Au Volant d’une Fiat 600D Multipla, le pot de fromage blanc dépaysant

Publié le par Benjamin

Au Volant d’une Fiat 600D Multipla, le pot de fromage blanc dépaysant

Si pour vous Mutlipla ne renvoie qu’à un immonde batracien commis par Fiat dans les années 90, vous avez raté le meilleur. La première du nom, la Fiat 600D Multipla est bien plus sympathique à tous égards et j’ai pu en prendre le volant.

Cette auto sera proposée lors de la prochaine vente aux enchères de la maison Osenat. Le catalogue de la vente est à retrouver ici.

Histoire de la Fiat 600D Multipla

Avant la Fiat 600D Multipla il y a la Fiat 600. Né avant la Fiat 500 qu’on connaît tous, la 600 est dévoilée en 1955. Contrairement au plus célèbre des pots de yaourt, la 600 embarque un quatre cylindre de 633 cm­³. Ce moteur de petite cylindrée développe 21,5 chevaux (les 0.5 sont importants à ce niveau !).

Au salon de Bruxelles 1956, Fiat dévoile une auto qui vient compléter la gamme : la Mutlipla. La mécanique et la base sont bien ceux d’une 600, aucun doute là dessus. Par contre le style est complètement différent. C’est un vrai monospace. Trois versions seront proposées : les 4 ou 5 places (selon le gabarit des occupants), la version 6 places sur trois rangées et la version Taxi. Cette dernière sera le best-seller du modèle.

Fiat ne va pas lésiner sur la promo du Mutlipla et mettre en avant le côté révolutionnaire. En même temps il y a peu de concurrence sous cette forme et cette taille !
La seule évolution sera le passage de la 600 à la 600D. Le moteur atteint 767 cm³ et développe alors 29 ch. La forme, elle, n’évoluera pas jusqu’en 1965 et l’arrêt du véhicule après 140.000 autos sorties des chaînes.

Notre Fiat 600D Multipla du jour

Une ligne plus que remarquable

Le pot de yaourt, c’est déjà pris. Notre Fiat 600D Multipla sera donc le pot de fromage blanc. Plus gros, moins courant et tout simplement différent.

La ligne de cette auto est plutôt réussie, si on oublie pas que l’objectif principal du coup de crayon était de faire tenir un habitacle suffisamment vaste pour 6 personnes dans 3.54 m de long ! Le profil évoque une goutte d’eau, plutôt rond sur l’avant et avec un arrière fuyant… mais qui doit rester assez grand pour loger le moteur. Toujours sur ce profil on s’aperçoit que malgré la hauteur réduite et la « ceinture de caisse » haute il y a de la place pour une belle surface vitrée. Quand on voit un monospace moderne doté de meurtrières… on se dit que certains designer pourraient réviser leurs classiques.

L’avant fait très utilitaire. La fausse calandre et les phares sont hauts, les butoirs de pare-chocs remontent et encadrent la plaque qui habille du coup cette face. L’arrière est plus automobile avec des ailes vraiment dessinées qui supportent les feux. Le capot en occupe une bonne partie.

Au niveau de l’habillage, nous ne sommes pas en présence d’une auto luxueuse. Peu de chromes, limités aux baguettes des vitres, aux entourages de phares et aux pare-chocs. Malgré tout, ce n’est pas une impression cheap qui en ressort… grâce certainement à cette peinture bi-colore particulièrement gaie.

Intérieur original et plutôt vaste

A l’arrière ce sont des strapontins qui reçoivent les occupants. L’espace est cependant compté et ces sièges repliables ont une assise très inclinée sur la les deux rangées.

A l’avant on est assis plus à plat sur la « grande » banquette. L’habitacle ne manque de rien et on est presque surpris de retrouver le levier de vitesse au plancher. La roue de secours calera les genoux de passager quand la colonne de direction passera entre celles du conducteur. L’habillage des sièges est très lisse et on aurait peur de glisser… si on devait la conduire sportivement. Pas de problème en fait.
A défaut de compte-tour, le compteur indique la vitesse max recommandée pour chaque rapport. De petits interrupteurs garnissent le tableau de bord. Bref c’est mignon et tout à l’air à portée de main.

Le vaillant petit moteur

Le capot moteur de la Fiat 600D Multipla est énorme. Et le moteur est petit. Ce ne sera pas compliqué d’accéder à la mécanique en cas de pépin. La radiateur est placé à côté du bloc placé longitudinalement. Ce n’est pas un monstre de puissance, il suffit de regarder le mince tube qui est bien esseulé à la gauche pour s’en convaincre.

Le moulin n’a pas été refait depuis quelques temps (mais on verra que ce n’est pas un souci). Il affiche une belle patine.

