au Canada !

30 Juillet 2018. Benjamin, notre rédac’chef adoré reçoit un mail relatif à son article sur les voitures françaises à volant à droite (à relire ici). Rien que de très normal pour News d’Anciennes qui se veut pouvoir dialoguer avec ses lecteurs, mais celui-ci a été posté par le rédacteur en chef de la revue l’Autosiaste du Club VEA, Voitures Européennes d’Autrefois, basé au Québec. Le Canada ayant été ma destination estivale (comme vous avez pu le lire ici, ici et ), une rencontre s’est imposée.

Après quelques échanges pour définir la date et le lieu, Gilbert, président et rédacteur en chef du Club VEA, possesseur d’une Porsche 924 S de 1987 (et d’une BMW 325es de 1986) et Richard, Directeur senior venu avec sa Citroën Traction 15/6 H de 1955, m’attendaient devant La Belle et La Bœuf, sympathique restaurant situé à Laval, en périphérie de Montréal. Bien que l’été québécois fût particulièrement chaud et sec cette année, la pluie s’était invitée au rendez-vous : pas de chance pour les photos ! Mais qu’à cela ne tienne, l’important était de créer des liens et de discuter autour de ces fameuses européennes qui avaient en leur temps franchi d’Atlantique.

L’automobile ancienne au Québec

En Amérique du Nord, il est bien évident que les voitures du Vieux Continent ne constituent pas l’essentiel des voitures de collection. Les Américaines sont nombreuses.

L’ensemble du parc de véhicules d’époque représenterait environ 2500 voitures. Un conditionnel s’impose puisqu’au Canada et au Québec, le contrôle technique n’existe pas et s’il existe bien un statut de véhicule de collection, la loi impose pour les véhicules qui en relèvent, et qui affichent une plaque d’immatriculation en tant que tels, une limitation de vitesse à 70 km/h. Déjà que les autoroutes sont limitées à 100 km/h, et malgré une certaine tolérance pour les petits excès de vitesse, autant dire que cette limitation à 70 rebute beaucoup de propriétaires, si bien que ce statut collection n’a pas de valeur réelle.

Autre point, contrairement à la France où l’on voit des propriétaires et des passionnés de tous âges lors des manifestations, la population possédant des voitures européennes est vieillissante. Les jeunes ont, plus tendance à préférer les américaines, dont les pièces sont faciles à trouver avec les USA tout proches, que des européennes.

Véhicules anciens et restauration

Pour le Club VEA, la restauration reste plus dans l’esprit français qu’anglo-saxon. Ainsi, le véhicule reste 100% original, ne subissant qu’un entretien courant jusqu’à ce que son propriétaire décide de le restaurer. Dans ce cas, la restauration sera totale et conforme à la sortie d’usine. Pas de compromis donc, ni d’intermédiaire cosmétique.

Pour ce qui est de l’utilisation des Anciennes, si en France, globalement, nous pouvons sortir toute l’année, c’est loin d’être le cas au Québec et au Canada. Pas tant à cause de la neige, quoique, mais du fait du froid et du sel. Ainsi, de fin octobre et les premières neiges, voire novembre pour les plus téméraires, au mois de mai où le risque d’un retour de froid s’éloigne suffisamment, les voitures anciennes restent pour la plupart en hivernage en attendant le printemps suivant.

Le Club VEA

Créé en 1974 avec la volonté de faire rouler ces vieilles européennes, le Club des Voitures Européennes d’Autrefois regroupe environ 160 membres et constitue une association incontournable lorsque l’on parle véhicule de collection au Québec et même au Canada puisque ses membres sont également anglophones. Le Club publie son propre magazine bilingue (français/anglais) « l’Autosiaste » à l’attention de ses membres.

Son dynamisme local est associé au dynamisme de ses membres qui irradient à l’échelle internationale : deux de ses membres ont participé aux Mille Miglia, l’un d’entre eux est parti sur rallye en Nouvelle Zélande, régulièrement le salon Retromobile de Paris est visité, tout comme le Festival Goodwood !

