Genève célèbre ses gloires passées

Publié le par Joris

Genève célèbre ses gloires passées

C’est en ce moment le Salon de Genève 2024. Nous ne reviendrons pas sur le contenu des nouveautés qu’on peut y trouver, puisqu’elles sont maigres mais il y a bien une partie du salon qui a retenu notre attention. Il suffit de monter à l’étage pour découvrir une superbe exposition de voitures anciennes. Et elles ne sont pas là par hasard.

Une exposition Royale

Deux Bugatti Royale, rien que ça. Ça ouvre parfaitement cette exposition du salon de Genève qui regroupe au total 40 voitures. Pour en revenir aux deux Bugatti Royale, on retrouve ici de sacrés morceaux et, en fait, c’est une déclinaison de deux autos qui est exposée, toutes deux basées sur le châssis 41.111 !

La raison est simple : ce châssis fut carrossé, au départ, comme le Roadster Esders, au dessin signé Jean Bugatti. C’est celui qu’on retrouve sur la verte. Sauf que cette Bugatti Royale fut recarrossée en 1939 pour devenir le Coupé de Ville Binder qui fut ensuite racheté par Bugatti et appartient toujours à la marque. De leur côté, les frères Schlumpf réalisèrent une réplique du Roadster Esders qui fut carrossé par Lecoq dans les années 60.

Voilà pourquoi on a presque deux fois la même auto. Noté que le roadster Esders exposé au salon de Genève n’est pas le même que celui exposé à Rétromobile. Oui, il existe une autre réplique de l’auto !

Quatre zones pour quatre périodes

Le salon de Genève présente donc une quarantaine d’autos. Et une fois les Bugatti Royale admirées, il reste encore de sacrés morceaux d’histoire à explorer ! En fait on a sous les yeux quatre zones d’exposition pour quatre périodes différentes de l’histoire de l’automobile. On y présente des autos mythiques, iconiques, mais surtout une bonne part d’autos qui ont un rapport avec Genève : la moitié des voitures exposées ont été dévoilées lors du salon, qui fête son centenaire cette année.

Les avant-guerre

Pour débuter cette exposition, on peut revenir à la plus ancienne : une Ford T de 1908. Ça pose bien les bases et ça parle beaucoup plus que la Pic-Pic M IV. Cette auto de 1914 a un lien avec Genève, non pas avec le salon mais c’est bien dans cette ville qu’elle a été fabriquée !

On passe ensuite sur trois voitures anciennes qui ont brillé en course. On commence par une Bentley Tourer 4 1/2 Litres de 1927, une voiture qui a contribué à construire la légende des Bentley Boys aux 24h du Mans. Plus frêles, on retrouve une Bugatti 35 de 1929… sauf que celle-ci est devenue 51 en 1931, dans la droite ligne des modifications multiples qu’ont subi de nombreuses Bugatti de l’époque. On ajoute enfin une autre anglaise, une MG MK3 de 1933.

Retournons à des autos plus luxueuses. Difficile de faire plus luxueux que cette Maybach Zeppelin DS 8 apparue en 1930. L’auto présentée est de 1934 et embarque toujours le V12 de 8 litres de cylindrée, propulsant l’auto à 160km/h… malgré ses 3 tonnes !

On termine cette plongée dans les autos d’avant-guerre avec cette sublime Avion Voisin. Ici c’est une C25 Aérodyne, une voiture de 1934 qu’on a déjà vu… et c’était déjà en Suisse. Cette voiture était au Concours d’Élégance Suisse de Coppet en 2017 et elle est toujours aussi impressionnante avec son toit ouvrant hydraulique.

Les années 50 : les populaires à l’honneur

Changement d’échelle, mais aussi de notoriété. On retrouve, pour illustrer les années 50, une grosse série de voitures anciennes plus populaires mais surtout plus petites !

Pourtant on débute avec une auto peu connue. C’est une Messerschmidt, microcar allemande symbole d’un mouvement automobile qui prit justement de l’ampleur en allemagne. Elle est d’ailleurs accompagnée d’une BMW Isetta, car, oui, même BMW s’y est mis et heureusement parce que ça a sauvé la marque !

Juste à côté, on passe à une icone britannique, la Mini, puis sa concurrente italienne : la Fiat 500.

