Maserati 3200 GT : actrice d’une nouvelle ère

Née à l’aube d’un grand tournant pour la firme Maserati, la 3200 GT est la dernière à être propulsée par un moteur d’origine Maserati. Cette dernière fête un quart de siècle cette année et on retrace pour vous son histoire.

Un nouveau départ pour Maserati

La 3200 GT est le modèle qui représente l’immense tournant économique chez Maserati à la fin des années 90. En 1989, Fiat rachète Maserati puis décide de confier la marque italienne à la firme de Maranello : Ferrari. Cette fusion permettra à Maserati de sortir d’une crise de plus de 30 ans. Finie l’époque De Tomaso et les innombrables déclinaisons sur un même thème (le Biturbo). Le trident et le cheval cabré se croisent alors qu’ils sont historiquement rivaux.

C’est donc assez ambivalent. La 3200 GT est à la fois la dernier modèle de l’ère Maserati, et le premier de l’ère Ferrari. Elle est ce qu’on appelle « pure race », elle n’a encore aucun ADN Ferrari, contrairement à celles qui vont suivre. Grâce à ce modèle, Maserati revient en force sur le marché de l’automobile.

Un dessin inimitable

Le design de cette voiture est signé Italdesign. La 3200 GT a été imaginée d’après le dessin de Giugiaro. Ses lignes sont assez typiques de ce tournant vers les années 2000 : tout s’arrondit et s’adoucit. Les lignes très carrées des années 80 semblent loin derrière ! La première chose à laquelle on pense quand on voit cette voiture, c’est le dessin des feux arrières. En forme de boomerang, la 3200 GT sera la seule Maserati à en être pourvue. En effet, ceux-ci ont du être abandonnés dès la 4200 GT pour des raisons d’homologation. D’ailleurs, il s’agit des premiers feux sur le marché à faire appel la technologie DEL (LED).

La 3200 GT, comme son nom l’indique, est une grande GT. C’est un coupé 2+2, donc une 3 portes avec 4 place à l’intérieur. Elle est souvent comparée à une Aston Martin à cause de sa face avant. Les phares et le capot légèrement allongé et plongeant peuvent s’y apparenter. L’intérieur est lui aussi conçu pour nous rappeler qu’on se trouve à bord d’une voiture haut de gamme : tout est en cuir.

Toutefois, la Maserati 3200 GT n’hésite pas à rappeler qu’elle est aussi une voiture sportive. Les entrées d’air sur le capot sont notamment là pour le signifier. L’aérodynamisme de ce modèle a été beaucoup retravaillé par la firme italienne. Il atteint un Cx (coefficient de pénétration dans l’air) de 0,34 !

Une voiture au coeur pur ?

Le coeur de la 3200 GT, c’est son moteur. C’est lui qui vaut à cette dernière d’être qualifiée de « dernière vraie Maserati ». Elle est donc propulsée par un V8, qui est une version modifiée du moteur de la Shamal et de la Quattroporte IV. Il n’a donc aucun ADN Ferrari. Ce V8 32 soupapes délivre 370ch à 7000 tr/mn et fait 3217cm³. Ce qui fait de lui un pur moteur Maserati est bien évidemment qu’il est biturbo ! Le prochain V8, présent dans la 4200 GT, sera atmosphérique. Les motoristes de Maserati en sortent donc 115ch par litre. Elle aurait pu faire plus, mais il ne fallait pas qu’elle soit plus puissante que les berlinettes de Maranello…

Les premières versions seront pourvues d’une injection Magnetti-Marelli, tandis que les tous derniers modèles passeront à une injection Bosch.

Les autres aspects techniques ont leur importance aussi. La Maserati fait 370ch, mais aussi et surtout, 491 nm de couple. La 3200 GT est une propulsion, et pour supporter cette puissance et ce couple, le train arrière est revu par rapport à ses devancières.

La 3200 GT possède une architecture monocoque en acier avec châssis avant et arrière. Certains peuvent penser que son châssis est revu par Ferrari, mais là encore, elle reste fidèle à son ADN. En héritage à la Biturbo, la boîte est accolée au moteur, à l’avant.

