Au volant d’une Ford Escort RS2000, un Jouet Addictif

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Ford Escort RS2000, un Jouet Addictif

L’auto qui nous passe entre les mains aujourd’hui, ça fait longtemps qu’on la convoite. Et puis c’est une auto qu’on a déjà vu puisque Gaultier et Antoine l’ont déjà croisée aux Legend Boucles. Quand le réveil sonne, tôt, je suis content de faire des bornes pour aller essayer trois autos. Mais surtout heureux car la Ford Escort RS2000 sera une auto différente. J’avais le sourire avant de monter dedans. Je l’ai encore plus après.

La Ford Escort RS2000 en quelques mots

Pas la peine de refaire toute l’histoire de la Ford Escort MkI. Tout simplement parce que notre auto du jours n’a rien à voir avec la voiture de monsieur tout le monde équipée d’un moteur 1 ou 1.3 litres.

On peut quand même parler de ses dérivés sportifs. Parce que l’auto en a eu, et des beaux. On notera par exemple les Mexico, mais surtout les Twin-Cam et la diabolique RS1600. Celle-ci est d’ailleurs la plus connue et celle qui affiche le meilleur palmarès. Son moteur Cosworth à double arbre à came en tête de 115 chevaux (avant préparation) en a fait une arme redoutable, notamment en rallyes. Par contre, elle se révèle pointue, à la fois dans son pilotage et sa maintenance. En plus, elle est chère et ses ventes sont limitées, surtout quand arrive le choc pétrolier.

Sauf que les Escort fabriquées en Angleterre n’ont pas d’autre moteur performant à se mettre sous le capot. On va donc aller chercher le moteur Pinto dont la version 2 litres est disponible en Allemagne et le greffer sous le capot de la compacte à l’ovale. Résultat : la RS2000 et ses 100 chevaux.
Par rapport aux autres Escort, la transmission, les freins, les suspensions, le pont et son guidage sont revus. L’habitacle n’est pas forcément luxueux mais bien étudié et bien équipé.

La nouvelle Escort RS2000 apparaît officiellement en 1973 et le succès est tel que les 2000 premières sont fabriquées en Angleterre, mais pour le continent et il faut attendre de longs mois avant d’être livré d’une version RHD. En même temps l’Escort RS2000 est vendue 1586£, au lieu des 1864 à débourser pour une 1600. Il ne devait y en avoir que 2000, ce sont au final 5500 autos qui sortiront des chaînes.

L’Escort RS2000 en sport auto

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la RS2000 n’aura pas le même succès en course qu’en concessions. Les programmes internationaux de Ford se concentrent sur la RS1600 et finalement la nouvelle auto ne sera utilisée que sur des épreuves nationales, en championnat de tourisme comme en rallyes. Trois seulement seront des autos d’usine, avec un abandon au RAC 74 et une seule belle victoire, celle de Clark et Marshall à l’Avon Tour of Britain.

Notre Ford Escort RS2000 du jour

Il suffit de la regarder pour comprendre…

Vous l’avez déjà vue celle-là ? Si vous êtes cinéphile et que vous n’êtes pas uniquement amateur de arts et essais, c’est possible. La déco de cette auto est la même que la Ford Escort de Fast and Furious ! C’est l’auto de Paul Walker dans le 6e opus de la série. Un bleu roi, des bandes blanches (de même forme que celles proposées à l’origine), des jantes 13″ dorées et des extensions d’ailes. Voilà le programme. Aucune chance qu’on vous confonde avec le voisin qui a gardé le 1 litre sous le capot.