Ensuite arrive le gris de deux autres voitures qui ont marqué leur production nationale. D’abord la célèbre 2CV, ici une Type A reconnaissable à ses chevrons entourés d’un ovale, et ensuite la Coccinelle, ici une des premières carrosserie, une Split du nom de sa lunette arrière en deux parties.

Ensuite, une voiture qui fut exposée au Salon de Genève en 1951. C’est une Peugeot 203 Commerciale qui avait réalisé, avec André Mercier et Charles de Cortanze au volant, un périple entre le Cap et Paris en 17j et 9h en 1950. Cet exploit fut réédité (pas dans les mêmes chronos) en 2000 par Didier Pijolet et c’est cette auto qu’on retrouve au salon de Genève 2024.

Les années 60 ont l’accent sportif

Assez étonnamment on commence dans les années 50 ! On ouvre cette commémoration dans l’ordre chronologique avec une Porsche 356. Si l’auto exposée date de 1964 elle symbolise que le salon de Genève fut le premier salon auquel Porsche participa en 1949.

C’est avec une Jaguar XK 120 FHC de 1954 qu’on continue ce tour des sportives. Cette voiture est en fait similaire à celle qui fut exposée par la marque lors du salon 1951.

On poursuit avec une Mercedes 300 SL Coupé, une auto apparue en 1954, mais c’est pour mieux lancer sa voisine. Ce beau roadster à hard-top doré est un symbole du salon puisque c’est au Salon de Genève 1957 que cette version a été dévoilée. D’ailleurs, c’est lors du même salon que fut présentée pour la première fois la Maserati 3500 GT qu’on retrouve juste à côté.

Passons à une sacrée légende. C’est au salon de Genève 1961 que fut présentée la Jaguar Type E. Elle aurait dû être exposée à Earls Court fin 1960 mais elle n’était pas prête. D’ailleurs elle n’était pas prête non plus pour Genève où Lyons voulait voir deux voitures. Du coup, 9600HP, celle que vous avez sous les yeux a été convoyée par la route, à toute vitesse par un employé de Jaguar, Bob Berry qui était attaché de presse mais aussi ancien pilote de Type D. 9600HP sera donc montrée à la presse tandis que l’autre voiture était exposée.

On note d’ailleurs qu’un roadster de pré-série sera également convoyé par la route à Genève, en urgence.

L’année suivante, c’est une autre anglaise sportive qui est présentée au salon de Genève. Non, ce n’est pas une DB5 mais c’est une DB4 Vantage (les différences sont minimes). Pour la petite histoire, l’auto exposée pour ce GIMS 2024 fut la propriété du célèbre concessionnaire suisse de Ferrari Georges Filipinetti.

1964 est représenté par trois autos. Si la première, la Facel Vega Facel II n’a pas été révélée en Suisse mais à Paris, on est toujours heureux de la voir.

Par contre, la première bleue, est bien une auto du salon de Genève de cette année là. Elle ne s’appelait pas encore 911 mais 901. Et elle n’était tellement pas finie que le moteur de cette auto appelée Quick Blue par la suite était encore en bois ! L’auto aura par la suite une belle histoire en restant 5 ans la propriété de Ferdinand Piëch avant de passer entre les mains d’Alois Ruf qui la conserve depuis.

Autre auto du salon de Genève 1964 : la Ferrari 500 Superfast. Et c’est également l’auto qui fut exposée alors, #5951. Une superbe machine, ni rouge ni jaune mais avec un bleu très élégant.

On arrive en 1966 avec l’auto qui va marquer le salon de Genève 1966 : la Lamborghini Miura. Pensez bien : une auto avec une telle ligne et un V12 central, des performances de premier plan et qui constitue une vraie épine dans le pied de Ferrari. Si les visiteurs du salon de Turin 1965 avaient déjà aperçu les dessous de la bête, c’est bien ceux de Genève qui seront les premiers à en découvrir la ligne. Et quelle ligne !

On retourne aux voitures bleues, et là encore avec une auto sortie de Maranello, mais pas sous la même marque que la Superfast. C’est en effet au salon de Genève 1969 qu’est présentée la Dino 246 GT, qui succède à la 206.

On a fait le tour ? Il reste encore deux voitures concernant les années 60 : deux américaines qui n’ont pas de rapport avec Genève mais qu’on retrouve avec plaisir sur le salon suisse : une Cobra de 1963 et une Mustang Shelby GT350 de 1965.