Une courte réussite

La Maserati 3200 GT a tout pour plaire et est considérée comme le modèle pouvant sauver la marque italienne de la crise. En effet, le modèle fut un immense succès. En à peine un an, 1000 voitures étaient déjà vendues. La production de la marque va tripler avec la 3200 GT. L’apparition de la boîte de vitesse automatique va permettre un attrait supplémentaire. D’ailleurs, cette boîte est une boîte de vitesse australienne à 4 rapports, et non une boîte F1 Ferrari.

Par rapport à la 911 de l’époque, elle est moins chère, plus puissante et plus pratique puisqu’elle bénéficie de quatre vraies places. La 3200 GT est d’ailleurs bien placée sur le marché en termes de budget à l’époque.

Malgré ce grand succès, la carrière du modèle fut courte. Comme les fameux feux boomerang n’étaient pas homologués en Amérique, on la remplacera très vite par sa petite sœur, la 4200 GT. Ce changement marque alors la fin de l’indépendance de Maserati : nouveau moteur V8 atmosphérique Ferrari. Elle gardera toutefois la même ligne, mais sans les feux typiques.

La 3200 GT a donc été produite de 1998 à 2001. Au total, 4798 Maserati 3200 GT ont été manufacturées, dont 2689 en boite manuelle et 2106 en boite automatique. Pour célébrer la fin de sa production, la firme proposera en 2001 une série limitée Assetto Corsa. C’est l’officine Alfieri Maserati qui sera à l’origine de cette série limitée, qui sera d’ailleurs la seule série limitée de la carrière de la 3200 GT. Elle est présentée pour la première fois au Motor Show de Melbourne. Niveau technique, cette dernière obtiendra une direction plus rapide et de meilleures suspensions, afin d’ajouter encore plus de sportivité à cette GT.

La Maserati 3200 GT en collection

La 3200 GT est une voiture collectionnable (elle l’a en fait toujours été), et ce pour plusieurs raisons. Déjà, comme nous l’avons répété, elle fait partie des dernières Maserati équipée d’un biturbo et non d’un moteur Ferrari. C’est un peu comme la dernière Porsche à moteur refroidi à air, cela augmente sa valeur et renforce son image auprès des passionnés de la marque. Sa ligne est atypique et ses 4 places sont un argument. Surtout, sa côte est loin d’être excessive !

Pour pouvoir vous aussi connaitre les joies du V8 Biturbo, comptez à peu près 30.000€. Si vous optez pour une boite auto, le budget pourra même être un peu réduit pour un modèle de plus de 100.000km. Pour la fameuse version Assetto Corsa, comptez plutôt 50.000€, puisque celle-ci est beaucoup plus rare.

Enfin, il y a quelques petits détails à connaitre avant de plonger dans le grand bain. Le moteur de la 3200 GT a un peu hérité de la mauvaise réputation de ses devancières. Toutefois, il peut se révéler très fiable à conditions de bien l’entretenir. Les vidanges doivent être faite régulièrement et il est recommandé de changer la courroie de distribution tous les 3 ans ou tous les 50.000km pour celles qui roulent moins.

La majorité des pépins que peut rencontrer le modèle sont électroniques. Il faut savoir que la 3200 GT a connu des améliorations constantes au cours de sa carrière. Plus le modèle est récent, moins il est sujet à des problèmes.

On vous conseille de privilégier un modèle avec un carnet d’entretien à jour, cela va de soi mais il faut savoir que l’entretien d’une Maserati peut vite être assez coûteux donc il vaut mieux s’épargner les gros soucis. D’ailleurs, la 3200 GT était livrée avec 3 clefs. La troisième est rouge et réservée à l’atelier. Vérifiez bien la présence de ces 3 clefs car en cas de perte il faut changer le boîtier d’injection, les barillets et le neiman et la facture est salée.

On l’a essayée :
Essai d’un Maserati 3200 GT : un caractère bien italien ?

Photos complémentaires : Wheelsage