L’Austin Seven : petite voiture, grand succès

Petite voiture anglaise d’avant-guerre, l’Austin Seven a révolutionné l’automobile en Europe, et ailleurs. Produite sous licence dans différentes versions, elle est à l’origine (de la naissance) de plusieurs constructeurs bien connus de nos jours.

Austin en bref

C’est un certain Herbert Austin qui fonde en 1905 la marque éponyme Austin. Le siège de l’entreprise était basé à Longbridge, dans la banlieue de Birmingham. Mais avant même tout ça, l’histoire d’Austin démarre au siècle dernier, lorsque Herbert Austin décide de rejoindre la « Wolseley Sheep Shearing ». Il prendra la direction de cette même entreprise en 1894. Pourquoi parle-t-on de WSS ?

Tout simplement parce que c’est là-bas qu’Austin décide pour la première fois de fabriquer des véhicules à moteurs. Il décide ensuite de créer la marque qui portera son nom, Austin, pour se dédier complètement à ce marché qui est alors à la fois novateur et porteur

Un contexte historique favorable

Premier élément perturbateur de l’évolution de la marque Austin : la Première Guerre Mondiale. L’économie anglaise se voit fortement impactée et l’entreprise est contrainte de changer sa production pour fabriquer des munitions. Au début du 20ème siècle, l’industrie européenne était donc majoritairement consacrée à la guerre. Ainsi, même une fois la guerre terminée, il est difficile de recommencer à produire des voitures. En 1929, le krach boursier vient à son tour chambouler l’économie.

A l’époque où l’Austin Seven voit le jour, le marché de l’automobile mondial connait de grand chamboulements. La plupart des constructeurs disparaissent. Le peu à avoir survécu à la guerre ne traversent pas la crise financière. General Motors et Ford sont les grands gagnants. La Ford T représente à cette époque la majorité de la production aux Etats-Unis.

La naissance de celle qui réinventa l’automobile en Europe

Herbert Austin voit donc la Ford T connaitre un grand succès sur le continent américain et se dit que la production automobile a de l’avenir. Son idée est simple : construire une voiture économique, autant pour les clients que pour l’entreprise. Elle coute peu à produire et peut donc se vendre à faible coût et en grande quantité. La classe moyenne est une cible de choix pour Austin.

C’est donc en 1922 que notre Austin Seven voit le jour pour la première fois. Austin fabrique trois prototypes qu’il présente d’abord à son entreprise, puis au public la même année. Au départ, les banques et les investisseurs ne croyaient pas en la viabilité du projet de Herbert Austin. Le constructeur a donc du financer lui-même les innovations de la voiture. Pourtant, Austin vendra 2.500 exemplaires de la Seven l’année de son lancement. Le modèle deviendra, somme toute, la seule voiture crédible sur le marché Anglais.

Un peu de technique

L’Austin Seven se démarque des autres voitures de sa génération par son caractère économique et rentable. Mais, ses caractéristiques techniques sont aussi ce qui la rend particulière.

Sur le marché automobile des années 30, l’Austin Seven est comme un chihuahua au milieu de dobermans. Elle est beaucoup plus petite que ses concurrentes, puisqu’elle elle possède un empattement de 6 pieds 3 pouces, ce qui équivaut à à peu près 190cm. Elle est aussi beaucoup plus légère : 360kg. Ces unités peuvent faire sourire mais c’est aussi la raison de son succès : elle était facile à conduire, et à garer. Certaines publicités de l’époque n’hésitaient d’ailleurs pas à venter ces mérites en indiquant que « même une femme peut la conduire facilement ». Pas de commentaire.

L’Austin Seven était équipée lors de sa sortie d’une boîte de vitesse à 3 rapports, remplacée par une boîte à 4 rapports à partir de 1932. Le freinage s’est aussi amélioré avec l’évolution de la voiture : les freins avant à la main et arrière au pied furent accouplés à partir de 1930.

