Au volant d’une Daf 44, incomparable !

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Daf 44, incomparable !

Dernier essai du jour. J’ai le choix. Soit l’AC Bristol, soit une auto qui m’intringue depuis longtemps. J’ai déjà tâté de l’AC avec le Prototype Wide Car Track, mais encore jamais de la fameuse transmission Variomatic qui équipe la Daf 44. Et quand je vois l’état de l’auto du jour, la décision est vite prise ! Je vais faire un tour dans une auto néerlandaise.

Les Daf et la Daf 44

En 1928 les frères Van Doorne fondent Van Doorne’s Aanhangenwagenfabriek NV. Les premières constructions mécaniques de l’entreprise sont des châssis et des transmissions pour des camions militaires. En 1938 l’entreprise se lance dans la fabrication de ses propres véhicules. Après guerre on produit toujours des camions et la société est rebaptisée Van Doorne’s Automobiel Fabriek en 1948.

En 1959 Daf se diversifie et se met à la fabrication de voitures. La première c’est la Daf 600 avec un 2 cylindres à plat et surtout, pour la rendre facile à conduire, une transmission par variateur, appelée Variomatic, qui fera école. En 1961 la série des Daffodil qui fait passer le moteur à 746 cm³ sur les Daf 30, 31 et 32. Suit la Daf 33 en 1967 et l’arrivée de la Daf 44 en 1967.

Toujours équipée du 2 cylindres, elle voit sa cylindrée atteindre 844 cm³ en augmentant la course. La puissance de cette auto déclinée en berline et break (deux portes à chaque fois) passe à 26ch et côtoie donc la 33 dans la gamme. La Daf 44 est produite dans la nouvelle usine de Born jusqu’en 1974 et ce sont 167.902 autos qui seront mises sur les routes.

La Daf 46 qui lui succède est une évolution mais elle constitue toujours l’entrée de gamme. Car en 1967 est aussi apparue la Daf 55. Si la transmission Variomatic est toujours au programme c’est un moteur Cléon-Fonte de 1108 cm³ qui se trouve sous le capot ! Cette dernière est remplacée en 1972 par la Daf 66 qui va vite changer de nom. En effet Volvo a racheté les activités automobiles de Daf, rebadge la dernière venue en Volvo 66 et la future 77 en Volvo 340.

Notre Daf 44 du jour

Ce n’est pas tous les jours qu’on peut détailler une auto néerlandaise ! Pourtant le style est italien. Et s’il vous rappelle certaines Triumph, c’est normal, c’est Michelotti qui signe les lignes de la Daf 44. Et il faut dire que le style est plutôt réussi. Faire une tri-corps élégante dans 3,85 m n’est pas forcément évident !

L’avant de la Daf 44 est dépourvu de calandre. Les deux feux ronds sont vraiment dans les coins et se dotent d’un regard créé par le capot. Pour le coup, ça rappelle une Triumph 13/60 ou alors une VW Karmann-Ghia Type 34. On avouera qu’il y a pire !
Le capot est un sacré morceau stylistique en fait. Il donne dont ce regard à la Daf 44 mais son rebord déborde également au dessus de la face avant, donnant du relief à l’ensemble tandis que ses flancs débordent également, créant double ceinture de caisse qui court jusqu’à l’arrière !

Le profil de la Daf 44 est donc marqué par cette ceinture. Les surfaces vitrées sont importantes pour pouvoir proposer une belle habitabilité et une belle lumière dans l’habitacle. Tous les montants sont extrêmement fins, y compris entre les vitres de custode et la lunette arrière.

L’arrière propose un coffre de bonne dimension avant qu’il ne plonge. Là l’éventuelle inspiration pourrait venir d’une Alfa Romeo Giulia avec toujours un petit rebord au dessus du panneau vertical. Là encore on a vu pire comme comparaison.

Peu de détails ornent cette carrosserie si ce n’est les chromes des pare-chocs, du rétroviseur, de la baguette et les minuscule aérations de custode, tellement petite qu’on ne les remarque pas au premier coup d’oeil.