Malgré tout le design reste celui d’une Escort, très reconnaissable. La calandre fait toute la largeur de l’auto, encadrant les phares ronds. Et puis des fois que la liaison soit un peu longue où que le Turini soit au programme, quatre gros phares ronds sont montés en plus. Les pare-chocs chromés sont encore là et apportent une petite touche civilisée (même si en cas de choc, ce sont les phares qui prennent).
Les badges RS2000 sont présents de chaque côté, histoire de ne pas la confondre avec une 1600. Et puis on repère vite les différents attributs course. Les coupes-circuit qui dépassent du capot à côté de la commande d’extincteur, les ouvertures rapide de capot et de coffre, les bavettes… Avec une auto comme ça, on a plus notre place sur un parc fermé que le parking de l’inter du coin.

Intérieur sport

On va commencer par faire court avec les éléments de confort : la mousse des sièges baquets et le cale pied devant le passager. Fini.

Pour le reste, c’est le sport qu’on vise. Le tableau de bord à double casquette (pratique pour produire des autos en volant à droite et à gauche) abrite quatre compteurs : vitesse et compte tour sont les plus gros et encadrent la température d’eau et la pression d’huile. Quelques voyants complètent le carnet de santé de notre auto de rallye.

Au dessus du court levier de vitesse, un semblant de console centrale regroupe les commandes électriques, des phares aux pompes à essence, de l’allumage au ventilateur. Un voltmètre et une boite à fusible sont en évidence.

Pour une fois, l’équipement nécessaire pour aller à la bonne vitesse (notre Escort RS2000 vise plus la régularité que le scratch) est à droite, devant le copilote. L’ami Alexandre a devant lui tous les compteurs nécessaires, vitesse, distance, chrono… Bref, la copiloter demandera autant d’aptitudes que la piloter.

On note aussi la partie réglementaire avec des sièges et harnais homologués, et puis les indispensables extincteurs, sans parler de l’arceau. Enfin côté coffre, un énorme réservoir alu occupe toute la place et deux pompes à essence électriques (une pour le réservoir, une pour la réserve) renvoient le précieux liquide vers le moteur.

Technique : c’est là que ça se corse

On ouvre le capot et c’est parti pour l’inventaire. En regardant sous le capot on ne se doute pas que la base est une « vulgaire » 1100 transformée entre 2014 et 2016 par son propriétaire et un spécialiste des autos de rallye.

Déjà on retrouve une mécanique préparée. Un Pinto, normal, de deux litres préparé pour aller chercher les 180 chevaux. Pistons et bielles sont forgées, la culasse est une Stage 3, l’arbre à came est taillé pour faire causer la mécanique entre 2500 et 7000 tours, l’allumage est électronique, l’échappement en 2″ et l’alimentation est confiée à deux Weber DCOE 45. La boîte est une Ford Rocket/E à 4 vitesses avec pignons à taille droite et reliée à un embrayage hydraulique. Tout cela renvoie sur un pont Atlas avec autobloquant ZF à disques complété par des tirants et une barre Panhard.

Mais on ne s’arrête pas là. Côté trains roulants, le train avant est suspendu avec système Mac Pherson et des combinés filetés, le train arrière par des amortisseurs verticaux. Pour arrêter notre auto, disques ventilés mordus par des étriers à quatre pistons à l’avant, disques pleins et deux pistons à l’arrière auxquels on ajoute deux étriers à deux pistons pour le frein à main à commande hydraulique.
En fait, avant de se mettre au volant, ça rassure pas mal !

Au volant de notre Ford Escort RS2000

L’installation est un peu plus compliquée que dans une Escort normale. Ce n’est pas non plus comme se glisser au chausse pied dans une Alpine, après étirements, mais pour ne pas se taper la tête dans l’arceau il faut faire attention. Dire que celui qui occupe ce siège d’ordinaire fait bien 10 cm de plus que moi…

Le baquet n’est pas un bout de bois, c’est déjà un bon point. J’arrive à l’avancer suffisamment pour pouvoir enfoncer la pédale d’embrayage et celle de frein… qui sont très, mais alors très, dures. Une fois le siège en place, il faut allonger le harnais 4 points… et c’est bon !

