Alfa Romeo Giulia, la berline soixantenaire et toujours en forme

Publié le par Benjamin

Alfa Romeo Giulia, la berline soixantenaire et toujours en forme

2022 c’est bientôt fini. Et on a toujours pas fêté dignement une des voitures anciennes qu’on aurait dû célébrer un peu partout. Cette auto, c’est l’Alfa Romeo Giulia, apparue il y a 60 ans. Alors on vous propose de vous replonger dans l’histoire de cette berline, devenue une icône de la voiture ancienne.

Une berline, certes, mais moderne (et sportive)

Alfa Romeo a été durement touché par la guerre. L’usine de Portello a été bombardée et le redémarrage se fait lentement. Mais dès 1950 on propose une voiture moderne, une monocoque, c’est la 1900. Elle inaugure ce qui deviendra la norme de constructeur milanais : une berline dérivée en coupé et en diverses carrosseries et versions sportives grâce aux carrossiers bien connus que sont notamment Zagato et Bertone.

Ensuite, on descend en gamme afin d’écouler plus d’autos. C’est la naissance de l’Alfa Romeo Giulietta en 1955 et c’est elle qui va poser les bases de l’histoire qui nous intéresse. Pour être plus précis, elle inaugure un moteur 4 cylindres de 1290 cm³ tout alu et avec un double arbre à cames en têtes. C’est le mythique Bialbero qui aura une carrière de presque 40 ans !

Néanmoins la modernisation est constante et les progrès techniques le sont autant. Très vite, on planche sur sa remplaçante. Ce sera la Tipo 105, l’Alfa Romeo Giulia. Elle doit prendre la place de la Giulietta mais aller plus loin qu’une simple évolution.

Techniquement, on reprend le Bialbero. Si la Giulietta s’est fait remarquer en 1300, l’Alfa Romeo Giulia fera mieux. Le moteur est porté à 1570 cm³, qui sera appelé 1600. Les soupapes sont refroidies au Sodium et on prévoit différentes versions, plus ou moins puissantes. Toutes seront accolées à une boîte 5, déjà vue sur la Giulietta et qui reste un sacré argument technologique à l’époque où la plupart des berlines, même dévergondées, se contentent de 4 rapports.

Pour le reste, si on fait toujours appel à des tambours pour le freinage, on travaille sur les trains roulants pour qu’ils soient incisifs sans pour autant tomber dans une usine à gaz. Un pont rigide sera placé à l’arrière avec ressorts et amortisseurs. À l’avant on fait appel à des triangles superposés avec combinés ressorts-amortisseurs ET une barre antiroulis !

Éclaté Alfa Romeo Giulia

Pour la carrosserie, on voit bien que l’Alfa Romeo Giulia n’est pas une évolution de la Giulietta. Finies les rondeurs des années 50, place à des formes plus plates, peut-être plus massives, mais plus travaillées qu’il n’y paraît. Si on a pas cherché à en faire une icône du style, bien que l’ensemble soit esthétiquement très réussi, on a cherché à faire efficace. La carrosserie est étudiée en soufflerie. L’encadrement du pare-brise est très arrondi, certaines faces sont creusées, l’arrière est tronqué et le coffre plat, l’avant présente finalement moins de surface que la Giulietta. Le tout permet d’atteindre un Cx de 0,34 et c’est une belle prouesse !

Enfin, l’intérieur est conçu avec deux banquettes. L’Alfa Romeo Giulia est donc une 6 places… même si la vocation de l’auto fera qu’on évitera de mettre un passager au centre à l’avant. Par contre, chose originale (qui sera décriée) pour une auto qui se veut sportive : on passe les vitesses au volant !

On peut aussi ajouter un vrai souci de sécurité. La structure de l’auto est déformable et, à l’inverse, des renforts garantissent l’intégrité de l’habitacle. Les pièces mécaniques peuvent se détacher pour ne pas pénétrer à l’intérieur tandis que la planche de bord ou la colonne de direction sont étudiés pour ne pas blesser les occupants en cas de choc.

Interieur Alfa Romeo Giulia Ti- Alfa Romeo Giulia

L’Alfa Romeo Giulia débarque… en avance !

Chose suffisamment rare pour être souligné : la voiture est prête plus tôt que prévu. Le souci, c’est qu’Alfa a prévu de faire de cette berline la production n°1 de sa nouvelle usine d’Arese… qui est, elle, en retard. On décide donc de bricoler en attendant que tout soit prêt. La base mécanique sera produite à Portello, qui n’est distante que de 15 km, tandis que les carrosseries et l’assemblage final se fera dans les premiers ateliers terminés d’Arese.