Résultat : la Daf 44 a une bouille très sympathique et dans l’air de son temps. C’est petit, c’est bien fait, bref, contrat rempli.

L’intérieur, superbe simplicité

Souvent dans les petites autos, qui plus est lorsqu’elles ont vocation à être bon marché, la simplicité rime avec banalité. Pour le coup j’avoue que l’intérieur de la Daf 44 est plus que plaisant. La couleur crème des habillages de porte et de la sellerie se marie parfaitement avec la robe extérieure. Les éléments noirs tranchent parfaitement.

La planche de bord en deux parties est bien dessinée avec une pente douce sur le dessus, n’accueillant que le combiné d’instrumentation réduit à un compteur de vitesse et quelques voyants, les aérations et le cendrier.
En dessous on retrouve une plaque blanche cassée avec différents boutons et leurs symboles et une boîte à gants ouverte.

Au plancher, le frein à main et la commande de boîte sont entre les sièges et évidemment on ne trouve que deux pédales. On note au passage que pour une deux portes, il y a vraiment de la place arrière. Autre détail : le rétroviseur intérieur, pas d’origine mais tellement énorme et pratique !

Technique : l’atout et le charme de la Daf 44

Des voitures à bicylindre à plat, on en trouve de nombreuses. Et comme les autres celui de la Daf 44 est bien caché. Situé tout en bas il est surplombé par tout le reste. Pour l’accessibilité, on passera par le dessous, en plus la roue de secours est elle aussi sous ce capot… qui reste quand même de taille réduite. Le moteur fait donc 844 cm³. Une cylindrée bien juste mais les 34 ch sont tout à fait respectables.

Mais si on veut parler un peu plus de technique, c’est parce qu’il FAUT parler de la transmission de la Daf, une vraie marque de fabrique de la marque. La Variomatic est un système de transmission en continue. Pour les connaisseurs c’est un système qu’on appelle aussi CVT et qui revient en odeur de sainteté avec l’électrification des automobiles actuelles.

En gros l’arbre de transmission transmet la puissance à deux poulies à l’arrière de l’auto. Les flasques de ces poulies sont coniques. Et plus le régime augmente, plus les flasques se rapprochent. La conséquence est simple : la courroie trapézoïdale qui est entre les flasques se retrouve entraînée par un cylindre de plus en plus gros, faisant varier le rapport de démultiplication. Simple et efficace. On note d’ailleurs qu’avec ce système l’auto se passe de différentiel sans être scabreuse.

Maintenant on va voir comment ça marche dans les faits.

Au volant de la Daf 44 : réapprendre à conduire

Rudolf a déjà fait tourné la voiture, pas étonnant que le bicylindre parte au quart de tour. Sa mélodie ? C’est celle d’un bicylindre tout simplement, même si on est plus proche de la sonorité d’un Citroën que d’un Panhard.

Me voilà au volant. Pour le coup, il me faut le mode d’emploi car je ne veux pas risquer d’abîmer notre auto du jour. Vous avez vu les photos, vous avez vu son état, vous comprenez qu’elle ne le mérite absolument pas.

Première chose à faire : mettre la voiture dans le bon sens de la marche. Le levier au plancher commande le tout. Une marche avant, un neutre et une marche arrière. Je ne vais pas trop avoir besoin de cette dernière qui est une des particularités des Daf. En fait la Variomatic permet d’avoir la même démultiplication en marche avant et en marche arrière. À l’époque il y avait même des runs de marche arrière ! Vous imaginez le spectacle et redoutez celui qui suit le moindre coup de volant. Bref, je met la marche avant. Et la Daf 44 ne bouge pas d’un poil.

