Alfa Romeo 33 Stradale, le retour du mythe

Publié le par Benjamin

Alfa Romeo 33 Stradale, le retour du mythe

Impossible de passer à côté. Si la stratégie actuelle d’Alfa Romeo est parfois brouillonne, il faut saluer ses coups d’éclats et son envie de tabler sur le passé pour faire grandir la marque. C’est ainsi que la marque se relance dans le segment des supercars et le nom vient d’une glorieuse lignée. La Montréal ? Non, au-dessus, mais il y a quelques chose de commun. C’est l’Alfa Romeo 33 Stradale qui aura ce rôle, l’occasion de revenir sur l’histoire de la première auto du nom.

Du Mans à la route

12 Mars 1967. À Fléron en Belgique, la victoire revient à une voiture de course qui réalise sa première sortie. C’est l’Alfa Romeo Tipo 33 « Periscopo », celle qui va prendre la relève des Alfa Romeo TZ2 dans les courses d’endurance. Cette Periscopo, c’est la première 33, la première à étrenner le nouveau V8 qui remplace le Bialbero sous les capots. Cette première année va être un désastre sur le plan sportif, seuls deux petits points sont marqués et la marque milanaise termine dernière du championnat.

Elle sera remplacée par la 33/2 dès l’année suivante, ouvrant la voie à une belle famille d’Alfa Romeo d’endurance.

Pourtant, c’est bien cette « Periscopo » qui donne des idées à la marque. Au Salon des Voitures de Sport de Monza en Septembre 1967 on montre pour la première fois l’Alfa Romeo 33 Stradale. Sa présentation officielle a lieu un peu plus tard, au salon de Turin. Forcément, l’auto impressionne.

Déjà avec son design. Franco Scaglione, ancien de chez Bertone, dessine une magnifique carrosserie (en alu) pour son coupé. Les formes sont globalement celles de la « Periscopo » mais un toit a été ajouté. Pour permettre un accès à bord plus aisé, ce sont des portes en élitre qui sont créées. Les formes sont pures, simples, rondes. L’Alfa Romeo 33 Stradale est une beauté qui est saluée pour son esthétique. Mais ce n’est qu’une partie de l’équation.

La technique est toute aussi importante. La voiture ne repose pas exactement sur le même châssis que la Tipo 33 de course. Bien sûr, elle partage de nombreux éléments de son châssis en H constitué d’aluminium. Mais pour ménager plus de place aux occupants, l’empattement est allongé de 100mm tandis que de l’acier est utilisé pour certains renforts afin de rigidifier l’ensemble. Les trains roulants font appel à une double triangulation, les freins à disques viennent de chez Girling.

Côté moteur, on a bien sûr repris sur l’Alfa Romeo 33 Stradale le V8 de course de 1995cm³ accolé à une boîte Colotti à 6 vitesses. Pour lui assurer un minimum de fiabilité, sa puissance est limitée et passe de 270 à 230ch. Une puissance bien suffisante pour une voiture qui ne pèse que 700kg. Elle atteint les 100km/h en 5,5 secondes et plafonne à 280km/h. Des chiffres étonnants en 1967 !

Une carrière dans l’ombre

La production est lancée dès la fin de l’année 1967. L’Alfa Romeo 33 Stradale est chère, très chère. On sait très bien qu’elle restera confidentielle et c’est Autodelta qui fabrique, à la main, les quelques exemplaires qu’on arrive à vendre. Ainsi, on améliore l’auto par petites touches et il n’y en a pas deux pareil !

Les premières ont des doubles phares mais ils seront vite remplacés par des phares simples, toujours sous bulle. On perce également des aération derrière les roues avant pour permettre aux freins de mieux dissiper la chaleur. Bref, la voiture change de forme très régulièrement !

Deux autos seront vues en course, les Tipo 33 n’étant pas proposées aux clients qui trouvaient là une voiture adaptée à de nombreuses épreuves. L’une d’elles sera même utilisée comme laboratoire et recevra quelques éléments en magnésium.

