Les Ferrari 208, quand Maranello se met au downsizing… et au Turbo !

Publié le par Valentine

Les Ferrari 208, quand Maranello se met au downsizing… et au Turbo !

On connaît bien les Ferrari 308. En fait nées Dino dans les années 70, ces autos incarnent une nouvelle série de voitures à Maranello, une série qui va vite représenter le gros des ventes de la marque mais une série qui perdure aussi jusqu’à nos jours. Mais les 308 ne sont pas arrivées seules. En Italie, elles ont été secondées par les Ferrari 208, une série d’autos méconnues et qui, en plus, ont été des pionnières.

Le downsizing forcé

De nos jours, le downsizing c’est quelque chose courant. On réduit la cylindrée pour faire moins consommer les voitures, et donc les faire émettre moins de gaz à effet de serre. On peut notamment se le permettre grâce aux grandes avancées faites sur les moteurs thermiques qui permettent de bien meilleurs rendements, ne serait-ce qu’il y a 20 ans quand les voitures à plus de 100ch/litre étaient bien rares.

Mais en Italie, on connaît le downsizing depuis les années 70. Et c’est alors une question d’argent. En effet le gouvernement italien a instauré une surtaxe importante sur les voitures de sport. Avec un joli nombre de constructeurs proposant de telles autos, on est certain que ça va marcher. La règle est simple : 17% de taxes supplémentaires pour les voitures dont la cylindrée est de plus de 2 litres. Si les généralistes « du nord » tels que Fiat, Alfa ou Lancia sont plutôt à l’abri avec la majorité de leurs autos, il n’en est pas de même pour les constructeurs de la Terra dei motori entre Bologne et Modène.

C’est en effet là que se concentrent alors Ferrari, Lamborghini ou Maserati qui ont alors l’idée de s’adapter pour pouvoir continuer à vendre des voitures sur leur marché intérieur. Le plus prompt à réagir, c’est Lamborghini avec son Urraco P200 dont le V8 est ramené de 2462 à 1994 cm³, une voiture qui va être uniquement proposée en Italie. Maserati suivra en 1977 avec la Merak 2000 GT mais Ferrari a dégainé avant.

Les premières Ferrari 208

À Maranello cette nouvelle taxe tombe presque bien. La marque est en fait en plein renouvellement de ses modèles. Au salon de Paris en Novembre 1973 on a ainsi présenté une voiture totalement à part dans la gamme… enfin la gamme sœur, chez Dino. Cette voiture c’est la Dino 308 GT4, un coupé 2+2 à moteur central qui ajoute une autre particularité : c’est la seule Ferrari de série dessinée par Bertone.

Cette voiture est une base intéressante pour aller chercher ce nouveau marché intérieur des 2 litres. C’est ainsi que va naître la première de la série : la Dino 208 GT4. Nous sommes au salon de Genève 1975 et l’auto reprend exactement les lignes de la 308 (avec du chrome à la place du noir sur certaines baguettes). À l’époque, Ferrari donne encore des indications à propos de la motorisation dans le nom de ses voitures. La 308 cube 3 litres avec un V8, la 208 cube 2 litres avec quasiment le même V8.

On a évidemment limité les modifications. Le vilebrequin reste le même, seul l’alésage va être modifié, passant de 81 à 67mm. Avec 1991cm³ on obtient tout de même une voiture de 170ch filant à 220km/h. C’est finalement la plus lente des Ferrari !

Cette nouvelle auto devient Ferrari 208 GT4 dès 1976 quand la marque Dino est abandonnée sur la 308 GT4. Elle reste au catalogue jusqu’à l’arrêt de la production de la 308. On a alors fabriqué 840 voitures, uniquement pour le marché italien rappelons-le, contre 2846 voitures avec un moteur 3 litres.

La Ferrari 208 prend le relais

Si la GT4 s’arrête, ce n’est pas le cas de la deuxième Berlinette de la gamme. Lancée directement avec le badge Ferrari en 1975, mais aussi avec une vocation plus sportive symbolisée par ses 2 places, la Ferrari 308 GTB est toujours au catalogue. Elle partageait son moteur avec la GT4 en 3 litres, elle va maintenant prendre le relai dans les deux litres avec l’introduction de la Ferrari 208 GTB en 1980. Le moteur est strictement le même et les performances toujours aussi limitées malgré 54kg de moins que la 3 litres sur la balance.

La vraie nouveauté vient de la « gamme ». La 308 se décline en effet en version coupé, la GTB, et en Targa, la GTS. La Ferrari 208 reprendra du coup les deux carrosseries. On va d’ailleurs produire presque autant de Targa (140 exemplaires) que de Coupés (160 exemplaires) et le tout en seulement deux ans.

Et oui, la carrière des Ferrari 208 GTB et GTS est courte. Si on ne s’est jamais inquiété des performances de la GT4, la Ferrari 208 GTB paraît plus à la traîne. Mais chez Ferrari, on connaît finalement une recette intéressante, une recette déjà exploitée par Maserati depuis 1981 pour proposer des coupés de moins de 2 litres performants : le Turbo.