En fait il va falloir accélérer pour ça. L’embrayage centrifuge fait alors son office et c’est parti. L’accélération est à la hauteur du couple du moteur : c’est suffisant mais on oublie toute velléité sportive dans l’affaire. La montée en régime se fait bien et nous voilà arrivé à une vitesse correcte. Une vitesse de circulation moderne (c’est à dire 80 km/h entrecoupés de zones à 70 et 50) sera tout à fait accessible à une Daf 44. Les virages montrent que la direction est tout ce qu’il y a de plus normale. L’auto vire à plat sans trop de surprise. Bref c’est sain. Mais ce n’est pas cette partie là la plus compliquée.

En fait, conduire une Daf 44 n’a rien de compliqué. Il faut simplement s’y faire. Parce que la Variomatic n’est pas comme une boîte auto classique qui adapte son rapport à la vitesse de l’auto. Dans les phases d’accélération, pas vraiment besoin de réfléchir. À vitesse de croisière par contre, j’avoue que je tâtonne un peu. La cause est simple : il faut emmener la voiture au bon régime de rotation pour caler la transmission. Et ne pas hésiter à laisser retomber un tout petit peu le régime avant de le stabiliser. On gagne ainsi quelques tours et quelques décibels. Car, oui, un bicylindre est toujours un peu bruyant.

Une fois cette partie du mode d’emploi de la Daf 44 assimilé, place à la décélération. Là aussi c’est à vivre. Mes kilomètres se font de façon classique : accélération, vitesse de croisière, freinage. Et le freinage est très bon, aucune frayeur de ce côté. Mais Rudolf m’explique vite qu’en fait le frein n’est pas vraiment une commande qu’on utilise beaucoup quand on roule en Daf. On peut se satisfaire du frein moteur. Alors essayons.

À l’approche du rond point suivant je lève le pied et ne le pose pas sur le frein. Ça commence par une frayeur. Parce que le frein moteur est au départ très léger. Je me demande même si Rudolf ne m’a pas fait une blague. Mais en fait, il ne fonctionne pas comme sur une voiture lambda. Parce que plus le régime baisse, plus le frein moteur est fort. C’est progressif et diablement efficace. Franchement, bien des freins à disques n’offrent pas cette décélération !

Il me faut quand même quelques kilomètres pour bien maîtriser le système. Quelques zones urbaines et les virages de la côte sauvage apportent une conduite plus exigeante mais la Daf 44 se plie volontiers à mes demandes. Et je ne risque pas de faire bouillir le liquide de frein ni d’user les plaquettes. On évolue dans un confort très correct, seul le bruit du moteur pourra se montrer fatiguant à la longue. Mais on l’oubliera volontiers, trop occupé à affiner le dosage de l’accélérateur pour utiliser l’auto avec souplesse, comme un vrai dafiste ! Et c’est de ça qu’on tirera tout le plaisir de la conduire !

Conclusion :

J’ai essayé la Daf 44 juste pour tâter de la Variomatic… et je ne m’attendais à devoir réapprendre à conduire. Alors attention, on peut tout à fait conduire une Daf 44 comme n’importe quelle auto (qui aurait 34 ch et une boîte auto). Mais ce serait passer à côté de beaucoup des atouts de cette charmante néerlandaise.

Parce qu’en plus de la conduite qui est vraiment à part, la Daf 44 apporte ce petit côté original qui met du piment sur le tout. Ce n’est pas une voiture très connue, par chez nous en tout cas, et on en croise pas beaucoup. Alors pour l’expérience, on vous la conseille. Pour l’originalité, aussi. Pour la conduire tous les jours ou presque : voyez quel feeling vous aurez avec elle !

Points forts Points faibles
La souplesse de la VariomaticUn moteur un peu faiblard
Une originalité réelleUn entretien à confier à un spécialiste
Une vraie facilité de conduiteLa rareté
CritèreNote
Budget Achat18/20
Entretien11/20
Fiabilité13/20
Qualité de fabrication14/20
Confort14/20
Polyvalence14/20
Image11/20
Plaisir de conduite15/20
Facilité de conduite15/20
Ergonomie17/20
Total14,7/20
Image
Note 2- Daf 44
Entretien
Note 2- Daf 44
Plaisir de Conduite
Note 3- Daf 44
Ergonomie
Note 4- Daf 44
Facilité de conduite
Note 3- Daf 44
Note TotaleNote 14 20- Daf 44

Conduire une Daf 44

La Daf 44 est une auto qui reste relativement rare. Ce sera le principal frein à l’achat. Ensuite il faudra évidemment trouver celle qui vous convient, dans un bon état et avec un bon entretien. Le prix ne sera pas un problème, vous trouverez des modèles roulants et en bon état entre 4 et 5000 € et les plus chers ne dépasseront que rarement les 7000 €.

