Essai d’une Datsun 180B SSS, fruit exotique

Publié le par Benjamin

Essai d’une Datsun 180B SSS, fruit exotique

Si on vous parle de Datsun, des années 70 et de sport, une lettre vous vient à l’esprit : Z. Mais on a déjà essayé une Z, la 240 et vous retrouvez ça par ici. Cette fois c’est une auto beaucoup plus confidentielle qui nous passe dans les mains. Mais elle ne demande qu’à se faire connaître… et vous séduire !

La Datsun 180B SSS en bref

Vous ne connaissez pas l’auto ? On va vous la faire courte parce qu’en fait la Datsun 180B SSS est une auto de la famille des Nissan/Datsun Bluebird. Et la génération qui nous intéresse est loin d’être la première à porter ce nom : c’est la 5e génération d’une famille qui est née en 1957 sur le segment des berlines compactes. Le nom Bluebird apparaît avec les Type 210/211 (1957-1959), se poursuit avec les 310 (59-63), 410 (63-67), 510 (67-72) et voici la 610 qui nous intéresse.

Importée en France de 1973 à 1977, on retrouve les Datsun 180B, berline et break et Datsun 180B SSS, notre coupé du jour. Le moteur est le même : un 4 cylindres en ligne L-Series de 1770 cm³. Avec un carbu sur les berlines et break il sort 95 ch DIN. Sur les coupés il est équipé d’origine de deux carbus SU qui lui permettent d’atteindre 102 ch DIN. L’importation sera confidentielle pour ce dernier avec une petite soixantaine d’autos ! Pour plus d’infos sur les différents modèles c’est là.

Il faut tout de même mentionner la carrière sportive de la Datsun 180B SSS puisque c’est elle qui a inspiré la livrée de notre auto du jour. Dans les années 70 les constructeurs japonais s’aventurent en rallye et brillent notamment sur les rallyes africains. D’abord on retrouve une victoire au (très) difficile Bandama 1973 avec Herrmann et Schüller devant une autre Datsun 180B SSS, celle de Larrousse et Dreyfus (une autre auto se classa même 4e). L’année suivante Guy Chasseuil se classe deuxième derrière la Peugeot 504 de Mäkinen.

Notre Datsun 180B SSS

Forcément une réplique hommage à une auto de rallye (ici celle de 74), ça a des couleurs. Surtout que Datsun faisait alors courir ses autos avec un rouge pimpant et un capot noir satiné. Des couleurs qui plaisaient aussi en France (coucou la Simca 1000 Rallye) et qui sont passées dans le paysage automobile comme un synonyme de sport. Ajoutez la repro des autocollants d’époque et vous avez la panoplie complète pour halloween… ou retourner faire un tour en Cote d’Ivoire.

Sous ces couleurs on peut quand même regarder la ligne de la Datsun 180B SSS. Elle est tout à fait caractéristique des productions nippones de l’époque. En gros, de loin, vous voyez des proportions d’américaine, en vous approchant vous vous rendez compte qu’elle est plutôt de taille réduite et vous déduisez que c’est une japonaise.

En détail cela donne, à l’avant, quatre phares ronds, cerclés de chrome fin, avec une calandre noire très carrée, au centre, et un pare-choc plutôt massif pour bien souligner le tout.

Le profil est un fastback presque parfait si ce n’est un léger décroché entre la lunette et le coffre. Sur ce points certains pourraient penser à raison distinguer une Opel Kadett GTE. Mais non, l’arrière est plus haut et la ligne de caisse moins rectiligne. D’ailleurs ce point là, combiné à la forme du vitrage donne plutôt des airs de SAAB 99. Mais la vitre de custode reprend en fait la forme… de la Z tout simplement. D’ailleurs on note l’absence de montant pour ces vitrages. La voiture s’appelle Datsun 180B SSS pour Super Sport Sedan. Et aux USA une berline sans montant… ça peut être un coupé et inversement. D’où ce Sedan.

On remarquera aussi deux délicieux plis de carrosserie, celui partant de l’avant et son homologue de l’arrière. Vous avez noté les jantes ? Oui elles ne sont pas d’origine, François a préféré celles d’une 260 Z aux jantes tulipées et dorées qui équipaient l’auto.

À l’arrière enfin on retrouve les gimmicks de l’avant : des feux horizontaux cerclés d’une fine baguette chromée et un pare-choc imposant.

On a fait le tour. Maintenant on va regarder à l’intérieur.

Intérieur plus que sport

L’intérieur de la Datsun 180B SSS affiche aussi la couleur. En tout cas celui de la notre. Si vous cherchez un semblant de luxe vous le trouverez avec les placages en faux bois sur le tableau de bord et les contre portes magnifiquement (ou kitchement c’est comme vous voulez) gaufrées.