La production est lente. Finalement, quand on la stoppe, en mars 1969, seuls 18 Alfa Romeo 33 Stradale ont été produites. Et seules 13 ont été vendues !

L’Alfa Romeo 33 Stradale devient top-modèle

Que faire des 5 Alfa Romeo 33 Stradale restantes ? Les carrozzeria italiennes ont leur idée ! Elles vont ainsi récupérer les autos restantes et utiliser cette base technique pour créer des concept-cars magnifiques. Certains châssis seront d’ailleurs utilisés avec plusieurs carrosseries différentes !

Le premier à dégainer le fait avant même que la production ne soit terminée. C’est Bertone qui présente sa Carabo au salon de Turin 1968. Difficile de faire le lien entre les lignes de Scaglione et ce coupé en coin !

Au même endroit on peut découvrir l’Alfa Romeo 33 Roadster G.S. Elle est imaginée par Pininfarina et affiche elle aussi des lignes tendues.

L’année suivante, c’est toujours Pininfarina qui présente sa 33/2 Speciale. Cette auto reprend la base de l’Alfa Romeo 33 Stradale et utilise la carrosserie que Fioravanti avait imaginé pour la Ferrari P5.

Au même salon de Turin 1969, c’est Giugiaro qui y va de son interprétation. L’Alfa Romeo Iguana utilise une carrosserie en métal brossé, la même technique qui sera reprise sur la DeLorean.

L’Alfa Romeo 33 Stradale n’est plus produite et pourtant, elle va encore se décliner. Ainsi, au Salon de Bruxelles 1971, Pininfarina réutilise le châssis de son premier roadster pour créer le « Spider Speciale Cuneo ». La forme en coin s’affirme alors jusque dans le nom !

La dernière itération de l’Alfa Romeo 33 Stradale est présentée au salon de Genève… 1976 ! C’est Bertone qui profite de la base technique pour proposer une auto futuriste, de sa forme à son tableau de bord sur la Navajo.

La nouvelle Alfa Romeo 33 Stradale

Les photos qui illustrent cet article le prouvent : l’Alfa Romeo 33 Stradale avait en fait été « teasée » lors de précédents événements dont Le Mans Classic.

« Nuova Alfa Romeo 33 Stradale » c’est bien son nom. Stylistiquement parlant, il est vrai qu’il y a des points communs, notamment les portes en élitre. Dessinée au Centro Stile de la marque, l’auto sera fabriquée à la main par un autre grand nom de l’automobile qui revient petit à petit : la Carrozzeria Touring.

Niveau technique, on est dans l’air du temps. Fini le V8 et place au V6. Un moteur déjà vu chez Maserati mais qui a bien été inauguré chez Alfa par les Giulia et Stelvio. Au menu : 620ch ! Allié à un châssis alu et une monocoque Carbone, il permet de passer les 100 km/h en moins de 3 secondes et d’atteindre les 333 km/h (vous avez dit « chiffre marketing » ?).

L’Alfa Romeo 33 Stradale nouvelle mouture sera également disponible avec des moteurs électriques. ch ! Devenant une intégrale, elle sortira alors 750ch, rien que ça !

Les 33 exemplaires ont tous été vendus, sans qu’on en connaisse le prix !

Photos : Alfa Romeo

Les Alfa Romeo 33 Stradale de nos jours

Ces autos sont bien rares. En même temps, le Musée Alfa Romeo d’Arese concentre 2 autos en plus des cinq prototypes créés par les carrossiers ! Ce sont les mêmes autos qu’on peut voir lors de divers événements où la marque s’expose.

Les autres sont dans de belles collections, à n’en pas douter. Elles sont parfois exposées sur des salons ou lors de concours d’élégance. Et c’est bien là leur vraie place !

Pour le plaisir, on ajoute ces quelques autos supplémentaires de la famille Alfa Romeo 33, du côté des voitures de course cette fois. Toute leur histoire est ici.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Gougnard

    super cette presentation merci Benjamin

    Répondre · · 31 août 2023 à 19 h 13 min

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