Au volant de la Fiat 600D Multipla

Étrange installation que dans cette auto là. On grimpe, mais pas haut. La banquette est plutôt accueillante et confortable. Le volant n’est pas si à plat que ça, par contre il ne faut pas avoir abusé de la raclette car l’espace est compté. Même chose pour la soupe étant petit. Je ne suis pas très grand et pourtant j’approche du ciel de toit. En même temps la Fiat 600D Multipla a été conçue pour les gabarits des années 60…

Du coup la position de conduite est trouvée. Je tourne la clé et avec l’aide d’un petit coup de gaz le moteur s’ébroue. Le starter au plancher va stabiliser le ralenti le temps que ça chauffe un peu. Porte claquée, il reste quand même de la place.

La première n’est pas évidente à trouver puisqu’elle est un peu décalée à gauche. Elle rentre bien et me voilà parti. L’embrayage a un toucher tout à fait classique. Je passe vite la seconde et j’évolue comme ça dans les rues de Fontainebleau. Le moteur n’est pas un foudre de guerre mais il suffit largement à mouvoir cet orni dans la circulation de 2019.

Premier freinage, et bein ! Ça freine ! Presque trop en fait puisque la pédale a une course plutôt courte… et que je bloque les roues directement ! Je dose mieux pour mon second freinage. A chaque fois la 600D Multipla repart sans broncher.

Au moment de passer la troisième, j’ai un peu de mal à la rentrer. En fait je « force » vers la droite alors que je dois en fait juste pousser le levier. Le mécanisme fait le reste et amène votre main contre la roue de secours.

Pas faite pour les cols… si on est pressé

Direction l’hippodrome par l’ancienne Nationale 6. Sauf qu’à la sortie de Fontainebleau, ça grimpe ! J’ai eu le temps de lancer la Fiat 600D Multipla à un bon 70 km/h et de passer la 4e… Mais dans la montée on a le temps de compter les 29 équidés du moteur. Il n’en manque pas… mais il n’y a pas d’invité surprise. La 3e est salvatrice et permet de grimper la cote à 60/65 km/h.

La balade matinale continue. La voiture est toujours aussi sympa. La route n’est pas forcément en bon état mais les suspensions de notre italienne n’en ont cure. Elle ne danse pas sur le mauvais revêtement et ne malmène pas mes lombaires. La Fiat 600D Multipla avance. À son rythme. Et je n’ai pas perdu mon sourire.

Nous voilà dans les bois. La longue ligne droite permet presque d’accrocher un 80 compteur. Mais contrairement à l’autre italienne de devant, on ne demande pas un monospace de 29 ch des années 60 d’être sportive. Par contre, quand trois chevreuils ont décidé qu’il fallait traverser la route, on lui demande de freiner, ce qu’elle fait bien, et plutôt en ligne.

Par contre cette route est large et la forêt ne nous abrite pas complètement du vent. Vous avez vu le profil de ce Multipla ? C’est confirmé au volant, la prise au vent croisée avec l’extrême légèreté de l’auto fait que les bourrasques les plus fortes ont tendance à nous emmener. Pas de quoi se faire peur, mais il faut rester attentif.

Le bonheur de prendre son temps

Au delà de ça, la route est tranquille dans une Fiat 600D Multipla. Elle avance à son rythme, sans se soucier des monospaces diesels qu’on rattrapera au prochain feu de toute façon. Sans se fatiguer non plus puisqu’elle est facile à emmener. Il n’y a pas de repose pied mais la jambe gauche est en fait calée sur l’arche de roue ! C’est un des avantages de cette position de conduite.

La direction est toujours parfaite, ni trop légère ni trop lourde. L’habitacle n’est pas insonorisé comme une S65 mais le moteur ne vous rendra pas sourd, même sur un 80 km/h de croisière. Alors je garde ma banane et ne file le volant à mes accolytes que parce qu’il y a un V8 dans l’Alfa rouge (rendez-vous dans quelques jours). Mais c’est bien cette auto là qui m’aura marqué en ce samedi matin de mars !

Conclusion : atypiquement agréable

Quel bonheur de prendre le volant d’une popu de ce genre. Alors popu, surtout dans sa définition de base, on en reparle juste après.
Une auto qui fonctionne parfaitement, et qui vous rendra simplement heureux de rouler si vous ne lui demandez pas de faire ce qu’elle ne sait pas.

A noter tout de même que j’aurais bien aimé la conduire avec les 6 personnes à bord. La puissance limitée aurait alors été problématique et peut-être que les freins auraient été moins efficaces. Mais un bonheur simple comme celui distillé par la Fiat 600D Multipla, et bien ça se partage !

Conduire une Fiat 600D Multipla

Je vous le disais, la Fiat 600D Multipla a une définition de populaire… mais n’en est plus réellement une. Pourquoi ? A cause de son prix ! La Fiat 600 de base a dépassé la barre des 10.000 € tandis que la Multipla a carrément accroché les 30.000 € ! Oui vous avez bien lu !

