Citroën Rosalie, achevée par sa petite sœur

Publié le par Benjamin

Citroën Rosalie, achevée par sa petite sœur

La Traction l’a éclipsée. En même temps, face aux aux avancées technologiques proposées par cette nouvelle auto, la Citroën Rosalie paraissait bien banale. Et ça s’est ressenti dans les ventes !

Nouvelle auto mais vieilles recettes

Au tout début des années 30, la gamme Citroën se compose de deux autos : la C4 et la C6 évoquent le nombre de cylindres de ces autos apparues en 1928 et 1929. Elles évoluent et on prépare les C4 MPF et C6 MPF. André Citroën décide cependant de casser cette évolution.

Ainsi au salon de Paris 1932 on dévoile trois nouvelles Citroën. Ne les appelez pas (encore) Rosalie, comme sur les Traction peu de temps après les noms officiels sont donnés par les puissances fiscales.

La Citroën 8cv est totalement nouvelle. Sur des voies étroites de 1,34 m elle est motorisée par un 4 cylindres de 1452 cm³ qui sort 32ch. La vitesse maxi est de 80 km/h.

La Citroën 10cv remplace la C4. Ses voies sont plus larges avec 1,42 m et son moteur cube 1767 cm³.

Enfin la Citroën 15cv remplace la C6 avec un moteur 6 cylindres de 2650 cm³ et des voies de 1,42 m. Par contre son capot moteur est plus long, on la reconnaît à cela.

Au final ces autos sont des évolutions en profondeur des C4 et C6. Le châssis est différent, c’est un premier point. Elles reprennent cependant les essieux rigides, le freinage à tambours et l’innovation d’alors : le moteur flottant symbolisé par le fameux Cygne.

Côté carrosseries, les nouvelles Berline sont affinées. Le pare-brise étroit et légèrement incliné fait écho aux ailes longues et fines. La caisse est relativement massive, haute et les chromes sont nombreux.

En fait c’est une gamme complète qui est lancée puisque les berlines, quel que soit leur type, sont complétées par des familiales, limousines mais aussi cabriolets et des coachs (produits chez SICAL notamment). Les versions 10cv et 15cv proposent même des variantes, les légères, sur des voies de 1.34 m de large.

Du coup, pourquoi Rosalie ? En fait c’est un surnom donné à la machine des records de 1931. C’est une C6F qui tourne sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry pour promouvoir les huiles Yacco. Les premières tentatives datent de 1925.

D’ailleurs c’est l’un des faits marquant de 1933. Au lieu d’une auto à 6 cylindres, c’est la petite Citroën 8cv qui va s’attaquer à de nouveaux records. Elle sera baptisée « Petite Rosalie » et popularisera d’autant plus le surnom des nouvelles chevronnées.

Ce coup marketing est utilisé pour remettre en avant l’auto. En fait, si les ventes sont correctes, elles ne sont pas aux niveaux attendus. Surtout, elles sont bien loin des niveaux atteints avant le krach de 1929. Le gros problème concerne les version 10 et 15cv. Leur ressemblance avec les 8cv est trop grande et les clients ne sont pas forcément enclins à payer plus pour ne pas être distingués.

Cette même année les Citroën Rosalie, ce nom est quand même plus simple pour parler de la gamme, accueillent des versions utilitaires. La 8 U 5 embarque 500 kg de charge, la 10 U 8 monte à 800 kg et la 10 U 12 atteint 1200 kg. Les carrosseries sont nombreuses, fourgon tôlé, berline commerciale, fourgon allongé, ambulance, plateau à ridelles et même des bus se baseront sur ces différentes versions.

Les Citroën Rosalie NH puis Rosalie B

En 1934 Citroën a déjà la tête ailleurs. Néanmoins en début d’année on fait évoluer toute la gamme avec l’arrivée des NH signifiant « Nouvel Habillage ». Flaminio Bertoni a repris les formes des autos, leur donnant un aspect plus aérodynamique. La principale différence, c’est la calandre, désormais inclinée et avec des chevrons intégrés entre les lames.

Quelques mois plus tard on apporte une grosse évolution. Les Citroën Rosalie B font évoluer la technique en proposant des roues indépendantes à l’avant. Une sacrée avancée qui va être totalement éclipsée par l’arrivée de la Traction au salon de Paris en fin d’année.

La Citroën Rosalie cohabite

Avec cette nouvelle « grande sœur », les Citroën Rosalie se retrouvent avec une concurrence interne plutôt féroce. Le style de la nouvelle auto les ringardise en un rien de temps. Et puis les Traction sont bien plus évoluées techniquement et les moteurs sont nouveaux.

Cependant Citroën a lancé sa grande nouveauté beaucoup trop vite. La mise au point est bâclée, les retours nombreux. On décide donc de conserver les Citroën Rosalie au catalogue pour avoir sous le coude des modèles plus classiques, qui séduiront une clientèle reboutée par les évolutions des Tractions.

On va cependant proposer des nouveautés sur les « anciennes » de la gamme. Dès 1935 elles adoptent les moteurs des nouvelles venues. Finies les 8cv et 10cv, place aux Citroën Rosalie 7UA et 11UA. Elle reprennent simplement les moteurs des Traction 7C et 11. Par contre, les Citroën Rosalie restant des propulsion, elles sont aussi appelées MI pour Moteur Inversé. Il faut en effet retourner le moteur pour s’adapter à cette grosse différence de conception.

Par contre, oubliez les 15, elles disparaissent totalement pour laisser la place à la Traction du même nom.

On note également l’apparition de version utilitaires diesel dans la gamme.

La firme est reprise par Michelin. Les deux modèles cohabitent toujours mais les soucis de jeunesse de la Traction tendent à disparaître. Les ventes de Rosalie faiblissent alors qu’elles n’étaient déjà pas énormes.

Clap de fin, sur un goût d’échec

Les dernières Citroën Rosalie sortent en 1938. Les Tractions sont désormais seules dans la gamme. 88.090 Rosalie ont été produites. On peut dire que c’est peu…

D’ailleurs, il faut bien replacer l’auto dans le contexte de la marque. Si le développement, le lancement et les problèmes de jeunesse de la Traction ont fini de couler la marque, la relative mévente des Citroën Rosalie avait déjà approché les finances de la zone rouge.

Les Citroën Rosalie de nos jours

Elles sont forcément beaucoup moins visibles que les Citroën Traction qui ont été produites trois fois plus longtemps ! Néanmoins de beaux modèles sont souvent visibles sur les rassemblements d’anciennes, en particulier quand les chevrons sont à l’honneur.

Les berlines à 4 cylindres se trouvent désormais dans des tarifs ne dépassant pas les 10.000 €. Pour des Rosalie B ou même des autos à moteur Traction, cela permet d’avoir une avant-guerre presque moderne, avec un dessin bien marqué et sans se ruiner.
Les 15 sont peu courantes et bien plus chères, en Berline ou en Limousine, elles approchent des 20.000 €.

Restent ensuite les torpédos, les coachs, qui sont encore plus rares et dont la configuration dictera le prix : souvent plus de 25.000 €.

Photos supplémentaires : Citroën Origins

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. GRAFTIEAUX

    Bonjour, une belle berline 10cv dépasse largement les 10.000…Tout est question d’ état et de modèle.
    L’ appellation limousine n’ existe pas dans la gamme Rosalie, vous avez les conduites intérieures et les familiales, c’ est déjà pas mal!!

    Répondre · · 20 mai 2021 à 0 h 13 min

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