Siata 208 : une opportunité et des beautés

Publié le par Benjamin

Siata 208 : une opportunité et des beautés

Au début des années 50 on produit des autos sportives plutôt originales en Italie, avec un V8 sous le capot. On ne parle pourtant pas de Ferrari, de Maserati ou de Lancia ni même d’artisans qui se fourniraient à Detroit. Non, on parle de deux voitures qui vont faire le bonheur des carrozzeria locales. La première, c’est la plus connue, la Fiat 8V. La seconde, c’est donc la Siata 208… dont l’histoire est fortement liée à la première.

Siata en bref

C’est en 1926 que Giorgio Ambrosini crée Siata. À l’origine la société est un fabricant de pièces mécaniques, vendues en kit, pour la transformation et l’amélioration de moteurs. Ce sont surtout des Fiat, petites ou plus grosses qui sont visées. Pendant la guerre, Siata produit un moteur 4 temps pour bicyclettes qui connaît un tel succès que sa fabrication est sous-traitée chez Ducati… qui restera dans le domaine du 2 roues.

Après-guerre, on reprend l’amélioration de Fiat existantes, mais en changeant d’angle d’attaque. Avec la Siata Amica puis la Daina, respectivement sur base Fiat Topolino et 1400, on crée des voitures utilisant des mécaniques Fiat mais avec un style propre.

Siata, sous-traitant de la Fiat 8V

À la fin de la guerre, Fiat veut monter en gamme. La Fiat 1400 est une première étape mais on veut aller encore plus loin avec un coupé au moteur plus ambitieux. C’est ainsi que Dante Giacosa crée un V8 de 2 litres en assemblant deux moteurs 4 cylindres. La puissance est relativement faible avec une grosse centaine de chevaux, mais surtout l’auto va pouvoir être proposée en châssis nu et habillée par les plus belles carrozzeria italiennes.

Et Siata dans l’histoire ? C’est la société qui est choisie pour développer le châssis de la Fiat 8V. Il ne reprend pas toute une mécanique Fiat puisque seuls les trains roulants proviennent de la Fiat 1100. Le reste de la structure est confiée à un châssis tubulaire qui sera fabriqué par Siata. Le petit artisan reçoit les moteurs, les monte sur le châssis et ils repartent ensuite vers les ateliers de carrosserie où les voitures sont achevées.

La Siata 208

La Fiat 8V est dévoilée au Salon de Genève 1952, et très vite Siata va voir une opportunité dans cette sous-traitance. Avec l’accord de Fiat, on prélèvera des ensembles mécaniques et on les terminera en interne. C’est la naissance de la Siata 208.

Le moteur sera donc le V8 Fiat, mais le client peut choisir une autre mécanique pour son auto. Le moteur est cependant amélioré en option, notamment avec un arbre à cames spécifique et trois carbus Weber (au lieu de deux) qui porte la puissance à 140ch. Avec les 990kg de l’auto, on obtient des performances intéressantes et un dynamisme certain.

La première Siata 208 est présentée au salon de Paris en Octobre 1952. Il s’agit d’un coupé au style très sage proposé par Bertone.

Au salon de New York en Avril 1953, on dévoile une barquette. Son dessin est très réussi et il est attribué à Michelotti même si les carrosseries alu sont fabriquées par Motto.

C’est la version de la Siata 208 qui connaîtra le plus grand succès. Ernie McCaffe, qui importe les Siata à Los Angeles en commande 25 et l’un de ses clients est Steve McQueen. Ce coup de projecteur, en plus des essais presses unanimes quant à la qualité de la voiture. Ajoutez des engagements aux Mille Miglia, à la Targa Florio et même en SCCA aux USA et la Siata 208 se fait vite une belle réputation.

Par contre, comme la Fiat 8V, le prix des Siata 208 est élevé et ne soutient pas la comparaison des MG et Triumph qui se vendent très bien aux USA.

En plus des barquettes Motto, d’autres carrossiers vont s’intéresser à la Siata 208. Les Stabilimenti Farina produisent également une barquette avec un saute-vent et des phares pop-up.

Siata 208 CS Stabilimenti Farina- siata 208

La même carrozzeria propose un cabriolet plus grand au style rappelant les Ferrari proposées par Touring qui ne sera produit qu’à un seul exemplaire et surtout qui sera motorisé par un V8 Ford !

Siata 208 à moteur Ford

Toujours chez Farina, on produit des coupés, ils seront 7 au total.

Enfin, Balbo produit aussi sa version du coupé Siata 208 qui diffère finalement peu des coupés Farina.

En 1954, Fiat propose une nouvelle version de la 8V. Allégée, avec un moteur boosté, elle pourrait relancer le modèle qui n’a trouvé qu’une centaine d’acheteurs en deux ans. Pourtant, l’état major de la marque ne croit pas une seconde dans cette nouvelle vie et décide d’arrêter la production. Cela va impacter directement la Siata 208. Si elle peut effectivement recevoir des mécaniques venues d’autres constructeurs, ses performances commerciales ne poussent pas non plus à persévérer. Sa carrière s’arrête donc devant la pénurie de moteurs.

Au total ce sont 33 barquettes Siata 208 S et 18 coupés Siata 208 CS qui ont été produits en deux ans.

Les Siata 208 de nos jours

Forcément ces autos sont rares. On les voit lors de rares événements, forcément réservés à des autos de haut vol. Ainsi on a pu en voir au Tour Auto en 2016 et 2018.

Ajoutez également les concours d’élégance (Villa d’Este ou Pebble Beach par exemple) où elles se démarquent souvent avec des restaurations de premier plan et de beaux prix à la clé.

Et pour acquérir une Siata 208 ? La plupart des autos qui changent de main le font via des ventes aux enchères. Les prix sont alors élevés, au même niveau que les Fiat 8V en fait, aux alentours des 1,5 millions de dollars… voire un peu plus !

Images complémentaires : RM Sotheby’s

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Robert-Louis BREZOUT-FERNANDEZ

    Bravo, que voilà une automobile élégante ! V8 oblige . . .

    Répondre · · 8 août 2023 à 17 h 22 min

  2. Gougnard

    super ce reportage sur la Siata merci Benjamin

    Répondre · · 8 août 2023 à 18 h 57 min

  3. yves le prevost

    vous allez rire !!… ou pleurer… il y en avait une il y a des années (environ 40??..) chez le « célèbre » Pollet à Lille qui avait des tas d’autos, je voulais absolument acheter cette voiture, j’ai même « trainé » ma maman dans ce hangar pour lui montrer, évidemment elle m’a dit « que veux tu faire avec ça !!… », et j’ai un peu trop parlé devant ce Mr Pollet qui ne connaissait pas cette voiture qu’il avait dû acheter 2 fois rien, il en voulait…. 16.000… francs !!, mais il a ensuite hésité.
    Je me souviens bien de ce 8V avec ses échappements très spéciaux…

    La voiture a déménagé dans une vieille usine à Tourcoing où je l’ai suivie, il n’était toujours pas décidé.. puis il a disparu… Qu’est il advenu de cette fantastique et extrêmement rare auto… mystère…
    il ne faut paraît il rien regretter… ben là… si !!!

    Répondre · · 11 août 2023 à 17 h 29 min

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