L’une des fiertés du Club VEA est de compter parmi ses membres Luigi Chinetti Fils, qui a couru pour la NART, North American Racing Team, et a remporté en 1971 les 24h du Mans à l’indice de rendement énergétique. Son père Luigi Chinetti, fut importateur exclusif Ferrari aux USA et le créateur de la NART, l’écurie Ferrari Nord-Américaine officielle. Avant cela, il a notamment été triple vainqueur des 24h du Mans en 1932, 1934 sur Alfa Romeo 8C 2300 et en 1949 pour Ferrari avec la 166MM qui signa la première victoire du cheval cabré dans cette épreuve… Ils ont bien raison d’en être fier !

Morceaux choisis de notre entretien autour d’une assiette…

N.A. : le monde de la voiture ancienne au Québec et plus généralement au Canada doit être sensiblement différent de celui que nous connaissons en France. Les voitures européennes y sont-elles nombreuses?

VEA : En nombre, nous n’irions pas jusqu’à dire qu’il y en a beaucoup au prorata de la population car l’automobile américaine prédomine, mais des collectionneurs d’automobiles anciennes européennes ont créé le club VEA en 1974 justement pour se démarquer du club principal québécois de voitures américaines.

NA : Quid des françaises dans tout ça ?

VEA : Au sein de notre petit club il y a une communauté de collectionneurs de voitures françaises et tout spécialement de Citroën. Il existe aussi au Québec un club de voitures anglaises et un autre de voitures italiennes.

NA : Toute l’histoire de l’automobile européenne est-elle représentée ?

VEA : Il y a très peu de véhicules d’avant-guerre. La plus ancienne est une Fiat 52 1912 Coupé chauffeur avec interphone. Le territoire étant vaste, les liaisons sont longues et peu propices au roulage de ces autos. Pour les après-guerres, il y a de la diversité jusqu’aux années 90.

NA : En parlant de roulage, comment sont organisées les manifestations ?

VEA : Alors que pour le VAQ, le club des Voitures Anciennes du Québec, qui regroupe beaucoup d’Américaines et quelques Européennes, ce sont essentiellement des expositions, estivales hebdomadaires et généralement annuelles, même date, même lieu, notre club, le VEA, est quant à lui axé sur les activités mobiles, ce qui est sa maxime : « Sub sole aut pluvia ducemus ea – Rain or shine, we drive them – Sous le soleil ou la pluie, nous roulons ».

NA : Une bien belle devise il est vrai ! Une invitation à sillonner le Québec et plus largement le Canada !

VEA : Pas tout à fait. Les distances sont longues et le roulage sur autoroutes est monotone avant d’arriver dans des zones où le plaisir de conduire « à l’européenne », sur des routes plus sinueuses et étroites, peut s’exprimer. De plus, nous avons ici assez peu de congés et de jours fériés, si bien que des activités excédant la durée d’un week-end ne sont pas pensables. Les sorties s’organisent essentiellement sur la journée, y compris la distance jusqu’au lieu de sortie.

Mais nous mettons un point d’honneur à renouveler et varier nos sorties, ce qui est un gros défi ! Chaque année nous cherchons à innover : visites, restaurants, balades… La culture européenne reste bien présente puisque chaque sortie est l’occasion de partager un bon repas et découvrir quelques bons vins dans un bel esprit de camaraderie !

NA : Un état d’esprit qui colle bien avec la devise du Québec inscrite sur les plaques d’immatriculation : « Je me souviens » !

Encore un grand merci à Gilbert et Richard pour leur disponibilité, leur sympathie et leur accueil lors de cette rencontre. Un très beau moment de partage.

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. James P Bandy

    Vis a vis Les 15CV..Pendant les annees j’etais en France, j’avais oux moins de cinq 15cv…Pas une bonne voiture, toujours en panne, boite de vitesse pas bonne..trop lourd….Mais, Mais la 11CV, c’est un autre choses, bien, bien..Je ne veux pas jamais encore une 15cv……

    Répondre · · 5 novembre 2018 à 13 h 52 min

    1. Fabien

      La Citroën 15 présentée ici est la voiture d’un membre du VEA que j’ai eu la chance de rencontrer. Elle n’est pas l’objet même du reportage, mais l’illustre.
      Ensuite, je suis heureux que la 11 vous donne satisfaction. Comme quoi, il y a toujours une voiture qui convient à notre passion d’une part et à notre manière de conduire d’autre part!

      Répondre · · 5 novembre 2018 à 20 h 34 min

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