Pour ce qui est du moulin présent sous le capot de notre puce d’avant-guerre, on retrouve un 4 cylindres de 747cm³ développant la puissance incroyable de 10 chevaux, vapeur et pas fiscaux. Impressionnant, non ?

L’Austin Seven : la petite auto à l’origine de grands constructeurs

Le principal élément qui fait le succès de la Austin Seven a été la bonne idée du constructeur de proposer la construction sous licence de la voiture. Cela a donc permis à d’autres sociétés de construire des voitures à très faibles coûts et de sauver leur production.

Dans son pays natal d’abord, l’Austin fut recarrossée pour devenir l’Austin Seven Swallow en 1931. Aux formes plus arrondies, la Austin Seven Swallow, vendue par le carrossier Swallow Sidecar Company imitait les berlines de luxe de l’époque. Ce qu’elle n’imitait pas, c’est leur prix puisque cette voiture se vendait au prix très concurrentiel de 175£.

Swallow Sidecar Company sortait de fait sa première vraie voiture. Et c’est le début de l’histoire d’un constructeur qui deviendra après-guerre… Jaguar !

Dans le reste de l’Europe aussi la Austin Seven connait un grand succès. C’est notamment elle qui permettra à BMW de produire son tout premier véhicule à quatre roues. En effet, la société Dixi décide de produire sous licence sa version de la Seven dès 1927. L’année suivante, BMW rachète Dixi et produit ainsi des voitures pour la première fois. La Austin Seven devient alors BMW Dixi, première voiture à arborer le logo de la firme munichoise.

Vous suivez encore ? Passons en France. Lucien Rosengart sera celui qui amènera cette petite voiture sur sol français. Ce dernier rejoint en 1923 l’équipe de la société Peugeot qui vient tout juste de racheter l’usine Bellanger. En 1927, c’est Rosengart lui-même qui rachète l’usine en question pour y produire des Austin Seven sous licence. Elles seront produites sous le nom Rosengart LR2.

Vous avez là les plus importantes, mais la Austin Seven sera à l’origine d’autres voitures encore. Grâce à cette production sous licence, le modèle connait un grand succès. C’est en 1939 qu’Austin en arrête la production.

Une carrière sportive ?

L’Austin Seven ne parait pas taillée pour la course. Sauf si l’on parle d’aller faire les courses au petit marché du village. Pourtant, elle a couru, et a même gagné.

En 1923, un certain Arthur Waite décide d’emmener une Austin Seven à la Easter Monday Small Handicap race à Brookland. La même année, il réitère et gagne à son volant les 250 km Monza Grand Prix des Cycle Cars.

La petite Seven n’était pas conçue pour la course et a donc connu des ennuis de refroidissement moteur. Il a fallu lui attribuer quelques améliorations pour qu’elle devienne suffisamment fiable. A force de l’emmener en course, Arthur Waite voulu améliorer sa puissance. Il décida donc d’ajouter un supercharger. De 10, il passa à 34 chevaux dans sa version la plus puissante, ce qui lui permettra d’atteinte l’exceptionnelle vitesse de 94 miles par heure.

Finalement, l’Austin Seven deviendra une voiture influente en tant que voiture de course. On fêtait d’ailleurs son centenaire au Circuit des Remparts l’année dernière. Elle courait longtemps encore après la fin de sa production et a d’ailleurs été la première voiture de course de Bruce McLaren sous sa version « Ulster ». Si son nom ne vous dit rien, il n’est autre que le fondateur de l’écurie McLaren. Un homme pas très connu en somme.

Elle fut aussi la première voiture bricolée par un certain Colin Chapman qui en fit la Lotus MkI. Un de ses grands concurrents, Eric Broadley, bricola lui-aussi une Austin Seven qui deviendra la Broadley Special, ancêtre des… Lola !

Photos additionnelles : Wheelsage