[La Collec’ Facile] La Renault 4L

On a commencé avec la 2CV, enchaîné avec la Mini, c’est assez logique qu’on s’attaque maintenant à une autre populaire française, toujours très visible sur les différents événements : la Renault 4L. Comme pour les autos précédemment citées, la question est la même : est-ce qu’elle est vraiment facile à collectionner et est-ce que cela joue sur le fait qu’elle soit si répandue ?

La Renault 4 en bref

Difficile de faire bref quand il s’agit d’une voiture produite de 1962 à 1993 ! Vraie star, elle arrive pour remplacer la 4CV qui tire sa révérence et apporte un vent de nouveautés dans la gamme Renault avec son hayon, son moteur à l’avant et la traction, des éléments qui deviendront finalement la base de toutes les Renault (ou presque).

Néanmoins, se replonger dans l’histoire de l’auto permet de régler une question : le nom. Son vrai nom a toujours été « Renault 4 ». En fait, « 4L » désigne une version de l’auto, la Renault 4 Luxe, qui est le haut de gamme au moment du lancement du modèle. Avec les vitres de custode qui les distinguent des Renault 4 « tout court », les Renault 4L vont vite devenir les bases du modèles et c’est à partir d’elles que la gamme va se créer.

Plus de détails :
La Renault 4 ou la « quatrelle »

La gamme ? Oui, car les Renault 4 sont au final assez nombreuses. On retiendra la Super et sa déclinaison reconnue la Parisienne, l’originale et éphémère Plein Air, la « passe-partout » Sinpar, la TL, la GTL et son moteur Cléon-Fonte au lieu du Billancourt, et puis les séries limitées Jogging, Sixties et les dernières Savane et Clan. Et il faut d’ailleurs rajouter les F4 et F6, les fourgonnettes de la gamme.

Bref, la 4L c’est une grande famille qui partage une bouille reconnaissable, même avec des calandres différentes et qui a traversé les années avec un énorme succès : elle a été la voiture la plus vendue en France entre 1962 et 1968, ne laissant l’année 1966 à la Citroën Ami qu’à cause d’une ventilation entre les 4 et les 5cv !

L’achat d’une 4L

Est-ce facile de trouver une Renault 4 ? La réponse est oui ! Parce qu’il y a une chose qu’on a pas mentionné : avant que les Peugeot 206 puis 207 ne passent devant, la voiture a longtemps été la plus produites des voitures françaises : 8.135.424 exemplaires ! De fait, les Renault 4 sont nombreuses sur le marché, dans des états variables.

Attention cependant à une chose : certaines sont plus recherchées que d’autres. Forcément, plus elles sont anciennes, plus elles sont prisées. Les Renault 4 « tout court » sans vitre de custode (ce qui fait qu’on les confond avec l’éphémère cousine Renault 3), les Super ou les Parisienne font le bonheur des collectionneurs du modèle mais sont suffisamment rares pour être copiées, c’est dit !

À l’inverse, les autos d’après 1975, dotées de la « moderne » calandre plastique sont très nombreuses. Qu’elles soient L ou Savane, GTL ou Clan, ces autos ont 40 ans ou moins. Par conséquent, elle sont encore présentes sur nos routes au quotidien avant de prétendre à des semi-retraites entre les mains de passionnés.

Pour la dispo, c’est réglé : il est facile d’acheter une 4L. Maintenant, on aborde le porte-monnaie. Et bien vous savez quoi ? C’est facile également ! Par contre, comme pour toutes les voitures anciennes ses dernières années, les prix ont augmenté. À quel point ? Rassurez-vous, ils n’ont pas dépassé les 10.000 € que pour certains modèles bien précis.

On commence justement par ces exceptions avec les Renault 4 à 4 glaces ou les Plein Air. Ces autos sont rares, on vous l’a dit, et elles sont souvent été patiemment restaurées.

Pour les autres on distinguera les autos trouvables facilement sous les 5000 € et les autres. Du côté des moins chères, les reines sont forcément les plus récentes avec les L, TL et Savane au moteur Billancourt, qu’on dégotte sous les 5000 €, même en parfait état. Les GTL sont un poil plus chères mais sans trop taper dans le porte-monnaie.

Entre 5000 et 10.000 € on retrouvera en fait les autres autos rares, les 4L des premiers millésimes, les Parisienne et Super et les différentes versions Sinpar. Les séries limitées des années 80 ont souvent attiré des collectionneurs qui ont mis quelques euros dedans pour qu’elles soient belles et cela explique leurs prix légèrement supérieurs aux 5000 € des modèles sur lesquelles elles sont basées.

En bref : l’achat d’une Renault 4, c’est facile !

La restauration d’une Renault 4

Pour parler de la restauration des 4L et de leurs pièces, on a appelé un spécialiste : Denis Mahaud qui a fondé Melun Rétro Passion en 1994 !