Pour le reste notre japonaise du jour affiche la couleur : SPORT. Super SPORT sedan, on le rappelle. Du coup les sièges ont laissé leur place à des baquets. Le grand et fin volant a laissé sa place à un volant plus petit et plus épais. Sur le sol on retrouve des plaques de renfort et beaucoup d’habillages ont sauté et laissent apparaître la couleur de la caisse… ce qui renforce l’impression générale.

On retrouve bien un levier de vitesse, la Datsun 180B SSS était aussi proposée en boîte 3 automatique, et une banquette arrière. Parce que même quand on veut du sport… on peut vouloir en faire profiter les petits-enfants !

4 pattes bien gavées

Sous le capot on trouve un moteur marqué Datsun sur le dessus… mais Nissan partout ailleurs. Et oui en 1973 le virage était déjà amorcé et le constructeur Japonais n’avait plus honte d’afficher son vrai nom… et pas le nom commercial.

Mais revenons au moulin. C’est donc un 1770 cm³, taille correcte, qui sort, d’origine, 125 ch SAE ce qui fait 102 ch DIN. Sauf que ce chiffre c’est quand il est gavé par les deux carbus SU de série. Et sous le capot de notre Datsun 180B SSS on retrouve deux sympathiques Weber 40. Voilà. Rien que ça, ça donne envie de remettre les goupilles et d’aller tourner la clé.

Mais avant on va quand même un peu détailler le reste des caractéristiques de l’auto. Parce qu’on peut mettre un 4 cylindres de 100 chevaux sur une auto pour que ce soit le meilleur élément. Sauf que là il est relié à une boîte 5, ce que beaucoup de concurrentes n’avaient pas encore adopté, et il envoie le tout à l’arrière dont le train comporte des roues indépendantes. Là aussi, en 1973 ce n’était pas du tout automatique.

Bref, après les peintures de guerre et l’intérieur c’est la fiche technique qui nous fait un appel du pied.

Au volant de la Datsun 180B SSS : sport, sport et sport

Elle est prête. Il n’y a plus qu’à. L’installation à bord donne le ton, comme pour toutes les autos du genre. La porte est grande mais il faut se glisser dans les baquets en évitant l’arceau. La chose n’est pas si compliquée.

Je commence par régler la position de conduite. Il va falloir que je fasse un choix : bras ou jambes. Je choisis ces dernières pour bien enfoncer les pédales. Du coup les bras sont bien pliés une fois que j’agrippe le petit volant. Son toucher est parfait, je ne risque pas de voir mes mains glisser dessus. Par contre il est presque au niveau de mes yeux. Je ne verrais pas le capot, mais le gabarit de l’auto est relativement facile à appréhender. Je boucle ensuite le harnais et il ne reste qu’à lancer le moteur.

C’est bien un 4 pattes qui se loge sous le capot. Et il souffle bien ! Le bruit est très sympa dès le ralenti. Maintenant on va y aller. Déjà je vais devoir faire attention à ne pas mettre la marche arrière. La boîte est donc inversée avec la première en bas. Sport toujours !

Je relâche l’embrayage, qui est particulièrement haut, et enfonce l’accélérateur. Trop ? En tout cas la voiture sursaute plusieurs fois et comme la pédale de droite n’est pas si ferme, cela augmente les sursauts ! C’est pas trop la classe pour le moment mais ça fait sourire François. Le deuxième démarrage est plus correct. Il en faudra quelques uns pour que je trouve finalement le bon dosage entre les pédales.

On commence par de la ville est la Datsun 180B SSS s’y montre à son aise. Le moteur renvoie une sonorité très course mais n’est pas trop pointu. Il reste plus qu’utilisable et coupleux ce qui me permet d’évoluer en 3e, même en faisant attention aux dos d’âne (référence à leurs concepteurs plus qu’à l’animal). La japonaise a « perdu » 8 centimètres dans sa préparation et il lui arrive de racler un peu.

En tout cas la conduite est tranquille. Pour un trajet quotidien, elle fera le job. Mais est-ce que c’est vraiment ce qu’on lui demande ? Non. La fin d’agglomération siffle le début de la récré. La route est droite, le moteur chaud, la seconde rentre parfaitement et la pédale de droite est toujours aussi facile à enfoncer.

Gaz. Seconde, troisième, quatrième, passées à chaque fois à 4500 tours, le rodage n’est pas terminé et de toute façon ça pousse déjà bien assez ! Je vais même jusqu’en 5e histoire de voir si ça pousse encore ou si c’est pour amuser la galerie. Bon, ça pousse toujours et le rond-point se rapproche. On va calmer le jeu. Alors qu’en agglo François m’a fait utiliser le frein moteur, là il va falloir utiliser les disques. Et ils freinent, bien, droit, avec une belle progressivité de la pédale. S’il fallait piler, la Datsun 180B SSS le ferait.

