Verna 2024 : les Traction à l’honneur d’un énorme rassemblement

Publié le par Fabien

Verna 2024 : les Traction à l’honneur d’un énorme rassemblement

Quand on a sous la main des Citroën Traction, tant en nombre, qu’en modèles différents, et que, justement, le modèle fête cette année ses 90 ans, le thème du Rassemblement de Verna 2024 était tout trouvé ! Et comme chaque année, l’AKMD (Association Kick et Manivelle Dauphinoise) a ouvert les champs du petit village de Vernas (38) pour recevoir toutes les anciennes, des débuts de l’automobile aux youngtimers.

Verna 2024, une ambiance toujours aussi festive

Réunir des voitures, c’est bien, mais ce n’est pas que ça qui fait le succès d’une manifestation. Le succès, ce sont les animations qui permettent aux amateurs de venir passer un bon moment en famille.

Oui il y a la buvette, bien nécessaire cette édition encore compte-tenu de la chaleur plus que du soleil, un soleil présent le samedi, mais voilé le dimanche. Oui, il y a les grandes tables qui permettent de déjeuner tout en continuant de discuter passionnément, de partager, d’échanger.

Mais le petit truc en plus à Verna 2024, c’est l’ambiance sonore présente tout au long de l’événement. Du plus rétro, avec un joueur d’orgue de barbarie perché sur son camion chantant sur des rengaines jusqu’aux années 80. Des airs que l’on sifflote mécaniquement comme les joue la machine au rythme de la manivelle.

A distance suffisante pour éviter toute pollution sonore, un chanteur guitariste reprend des standards plus récents. Cette prestation à proximité immédiate du pôle restauration, véritable fourmilière, permet de patienter en attendant d’être servi.

Et le dimanche, les exposants et le public pouvaient danser au son des batucadas. Les batuqueiros armés de leurs tambours, tambourins, caisses claires et autres percussions jouaient à intervalles réguliers, le temps d’aller d’une zone à l’autre du rassemblement de Verna 2024.

Des affaires à faire

Comme chaque année, les visiteurs pouvaient chiner et dégotter pour les uns les miniatures de leur modèle préféré, pour d’autres les optiques additionnelles introuvables, ou tout simplement le t-shirt coup de coeur.

Du stand de vêtement, propre et bien organisé, à la bâche étendue à même le sol pour présenter ce que le profane appellerait de vieux bouts de ferraille… Peu importe la présentation, ce type de bourse où l’on peut trouver des organes et des accessoires impossibles à faire refabriquer, est nécessaire pour faire durer la passion.

Beaucoup de deux roues, complets ou pour pièces, étaient également proposés sur ces stands de Verna 2024. Plutôt de petites cylindrées et des cyclomoteurs. Pour les voitures, il ne fallait pas faire beaucoup d’effort pour chercher les affichettes à vendre directement dans les allées. Un signe des temps ? Quoi qu’il en soit, beaucoup d’autos semblaient vouloir changer de main !

Et toujours beaucoup de véhicules exposés !

Verna 2024 ne faillit pas à sa réputation d’être l’un des plus gros rassemblements de l’Est Lyonnais avec ses 30.000m² d’exposition. Toujours beaucoup de voitures, quelques motos et des camions, que ce rassemblement fait partie des rares à accepter.

Les motos

Du Solex à la Honda CBX 6 cylindres, le monde du 2 roues était assez bien représenté à Verna 2024 bien que les cyclomoteurs se taille la part du lion dans cette exposition. Harley reste, quant à lui, un contributeur important.

La Honda reste la pièce de choix : héritière directe de la compétition, puisque basée sur la RC166 de 250 cm³, sa cylindrée de 1047 cm³, son double arbres à cames en tête, et ses 24 soupapes, permettaient de sortir 105 ch et 225 km/h. Tout simplement la moto de série la plus puissante en 1978, date de sa sortie.