Commençons par une question cruciale : le prix des pièces de Renault 4.

« Renault avait l’avantage d’avoir des pièces qui se montaient sur de nombreux modèles. Cela fait des pièces « standard », de grande diffusion avec des prix abordables et à la portée de tous. »

« Si on parle par exemple des pièces du moteur Cléon-Fonte, c’est un moteur qu’on a retrouvé dans le monde entier et les refabrications sont faciles et concernent des centaines voire des milliers de pièces. Pour des disques de frein, c’est pareil. Les disques avant de la 4L se montent sur des R5, à l’arrière des R5 Alpine, sur les R12, R15, R17 et même R18. Du coup, en commandant les pièces en quantité, ça nous permet de vendre la paire à 49,9€ ! Même chose pour les plaquettes, le jeu est donc à 9,9 € ! »

« Évidemment il y a des exceptions. Quand on refabrique un intérieur de Savane ou de Clan, ça ne se monte QUE sur ces autos, les prix sont donc plus élevés. »

« En plus de ça on a une politique simple puisqu’on veut que la Renault 4 reste une voiture abordable et courante, donc il ne faut pas que les prix soient trop élevés sur les pièces. On fait évidemment une marge pour faire tourner notre entreprise et investir sur de nouvelles pièces mais quand on arrive à obtenir des pièces moins chères, on le répercute. Chez Melun Rétro Passion, on se refuse à vendre une pièce trop chère, quitte à ne pas la vendre. »

« On a un bon exemple de ce fonctionnement avec les châssis neufs qu’on a sorti en 2014. Il fallait qu’on le propose pour éviter que certaines Renault 4 ne partent à la casse. On a plutôt de la chance car c’est une pièce complexe, avec ses 200 pièces, mais pas trop non plus. On l’a affiché à 2000€, c’était cher à l’époque, mais comme le prix des autos augmente aussi, c’est devenu plus facile pour un collectionneur de passer par le remplacement du châssis complet. »

On parle beaucoup de refabrications. On ne trouve que ce genre de pièces sur les 4L ?

« Il existe des « New Old Stock » mais ils sont rares. En France, le cafutage fait qu’il est quelque fois plus intéressant de détruire un stock pour des raisons fiscales. En fait on retrouve des stocks anciens, mais surtout à l’étranger. »

« La refabrication reste tout de même notre idée première. Sur certaines pièces, je ne vois pas comment faire autrement. Si on prend un maître-cylindre de freins, avec les conditions de stockage, rien ne garantit la bonne tenue du caoutchouc et c’est dangereux. Même chose avec un cylindre de roue qu’on arrive à proposer à 10,9 € ! Sur certaines pièces, comme les câbles de frein, c’est moins problématique. »

« On essaye de travailler le plus possible avec des fabricants français voire européens. Sur les amortisseurs par exemple, on travaille avec Record. On a d’ailleurs développé avec eux des amortisseurs spécifiques qu’on vend avec la marque Melun Rétro Passion. Ça ne sert à rien de vouloir gagner 2 ou 3€ en faisant refabriquer en Asie. Par contre, on a des soucis avec certaines pièces chromées par exemple. »

Beaucoup de refabrications, d’accord, mais est-ce qu’il existe des pièces introuvables ?

« Je n’aime pas trop ce terme. Les refabrications sont de plus en plus nombreuses. Quand on reçoit des demandes sur une pièce que l’on ne propose pas, on étudie, on refait les plans et on relance la fabrication. On a constamment des projets sur le feu et on a toujours des nouveautés sur le site, on a d’ailleurs une rubrique dédiée ! »

Une fois qu’on a trouvé les pièces à bon prix, on attaque le montage. Est-ce que restaurer une 4L est facile et à la portée de tous ?

« Là on attaque un sacré problème : celui d’internet. On trouve des avis et des tutos partout. Mais il faut faire attention. Quand un cuisinier qui a 20 ans de carrière met sa recette en ligne, on aura pas forcément le même résultat en le faisant à la maison. Pour restaurer une 4L, c’est pareil. »

« Globalement, la voiture est assez simple mais si certains ont un diplôme en mécanique ou en carrosserie, ce n’est pas pour rien. Quand on a un particulier qui nous appelle pour des coussinets de bielle sans en connaître la cote, on se dit qu’il ne va pas finir les travaux tout de suite et on lui conseille de s’entourer des personnes qui ont les connaissances nécessaires pour l’aider. »

Faire rouler une Renault 4L

Ceux qui ont roulé en Renault 4 vous le diront : c’est une voiture ancienne facile à faire rouler ! Attention cependant à votre première fois. Nombreux sont ceux qui ont eu un peu de mal à s’y faire pour leur première et c’est bien normal : le passage des vitesses au tableau de bord, avec inclinaison du levier n’est pas franchement naturel. Remarquez que la Renault 4 n’est pas la seule à être concernée.