Au rétrogradage je fais quand même attention. La boîte se révèle précise mais avec deux visages : le guidage est moyen mais le verrouillage parfait, efficace sans être ridiculement dur.

Je suis sensé sortir à la première à droite mais d’un commun accord on s’offre un tour de manège. La Datsun 180B SSS fait le tour en 3e. La direction peut se montrer lourde à basse vitesse mais elle est diablement précise. Le pied droit aide à enrouler. Il pourrait même aider à complètement enrouler. Je décèle une envie de survirage. La Datsun 180B SSS est une propulsion et son moteur n’est pas si lourd et ne contrebalance pas ce trait de caractère.

Allez, on sort et on en remet une couche. Le moteur monte toujours dans les tours et nous gave de décibels. Pas trop non plus, on arrive à discuter malgré tout ! La route est plaisante et on vit bien dans la Datsun 180B SSS. Des points faibles ? La position de conduite n’est quand même pas idéale et j’avoue que si le siège était un peu plus haut et plus incliné ce ne serait pas plus mal.

Conclusion :

La Datsun 180B SSS est une rareté. Et elle reste méconnue. Par contre si les collectionneurs un peu curieux s’intéressaient à elle… il y en aurait bien plus ! Alors d’accord celle qu’on a eu dans les mains était préparée. Mais elle n’en reste pas moins une auto à distiller des sensations tout en étant originale.

Pour aller plus loin il faudrait pouvoir la « maltraiter » sur une spéciale de VHC ou VHRS. Ou simplement aller s’amuser en montagne. Nul doute qu’elle y ferait merveille. En attendant on rêve.

Points forts Points faibles
Originalité indéniableRareté de l’auto et des pièces
Sportivité assuméeVie à bord radicale
Facilité de prise en main
CritèreNote
Budget Achat12/20
Entretien11/20
Fiabilité15/20
Qualité de fabrication13/20
Confort12/20
Polyvalence13/20
Image12/20
Plaisir de conduite19/20
Facilité de conduite17/20
Ergonomie14/20
Total13,8/20

Conduire une Datsun 180B SSS

Impossible ? Non. Mais presque. Les Datsun 180B SSS sont des raretés en France. Il faut être sacrément piquousé à la marque pour en vouloir une… ou être tombé amoureux dans les 10 dernières minutes.

Malheureusement on aura pas de vrais conseils à vous donner car il s’agit là d’une auto de spécialiste et que chaque projet sera différent sauf le fait qu’il sera long et demandera quelques connaissances.

Le Club Datsun France ou encore le DNA (Datsun Nissan Automobiles) pourra évidemment vous aider à trouver les bons contacts, notamment pour les pros qui sauront où retrouver des pièces, parce que la recherche débordera évidemment de l’hexagone.

Pour une réplique comme celle-ci, sachez qu’elle a demandé 4 ans de travail, recherche des pièces spécifiques compris. Sacré boulot !

Un grand merci à François pour nous avoir laissé le volant de sa belle et merci à Angélique et Alexandre de nous avoir mis en contact.

Fiche Technique de la Datsun 180B SSS
Mécanique Performances
Architecture 4 Cylindres ligne Vmax 180 km/h
Cylindrée 1770 cm³ 0 à 100 km/h 12,1 s
Soupapes 8 400m da 18,2 s
Puissance Max 102 ch à 6000 tr/min 1000m da 33,9 s
Couple Max 15 MKg à 4000 tr/min Poids / Puissance 10,4 kg/ch
Boîte de vitesse 5 rapports manuelle

Transmission Propulsion
Châssis Conso Mixte 10 L/100 km
Position Moteur Longitudinale avant Conso Sportive ±16 L/100 km
Freinage Disques AV et Tambours AR
Dimensions Lxlxh 422 x 161 x 139 cm
Poids 1060 kg à vide

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. philippe centa

    La série des « L » dont le L16 et le L18 est héritée de Prince absorbé par Nissan. Prince avait acheté la licence des 4 et 6 cylindres Mercedes de l’époque (190 et 220 respectivement) avec bloc fonte et culasse alu muni d’un simple arbre soupapes parallèles attaquant directement les poussoirs de queue de soupapes. Par parenthese c’est la version 6 cylindres qui équipera la fameuse 240Z. Avant le rachat de Prince Nissan utilisait une copie sous licence du 4 cylindres « B-Series » Austin-Morris qui équipa par exemple les MGB.

    Répondre · · 28 septembre 2020 à 19 h 13 min

  2. datsunzone

    A savoir , que Nissan n’a jamais racheté Prince !!! une fusion a été faite mais pas de rachat .

    Répondre · · 30 septembre 2020 à 12 h 52 min

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