La voiture que nous avons sous les yeux sera proposée par Osenat lors de sa prochaine vente aux enchères du 23 Mars. L’estimation : entre 20 et 30.000 € reflète bien l’auto : pas parfaite mais totalement fonctionnelle. Le prix est bien dans la fourchettes des dernières ventes.

Pour ce qui est de l’auto et de son entretien, ne vous inquiétez pas trop des pièces mécaniques, elles sont trouvables. Par contre il existe des pièces spécifiques qui seront plus dures à trouver.

Un grand merci à Osenat et à Loïc pour avoir permis cet essai.

Les plusLes moins
Maniable et facileManque de puissance
Ligne originalePas faite pour les grands gabarits
AttachanteUne addition très salée
Image Note 3- Fiat 600D Multipla
Entretien Note 3- Fiat 600D Multipla
Plaisir de Conduite Note 4- Fiat 600D Multipla
Ergonomie Note 3- Fiat 600D Multipla
Facilité de conduite Note 3- Fiat 600D Multipla
Note Totale Note 16 20 1- Fiat 600D Multipla
Fiche Technique de la Fiat 600D Multipla
Mécanique Performances
Architecture 4 Cylindres en ligneVmax 90 km/h
Cylindrée 767 cm³ 0 à 100 km/h ——
Soupapes 8400m da NC
Puissance Max 29 ch à 4800 tr/min 1000m da 58s
Couple Max 49 Nm à 3000 trs/min Poids / Puissance 25,9 kg/ch
Boîte de vitesse 4 rapports manuelle
Transmission Propulsion
Châssis Conso Mixte ±6 L/100 km
Position Moteur Porte à faux arrièreConso Sportive ————
Freinage Tambours AV et AR Cote d’origine
Dimensions Lxlxh 3540 x 1450 x 1580 cm Cote 2019 30.000 €
Poids 750 kg

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Pascal GARDEZ

    Merci pour votre reportage, sympa et instructif et aussi divertissant, les photos sont bien faites, bref que du bonheur à vous lire ; un seul bémol mais vous n’y êtes pour rien, le prix des voitures anciennes, je me demande s’il ne vaut mieux pas s’acheter une ancienne plutôt que de mettre ses sous sur le livret A, le rapport est largement meilleur. Encore merci pour cette belle page de l’auto ancienne de notre jeunesse.

    Répondre · · 15 mars 2019 à 10 h 13 min

    1. Benjamin

      Merci pour les compliments.
      Pour le livret A, de toute façon il ne rapporte plus rien et depuis longtemps déjà. D’autres produits financiers sont plus intéressants, mais l’ancienne a aussi l’avantage de ne pas être destinée qu’à attendre de fructifier. Elle peut prendre de la valeur, même si on s’en sert !

      Répondre · · 15 mars 2019 à 10 h 21 min

  2. Pascal GARDEZ

    Un exemple j’avais une BMW E30 325I coupé de 1987 TBE que j’ai vendu en 2004 : 2500 €, j’ai vu la même en 2017 12500 € à la vente, belle culbute, salut.

    Répondre · · 15 mars 2019 à 11 h 31 min

  3. Moulinet Jean-Philippe

    C’est une voiture plaisir, j’en sais quelque chose. J’ai roulé en 600D de 69 pendant 13 ans, c’était ma seule voiture, j’ai déménagé 3 ou 4 fois avec. Je l’ai revendu à regret, à quelqu’un qui pouvait refaire le « gruyère » qu’il y avait sur le plancher, because, elle avait passée quarante ans au bord de l’océan… En 2008, j’aurais aimé m’offrir un Multiplat, mais déjà trop chère car rare. J’ai opté pour une Panhard Dyna Z12 de 56, ce que je ne regrette pas du tout,mais qui sait, un jour peut-être…

    Répondre · · 15 mars 2019 à 13 h 47 min

  4. Alain Andresy

    Super reportage avec de belles photos. Merci pour la balade.

    Répondre · · 15 mars 2019 à 19 h 37 min

  5. Marque Pot de Yaourt

    Bonjour

    Juste pour vous informer, qu’en effet, la marque Pot de Yaourt est déjà utilisée et déposée à l’Inpi

    Ne pas assimiler cette marque à Fiat

    Merci

    http://www.potdeyaourt.fr

    Répondre · · 15 mars 2019 à 20 h 43 min

    1. Pierre

      Ne vous en déplaise « pot de yaourt » sera toujours rattaché dans l’inconscient collectif à la Fiat 500. Tout comme « motte de beurre » fut le sobriquet de la Renault 4CV

      Répondre · · 3 janvier 2020 à 8 h 43 min

  6. trabantino

    Bel article pour une ravissante icône italienne. Mais … 30.000€ ! On sombre dans la spéculation financière, et nos passions pour l’automobile en meurent. C’est très dommage.

    Répondre · · 15 septembre 2019 à 17 h 50 min

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