Par contre n’oubliez pas que les professionnels qui pourront entretenir une Daf, on parle surtout de la Variomatic ne courent pas les rues, qui plus est en France ! Heureusement les dafistes sont une belle communauté et vous pourrez trouver plein d’infos, notamment sur facebook.

Un grand merci à Rudolf, pour m’avoir mis cette auto, aussi néerlandaise que son accent, entre les mains.

Fiche Technique de la Daf 44
Mécanique Performances
Architecture 2 cylindres à plat Vmax 114 km/h
Cylindrée 844 cm³ 0 à 100 km/h 32 s
Soupapes 4 400m da
Puissance Max 34 ch à 4500 tr/min 1000m da
Couple Max 71 Nm à 4500 tr/min Poids / Puissance 21,8 kg/ch
Boîte de vitesse Variomatic

Transmission Propulsion
Châssis Conso Mixte
Position Moteur AvantConso Sportive
Freinage Tambours
Dimensions Lxlxh 388 x 154 x 138 cm
Poids 740 kg

Plus d’infos sur les Daf et les Dafistes par ici.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. MONNET Didier

    Merci pour ce partage d’expérience.
    Cela me fait penser aux hybrides Toyota, même si leur transmission n’a rien à voir avec une CVT comme c’est souvent dit. Par contre, pour profiter pleinement des bénéfices de l’hybride, c’est aussi une autre manière de conduire (anticiper les freinages pour bien recharger, éviter les passages en thermique de moins de 5 secondes, profiter du mode EV).

    Répondre · · 2 septembre 2020 à 22 h 13 min

  2. Jean-pierre Legrand

    Bonsoir,
    Concernant le « frein moteur » de la DAF44, au tableau de bord, il existe un bouton-tirette permettant l’adaptation du fonctionnement du frein-moteur en fonction de l’utilisation envisagée. (un peu long à décrire ici)

    Répondre · · 2 septembre 2021 à 13 h 58 min

  3. Carry

    Vous oubliez de signaler le manque de solidité des courroies : il fallait en changer tous les 40 000 km !

    Répondre · · 30 août 2022 à 6 h 30 min

    1. Rudolf Bouten

      J’ai changé les courroies d’origine, qui avaient 9500 km, mais 50 ans. Là j’ai aperçu que les flasques du Variomatic étaient durement attaquées par la rouille.Premier test: les nouvelles courroies ont tenues 3500 km avant de devenir trop étroites pour entrainer les disques. Maintenant les disques ont été polies et je verrai! Mais à l’époque peu de voiture dépassaient les 100.000 km, donc changer les courroies une fois ou deux dans la vie d’une voiture…..

      Répondre · · 16 décembre 2022 à 23 h 26 min

    2. Leonardo Moscato

      La casa prevede il cambio delle cinghie ogni 75000 km.

      Répondre · · 2 janvier 2024 à 22 h 57 min

  4. Francois

    Mon grand père en avait une break grise, à l’intérieur ( y compris les contre portes) en Skaï rouge. Je me rappelle deux anecdotes : effectivement comme le mentionne l’auteur la difficulté à stabiliser la vitesse vers 60 km/h, le variateur continuant à faire évoluer le rapport de transmission malgré la volonté du conducteur ; et la difficulté d’enclencher la marche avant ou arrière après un démarrage à froid avec le starter, l’embrayage centrifuge étant déjà collé avec le régime moteur légèrement élevé: craquement assuré des engrenages !

    Répondre · · 13 décembre 2022 à 23 h 08 min

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