L’occasion de croiser un drôle d’engin au rassemblement de Verna 2024. Avec un démarrage par lanceur à main, comme sur une tronçonneuse, c’est un scooter Manurhin, ou quand une copie améliorée récupère les droits de production du fabricant originel. En effet, ce modèle MR75 (qui est un 50 cm³), sorti en 1956, est une réplique du DKW Hobby, et DKW a cédé l’exclusivité des droits à la Manufacture du Haut Rhin en 1958.

Les camions

Ce n’est pas donné à tout le monde de collectionner ces véhicules aux dimensions conséquentes ! Pourtant, certains poids-lourds avaient fait le déplacement au rassemblement de Verna 2024.

Berliet, le local, présente un GLR-8 à cabine M2 : cette cabine arbore le nouveau style de la marque, cubique et anguleux au niveau du museau, mais conserve le pare-brise en deux panneaux des premiers modèles. Cette déclinaison vivra pendant 3 ans à partir de 1960.

Mais à côté du GBC-8 6×6 Gazelle de 1958, toujours en moyen tonnage et aux angles moins marqués, il fait presque petit. Ce TBC est l’un des camions de reconnaissances du Rallye de Tunisie et 9 camions identiques ont accompagné la Mission Ténéré (ou Ténéré-Tchad) en décembre 59 et janvier 1960 destinée à prouver l’endurance et la robustesse des camions du constructeur Lyonnais.

Ce même modèle a également été à l’affiche du film 100.000 dollars au soleil d’Henri Verneuil, avec de Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo et Bernard Blier. Notre petit doigt nous dit qu’on pourrait le retrouver dans quelques semaines à Epoqu’Auto.

Le dernier Berliet de ce Verna 2024 est un 500K modifié par Camiva, célèbre préparateur dans le monde des soldats du feu, en FPTL pour Fourgon pompe tonne léger, capable d’emporter 6 pompiers sur interventions. La gamme K est née du rapprochement de Berliet avec Citroën, suite au rachat de Berliet par Michelin en 1967.

Autre camion intéressant présent : un Hotchkiss PL50 de 1963 avec ses faux airs de Berliet GLR de première génération avec son museau arrondi de seconde génération nommé paradoxalement, nez plat.

Les voitures

Difficile de passer en revue l’intégralité du parc en constant mouvement, tant les modèles étaient variés au rassemblement de Verna 2024. Les grands noms de l’automobile étaient là, ainsi que certains, plus exotiques comme la Puma brésilienne ou la Vauxhall Cresta à volant à gauche. Et même de grandes diffusion, certains modèles ont été vus sous de multiples déclinaisons.

Les Citroën Traction

Comme nous l’avons déjà dit à propos de cette icône de l’automobile, il y a 90 ans, le pari de Citroën était loin d’être gagné. Heureusement que les propriétaires des Citroën 7 ont bien aidé le constructeur pour finaliser la mise au point et fiabiliser le modèle. C’était tellement mal parti, que Citroën avait dû relancer la Rosalie équipée des moteurs de la Traction (l’histoire par ici). Mais la base était là et les problèmes des débuts ont été oubliés par beaucoup.

Il faut dire que la Citroën Traction, ou plutôt, les tractions font partie de ces rares autos conçues dans l’entre-deux guerres et qui restent utilisables quasiment au quotidien dans la circulation moderne. Ce que nous avons validé dans plusieurs de nos essais (essai d’une 7C roadster et d’une 15 Six). Et même si d’autres véhicules de série ont utilisé la traction avant auparavant, comme les Cord en 1929, Citroën a fait entrer ce mode de transmission au panthéon de l’automobile.

Sur notre rassemblement de Verna 2024, les 11 étaient les plus représentées, malle plate ou bombée, légères, berlines, familliales ou commerciales. Il y en avait pour tous les goûts. Et les belles étaient bien mises en valeur !