Contact, via un basculeur, lancement de la pompe à essence avec un autre et ensuite j’appuie sur le gros bouton du démarreur. Le 2 litres est parti, sans peiner, et dans un bruit qui rappelle que l’isolant phonique ça fait du poids en plus. Donc il a dégagé.

Main sur le levier de vitesse, parfaitement placé, j’appuie encore une fois avec de la force sur la pédale d’embrayage dont la course courte est un bon point et j’engage la première. Pas besoin de chercher, elle est juste en face du point mort. Le levier est hyper verrouillé et le est débattement court. C’est parti ! Première impression : le bruit. Pas de denture hélicoïdale sur cette boîte, ça s’entend bien.

Le propriétaire ne se sert presque pas de la première en spéciale et je sais pourquoi. Elle est très très courte. Couplée à ce moteur qui ne demande qu’à prendre des tours et au pont lui aussi très court, je passe vite la seconde.

Le bonheur d’une route fermée

Personne ne viendra se mettre en face pendant les trois prochains kilomètres. C’est une sacré bonne nouvelle ! La seconde rentrée, j’y vais à fond sur l’accélérateur. Du coup la troisième arrive vite. Le verrouillage de la boîte demande de décomposer un minimum le mouvement mais ça n’a rien de caricatural. La vitesse rentrée, le pied droit retourne au plancher. Il faudrait presque rentrer la 4 mais le premier virage arrive.

Les freins répondent présent, la direction hyper directe est une bonne alliée et la voiture pivote sans soucis. Re-gaz en sortie de virage, 3e, 4e, et voilà une route parfaite. Les imperfections se ressentent mais n’envoient pas la voiture valdinguer de droite à gauche. Chaque ralentissement est suivi d’une remise des gaz façon « on-off » et le cerveau ne reste branché que pour rester sur la trajectoire. Le mode d’emploi est d’une simplicité déconcertante. J’ai connu des jeux vidéos plus difficiles à appréhender que cette Escort RS2000. C’est un prolongement du pilote, tout simplement.

Les relances sont folles et à plus de 130 l’auto est d’une stabilité remarquable. Et on ne roule pas sur un billard, loin de là. Un gros virage plus tard, je sent que l’arrière aimerait bien passer devant. J’en suis loin mais les pneu neige montés sur l’auto seront certainement plus à leur aise sur les Legend Boucles que sur notre route sèche du jour. Même chose en grande courbe. Lever le pied n’est pas forcément la bonne idée et le nez de l’Escort RS2000 est attiré vers l’extérieur. Pour la suivante, le simple fait de rentrer la 3 permet de mieux garder le cap. C’est la seule subtilité à retenir.

Mais la route fermée a une fin… et le mazout de travelling a besoin de faire le plein.

Utilisable ? Oui mais il faudra faire des concessions

Nous voilà donc sur les routes de la brie en direction d’un centre commercial. Bloqué derrière une C3 Auto-école et dans une zone qui comporte plus de radars que de routes en bonne état, il faut faire attention… Mais bon, à quand l’aiguille se rapproche du 80 pour une limite à 90, il faut bien faire quelque chose. La voiture qui arrive à gauche est loin, et la troisième combinée à mon pied droit servent à lui dire au revoir.

Une fois les 60 litres de mazout ingérés par la voiture suiveuse, voilà que notre Escort RS2000 va faire preuve de son talent de voiture de tous les jours… dans un bouchon de sortie de centre commercial du samedi fin de matinée… Et bien elle s’en sort bien. Evidemment le pied droit est archi muselé. Le freinage est progressif et ne fait pas piler l’auto qui se ferait emboutir par la Mini de derrière et son A… Première petite ombre au tableau, libre, l’embrayage hydraulique émet des vibrations incongrues. La seconde vient du train arrière. Les silent-blocs sont en fin de vie et à chaque fois que le couple arrive au pont un petit claquement se fait entendre.

