La Citroën Méhari, de l’utilitaire à la plage

Publié le par Valentine

La Citroën Méhari, de l’utilitaire à la plage

C’est la voiture qu’on conduit autant en tongs dans le sud de la France, qu’en bottes de pluie pour aller chercher son bois à la campagne. La Citroën Méhari est un tel phénomène à part entière qu’on en oublie qu’elle est, à la base, une voiture strictement utilitaire et rattachée à la Dyane mais avec une base de 2CV ! On vous raconte.

La Méhari, 2CV revisitée mais Dyane sur le papier

Eh bien oui, la Méhari s’appelle en fait la Citroën Dyane 6 Méhari. Elle n’est donc pas vraiment un modèle à part entière, mais une déclinaison d’une populaire bien connue.

C’est en 1967 que la première Citroën Dyane sort des chaines de production. A sa sortie, la gamme évolue vite et Citroën la met en avant dans les concessions. La 2CV est quand à elle petit à petit mise de côté par rapport à la Dyane.

En mai 1968, la gamme s’agrandit avec la fameuse Méhari. D’ailleurs, à l’époque, le lancement en grande pompe passe inaperçu. Oui, vous avez bien lu, nous sommes le 16 Mai 1968. À cette date, 50 usines sont occupées (dont celles de Renault) et c’est évidemment ce qui occupe l’espace médiatique.

Du coup, la présentation de la Citroën Méhari, au Golf de Deauville est tout sauf prioritaire ! 12 voitures de présérie, dans des couleurs qui ne seront pas toutes présentes sur les voitures de série sont conduites par des mannequins

Citroën Dyane Mehari

En proposant cette nouvelle déclinaison de la Dyane 6, Citroën souhaite proposer une auto destinée au loisirs. Elle reprend l’idée de voiture de plage, à l’instar de la Mini Moke ou les « dune buggy », mais elle a aussi pour volonté de pouvoir tout faire. Petite utilitaire, voiture de l’armée, cabriolet de plage ou encore chasse aux champignons, elle s’offre toutes ces étiquettes. Une auto faite pour passer du bon temps. L’un des slogan publicitaire de l’époque clamait d’ailleurs « si la conduite décontractée vous intéresse, il n’y a plus à hésiter. Roulez Méhari. »

Son nom est issu du dromadaire, qui se dit mahari en arabe. C »est un nom qu’elle porte à merveille puisque la Méhari, c’est finalement une Dyane 6 qui aime le sable.

Côté mécanique : on prend les même et on recommence

Etonnamment, la Citroën Dyane 6 Méhari n’est finalement pas une Dyane. Certes, c’est à sa gamme qu’elle est rattachée mais sa base est celle de la 2CV AK, son type mine est d’ailleurs AKB.

Par contre, on retrouve bien de la Dyane sous le capot. Citroën reprend en effet le 602cm³ apparu sur l’Ami 6 et installé sous le capot de la Dyane 6 au début de l’année 1968. Le moteur bi-cylindre refroidi par air développe alors 24ch. Il a la qualité d’être facile à entretenir. Quand on dit qu’elle peut tout faire, l’exception qui confirme la règle c’est battre des chronos mais ça tombe bien, ce n’est pas le but. Le train avant et la boîte de vitesse seront eux aussi issu de l’Ami 6.

La Méhari n’est pas une 2CV mais elle lui emprunte tout de même son volant. Le reste des éléments, les essuie-glaces, les roues, les phares avant et le frein à main viennent de la Dyane.

Une auto pour partout et pour tout

La Dyane 6 Méhari a donc pour objectif d’être un petit véhicule économique qui s’adapte à toutes les situations. Elle s’adapte même à toutes les saisons puisque le strict essentiel du confort, c’est à dire le chauffage, est de série. La capote complète est toutefois en option.

Autre particularité à l’époque, la Méhari est modulable puisqu’elle offre une série de combinaisons de sièges, de portes et de capotes qui lui permettent de se distinguer facilement. A noter que la seule couleur qui est restée au catalogue durant les 18 ans de production est le vert Montana !

Comme c’est une Dyane 6, elle bénéficie de la même tenue de route. Elle est tout aussi légère et maniable. C’est là tout l’avantage de la Méhari, mais ce n’est pas tout !

La carrosserie ABS ou la première auto antichoc

Quand on parle d’ABS, on ne vous parle pas ici d’un système antiblocage de roues, loin de là. L’ABS sur la Méhari n’est rien d’autre que le nom de son habit. En fait, la Citroën Méhari a pour particularité d’être équipée d’une carrosserie en plastique. De ce fait, elle ne craint pas les chocs.

Pour être précis, ABS est l’acronyme de acrylonitrile butadiène styrène, qui est une carrosserie emboutie à chaud et teintée dans la masse. Cette matière lui permet de reprendre sa forme initiale après de légers chocs. Pas facile à rayer mais facile à laver, c’est un peu sa devise. Bien-sûr, on ne vous promet rien si vous prenez un platane avec.

Le défaut de cette carrosserie, c’est qu’elle était inflammable. Cela vaudra à la Méhari de ne pas être homologuée sur le marché allemand et à certains exemplaire de brûler avec des mégots de cigarette mal éteints !