Sinon, comme le disait Michel Fugain dans la publicité dédiée à l’auto « va partout en Renault 4, demande-lui beaucoup ». Et c’est vrai ! La Renault 4 est une voiture vraiment passe-partout. En ville, son gabarit de poche, surtout comparé aux équivalents actuels, sera un vrai atout. Vous ne prendrez pas en défaut sa mécanique et ses performances aux rythmes urbains actuels.

Sur route, elle avalera les kilomètres. Par contre, si vous n’avez pas une GTL sous la main, n’espérez pas vraiment accrocher les limitations de vitesse dans les montées et les voies rapides seront avalées sur la voie de droite en priant pour qu’on ne vous dépasse pas au moment où vous déboitez (enfin) un camion. Pour autant, sur ces terrains, elle sera plus performante qu’une 2CV des mêmes années et jamais vraiment ridicule. Ça reste une voiture ancienne et il faudra apprendre à rouler à son rythme.

Restent tous les chemins non-bitumés. La 2CV avait basé une partie de son argumentaire sur son confort en dehors des sentiers battus et c’est bien elle qui était visée par la R4 (pas L) à sa sortie. De fait, avec une garde au sol suffisante et un confort de suspension très bon (très mou quoi), la Renault 4 passera sur tous les chemins et pourra même s’aventurer ponctuellement en franchissement, mais privilégiez les version Sinpar si la gadoue est au programme.

Ce n’est pas pour rien que l’auto est devenue la star des raids étudiants dans le désert, dans le sillage de la fameuse 4L des frères Marreau. Le 4L Trophy en a fait une icône et tous les autres raids du genre accueillent les 4L en nombre.

Le phénomène des raids a d’ailleurs permis à de nombreux jeunes (dont certains qui le sont moins désormais, le 4L Trophy ayant 25 ans) de découvrir la voiture ancienne. Une piqûre qui a donné une addiction (qui se soigne mal, heureusement pour les passionnés que nous sommes) et qui a souvent entraîné que les 4L plus ou moins préparées soient aussi des voitures de tous les jours pour de nombreux équipages de retour du désert.

Enfin, si elle est aussi prisée sur les raids et sur la route en général, c’est aussi grâce à sa fiabilité. Oui, une voiture facile à collectionner doit aussi être fiable. Que ce soit le Billancourt ou le Cléon, ce ne sont pas des foudres de guerre (en tout cas les versions qui se logent à l’avant d’une R4) mais ils encaissent bien les kilomètres tant que vous les respectez en respectant l’entretien minimum qu’ils demandent. Pour le reste, le faisceau électrique est réduit et les pannes qu’il peut entraîner aussi. Reste la question de la corrosion, mais c’est un mal classique des voitures anciennes.

La vie en club ?

Contrairement à la 2CV, la Renault 4 ne compte finalement pas tant de clubs que cela. On parle ici de clubs à proprement parler, pas de forums spécialisés. Derrière le 4L-R6 Club de France, les clubs régionaux (en dehors des associations dédiées aux raids étudiants évoqués) sont bien plus rares, signe d’une certaine cohésion entre les propriétaires de 4L.

Ces clubs et forums seront sources de beaucoup d’infos et de conseils. Pour ce qui est des pièces, hormis des choses très spécifiques comme les tissus de Renault 3, les clubs sont rarement à l’origine des refabrications.

Autre chose à savoir : il existe des clubs dédiés à la Renault 4 dans différents pays. Avec l’arrêt, temporaire on l’espère, du 4L International, événement qui rassemblait des Renault 4 de tous horizons dans le centre de la France, c’est aussi vers eux que vous pourrez vous tourner pour retrouver des événements dédiés à la Renault 4. Après, vous pourrez toujours retrouver ces clubs sur des événements plus généralistes, Losange Passion International en tête.

Conclusion :

Évidemment qu’on connaissait la réponse avant de s’engager dans le sujet. Mais, oui, la Renault 4 est une voiture facile à collectionner. Est-ce pour autant cela qui fait son succès ? Une bonne partie en tout cas !

En dehors du fait que c’est une voiture ancienne qui a marqué des générations entières de conducteurs et passagers, chose importante pour qu’on s’intéresse à elle et qu’on ait envie de revivre des souvenirs, le fait qu’elle soit facile fait aussi qu’elle si présente dans le monde de la collection. C’est sa facilité d’achat, d’entretien et d’usage qui en a fait une auto de raid et qui a fait d’elle une auto qu’on retrouve si souvent sur le marché avec de nombreuses pièces à disposition. En fait, on revient au point de départ !