Sur les routes de tous les jours, on retrouve l’Escort RS2000 qui nous a fait plaisir sur route fermée. Les dos d’âne sont avalés sans faire l’autopsie de quelques vertèbres et on se familiarise avec le bruit. Sans intercom, madame n’a aucune chance de raconter ce qu’elle a vu sur le mur facebook de sa cousine. Le SUV coréen qui nous collait au cul ne le fait que jusqu’au panneau de sortie de virage. Et puis quand j’arrive derrière des cyclistes, je n’ai même pas à me demander si j’ai le temps de passer. Je passe.

Conclusion : le jouet parfait de quelques week-end

Alors au final, on l’utilise quand la Ford RS2000 ? Et bien seulement quelques week-end dans l’année, et bien choisis. Pour le rallye saucisson, on trouvera d’autres montures plus adaptées. Pour un road-trip aussi.

Mais pour aller arsouiller sur un circuit sinueux après avoir monté les semi-slicks ou pour aller patauger dans la boue belge de fin janvier, elle sera absolument recommandée ! C’est un gros jouet, un prolongement de sa volonté de conducteur, tellement facile qu’on aurait du mal à donner quelques conseils qui pourraient piéger qui que ce soit.

Après… est-ce que je l’ai bien cernée ? Dans le doute, va falloir que j’y retourne.

Conduire une Ford Escort RS2000

Pour s’offrir une Escort RS2000 de base, comptez entre 35.000 et 40.000 €. C’est moitié moins que les version Twin-Cam et RS1600 !

Par contre, pour une auto préparée comme celle-là, tout dépendra d’où vous placez le curseur. Une préparation faite maison coûtera moins cher que de la confier à un spécialiste… mais nécessitera de belles connaissances en mécanique sportive. En fait on là en présence d’une auto tellement conçue pour le rallye qu’il est difficile de la comparer à une autre.

Les plusLes moins
Des performances redoutablesLe prix d’une telle prépa
Tellement facile à prendre en mainLe bruit à l’intérieur
Utilisable « normalement » avec des concessions
Image Note 4- Escort RS2000
Entretien Note 2- Escort RS2000
Plaisir de Conduite Note 42- Escort RS2000
Ergonomie Note 3- Escort RS2000
Facilité de conduite Note 4- Escort RS2000
Note Totale Note 20 20- Escort RS2000

Attention. Pour une fois c’est une auto uniquement destinée uniquement au Sport que nous avons essayé. Ce 20/20 n’est pas vraiment comparable avec les notes des autres autos que nous avons essayé.

Fiche Technique de notre Ford Escort RS2000
Mécanique Performances
Architecture 4 Cylindres en ligneVmax 160 km/h
Cylindrée 1993 cm³ 0 à 100 km/h non mesuré
Soupapes 8400m da non mesuré
Puissance Max 180 ch à environ 7000 tours1000m da non mesuré
Couple Max non mesuréPoids / Puissance 5.22 kg/ch
Boîte de vitesse 4 rapports manuelle

Transmission Propulsion
Châssis Conso Mixte
Position Moteur Longitudinale avant Conso Sportive
12l / 100
Freinage Disques Ventilés AV et pleins à l’AR Cote 1973 1586 £
Dimensions Lxlxh 398 x 157 x 135 cm Cote 2019 40.000 €
Poids 940 kg à vide

Source : Histoire de la RS2000

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Lapagesse

    Cette Escort MK1 a animé mes rêves de jeunesse en Angleterre au début des années 70. Je me souviens de nos nuits passées avec mon pote Tony a regarder les Mexico sur les parkings des vendeurs d’occasion à Londres et sa banlieue.
    Ne serait-ce qu’en souvenir de ces années, elle me botte toujours autant.

    Répondre · · 3 mai 2019 à 11 h 45 min

  2. Yoyo

    La note de 20/20 c’est pour flatter notre doudou national

    Répondre · · 9 juillet 2019 à 21 h 24 min

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