On dévoile l’Alfa Romeo Giulia le 27 Juin 1962 sur l’Autodrome de Monza. On veut du sport et on le fait savoir. D’ailleurs, c’est la version Ti qui a la primauté. Avec ce nom « Turismo Internazionale » on fait référence directement aux championnats de tourisme dans lesquels elle va courir. Le moteur utilise un carbu double corps vertical et il sort 92ch. Les performances sont excellentes, pour une berline de 1962 (dont le poids se limite à la tonne) : 170 km/h en pointe, soit 5 de plus qu’annoncé et un 0 à 100 en 13,6s.

Alfa Romeo Giulia Ti devoilee- Alfa Romeo Giulia

Les critiques sont bonne, que ce soit pour la ligne ou les performances. L’intérieur est moins bien vu, non pas à cause du manque d’équipement mais à cause de son espace un peu juste, pour 4 alors ne pensez pas vraiment à mettre 6 personnes dedans, et des sièges au maintien latéral quasi inexistant. Cela n’empêche pas l’auto de bien se vendre.

L’Alfa Romeo Giulia se décline

Fin 1963 on lance une nouvelle version. N’attendez pas une descente en gamme après cette Ti affutée. En fait, l’Alfa Romeo Giulia Ti se voit complétée d’une version Ti Super. Là, on vise directement l’homologation dans les courses de tourisme et on met le paquet. Le moteur reçoit deux carbus double-corps Weber 45, des soupapes plus grosses et un arbre à cames spécifique pour un résultat de 112 ch (170 une fois passé entre les mains d’Autodelta) !

On en profite pour l’alléger. Les phares « intérieurs » sont remplacés par des grilles, les ouvrants sont en alu, la lunette et les vitres des portes arrières sont en plexi. Résultat : 910 kg. On ajoute des jantes Campagnolo qui cacheront vite des freins à disques (pas sur les toutes premières) que la Ti « normale » recevra également.

À l’intérieur, l’équipement est réduit, pour gagner du poids, et le levier de vitesse passe au plancher pour gagner en sportivité. Si ce n’était pas assez, le client pouvait commander, dans la liste des options, un différentiel autobloquant, un radiateur d’huile et même changer ses rapports de pont.

Alfa Romeo Giulia Ti Super- Alfa Romeo Giulia

Et puis apparaît la première vraie déclinaison de la Giulia : le coupé Sprint GT, dessiné par Bertone, on en reparlera.

Alfa Romeo Giulia Sprint GT- Alfa Romeo Giulia

Le 2 Mai 1964, l’Alfa Romeo Giulia Ti Super est finalement homologuée après que les 501 exemplaires aient été produits. Au même moment, l’Alfa Romeo Giulia Ti « normale » peut recevoir un levier de vitesse au plancher, si on la commande avec les nouveaux sièges avant séparés.

Le 11 Mai l’Alfa Romeo Giulia propose une nouvelle version qui descend vraiment en gamme. C’est la 1300 qui reprend donc la mécanique de 1290 cm³ de la Giulietta Ti qui vit ses derniers mois. Le moteur sort 78 ch et permet d’emmener la voiture à 155 km/h. Par contre, chose notable, la boîte ne comprend que 4 rapports. Le freinage est bien assuré par des disques. L’intérieur est un peu moins bien équipé, mais ce sont surtout des détails.

Extérieurement on la reconnaît tout de suite : au lieu des quatre phares de la Ti, la 1300 n’en a que deux. On note aussi l’absence de feux de recul ou de quelques ornements en chrome.

On continue de décliner l’Alfa Romeo Giulia avec l’apparition de la Super (sans le Ti) au Salon de Genève 1965. On vise en fait entre les deux versions de la Ti. Le moteur 1600 reçoit deux Weber et sort 98ch. Il est surtout moins pointu et, donc, plus coupleux. Le freinage est assisté dès les premières autos produites. L’intérieur est entièrement nouveau avec des compteurs ronds et un volant à trois branches, similaire à celui de la Ti Super.

En fin d’année, on présente aussi la 1300 Ti. Cette fois la présentation est similaire à celle des modèles 1600, à l’exception des feux, tandis que le moteur est porté à 82ch et que la boîte passe à 5 rapports.

On note également qu’à parti de 1965, la production italienne est intégralement réalisée à Arese. Il était temps !