Les Ferrari 208 GTB et GTS Turbo

C’est au salon de Turin en 1982 qu’est dévoilée la Ferrari 208 GTB et GTS Turbo. Le V8 de 2.0L reste le même, sauf qu’il passe à l’injection et qu’il est maintenant associé à un turbocompresseur KKK K26 qui fait passer sa puissance de 170ch à 220ch ! On retrouve donc une auto capable d’abattre le 0 à 100 en 6.6 secondes et atteindre 253 km/h, même avec une petite cylindrée.

Le turbocompresseur KKK K26 n’est autre que celui qui était greffé dans la Ferrari 126 C2 pilotée par Gilles Villeneuve et Didier Pironi en Formule 1, rien que ça. Cette F1 développait 650ch grâce au turbo alors que le moteur n’était qu’un V6 d’1.5l. Cet élément fait donc prendre une toute autre dimension à la petite Ferrari 208 GTB qui s’en trouve bien plus légitime que les précédentes autos de la série.

Extérieurement, on reconnaît ces Ferrari 208 GTB et GTS Turbo à leur prise d’air NACA supplémentaire situées devant les roues arrières.

Ce duo de voitures est un peu oublié dans l’histoire de la marque. Pourtant, avant la 288 GTO, c’est bien ce duo qui a introduit le Turbo sous le capot des voitures de Maranello. Les Ferrari 208 GTB et GTS Turbo vont avoir une carrière un peu plus longue. On les produira pendant 4 ans et à 437 exemplaires au total.

En 1986, elles s’arrêtent… mais la série continue !

Les GTB et GTS Turbo

En 1986 la Ferrari 308 disparaît, remplacée par la nouvelle 328 qui reprend sa philosophie, les grandes lignes de son dessin et introduit un nouveau moteur de 3,2 litres (d’où son nom). Mais la série des petites voitures continue, tant que les taxes sont toujours présentes (on est alors à 38% de TVA !). Une grosse différence réside dans le fait qu’on n’utilise plus de chiffre dans le nom de ces autos, d’où le fait qu’elles soient encore moins connues que les autres autos de la série.

Techniquement, Ferrari a aussi fait des progrès dans l’utilisation des Turbo. Ainsi on a remplacé le KKK par un IHI qui souffle à 1,05 bar et on ajoute un Intercooler. On obtient alors 254ch, c’est plus que sur la 308 et à peine moins que les 270ch de la 328. La vitesse de pointe est mesurée à 253 km/h tandis qu’avec 6,6 secondes sur le 0 à 100, on est seulement à 1/10e de seconde de la 328 ! Une fois de plus la prise d’air NACA est présente sur les carrosseries.

Finalement, cette série d’auto, qui aurait pu conserver le nom de Ferrari 208, sera la plus vendue. En trois ans, on atteindra 1136 exemplaires ! Il est vrai que le Turbo était bien plus implanté dans l’esprit de l’acheteur d’une Ferrari après les supercars 288 GTO et surtout avec la F40 qui leur est contemporaine.

Ces deux dernières autos seront d’ailleurs les dernières berlinette Ferrari à utiliser un turbo… avant 2015 et l’arrivée de la 488 GTB. Il est d’ailleurs intéressant de noter que beaucoup de confrères ont mis en avant que cette nouvelle auto était la première auto de la marque de production à avoir reçu un turbo. Mais il est également vrai que Ferrari n’a jamais vraiment mis en avant ses 208 dans son histoire. Après, il faut aussi repréciser une nouvelle fois que les Ferrari 208 n’ont jamais été pensées comme des voitures « mondiales » et n’étaient vendues que dans la botte.

En collection

On ne parle ici que de raretés dans les raretés. Et c’est même pire chez nous puisque ces autos ont été uniquement conçues pour le marché italien. Donc on en voit peu et toutes les voitures ont été importées. Par contre, il est vrai que ce sont des morceaux de choix pour des collectionneurs monomaniaques d’un modèle en particulier.

D’ailleurs, les prix sont sensiblement les mêmes avec 60.000 à 80.000€ pour les Ferrari 208 GT4 et le duo 208 GTB et GTS. On note aussi que les versions Turbo, bien que plus performantes, ne sont pas forcément plus chères… pour les GTB en tout cas. Les Ferrari 208 GTS Turbo peuvent ainsi aller chercher au-delà des 100.000€ !

Comme avec toutes les Ferrari, les frais d’entretiens sont toujours assez onéreux. Toutefois, ils le seront moins que sur un modèle V12 et c’est déjà un point de gagné.

Photos complémentaires : Ferrari, Artcurial, RM Sotheby’s

Valentine

Passionnée d'automobile depuis de nombreuses années, Valentine, étudiante en journalisme, rejoint l'équipe de News d'Anciennes en tant qu'apprentie. Les voitures anciennes, elle aime en parler, les prendre en photo mais surtout en prendre le volant !

Commentaires

  1. Jenn

    Bravo Valentine, tes écrits sont tellement interessants
    Je ne m’en lasse pas

    Répondre · · 9 mars 2024 à 18 h 15 min

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