La carrière de la Méhari

Les évolutions de la Méhari

La Méhari a été produite pendant près de vingt ans, de 1968 à 1987. La toute première série ne sera produite qu’une année puisqu’en 1970, la Méhari est déjà repensée. Sa carrosserie sera légèrement modifiée et les clignotants arrière type 2CV sont remplacés par des feux Type H.

A partir de 1972, la Méhari s’engage dans l’armée ! En effet, l’armée française commandera au total 7.064 exemplaires pour faire la transition entre les Jeep et la Peugeot P4. Les Méhari de l’armée disposeront d’un circuit électrique spécifique de 24 V afin de pouvoir alimenter la radio sans problèmes. Elles disposaient donc d’une bobine, d’un alternateur et d’un démarreur spécifiques. La Méhari a d’ailleurs aussi été une voiture de gendarmerie, et pas seulement celle de Saint-Tropez !

En 1978, la Dyane Méhari est dotée de freins avant à disque. Un an après, on notera l’arrivée d’un combiné à deux cadrans, issu de la Citroën LN, prendre place sur la planche de bord. Le moteur aussi est amélioré : Citroën y greffe un carburateur double-corps et la puissance passe de 26ch à 29ch. Un foudre de guerre !

Une version 4×4

Comme l’esprit de la Méhari est d’être une auto qui passe partout et avec laquelle on peut tout faire, il ne lui manquait qu’une version 4 roues motrices pour être complète. C’est chose faite en 1979, lorsque Citroën lance la Méhari 4×4, que l’on a d’ailleurs essayé sur News d’Anciennes.

On y ajoute des pare-chocs tubulaires supplémentaires à l’avant et à l’arrière mais la roue de secours sur le capot est une option (contrairement à la 2CV Sahara). En 1982, la Méhari 4×4 évolue encore puisqu’on élargis ses passages de roues et elle possède également, en option, de gros pneus tout-terrain.

Bien-sûr, son intérêt se trouve surtout dans sa nouvelle capacité de franchir. La version 4X4 disposait donc d’une boîte de vitesses avec réducteur (quatre vitesses normales et trois avec réducteur). Cette nouvelle boite lui permettait de franchir des pentes jusqu’à 60% sans encombres ! Par contre, avec sa mécanique, on oublie la remorque de bois…

La mythique Azur

En plus de la Méhari 4×4 en 1979, la gamme accueille la Méhari Azur en 1986. Cette dernière se distincte par carrosserie blanche et bleue et va vite devenir une des versions les plus prisées de petite voiture à tout faire aux chevrons.

A l’étranger

C’est en Belgique que la Méhari sera le plus produite. 91.788 exemplaires sortiront des chaines de production de Forest. Elle sera aussi produite en Europe en Espagne et au Portugal.

En 1970, quelques modèles seront vendues aux Etats-Unis, 214 pour être précis. Mais la Méhari a eu du succès ailleurs. En Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, plusieurs versions, dont certaines à carrosserie métallique ont existé. La carrosserie ABS était donc remplacée par de la tôle. En Argentine, la carrosserie était toutefois en polyester !

La production de la Méhari s’arrête pour de bon en 1986, finalement bien après la Dyane ! Au total, ce sont 144.953 exemplaires qui seront construits et sortis des chaines de production.

La Méhari en collection

La Citroën Méhari, c’est typiquement ce genre d’autos dont l’atout sympathie a de nos jours effacé le but initial. Vendue pour être économique, la Méhari a désormais une côte éloignée de l’idée « d’économie ».

La Méhari c’est la voiture qui ne se prend pas au sérieux, et qui a grand succès auprès des enfants. C’est le petit collectionnable parfait pour les nostalgiques et cela explique les prix actuels.

Pour vous en offrir une, il faudra compter à peu près 20.000 €, cela peut aller jusqu’à 25.000 € pour les modèles en très bon état. Pour une version 4×4, ça se corse puisque seulement 1213 exemplaires ont été construits. Les prix sont donc plus près des 30.000€, voire plus selon le kilométrage !

Pour l’entretien, la Méhari reste une auto facile. C’est une Dyane, dont les pièces sont empruntées à la deuche, pas trop de problème pour les trouver et les entretenir. Ce n’est toutefois pas le cas de la version 4×4 qui dispose d’une transmission et d’un châssis bien spécifiques et généralement introuvables. Il faudra aussi bien vérifier le bicylindre avant l’achat, ainsi que les éventuels points de rouilles. La carrosserie est en plastique, mais pas le reste !

Photos complémentaires : Wheelsage

Valentine

Passionnée d'automobile depuis de nombreuses années, Valentine, étudiante en journalisme, rejoint l'équipe de News d'Anciennes en tant qu'apprentie. Les voitures anciennes, elle aime en parler, les prendre en photo mais surtout en prendre le volant !

Commentaires

  1. Mopett

    Une carrosserie en plastique montée sur une armature tubulaire cachée qui rouillait copieusement. Quand à l’entretien facile, il a fallu attendre 1978 pour que la calandre soit démontable. Avant il fallait démonter le masque avant pour accéder aux vis platinées et je me souviens qu’à l’époque certaines méhari avaient eu la calandre découpée par leur propriétaires pour faciliter l’accès à l’allumage (tous les 10 000 km, si ma mémoire est exacte)

    Répondre · · 12 avril 2024 à 17 h 52 min

  2. georges bertherat

    30 000 € pour une 4×4 , il faut vite me donner l’adresse !

    Répondre · · 19 avril 2024 à 16 h 22 min

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