L’influence du kilométrage sur le prix d’une ancienne

Publié le par Benjamin

L’influence du kilométrage sur le prix d’une ancienne

« Vends DS 21 IE peu kilométrée » et « Vends DS 21 IE, roulant tous les jours, 230.000 km ». Deux accroches différentes, deux prix différents… mais au final ce n’est pas forcément ce prix qui devra vous orienter dans votre choix. On revient sur le kilométrage des anciennes et surtout, sur son influence sur le prix d’une auto.

Kilométrage et usage : deux notions différentes

Attention à bien éplucher l’annonce. Certains mettront en avant le kilométrage, d’autres l’usage. Ces deux notions permettent bien de mettre en avant le fait que l’auto roule, mais elles ne vont pas forcément de paire.

Ainsi, on pourra retrouver une voiture ancienne fortement kilométrée, jamais restaurée, qui démarre, qui roule, mais dont l’usage par son propriétaire est plus que restreint, quelle qu’en soit la raison.
À l’inverse on peut trouver des autos avec un usage intensif. Mais cela ne veut pas dire un fort kilométrage. Une auto qui sert plusieurs fois par semaine depuis 50 ans peut être une auto qui n’est jamais sortie de son canton et qui affiche un kilométrage faible.

Les deux notions divergent également sur la façon de le vérifier.

Le kilométrage est (le plus souvent, les ancêtres exceptées) vérifiable directement sur un compteur. En cas de doute, vous pourrez toujours vous référer au carnet d’entretien (et bientôt aux contrôles techniques) pour suivre l’évolution de ce kilométrage. Dans les cas extrêmes il faudra faire appel à un expert, un mécanicien, un contrôleur technique qui pourra vérifier que l’état de certains organes, les jeux dans les trains roulants notamment, correspondent au kilométrage.

Pour ce qui est de l’usage, là c’est plus compliqué. À part recroiser les factures d’achat de pneumatique ou de plaquettes et leur état actuel ou d’avoir un dossier avec les tickets de carburant (ça arrive !), il faudra vous en remettre aux dires du vendeur !

Le faible kilométrage et les prix hauts

Hormis les ex-star quelconque, toutes les autos populaires qui battent des records de prix (souvent lors de ventes aux enchères) ont un point commun : leur faible kilométrage.

Pourquoi est-ce tant recherché ? La plupart du temps, la réponse tient en un mot : l’authenticité. Même si le faible kilométrage n’est pas toujours synonyme d’un état concours, même si les autos ne sont pas toujours roulantes, le fait que leur compteur atteste d’un faible kilométrage (et que ce soit corroboré par divers documents et inspections) renforce l’idée d’avoir une auto le plus proche de son état en sortie d’usine. Ce sont en fait des capsules temporelles dont on parle, plus que des voitures anciennes.

On notera d’ailleurs qu’on touche plus à l’automobile de collection qu’à l’automobile ancienne. S’il y a des exceptions avec des propriétaires qui chercheront à avoir la meilleur base possible pour rouler par la suite, la plupart garderont l’auto comme un objet de musée. Elle sera emmenée sur des expos ou des concours par plateau dès qu’il faudra parcourir un grand nombre de kilomètres.

Néanmoins ces autos ne sont pas toujours roulantes ni présentables. Il faudra parfois en passer par une restauration pour qu’elles le soient et le faible kilométrage de ces voitures anciennes est vu par certain comme une garantie. Ainsi on a plus de chance d’éviter de retrouver des organes mécaniques fatigués, des jeux importants ou des pièces à remplacer. On pourra garder le maximum de pièces d’origine au moment de tout remettre en état… et là encore, l’authenticité y gagnera.

Si de nombreux éléments seront évidemment trop vieux pour être réutilisés, notamment les durites et pneus, ne faites pas l’erreur de les garder, d’autres s’en sortiront mieux. On parle ainsi des différents roulements, des éléments internes du moteur, des freins, des éléments de suspension ou, pour nos amis Citroënistes notamment, des sphères dont les éléments n’auront pas travaillé. Bien entendu, tout cela reste conditionné à un stockage bien effectué.

Reste maintenant la question de l’influence de ce kilométrage sur le prix de la voiture ancienne. Pour cela on laisse quelqu’un dont c’est le métier de fixer le prix d’une ancienne, Jérôme Weytens, expert du réseau Classic Expert :

L’impact du kilométrage sur la valeur du véhicule peut être très important pour peu qu’il soit totalement tracé et justifiable. Un faible kilométrage peut apporter une plus-value de l’ordre de 50% de la valeur, à état général égal. Mais attention, les très faibles kilométrages (quelques centaines ou quelques milliers de kilomètres) peuvent faire s’envoler les valeurs jusqu’au double d’un véhicule avec un kilométrage standard. Prenons l’exemple des 2CV, en général de dernière génération qui ont été achetées par des passionnés dans les dernières années de production et qui ont été stockées jusqu’à nos jours pour rester à l’état neuf. On a vu des résultats de ventes aux enchères exceptionnels sur ce type d’auto.