En marge de cet anniversaire, une auto reprenant le moteur Performances de la 11 et le train avant a fait tourner bien des têtes : une Rosengart LR539 noire dite Supertraction (son histoire par ici). De la même manière, la MEP Daphné, déjà rencontrée à Verna lors des éditions précédentes a soulevé son lot de questionnements. Est-ce une italienne ? Mais c’est quoi MEP ? Quel moteur ? Pour répondre à toutes ces questions un article lui est dédié.

Restons chez Citroën avec l’expo 2CV et « consorts »

Pour le profane, « il y avait plein de deux-pattes »… Pour l’amateur, il pouvait différencier les AZ, les AZU, les AZLP ou encore les AZA et des modèles plus insolites et personnalisés.

Modèles à phares rond en obus, les plus recherchés, ou carrés de la fin des années 70 qui commencent à prendre de la cote les premières devenant « hors de prix ». Découvrables ou utilitaires. 2CV ou encore Dyane, celle qui devait prendre le relais et qui disparaîtra avant (par ici pour l’histoire). On trouvait aussi les autres « air cooled » de la marque que sont les Ami.

Parmi ces Ami, celle qui ressemblait à une version coupé montrait fièrement son moteur aux visiteurs de Verna 2024. Et pour cause ! mas de soupapes, pas de système bielle-manivelle, pas d’arbre à came. Le principe de base de son moteur, développé par un certain Félix Wankel de chez NSU, repose sur la rotation elliptique d’un piston triangulaire. Le modèle est en fait l’un des prototypes M35 à moteur à piston rotatif (et non moteur rotatif, comme c’est expliqué ici), commercialisé par Citroën : le n°464.

Les ancêtres

Comme chaque année, l’édition Verna 2024 met en valeur les ancêtres. Ces engins à 4 roues sans lesquels l’automobile moderne n’aurait jamais existée.

Cette année, des exemplaires de cette marque qui, en 1900, fut le premier constructeur mondial, avaient fait le détour. Difficile de s’imaginer aujourd’hui qu’à l’aube de l’automobile, c’était une marque française qui détenait les plus gros chiffre de vente au monde : De Dion Bouton.

La type R à carrosserie de type tonneau, date de 1903 et est reconnaissable à ses 4 places non couvertes. La 6HP de 1904 présente simplement 2 places et possède un toit repliable maintenu en place par des haubans.

On retrouve également d’autres marques fameuses de l’avant guerre à Verna 2024 à commencer Panhard et Levassor, mais aussi, et déjà, Ford ou Renault avec une belle Vivaquatre. C’était l’époque où l’automobile restait un signe extérieur de richesse et où sa personnalisation passait notamment pour de magnifiques mascottes de bouchons de radiateurs.

Les Youngtimers

Les plus jeunes des anciennes avaient leur parking dédié, dès l’entrée du Rassemblement de Verna 2024. Ce terme, si difficile à définir, n’est plus simplement la sémantique dédiée aux sportives des 25/30 dernières années du XXème siècle, mais voit de plus en plus de populaires trentenaires, donc de véhicules de collection au sens de la réglementation, dans ses rangs. Les plus récemment arrivées et présentes à Verna 2024 sont la Citroën ZX et la Renault Twingo première génération.

30 ans aussi pour la Clio Williams… Et quel coup de vieux prend-on quand la petite youngtimer qu’est la 205 GTI fête ses 40 ans ? Que dire également de la presque quadragénaire Renault Supercinq GT-Turbo ? Quid de la Golf GTI qui soufflera ses 50 bougies dans 1 an ?

Une belle illustration que, maintenant, les Youngtimers sont des voitures de collection comme les autres, même si les sportives seront toujours plus cotées que les modèles plus populaires.