Années 70 : le contraste !

On commence les années 70 avec deux gros coupés. Des coupés qui embarquent les plus gros moteurs de leur gamme. D’un côté c’est la Citroën SM, de l’autre, l’Alfa Romeo Montreal. Ce sont deux voitures qui ont été présentées au salon de Genève en 1970. Et ce sont deux voitures dont les performances commerciales assez mitigées ont été définitivement sabrées par le choc pétrolier de 1973.

On enchaîne avec une belle BMW 3.0 CSL blanche. Dévoilée au Salon de Genève en 1971, c’est la première voiture pour laquelle le département M a mis les petits plats dans les grands.

Autre voiture marquante des années 70, la Countach dont le premier prototype fut également dévoila Genève en 1971 même si la version de production attendra encore deux ans avant de sortir des ateliers.

Cela nous amène à la dernière voiture de cette zone, une Toyota Corolla qui va se frayer un chemin dans le marasme des constructeurs européens post choc pétrolier et marquer un des premiers gros succès nippon sur notre vieux continent.

Les innovations

En dehors des quatre tableaux représentés, on retrouve encore des voitures anciennes au salon de Genève. Ce sont des voitures qui ont amené, ou imposé pour certaines, une technologie ou une nouvelle façon de voir l’automobile.

En 1965, la Renault 16 innove ! Et oui, il ne s’agit ni d’un break, ni d’une berline puisqu’elle apporte un hayon arrière dans une catégorie de voiture qui n’en avait jamais connu jusque là.

On découvre ensuite une auto qui fête ses 50 ans cette année. Non, ce n’est pas la première GTI de l’histoire (primeur à la marque Maserati) mais la Golf est bien l’auto qui définit tout le mouvement des bombinettes auquel on rattache désormais le terme.

Cocorico, on retrouve bien une française : un Matra Rancho. C’est en effet au salon de Genève 1977 que fut présenté ce « crossover », en fait un Ludospace. Nous ne sommes pas encore dans l’idée du SUV actuel, mais le terme est tellement fourre-tout qu’on pourrait y associer ce véhicule si particulier.

La Volvo PV544 qu’on voit juste derrière est plus ancienne et si on la présente c’est que c’est la première voiture au monde à proposer des ceintures de sécurité à 3 points, en 1959.

Trois ans plus tard, c’est l’Audi Quattro qui sera présentée au salon de Genève. Quel meilleur démonstrateur qu’une voiture séduisante et performante pour un système qui était jusque là cantonné à de gros véhicules avec des ambitions tout-terrain ?

Pas de réelle innovation… mais un délire d’ingénieur pour le dernier véhicule exposé dans cette partie. On parle de l’Espace F1, qui fêta en son temps l’avènement définitif du monospace… avant qu’il ne disparaisse sans qu’aucun constructeur ne l’utilise pour quelque chose d’aussi fou que cet engin au moteur V10 qui hurlait à la mort dans la ligne droite du Mistral.

Une dernière dose avec les supercars

L’Adrenaline Zone rassemble à Genève des voitures de rêve. Oui, on retrouve des supercars récentes, des McLaren P1 ou Senna, Bugatti Veyron ou Valkyrie. Mais on retrouve aussi les toutes premières supercars.

Si la 288 GTO est absente, ce n’est pas le cas de celle qui lui succéda : la Ferrari F40. Un exemplaire rouge des débuts (1987) est bien sur place. Juste derrière on retrouve une Porsche qui la précéda chronologiquement. Mais avant d’être une supercar et un démonstrateur technologique, la Porsche 959 était surtout pensée pour homologuer une voiture en Groupe B.

Pour termine ce tour des voitures anciennes présentes, on est en présence d’une légende. Il s’agit d’une McLaren F1 GTR Longtail… et pas n’importe laquelle. #28R est la 28e GTR construite et par conséquent, la dernière. C’est également, par la même occasion, la 10e longtail construite.

Voilà, toutes ces voitures sont visibles au salon de Genève… jusque Dimanche. Alors dépêchez vous !
Merci à Quentin Decorps pour la photo de la McLaren.

Joris

https://www.automotivpress.fr/author/joris/

Joris est depuis longtemps passionné de photo et d'automobiles. Pilier de l'aventure AutomotivPress, il contribue également à News d'Anciennes depuis le début de l'année 2018.

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