En général faible kilométrage rime avec très bon état et donc avec valeur élevée. Les propriétaires ont donc plus souvent recours à l’expertise sur ce genre de véhicules même populaires car les valeurs sont plus importantes. C’est le cas de nombre de populaires des années 70 et 80, généralement en versions automatiques que les collectionneurs achètent et nous font expertiser. À contrario, nous n’expertisons que rarement des véhicules avec un très fort kilométrage, les propriétaires estimant que leurs valeurs sont basses.

Enfin, il convient de retracer et de valider ce kilométrage. Pour le vérifier, plusieurs éléments rentrent en jeu. Tout d’abord, l’historique documenté du véhicule grâce au carnet d’entretien ou aux factures et contrôles techniques qui permettent de retracer son historique. Ensuite, Histovec permet également de tracer l’historique, mais tous les véhicules ne sont pas « éligibles ». Ensuite, l’examen détaillé du véhicule et de ses éléments d’usure permet de se faire une idée de la véracité du kilométrage inscrit au compteur.

Quand le kilométrage est pourtant une bonne nouvelle

Pour autant, le kilométrage n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. On l’a dit, ces autos peu kilométrées sont souvent protégées, gardées dans leur état sans qu’on ne veuille leur rajouter quelques bornes supplémentaires. Mais cela n’est pas forcément très bon pour leur fonctionnement.

Les grippages pourront arriver d’autant plus vite que l’auto ne roule pas et que la lubrification des éléments mécaniques est espacées. Le réservoir pourra être attaqué par l’oxydation due à la stagnation trop longue du carburant et celui-ci pourra perdre en efficacité. On ajoutera aussi les pneus qui se déforment s’ils ne tournent pas régulièrement, les batteries qui se déchargent petit à petit… Bref ne pas rouler peut aussi poser problème.

Il faudra d’ailleurs vous poser la question de votre propre usage d’une voiture ancienne au moment de l’achat. Si vous comptez rouler souvent avec une auto, sans passer par la case « remise en état », une auto qui roule fréquemment… et qui présente plus de kilomètres au compteur ne sera pas une mauvaise idée, loin s’en faut.

Pour le coup, si vous en avez la possibilité, vous pourrez presque reprocher ce faible kilométrage afin de faire baisser le prix… mais le cas de figure sera rare.

Le kilométrage comme bombe à retardement

Au delà du grand écart entre le kilométrage élevé du à un usage régulier et le faible kilométrage du à un usage très/trop occasionnel, se posera également la question de la durée de vie de certains organes mécaniques. Et là cela peut énormément influer sur le prix de l’auto.

Jérôme Weytens nous explique :

Sur un véhicule, certaines pièces s’usent même si le véhicule ne roule pas. Prenons l’exemple de la courroie de distribution dont le matériau vieillit avec le temps, même si le véhicule ne roule pas. Sur certains véhicules, cela n’aura pas un gros impact mais sur certaines marques prestigieuses comme Ferrari, dont le cout de remplacement de la distribution est élevé, du fait de la nécessité de déposer le moteur parfois, cela aura un impact important sur la valeur et sur la « négociabilité » du véhicule.

À contrario, sur un véhicule plus classique, sur lequel les pièces sont moins onéreuses et moins compliquées à remplacer, cela aura un impact moins important. Cela dit, les véhicules les plus recherchés sont ceux qui ont peu de kilomètres mais qui ont roulé régulièrement, plutôt que ceux qui sont restés stockés sans rouler de nombreuses années.

Globalement, un véhicule qui ne roule pas est un véhicule qui s’abime plus qu’un véhicule qui roule régulièrement, même peu. Les pièces mécaniques et les joints ne sont plus en contact avec les fluides et se corrodent pour les premières ou sèchent pour les seconds. Les freins, pour peu qu’ils soient hydrauliques se grippent par le même phénomène de corrosion des pièces. Les différentes pièces en caoutchouc ou matériau synthétique sèchent également et viennent à se craqueler voir même se déchirer et cela, indépendamment du kilométrage parcouru. Même les pneus doivent être remplacés régulièrement, même s’ils ne sont pas usés car le caoutchouc durci, les nappes internes se corrodent et le pneu perd de son pouvoir d’adhérence et peu même finir par éclater.

Conclusion : tout est question d’usage

Que les prix soient plus hauts quand le kilométrage est faible, c’est un fait, mais pas une fatalité. Ce qu’on veut vous dire avec cet article c’est que le kilométrage faible d’une auto ancienne ne sera jamais un gage total de qualité de l’auto et qu’à l’inverse, une auto fortement kilométrée ne sera pas pour autant prête à avaler encore le double de bornes.

Il faut que vous soyez clairs dans votre approche de la chose. Si vous achetez une auto pour rouler beaucoup, il n’y a pas vraiment de raison de surpayer une auto qui n’a presque pas vu le macadam. Par contre, si vous vous constituez une collection « muséique », vous y trouverez un intérêt certain. Alors réfléchissez bien !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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