Petit coup de coeur pour cette rarissime Mazda 323 GT-R. Série spéciale de 2200 unités dont seulement 200 destinées à la France. Un modèle dépouillé et dédié à la performance, dérivé de la 323 GT-X pilotée par Timo Salonen. Le petit 1.8 litre 16 soupapes de la MX-5 suralimenté par un gros turbo IHI a de quoi donner le sourire.

Et ce qui est appréciable, c’est la maîtrise lors de cette édition Verna 2024 du tuning. Si les autos présentent des évolutions ou des personnalisations, ce sont pour la plupart des modification d’époque. Et je ne parle pas que de la 406 V6 du « petit Daniel » tout droit sortie du film Taxi !

Et toutes les autres !

Sur un rassemblement comme celui de Verna 2024, impossible de faire une liste à la Prévert des modèles rencontrés. On peut constater que les Cox étaient assez nombreuses ainsi que les dérivés type Dune Buggy, essentiellement des LM Sovra, buggy français développés à partir du célèbre coléoptère de chez Volkswagen.

A y aller au coup de coeur, on pouvait noter à Verna 2024 une belle Big Healey, Austin-Healey 100M à moteur 4 cylindres (c’est par ici), ou la Matra Djet rutilante.

Une jolie découverte que cette gracile Innocenti Spider S de 1968 assemblée chez OSI et dessinée par Ghia. Un joli flacon qui avait une bonne réputation de robustesse mécanique et autorisait une conduite sportive plus grâce à un châssis bien né qu’aux performances du 1100 cm3.

Italienne aussi et rarissime encore, la Fiat 130 coupé aux superbes jantes en alliage Cromodora, présente à Verna 2024, semblait sortie d’usine. Un modèle haut de gamme qui n’a pas séduit lors de sa présentation en 1970 et s’est très peu vendu. Pourtant, ses lignes anguleuses et son regard soulignaient une agressivité que le son du V6 rehaussait encore.

En passant outre-Rhin, Ford et Opel étaient plutôt bien représentés avec, pour le premier un très belle Escort Mk2 RS2000, véritable voiture de rallye client, et pour le second, un modèle plus ancien d’avant-guerre, la Super 6, au L6 de 2.5 litres et… 55 chevaux !

Outre-Atlantique cette fois, le regard pouvait être attiré par un beau coupé Chevrolet Corvair mk1 Monza. Une voiture particulière dans le paysage automobile américain de l’époque du fait de son moteur arrière 6 cylindres boxer. Cette architecture a poussé l’avocat Ralph Nader à la considérer comme unsafe at any speed (dangereuse à n’importe quelle vitesse). Pourtant sa ligne et sa finition lui ont assuré un joli succès. Mais elle reste rare en France.

Mais cette Corvair reste un modèle compact. Pour la démesure, la Chrysler Windsor 4-Door Sedan produite entre 1946 et 1948 est à préconiser ! Avec 5,29 m de long et près de 2 m de large, on peut dire qu’elle en impose. Et là encore, ce n’est pas la plus importée des américaines sur le vieux continent.

On va finir sur les autos marquantes de Verna 2024 avec une française, ou plutôt une franco-allemande. Comme à son habitude dans les années 80-90, Renault cherchait sur leurs terres de quoi concurrencer les sportives germaniques. Milieu des années 80, la R11 Turbo n’ayant pas le physique de ses ambitions, Renault s’est tourné vers Zender pour bodybuilder sa familiale compacte. Seuls 650 exemplaires de cette Renault 11 Zender 1.4L Turbo, forte de chevaux ont été produits.

Et pour finir…

Encore une belle édition pour ce Rassemblement de Verna 2024. Evidemment on attend la version 2025, en espérant toujours autant de soleil, de bonne humeur, de visiteurs… Et de véhicules de collection. Bravo encore à l’AKMD pour l’organisation de cette fête.

Et comme d’habitude, un florilège des voitures, motos et camions présents au rassemblement de Verna 2024, pour patienter jusqu’à la prochaine édition !

Verna 2024 218 1- Verna 2024

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

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