La MEP Daphné, le coupé chevronné et oublié

Publié le par Benjamin

La MEP Daphné, le coupé chevronné et oublié

Quand on associe MEP et Citroën on pense à ces monoplaces en coin, bleu et blanches qu’on voit régulièrement sur des événements tels les Classic Days ou Classic Festival. Mais il existe aussi la MEP Daphné, celle qui nous intéresse aujourd’hui qui est un coupé prévu pour la route !

L’homme derrière le projet : Maurice Pezous

C’est de son créateur, Maurice-Emile Pezous, que MEP tire son nom. Mais avant-même d’évoquer ses autos, parlons de l’ingénieur. Maurice Pezous commence par travailler dans l’aéronautique. Inventif, il a déjà créé quelques système mécaniques qui feront date, il est embauché par Hispano-Suiza pour la partie essais en vol.

Pendant la guerre il est affecté à l’aéronavale puis commandant de l’armée secrète du Tarn et après le conflit il retournera dans l’aéronavale. Cependant, malgré quelques beaux projets, il retourne dans son Tarn pour y ouvrir un garage à Albi. Il sera notamment concessionnaire Fargo (une marque de camions appartenant à Chrysler) mais continue de travailler sur des inventions, multipliant les brevets dans des domaines variés.

Au début des années 50 il se rend compte que les grandes marques ferment les unes après les autres. Il veut alors créer son propre coupé.

La création de la MEP Daphné

Pezous s’entoure d’une équipe réduite pour créer son auto. La caisse sera prolongée à l’avant et à l’arrière par des structures tubulaires. Les freins seront à disques, mais ici on parle de créations de Pezous !

Chassis Mep Daphne- MEP Daphné

Côté moteur, comme beaucoup d’artisans, il fait appel à une mécanique que l’on trouve facilement : le moteur des Traction 11cv !

Pas forcément sportif, ce moteur est cependant préparé par l’équipe. Avec deux carbus double-corps Solex et une tubulure d’échappement 4 en 1 ils arrivent à sortir 80 chevaux du moteur. Un bon coupé devrait être une propulsion, mais cela coûte trop cher et ce sera bien le système de la Traction qui sera utilisé. Cela permet d’ailleurs de réutiliser les suspensions de la mythique Citroën. Par contre pour la boîte on verse dans du plus luxueux puisque c’est une Cotal qui est utilisée.

Le dessin du coupé est élégant et mis en forme par le carrossier Albigeois Albert Mazel. L’arrière est fuyant, de type « fastback ». L’avant peut faire penser à une Ferrari ou une Talbot-Lago T14. Pour réduire le poids, le capot avant et le coffre sont en alu.

Après deux ans d’étude, en 1953 donc, on dévoile donc la MEP Daphné VII 170 SL. Le chiffre est simplement le porte-bonheur de Pezous. Le nom est mythologique et symbole de gloire. La MEP Daphné est peinte en vert et devient vite la voiture de Pezous.

La carrière de la MEP Daphné

La production des autos commence dès 1953. En Juin on livre un coupé 2+2 beaucoup moins élégant avec un arrière plus rebondi et une calandre plus grosse à un industriel de Castres.

Au final la forme initiale ne durera pas longtemps. Du moins l’avant. La première MEP Daphné rentre en collision… avec une vache en 1954 ! Tout l’avant est revu. De véritables pare-chocs remplacent les butoirs simples et le refroidissement est amélioré. La calandre est toujours ovale mais plus grande, une prise d’air est présente sur le capot et des extracteurs naissent sur les ailes. Repeinte en rouge, c’est elle qui illustre en majorité cet article. En effet, cette MEP Daphné VII 170 SL version 1954 est la seule rescapée !

En Mars 1954 la voiture part pour l’Autodrome de Linas-Montlhéry pour quelques essais. La presse découvre une auto à mécanique de Traction capable de filer à 160 km/h et atteindre la borne kilométrique en 37,6 secondes !

Les troisièmes et quatrièmes MEP Daphné reprennent le dessin de cette nouvelle version. Évidemment on est sur une fabrication artisanale, qui coûte plus qu’elle ne rapporte et toutes les autos ne sont pas identiques.

Suivent trois autres autos. L’une d’elle a des phares encastrés, la septième est un cabriolet dont le physique fait penser à une Auto Union 1000 SP ou une une Sunbeam Alpine.

En 1955 Pezous signe un contrat avec Citroën pour fabriquer, et diffuser, la MEP Daphné. Un atelier dédié est prévu à Albi en lieu et place de la fabrication dans la concession aux chevrons. Mais le projet ne verra pas le jour. Les commandes s’arrêtent vite. Si d’autres investisseurs se montrent un temps intéressés, il n’iront pas au bout de la démarche, la Crise de Suez refroidissant bien des envies dans le monde de l’automobile en France.

MEP après la Daphné

Maurice-Emile Pezous redevient un « simple » concessionnaire Citroën après avoir construit ses 7 Daphné. D’ailleurs il semble que les n°3 et n°7 ne seront jamais livrées.

Le nom MEP va revenir dans l’actualité dans la deuxième moitié des années 60. Ce sont des années dorées pour le sport automobile. Les formules de promotion attirent. Citroën veut en être et MEP développe d’abord sa monoplace X1 à moteur d’Ami 6. Pas assez puissante elle est vite remplacée par la X2 à moteur de Panhard 24 CT. Vint autos seront offertes en 1967 à l’ACF par Citroën.

L’année suivante on teste la X7 à moteur NSU mais seule deux autos seront construites. En 1969 quand la Formule Monotype est lancée, ce sont 92 MEP X2 qui ont été fabriquées !

En 1971 la MEP X27 reprend le moteur de la GS et ses 1015 cm³. Produite à 84 exemplaires, elle est plus carrée.

Les monoplaces seront utilisées jusqu’en 1975 et cela explique que le nom MEP soit connu… et pas pour la Daphné !

LA MEP Daphné de nos jours

La MEP Daphné rouge que l’on peut voir dans divers rassemblements en Rhône-Alpes, d’Epoqu’Auto à Verna, est donc la seule qui soit arrivée jusque nous.

Elle est la propriété de la famille d’Albert Mazel. Si ce dernier est décédé en 1968 lors d’une course sur le circuit d’Albi, fauché par une monoplace, cette MEP Daphné rouge est un parfait témoignage de son travail. Une seule modification a été faite, c’est désormais un bloc d’ID 19 qui est sous le capot.

Alors si vous la voyez, prenez le temps de la regarder. Cela n’arrivera pas si souvent !

Source principale : MEP Daphné et Aventure Citroën

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. philippe

    Le moteur présenté n’est pas un moteur de Traction puisque coiffé d’une culasse hémisphérique. DS ou plus tard fourgon H lorsque la fabrication des culasses à soupapes parallèles de Traction et des ID 19 de base aura cessé.

    Répondre · · 27 novembre 2020 à 18 h 21 min

    1. Benjamin

      C’est le moteur qui équipe la Daphné de nos jours en effet, donc un bloc ID 19 en remplacement de celui d’origine.

      Répondre · · 28 novembre 2020 à 18 h 31 min

  2. Pascal

    Toujours aussi rafraichissante cette rubrique qui fourmille de renseignements ry d’anecdotes mais à la fin, comme d’habitude, les inventeurs automobiles français n’ont pas été aidés.

    Répondre · · 28 novembre 2020 à 12 h 10 min

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