En Février 1966, le levier de vitesse passe obligatoirement au plancher sur la Giulia Ti tandis qu’elle reçoit le tableau de bord à compteurs ronds de la Super. La seule différence extérieure est à l’arrière avec un jonc chromé différent autour des feux.

Fin 1967, la 1300 reçoit une nouvelle face avant noire avec trois barres chromées. La Ti laisse sa place à la 1600 S. Le moteur sort 95 ch sans changer de cylindrée et l’intérieur est repris de la 1300 Ti. Le but est vraiment de l’intercaler entre cette dernière et la Super.

Alfa Romeo Giulia 1- Alfa Romeo Giulia

L’Alfa Romeo Giulia se renouvelle

En 1972, après déjà 10 ans de carrière, l’Alfa Romeo Giulia évolue. Déjà, esthétiquement, la calandre noire à barres chromées est généralisée sur l’ensemble de la gamme, le jonc chromé entourant les feux arrières disparaît et les jantes sont modifiées.

Surtout, il ne reste que deux modèles : l’Alfa Romeo Giulia Super 1.3 et la Super 1.6. Vous l’aurez compris, l’équipement intérieur est standardisé sur ces deux modèles, la différence principale étant l’adoption d’inserts en bois sur la console centrale.

La Nuova arrive

En 1974, la carrière est déjà bien entamée et il faut que l’Alfa Romeo Giulia se renouvelle. C’est le rôle de la Nuova. La gamme est on ne peut plus simple puisqu’elle ne fait que reprendre les deux versions déjà en place, la 1.3 (qui sort 89ch) et la 1.6 (de 102ch).

Par contre, côté esthétique on peut parler d’une révolution. La face avant est complètement revue avec des « sourcils » sur chaque coin. La calandre est noire, avec une barrette chromée et centre de calandre dont la forme se rapproche plus de celle des Alfetta apparues deux ans plus tôt. Le pare-chocs est également réhaussé. À l’arrière, le creusement du capot disparaît. C’est plus moderne, mais on reconnaît quand même les lignes.

Si on a été si conservateurs, notamment techniquement, c’est que l’Alfa Romeo Giulia continue à plutôt bien se vendre avec des performances toujours au top.

Les évolutions se font logiquement plus rares… mais en 1976 arrive une nouvelle auto : l’Alfa Romeo Giulia Nuova Super… diesel ! Le 1760 cm³ est un Perkins déjà vu sur les utilitaires de la marque. Le succès n’est pas au rendez-vous, la Giulia gardant une image sportive à laquelle ce moteur ne colle pas. Entre les piètres performances et le bruit, il plombe la fin de la carrière de la Giulia.

Les dernières autos sont en effet produites en 1977. Au total on aura produit 572.646 autos !

Les Alfa Romeo Giulia Break

Assez étonnamment, la Giulia ne s’est jamais déclinée, officiellement, en break. Pourtant, c’était quelque chose de courant chez la concurrence. Peut-être que l’image sportive ne collait pas avec le break… à l’époque.

Par contre, des carrossiers s’y sont risqué, soit pour des véhicules utilitaires, soit pour des ambulances. On peut ainsi en voir à quelques rares occasions, et même en France !

L’Alfa Romeo Giulia en collection

On peut regretter que ses 60 ans n’aient pas été suffisamment fêtés. Après, on ne peut pas dire qu’on en voit peu. Les Alfa Romeo Giulia ont une cote d’amour énorme, surtout dues à leurs performances de premier plan.

Côté cote, cette berline prisée est dans le haut du panier. Il faut compter 20 à 25.000 pour les Ti ou pour une Super 1600. Les 1300 sont moins onéreuses et se trouvent entre 15 et 20.000 €. Les Nuova sont dans les mêmes ordres de prix. Pour ceux qui cherchent du sport, les Ti Super, très rares puisque les 501 exemplaires ne sont pas tous arrivés jusque nous, s’échangent au-dessus des 110.000 € !

Côté pièces, pas de souci, les refabrications existent, en bonne qualité, mais à des prix qui correspondent à ceux de la voiture !

Cotes : Collector Car Value

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Van Brussel

    Sexagénaire non ?

    Répondre · · 16 décembre 2022 à 18 h 27 min

    1. Benjamin

      Les deux se disent (et s’écrivent) 😉

      Répondre · · 16 décembre 2022 à 18 h 29 min

  2. Michel Gillabert

    Merci pour se très beau reportage

    Répondre · · 26 décembre 2022 à 1 h 20 min

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